Où Josef-Jérémie retrouve Barnaby Parker à l’hosto US…

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8… take care Barnaby… I’m coming…
… notez la réactivité…

Josef Schmitt allait tout droit vers une glorification de son génie, le prophète partait, réanimer son « protecteur », c’était écrit, enfin presque… il méritera la médaille ad hoc.
… Parker est alité… depuis…
… je n’ai rien reçu… décréta le surveillant de Josef…
… mais, il ne sait pas ce que les Tortues Blondes… ont annoncé…
… certes mais… tu dois rester… les messages en ton absence Josef ne seront lus.
… j’ai pas besoin de tes bécanes… je suis branché sur les mots clés… ça arrive en flux tendu dans ma tronche…
L’officier surveillant… était déchiré… entre la vie de Barnaby… et la traduction des messages… autrement il ne devait pas lever son cul…
«… pourtant, j’étais opérationnel sur tous les tableaux… j’écrivais mon futur…»
« Tu es le meilleur Josef-Jérémie » se dit-il dans le creux de l’oreille. Il me faudra trois paperolles pour résumer ce moment.
J’étais parvenu au point médian de ma logique… celle que je poursuivais depuis le jour où je frappais trois fois mon front aux pieds de Franziska. Ah ! Il m’en avait fallu du temps pour que la technostructure reconnaisse mes mérites. Mais qu’importe, j’étais dans les pas de Jérémie. Le verset pavlovien du livre saint revint immédiatement à mes synapses en éveil :
« Oui, mon peuple est bête ; écrivait Jérémie.
   Ils ne me connaissent pas.
     Ce sont des enfants bornés ;
       Ils ne peuvent rien comprendre.
         Ils sont habiles à faire le mal ;
               Faire le bien, ils ne le savent pas. »

L’art venant… j’étais missionné par la superstructure tout en conservant ma couverture anonyme de vulgum pecus transcendé par la puissance du verbe de Jérémie… je réalisais enfin cette alliance trinitaire que tout lanceur d’alerte rêve d’incarner.
Et j’allais voir celui qui se fracassa devant moi… bien inutilement… à la face du monde, j’allais faire le bien ! Enfin.
« La séance est close ! » conclut l’officier gardien… j’observais… un détail… mais lourd de conséquences…
Le tétrarque émit une aimable invite : « Prenez donc du souci… » selon une antique coutume née aux temps Gallo-Romain… que César lui-même signala dans son génial « Guerre des Gaules. »
Nous nous levâmes, au rythme de nos corps alanguis…
Je sortis de l’enceinte, doublé par une putain de mouche espion rescapée du DDT qui fonça sur le MP… surprit par cette agression mystérieuse, il l’esquiva d’un authentique entrechat… elle disparut… l’agression aussi !
Nous allions au chevet du fracassé… nanti d’une double mission… lui révéler qui était Casque d’Or… et accomplir ma mission que je m’étais assignée en tant que « Somebody-leak » que j’étais devenu… et que personne ne soupçonnait…
La superstructure avait bien fait les choses.
Sur le parvis du bunker attendaient une ambulance, un command-car suivi d’une « Jeep », un char de type M26 Pershing armé… sorti du musée… les autres étaient en manœuvre. Des voltigeurs fantassins encadraient le véhicule sanitaire équipé de chenilles à cause de la pluie… une sublime croix rouge telle l’icône désignait sa fonction salvatrice. On se trouva dans une configuration en colonne, chaque truck avait un conducteur, c’est utile, trois hommes en armes équipés d’US M1 : calibre 9 mm, excellent pour les perdreaux…
Josef-Jérémie, monta dans l’ambulance placée au centre du dispositif.
Cette formation avait l’avantage de masquer la véritable identité du passager, dans une mise en scène hyperbolique hollywoodienne, qui pourrait être utile si d’aventure l’occupant fût pris d’un malaise ou si l’hôpital vers lequel on se rendait se trouvait en manque de solutions médicales…
Un ordre de mission estampillé des services secrets de l’Empire fut remis au conducteur qui ouvrait la marche, car jusque-là le déplacement était secret.
Ainsi, dans une discrétion authentiquement discrète des services secrets, les trois véhicules s’ébranlèrent, sous la houlette vagissante du gyrophare de la croix sanglante… encore dégoulinante de peinture fraiche.
Le convoi rôdé aux multiples exercices fut prudent dans la cour du régiment libre d’indigènes et de snipers débusqués… l’espace était sécurisé. Il ne fallut qu’une courte minute pour traverser l’espace et parvenir au pied de l’hôpital situé en périphérie… des quatre hectares de la place d’arme.
Ce bâtiment fut érigé en deux ans à peine, équipé des dernières techniques médicales. Le tout gracieusement offert par ce peuple japonais avide de dons sous forme de Yen, une monnaie archaïque que ces gens baillaient à l’US-Land échoué bien par hasard sur ce sol instable fracturé d’îles…
C’est dans ces profondes réflexions que Jérémie-Josef ouvrit la porte principale du bloc « Ku » spécialisé dans les affections inconnues au bataillon…
Les GI giclèrent des Jeeps pour sécuriser sa sortie.
Au milieu de cette haie d’honneur armée d’US M1 calibre 9 mm US-made pointé sur l’ennemi invisible… il escalada la volée de marches d’escaliers d’un seul mouvement au pas de gymnastique.
Le seuil franchit, il fit tomber la pression sanguine à l’étiage requis par le manuel du parfait prophète en mission le « Faire du bien en 10 chapitres » condition sine qua non de réussite : soit quarante-deux pulsations-minute.
L’espace était lumineux, d’une blancheur virginale, le personnel était lui-même vêtu de blanc pur, la lumière d’une clarté diaphane irradiait sans obstacle, plusieurs peintures photos gravures angéliquement lactescentes ornaient les murs, les sièges tout autant présents offraient leurs coussins pour une pause autant impulsive qu’immaculée… Bref, l’espace illuminé était à l’image des états d’âme de Jérémie-Josef qui rappelons-le venait « faire le bien » à ce pauvre couillon de colon qui s’était fracassé bien inutilement… Jérémie-Josef s’approcha d’un comptoir où œuvrait une préposée aux accueils…
Il allait poser une question…
Lorsque…
Là…
Josef… eut le souffle coupé… en découvrant la femme…
… Hissa LUNA ! parvint-il à dire devant cette… apparition…
… c’est pas ici ! répondit-elle
Quel mimétisme ! Elle avait la taille de LUNA, elle avait la couleur de LUNA, elle avait les mêmes seins que LUNA, elle avait la même blouse immaculée que LUNA, mais ce n’était pas Hissa…
Il se reprit… il révéla le but de sa mission… à voix basse.
… troisième étage… porte numéro 369… attention à la marche !
Et déjà, elle s’était rebranchée sur un autre secteur du cosmos…
Il ne prit pas immédiatement son élan, cherchant à comprendre le phénomène qui l’avait conduit à confondre Hissa LUNA avec cette technicienne des accueils, elle leva la tête…
… t’as pas capté ? dit-elle en langage codé.
… je supputais… sur ma dernière “madeleine”…
… “et encore du proustien”… soupira-t-elle…
Cette couleur de peau, cette poitrine, cette voix… lui avaient joué ce tour…

take care mec… s’entendit-il émettre… à voix très basse… « et pourtant elle a en a tout le style… »
Jérémie-Josef profita de ce moment d’inattention pour suivre sa voie… au troisième étage… porte 369.
Le bain de lumière de l’hôpital dans lequel il était immergé rendait ses neurones réceptifs à la moindre nuance, il comprenait à présent pourquoi il avait confondu la réceptionniste avec Hissa LUNA.
Elle avait des lunettes de soleil que ne portait jamais Hissa LUNA, il avait alors émis l’hypothèse que c’était une stratégie pour qu’il ne la reconnaisse pas.
Josef alors se sentit rempli d’allégresse, sa bonté devenait palpable. Le mot était porteur séduisant affectif… il palpait l’impalpable… il se sentait concrètement devenir ontologiquement prophète… un chiasme approximatif se présenta soudain à son encéphale actif, il disait :
« Penser prophète, prophète deviendra. »
À preuve, il était missionné pour soutenir le fracassé.
Il allait « faire le bien ».
À cloche-pied, il doubla en courant, trois infirmiers et une pauvre femme arthritique. Devant ce vent de bonté ils s’empressèrent de se plaquer contre le mur pour laisser passer ce tourbillon de grâces compassionnelles qui inondaient Jérémie.
Là, il parvint en haut de l’escalier devant une nuée de portes en enfilade fermées dont la première affichait 400… il avait seulement retenu le chiffre des dizaines un 69… Il prit son élan dans le couloir en perspective de boulevard et arriva devant la porte immaculée dont les deux derniers chiffres étaient 69… il ouvrit, bondit… et tel le bon Samaritain ouvrant les bras de joie…
… je viens t’aider… lève-toi et marche Barnaby…
… putain… ho ! Mais qu’est-ce qu’il vient foutre ici cet abruti dans mon bloc opératoire au moment de l’ablation de la moitié d’un colon… tu te casses mec !
Et le prophète, éjecté, toute compassion bue, se retrouva dans le couloir…
Hélas…
Souvent la juste voie emprunte des chemins de traverse, qu’il faut avoir l’humilité d’accepter.
Josef moins allègre, mais tout aussi déterminé à exprimer sa généreuse compassion à cette andouille qui s’était bousillée, dut admettre que parfois l’illumination conduit au noir disant… car le couloir du troisième recelait des néons eux aussi bien faiblards.
Le boulevard était sombre, la moquette trouée, le décor prenait la couleur des états grincheux de conscience des gisants, ce qui l’émerveilla, tant son pouvoir de prophète, devenait grand que d’accorder le gris des lieux aux états de service en carafe des occupants…
Il s’imaginait du haut d’un promontoire tel le prophète à Bénarès qui, d’une voix séraphique haranguait les milliers de fidèles rassemblés…
… vous cherchez quoi ?… apostropha un quidam qui passait par là…
… un colonel fracassé ! souffla Josef-Jérémie.
… artère 369 ! le sentier des derniers instants !
… c’est loin ?
… en général proche de la sortie… un étage plus bas… première voie à gauche… si vous avez de la veine… il lui reste un capillaire encore à cœur de vous accueillir… il vous attend… mais grouillez-vous si vous voulez tester votre compassion !
Son sang ne fit qu’un tour… ho ! là… il fut enfin devant la 369…
C’était une porte banale… blanche… non vitrée… elle avait une poignée en forme de bec de canard… fort bien ouvragé qui retint longuement l’attention du messager. Ce détail était atypique… il ne sut pourquoi… il saisit le bec et dans un grand élan ouvrit la porte qui cancana caqueta nasilla… ce qui expliquait ce bec atypique… nullement étonné… il se propulsa en avant, les bras largement ouverts tel le prophète et annonça :
… Barnaby… c’est moi… je viens te requinquer…
Il régnait, dans la chambre, une atmosphère chargée de miasmes nauséeux morbides négligés… Josef-Jérémie s’approcha du gisant… un fossile émergea des plumes…
… encore toi… enfoiré… tu viens finir ce que tu as commencé ?… éructa la forme informe.
Josef fut liquéfié de miséricorde… son être se fondait littéralement dans le corps du gisant afin de le rétablir à l’état sain.
Il chercha une chaise, il n’en trouva pas, avisant un coffre il le tira jusqu’au lit pour s’asseoir confortablement dans ce campement précaire, il prit la main du patient. Elle était hérissée de multiples branchements qui reliaient la carcasse à une batterie d’écrans…
… tu n’as pas la chaîne Super-Déo-Gratias ?
Le colon était effondré d’émotion par l’effort qu’il avait généré pour recevoir le prophète Josef-Jérémie…
Le GI scruta longuement les programmes sur les écrans… les images n’étaient pas bien gaillardes, des histogrammes, des électrons qui défilaient, des courbes qui tortillaient comme des vers… le son cliquetant renforçait ce climat méphitique tel un décor de Frankenstein…
… comment voulez-vous que ce pauvre homme puisse se régénérer dans cet espace clos ?
Fut la pensée dominante de Josef…
Il fallait agir.
Il se leva pour ouvrir grand les fenêtres… aussitôt résonnèrent des sirènes hurlantes qui annonçaient la bonne nouvelle…
et factum est ! Jubilait le prophète, qui éperdu devant les ventaux déployés guidait le souffle du soir vers le moribond afin de le régénérer…
Et l’air fut…
… putain, c’est encore lui…
Une équipe de combat surgit… six paires de bras éjectent le prédicateur dans le couloir gris… les démineurs foncent pour boucler les fenêtres de l’espace aseptisé spécial Barnaby…
D’autres s’agitaient autour du lit…
Ignoré, Josef fut seul… relégué dans la coursive sombre… il ruminait sur l’incompétence humaine qui s’acharnait à priver les corps en état de faiblesse des souffles cosmiques… enfin n’était-ce point lui qui venait réconforter cet homme ?
… ça fait plusieurs semaines qu’il est là… sa femme, sa maitresse, ses amants, ses fils ses filles sa concierge son percepteur viennent tous les jours… souffla une assistante médicale que l’on nomme ici : infirmière qui venait d’arriver derrière lui sans être annoncée.
… plusieurs semaines ! murmura Josef.
… vous attendez quoi ?
… je suis venu le réanimer…
Elle le regarda… suspicieuse… puis ouvrit légèrement la porte…
… vous pouvez entrer… les ouvriers ont terminé…
À pas d’ombre, il franchit le seuil… les hommes de l’art posaient des scellés de cire rouge sur les joints des huis… le colon semblé regonflé, les joues rosies par le souffle du vent d’Est, les yeux brillants en verve…
Josef observa la métamorphose survenue grâce aux fenêtres déployées pour que le grand air de l’au-delà spatial soit là.
… bon… la fenêtre est condamné à présent !
Les experts entravaient l’ouverture avec un solide madrier…
… si tu veux être charitable… laisse-la fermée !
… mais c’est mon vœu le plus cher…
… reste en low-cost… laisse le respirer avec les machines, c’est fait pour ça… fout lui la paix avec ta bondieuserie !
Gens de peu de foi…
Jérémie disait déjà :
« Comment pouvez-vous dire :
« Nous avons la sagesse.
            Car la loi du Seigneur est à notre disposition
               Oui, mais elle est devenue une loi fausse sous le burin menteur des juristes.
                      Les sages sont confondus, ils s’effondrent, ils sont capturés ;
                                Ils méprisent la parole du Seigneur : en quoi, donc
                                        Peuvent-ils se dire experts ? »

Les experts sortirent… Josef put s’asseoir sur la malle…
Il reprit la main du patient… l’autre refusa ce lien tendu au-dessus des aigreurs qui occupaient son cœur.
Josef croisa alors les mains, il attendit que le corps meurtri s’exprime… mais le discours qui vint ne fut qu’un tissu d’incohérences…
… pauvre homme… ! murmura Josef observant les articulations blanches, privées de sang à force de subir la tension de sa compassion…
Car Josef souffrait.
… Attends… je prends mon élan… souffla le dégradé…
Il soufflait telle une mère en phase d’expulsion…
… c’est ça recueille-toi !
… Putain… avec ta connerie… ma première étoile… filante mon ami… elle a filé… une comète… même pas une poussière d’étoile… non, mais on n’a pas idée de faire le guignol devant le général qui est venu causer d’une traite de Washington en vingt-cinq escales… pour consulter ses geishas… alors que c’est moi qui commande le régiment… putain tu aurais pu attendre un mois de plus…
… tu savais ce qu’il venait faire le guy « Trois-Étoiles »…
… sans doute…
… il venait m’annoncer la bonne nouvelle… le shériff à Washington allait m’accorder ma première étoile… tu aurais pu attendre avant de claironner tes « Prédicats »…
Quand je pense que je t’ai connu morpion à la recherche de ta Franziska… au fait, tu l’as retrouvée ?
Josef-Jérémie, silencieux, recueilli, était en recherche de lien… Barnaby pleurait comme… comme quoi au fait… ben il pleurait…
… et comment je vais faire à présent… hein pour payer mes cours à l’opéra-ballet de Kyôto… tu le sais que j’étais un fan du Nô… que ma maîtresse geisha ne communique qu’en Nô.
… tu avais encore changé de genre ?
… bon d’accord mon amant ne susurre qu’en Nô ! Je suis déclassé, Josef… par ta faute… moi qui t’aie vu jadis, à Pittsburgh dans ton école pourrie… au fond de la classe… tu ne faisais que des pitreries… je t’ai pris sous mon aile… voilà comment tu me remercies…
… en même temps tu baisais Hissa LUNA ?
je me sacrifiais pour toi…
… tu savais que je parlais toutes les langues…
… je t’ai hissé au firmament…
… hélas tu me Hissa au firmament… pour ta poire et le cul de LUNA… comme un montreur d’ours… j’étais ton hochet… je traduisais… tu prétendais en être le créateur… tu empochais les dollars… tu gagnais des galons… des entrechats… des pouvoirs… des sièges pontificaux…
… je vais mourir… je ne me verrai jamais dans le rôle de Shiite que j’ai toujours voulu incarner dans ces quadrilles Nô… oui, le personnage principal d’une pièce Nô… j’aurais pu jouer des tas de rôles y compris féminin, ce qui est ma nature profonde…
Alors…
On dirait que Josef-Jérémie sanglote… l’auteur a bien écrit « sanglote », mais c’est une erreur en réalité (Note du N.D.L.R, qui ne modifia pas l’œuvre… il voulait dire : sans glotte… autrement dit, Josef se tait… mais allez savoir… )
… et en plus tu es assis sur mon coffre à Miko…
… Allez matelot… reprends-toi… du nerf… non je n’ai pas de mouchoirs… prends ta liquette…
Pour Josef le coup des souvenirs est rude et mimétique défile le film de sa vie…
… Hissa Luna, Barnaby, Rosalie, Franziska, Gottfried, Yépa sa mère…
Soudain…
… Mutter… ! murmura Josef qui s’effondra sur le sol.
… putain… il me joue encore un de ses tours, éructa le colon… Barnaby se lève, débranche les tuyaux et en pyjama part en courant dans le couloir à la recherche d’un expert…
Il lui suffit de deux minutes… il connaissait bien les lieux pour trouver ce qu’il cherchait… le techno diagnostiqua…
… un authentique mutatis Jérémius ancéphalisium infarct facti sum…
… et en langage codé : demanda le colon.
… bèèè ! un infarctus !… mais une forme très rare l’Infarct-prophéticumen fait c’est le syndrome de la compassion du système Guanyin… il a fait un transfert qu’on nomme : l’inégalité de Clausius… son énergie s’est barrée pour se rencarder dans votre buffet… une sorte d’entropie déséquilibrée…
C’est ainsi que Josef… s’éveilla huit jours plus tard, chambre 369… dans le lit jumeau de celui du colon… harnaché tout comme lui devant de multiples écrans…
Diagnostic : infarctus mimétique compassionnel prophétique… nouveau venu dans les registres médicaux…
Lorsqu’il ouvrit les yeux… le colon l’entendit dire :
… et depuis… sanglotent les Tortues Blondes !
… sans doute une révélation ! pensa Barnaby
… tu ne sais pas Barnaby… mais Casque d’Or sera le nouveau Shériff !
… c’est qui ce mec…
… c’est lui qui te donnera ta médaille… en forme d’étoile… tu l’as connu jadis à Moscou… oracle de Jérémie !
… j’m’en souviens pas de ce mec… t’as ben fait de venir… je me sens redevenu tout gaillard… c’est qui tes Tortues Blondes ?
… mes sources… pures… on dit : “die Quelle” dans la langue de Gottfried…
water source… en somme !
… mais non… c’est une métaphore…
… putain Josef que tu es compliqué…
« Si l’on voulait conclure… temporairement… on pourrait dire bien des choses en somme… contentons-nous de ce que nous savons… la fin de ce chapitre a révélé que : le colonel Barnaby est un spécialiste de l’opéra Nô… qu’il a rencontré Casque d’Or à Moscou… il semble l’avoir oublié … sauf que Parker sait jouer la comédie celle du Nô… là on a bien raison de penser ce qu’on pense… et depuis murmurent les Tortues Blondes. »

                                             Et c’est ainsi que murmurent les tortues blondes

                                                                       Gentilés  
                                                                       Si le voulez bien
                                                                       Lisez suite jour prochain
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L’Ange Boufaréu, alain harmas 

Où Josef-Jérémie révèle l’avènement de “Casque d’Or”

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… 2 heures 47 minutes 7 secondes… dans la nuit… on frappa à la porte…
… tôt le matin…

Dans son fauteuil… le GI Josef… peine à quitter les souvenirs de ses jeunes années… qu’il revisitait…
La flamme cosmique le soutenait, il se leva…
Guanyin était sereine…
Josef ouvrit…
Devant lui un officier en parfaite tenue de travail…
Qui…
Sans cérémonie… énonce…
… salut Josef… fils de Gottfried et Yépa… en l’absence de Parker Barnaby… il y a urgence… tu vas me suivre séance tenante, même si l’heure n’est pas tentante… direction le bunker… il faut décoder un message… tu le sais… il n’y a que toi ici qui le puisses…
… tu observeras… que je suis resté en tenue de combat… j’attendais… car l’oracle ne trompe jamais…
Josef alors chaussa ses rangers… pulvérisa sur sa face un flot de sent-bon au coquelicot japonais du matin…
Coiffa son calot…
Saisit son sac à dos… qui ne le quit… on l’a déjà dit.
Oh ça va ! il suivit donc… le pouvoir de conjoncture, le temporel ; car le pouvoir de jure était quasi occis à l’hosto…
Lecteur… sache qu’avant d’être GI… Josef fut enfant…
« Hé, tu portes quoi dans ton sac ? »
Josef portait depuis sa naissance une besace, elle ne le quittait jamais… ben parce qu’elle contenait entre autres : sa bio en cours de rédaction, son manu-script révélateur révélant les révélations ontologiques de l’être. Mais ce n’était pas tout…
La besace recelait aussi des ciseaux, des stylos, des crayons, des carnets de papiers vierges, des rouleaux de papiers adhésifs, des rouleaux de papier-cul et même un couteau à multiples lames, car Josef avait une sainte horreur des mutilations. Lorsqu’il feuilletait le manu-bio, soudain inspiré, il rajoutait un codicille, il collait alors un ajout, une pensée…
Ainsi, certaines pages se dépliaient en multiples feuillets comme le ferait un jeu en accordéon pour bambins en papier découpé.
Il avait repris cette idée qu’il nomma « paperolle » en mémoire d’un écrivain français dont il avait oublié le nom… son bio-scriptural avait ainsi, des allures proustiennes !
Josef avait ce côté artisan du cortex…
Cette besace était souvent un obstacle à son projet de communication messianique. Par exemple, lorsque, costumé en GI, plus tard, il traversa les fuseaux horaires en aéronefs, il quitta sa ville natale de Pittsburgh pour rejoindre son lieu d’apostolat au bord du Pacifique. Il fut arrêté et fouillé comme un vulgaire migrant, son sac fut étalé sur les tables du custom des jugements derniers des besaces.
Toute honte bue, le prophète, en ramassant ses biens pour les fourrer dans son sac, évaluait le travail d’évangélisation qu’il devrait fournir pour que la liberté des besaces retrouvât sa paix.
Tu te souviens lecteur de ce moment où enchaîné dans l’ergastule, il tournait les pages de son manu-script.
Assis en position du Lotus… pour assouplir sa colonne vertébrale… il entreprit de coller une « paperolle » qui illustrerait en détail profond le temps encore si proche de son enfance.
Il avait lu à voix basse selon l’art des récitants psalmistes… ceux branlant la tête… la mélopée calma le peuple incarcéré…
« Je naquis jadis… forcément, pourrait-on dire puisque c’était écrit… la matrice maternelle en fut éblouie… ce temps fut court d’après mes informations hélas sujettes à l’érosion du temps peut-être même à cause d’autres carences…
On me l’a rapporté, je ne parlais pas, je ne marchais pas, je ne manifestais aucun désir de lien avec l’espace proche, j’en avais déjà assez vu sur ce monde. Ces gens, dits adultes, ne me posèrent jamais la lancinante question qui aurait dû être la leur « qui es-tu ? »
Ils radotaient inutilement sur les seules questions des normes sociales quant à accomplir sa première éructation à dix mois et son premier pas à onze… que tous les parents partagent en cancanant avec les voisins quant à la précocité de leur rejeton… moi le mien est plus mûr que le vôtre… arheu ! arheu !
Le doigt des ignares plutôt que la lune… je les observais, ils ne se doutaient point que dans ce parc de trois mètres carrés, assis tel un bonze, je méditais déjà sur Spinoza à un âge où les autres couraient derrière les filles pour leur tirer les couettes.
Je me souviens parfaitement de ce jour où j’atteignis les trois ans et quelques semaines, assis au milieu de mon espace, dire à ma mère mes premiers mots :
« Aujourd’hui, le soleil se couchera à neuf heures ! »
… et sa réaction : elle laissa choir la soupière de terre cuite emplie de Katoffelsalat que mon père venait de cuisiner, le seul plat qu’il savait préparer. Patates chaudes aux oignons et outils pour les servir se satellisèrent au sol dans un brillant jaillissement dont le cosmos garde encore la trace… puis vint le hurlement de mon Vater… qui jura pesta et sortit en claquant la porte de la ferme que nous occupions à Pittsburgh en Pennsylvanie…
« Il parle Gottfried… un miracle ! » balbutiait ma mère.
Nonobstant, cette évolution n’apporta point réconfort à mon père qui ce jour partit à jeun, dans sa Ford T2, manger un vrai hamburger chez « Ein Guter Freund, mit einem Kamarad »
Ma mère privée de Kartoffelsalat se nourrit alors de la merveilleuse révélation… qui la rassasia.
« Mon petit, il parle ! » personne, à part moi, ne fut là pour entendre cette révélation émue.
Le peuple est ingrat. Il m’avait fallu trois ans quelques mois quelques jours et un soupçon de minutes après avoir incubé digéré entendu tant de mots par-dessus ma tête attentive, enfin je causais… une formalité.
Et en plus « il parle bien ! » comme si j’allais faire les choses à moitié… oh ! Gens de peu ! C’est là que je rajouterai une paperolle… avec cette parole du retour de l’enfant prodigue de Jérémie :
« Moi je m’étais dit : « Oh ! Comme je voudrais te distinguer parmi les fils
Te donner un pays de cocagne
Un patrimoine qui soit parmi les nations
D’une beauté féérique »
C’est ainsi que du jour au lendemain, je jactais pur et dur.
Ma mère à genoux priait le très Saint Frusquin et implorait la madone de faire un second miracle : celui de me faire marcher pour que la prophétie s’accomplisse… ce qui ne manqua pas de survenir quelques espace-temps plus tard… deux mois, trois semaines six jours exactement… et… un matin… je sautai par-dessus la clôture du parc de trois mètres carrés, j’entrai dans la cuisine en criant :
« Noch mal Bratwurst, nein danke! » là mon père se précipita sur ma mère qui tenait un grand plat de saucisses grillées et évita la seconde catastrophe causée par ma spontanée mutation… le déjeuner du matin fut sauvé…
Ma mère se plia à genoux les mains croisées en invoquant une vierge Indienne dont nul ne connaissait l’existence… mon père succinctement dit « Mange, on part dans dix minutes ! »
« Mais Gottfried, tu ne te rends même pas compte que cet enfant parle et marche ! »
« Ben depuis le temps qu’il se repose on ne va pas en faire des patates chaudes, je le conduis à l’école !
« Gottfried… tu plaisantes ! »
« Que non, ce gosse est précoce… il faut en faire quelque chose ! »
Là, j’eus droit à un débat fort profond sur le sens de la précocité.
Ma mère soutenait que j’étais retardé dans ma croissance, il fallait me couver… mon père décidant qu’un enfant qui se met à jacter correct après trois ans de silence… et surtout qui refuse les Bratwurst à trois ans six mois et basta… ça, c’est pas normal… autrement dit anormal… donc précoce !
Ce fut tout…
Là, je pris ma besace pleine d’outils utiles à mon devenir… je me servis des délicieux Kartoffelpuffer assaisonnés de Meerrettich quatre tranches de Schwarzbrot allongés de Fleischkäse, puis je m’habillais et nous partîmes dans la FordT2 de mon Vater…
Direction l’école… là je dois coller plusieurs paperolles…
Bref après un certain nombre d’événements… à l’école primaire… plus tard, je parvins à l’université…
Mais d’abord ce jour-là je rencontrais Franziska… et ma vie fut chamboulée à jamais.
Il faut que je rajoute une « paperolle » pour instruire le lecteur quant à notre art culinaire. Sachez brièvement que mon père est un migrant Allemand… et ma mère une… il faudra aussi une « paperolle » seulement pour sa généalogie fort complexe, car… son sang est Algonquin, mais sa langue est un composé… le innu-aimun coule dans ses veines ajouté d’un fort débit de psaumes en latin et en français que les bonnes sœurs de la Charité de Montréal inoculèrent dans ses neurones… le tout est d’un exotisme fort étrange qui stupéfia mon Vater… qui n’a pas cessé… je parle de sa stupéfaction.
Donc, j’arrivais à l’école… ce ne fut pas un grand jour…
C’est à ce moment que le carillon de l’huis de son home avait résonné… Josef s’était levé, il s’était parfumé, il avait coiffé son calot, il avait pris son sac à dos… il avait salué Guanyin…
Il suivait le sherpa… car…
Josef-Jérémie était le guru du décodage des renseignements, il parlait parfaitement quinze langues et une bonne dizaine artisanalement, il avait la capacité de mémoriser une page en un clic, fautes d’orthographe comprises, il tipait les yeux fermés sur son laptop à la vitesse de l’éclair… un démiurge du clic and clac.
… suis-moi Josef… c’était un ordre.
… O.K boy…
Un véhicule militaire attendait la sortie du vénérable, le chauffeur muet d’admiration… leva le pouce de la main droite, lui fit un clin d’œil, pendant qu’il s’installait sur le siège arrière flanqué de son officier d’ordonnance.
Et l’on partit rejoindre l’unité secrète.
Comme tous les bâtiments de l’armée le « blockhaus » à l’étymologie germanique que certains appelaient le « chiffre », était un bâtiment d’aspect militaire de couleur militaire de fonction militaire, mais avec une particularité… essentiellement militaire…
Là, je dois baisser la voix pour énoncer cette étrange anomalie, car aucun titulus ne renseignait le quidam quant à l’utilité de ce bunker.
Il se présentait telle une verrue anonyme posée à la lisière du stade, on jurerait que cette casemate échevelée tel un hérisson aux mille antennes avait été érigée là, en guise de vestiaire pour les centaines de GI qui aux heures perdues venaient s’époumoner en additionnant de multiples tours de piste…
Le command-car s’arrêta, grand seigneur, sur le morne pas-de-porte gardé par deux molosses-sentinelles, Josef et son cornac giclèrent… si, si, c’est le terme martial indiquant la sortie du véhicule, ah ! on l’a déjà dit… ils se dirigèrent résolument vers la porte… devant laquelle il fallut montrer patte blanche.
Josef posa sa main sur une plaque qui immédiatement reconnue le saint homme… en s’illuminant d’un beau vert fluo, le cicérone, fit de même et la porte s’ouvrit.
Une forte jouissance étreignit Josef… en toute modestie !
Ils furent accueillis par un officier fort aimable pas du tout arrogant… il aurait pu l’être car Josef n’était qu’un misérable première classe… sauf que son niveau de sapience était tel que toutes les hiérarchies ne pouvaient que se soumettre.
Ils suivirent.
On pénétra dans une sombre pièce… où attendait une pléiade d’autorités derrière un immense plateau… recueillies… ce sont les huiles qui sont recueillies… pas le plateau…
Une place libre lui était réservée… sur l’autre bord… sur la seule chaise…
Seul… face à tous…
« Prenez cette place ! »
Il la prit et ouï ce court propos émis à voix basse… d’un porteur de barrettes qui en l’absence de Parker Barnaby tenait le rôle du boss principal… il était ému… forcément.
Le patron le regarda… intensément…
« 1ère classe Josef Schmitt,  nous avons deux écueils à affronter…
« J’ai là, c’est hyper confidentiel, un document, que nos services ont intercepté, mais, nul n’est en mesure de le lire. Nous oublions, votre art de la mise en scène… quant à votre discours devant le général… vous avez notre mansuétude… en échange, enfin en résumé, en conclusion il faudrait traduire ce texte… si possible fissa(sic)… il fit ça aussi… ce fut sous-entendu…
Sachez que les unités sont en alerte maximum… la paix ne tient qu’à un fil… celui de votre traduction… vous voyez ! »
Il vit !
L’autre fit silence pendant que le peuple haletant se taisait…
« Le second gros souci… c’est Barnaby Parker… il est dans un état grave… vous fîtes tant et tant voilà si peu… mais, il vous réclame… il m’a confié qu’il vous aime… vous êtes le seul qui puisse lui venir en aide ! »
Le silence se fit encore plus profond…
Les huiles attendaient la réponse du prophète… oracle de Josef…
L’orateur qui n’était point oratorien… déplaça des piles de documents qui le documentaient… la tension était palpable comme dans les meilleurs « wesseternes »… Il tira, l’ultime document enveloppé de papiers secrets… à l’intérieur reposait le message occulte…
Il le tendit à Josef…
Josef ouvrit, lut la page d’un clic…
On aurait entendu une mouche voler si le système anti-diptère au DDT l’eût permis… il était efficace… il ne restait donc que le son des souffles haletants, on captait même les grincements des vertèbres cervicales des hommes se tendre vers le scribe qui relisait tranquillement le texte… très calmement… soft-power en quelque sorte qui sied à tout prophète qui se respecte.
Ce fut le second moment d’une jouissance triphasée, il jubilait en lisant un vulgaire texte qui commençait par ces quelques mots :
« Kuei ! Tan Eshpanin ? »
Mais comme le texte est confidentiel, Josef ne le révéla pas. Il avait d’ailleurs l’intention de ne pas livrer immédiatement cette traduction à ces larves autour de la table, il fallait qu’ils s’amendent qu’ils se confessent…
« Alors ! » dit le chef orateur…
« C’est une langue polysynthétique archaïque à cheval sur plusieurs cultures dont la Sibérienne est sans doute une source…
« Et ?
« Et… je dois vérifier…
« Je comprends !
« Quand ?
« Dans quatre heures et quelques minutes… j’aurai la solution… il me faut me retirer pour…
« Sans doute… allez !
« Merci mon père ! Souffla Josef… devenu distrait.
En fait, Josef avait déjà tout compris, mais il se réservait la mise en scène de la révélation comme tout bon prophète qui se respecte, les généraux ne faisant pas exception.
Ce n’était pas la première fois que les huiles le priaient de traduire des textes qui arrivaient de tous les coins du monde. La plupart du temps, les papiers provenaient pour les plus sensibles, des services russes, chinois, coréens.
Ensuite venaient les « partenaires » en gros, les pays vassalisés soit par leur défaite en Europe ou en Asie… soit par leur ridicule taille… il y avait aussi les pays rémoras… comme la Pologne qui bêtifie devant la bannière étoilée, elle serait prête à sacrifier tous les Isaac comme le fit Abraham pour sauver un chapeau de l’oncle Sam… et se prosterner à ses pieds.
Chaque document « sensible » commençait par cette procédure complotiste dans la salle des pleurs du bunker. Des centaines de documents sans importance parvenaient ainsi, dans des langues, parfois parlées par un groupuscule de trublion ethnique.
Alors Josef faisait mousser la sauce, plus le texte était nul et plus long était posée la barre de l’attente… puis, comme tout prophète incarné, il apportait la délivrance au sénat ravi.
Il fut reconduit dans sa chambre par la même estafette… il occupait un autre bunker au premier étage, il avait vue sur le stade, derrière de très forts barreaux d’acier… mais nul ne pouvaient emprisonner une pensée métaphysique évanescente qui s’évadait à travers le verre et les aciers sans contrainte.
Il aimait son carré… nul n’y pénétrait… sauf Franziska… enfin l’aura de Franziska.
Il posa sa besace et sortit son manu-script.
Il devait réaliser un gros travail de paperolles pour analyser les actes.
Il fallait bien absoudre afin de gagner la paix.
Joseph eut un gros soupir au cœur.
Il ouvrit le manu-script :
« Ce jour, en ce dernier trimestre de l’an de grâce, mon corps physique réintégra mon cosmos que mon être astral n’avait jamais quitté… j’annule l’existence des murs, les cages Faraday malgré les armatures d’acier ma pensée rejoint sans obstacle la pensée de ma génitrice… ! Je relis le texte en innu-aimun que nul ne peut déchiffrer… une prophétie qui ne peut atteindre le rez-de-chaussée des trainants… que dit-elle :
« Salut ! Mon Petit… Tu vas bien ?
Puis, elle annonça la future consécration d’un élu extraterrestre au poste de président de l’US-Land qu’elle nomma « Casque d’Or ».
Jérémie en resta coi… tout ça pour ça… un vrai cinéma.
Josef avait déjà son idée.
Il fallait l’étayer… alors soudain, il lorgna son espace vital… un mur entier de rayonnages divisés en deux dans le sens de la hauteur est consacré aux dictionnaires des langues indo-européennes sur le flanc gauche et aux langues asiatiques sur le flanc droit…
Et…
Cet espace a été visité pendant mon absence, il suffit seulement de constater le déplacement qu’un abécédaire d’Abkhazie transhuma dans les linéaires Sibériens… ah ! ah !
Mieux ! Le poster célébrant un immense phallus qu’une gentille personne caresse avec une plume de paon… a été déplacé… oh ! oh !
À présent, Josef est certain qu’un supérieur imbu du règlement TI « Totalement Illégal » s’est acharné sur certaines punaises de l’image et ne parvenant pas à toutes les extraire a mal replacé celles qu’il avait en main… ailleurs… le papier en garde les stigmates… qui prouvent l’intrusion dans ce temple de la pensée.
Là, Joseph prit le temps d’une grande méditation… assis tel le sâdhu… il s’endormit.
Mais sa pensée poursuivait ses investigations… en fait, il découvrit que Casque d’Or était lui aussi un héritier des tribus Germaines venues coloniser l’Ouest… cette information irrigua les synapses du dormeur… et curieusement des textes en cyrillique vinrent distiller les états de service de ce futur shériff à la sauce ketchup…
Quatre heures plus tard, l’officier qui avait accueilli Josef Schmitt, monta les escaliers sécurisés, se présenta devant la porte du GI, il actionna le mécanisme que le sâdhu avait installé en lieu et place de l’ancienne sonnette militaire… un carillon harmonieux carillonna… hybride des temples Japonais et des Stupa tibétains… l’officier dut donc écouter la partition musicale en dixième de tons qui avait bien deux bonnes minutes à l’horloge cosmique.
Ce temps permit à Josef-Jérémie de paraître.
« OK sir ! »
Il suivit après avoir pris les mesures de précautions pour clore son home.
Il venait de découvrir la preuve que le couloir sécurisé ne sécurisait personne, à preuve, son domaine avait été visité… Ah ça mais !
Lorsqu’il pénétra dans le sombre bunker du sous-sol, les occupants semblaient sortir d’un long somme… peut-être était-ce le cas, mais Jérémie ne s’arrêta point à ce trivial détail, ces hommes qui avaient entre les mains un arsenal de moyens mus par des règles d’un vulgaire Monopoly… étaient désemparés.
Ils avaient compulsé toutes les dépêches empilées sur le bureau, chacun ayant un tas à lire. Il y avait là des dizaines de piles regroupant des dizaines de langues… ne croyez pas que ce groupe était polyglotte, que nenni, car tous les textes étaient traduits… en US-langage quotidien, tels ces papiers pliés que vous trouvez dans les appareils achetés au supermarché en US-langage made in Hong Kong… tous annonçaient que l’US-land allait élire un US-boss… pour quatre ans… dans la plus grande démocratie…
« Que le monde nous envie ».
Il avait lu cet apophtegme dans un canard de l’Ancien-monde, il fut séduit, n’était-ce point le rôle revendiqué par l’US-land… thème qu’il comptait traiter ultérieurement.
À présent, on était plongé dans le domaine du secret-défense… et la lancinante question se posait quant au décodage du texte remis en mains propres au traducteur sacrément polyglotte… et tronche à claques… en même-temps…
Mais que voulez-vous, tronche à claques ou pas… malgré les grades, les décorations, les tenues empesées des huiles, lui seul savait… quand il aurait révélé le message, on verrait… pour l’instant les hommes pratiquaient une mise en scène prévue dans le règlement : tête-basse-regard-haut… doucement arrogant devant le minus et cyniquement silencieux car ensuite « tu vas te prendre une branlée… mon gars ! »
Sauf que Jérémie savait… que ces rats de terre pratiquaient le double langage…
« Prenez place ! »
Il la prit.
Il déplia le papier au texte suspect… se perdit dans sa lecture… en hochant doctement la tête… trois fois selon le code du bushido.
« Messieurs… commença-t-il
« Traduttore, Traditore… est une paronymie… autrement dit un rapport lexical entre deux mots dont le sens diffère, mais dont la graphie ou la prononciation sont fort proches de sorte qu’ils peuvent être confondus…
C’est en quelque sorte une homophonie proche ou une homonymie approximative… exemple : ministre-sinistre… officier-policier… règlement-beuglement… and so on…
Dans le groupe, ce fut la stupeur-flippeur…
« Je reviens à l’expression italienne : « Traduttore-traditore » elle a un sens… et je vais le dire… « traduire, c’est trahir ! »
Mouvements dans la salle au seul verbe qui dépassait de l’horizon : trahir… jamais !
« Ce n’est pas la question, dit le traducteur… c’est la conséquence.
Je traduis, mais… il faut précéder le texte, de prolégomènes… puis d’interprétations…
« Énonçons-les…
« Expliquez donc dit le boss, sans les prolé-choses… allez au direct… nous sommes affranchis…
Jérémie redressa calmement la tête… il les regarda tous… en silence… long… de menace…
… ce n’est pas gentil de fouiller mon cosmos !
Effroi-pisse froid… ils auraient osé…
… vous devez savoir que mes dictionnaires sont sensibles à la place hiérarchique que je leur attribue… dans ma bibliothèque…
L’officier muet de contrition… baissa la tête…
« On ne le fera plus… on ne fouillera plus votre chambre !
… je vous absous… mon fils…
Psalmodia Jérémie, qui poursuivit.
… vous n’êtes pas sans savoir que notre Land Hégémonique de l’ouest va, selon les préceptes du Mayflower, changer de barreur… je reluque les piles que vous vous imprégnâtes quelques 240 minutes durant pendant que je perçai l’énigme de ce document. Que découvrîtes-vous ? Messieurs ! Je vais vous le dire… de la crème de bull shit… tartinée selon les normes hélas usitées par les sauvages acculturés du vaste monde. Ils veulent vous réduire en erreur… je dis bien réduire et non induire… car l’accouplement des deux mots donne une paronymie grotesque que je cite… vous qui êtes fort vaccinés depuis vos classes à West Point, Afghanistan, Asie, Afrique sub-saharienne… réduire-induire est à bannir… pour ne conserver que le concept de réduire…
… ça nous amène ou… la réduction ?
… à la traduction !
… enfin…
… oh ! Là ! Gens de bien… quittez votre confort de boutiquier… la voilà la révélation :

« Nous allons hériter de Casque d’Or ! »
Et c’est signé :
« Les Tortues Blondes ! »
Un sang-froid impressionnant d’inertie accueillit l’annonce de cette prophétie, nul ne broncha, tous se regardèrent, muets, partagés entre le rire et le coup de poing dans la gueule… le sang-froid n’hésite jamais dans l’art de la virile virilité… pour lors, le staff se tint coi devant ce canular.
Jérémie avait compris le dilemme… de ce mutisme.
« C’est une révélation… autrement dit… une prophétie… telle que la Bible ratiocine en longueurs de pages… ce guru ne prétend pas voir le réel… il ne voit que le futur qui se dévoile sur des carapaces de tortues que l’on chauffe sur un feu de bois d’oranger séché pendant sept cents ans…
Je vous le livre… toutes brutes de fonderie… il suffira alors à vos sagaces raisonnements de déterminer qui est ce Casque d’Or et quelles conséquences il a sur vos destinées… ce qui en somme est la seule préoccupation de votre confrérie.
« C’est tout ce que dit ce papier ?
« N’est-ce point suffisant ?
« Et vous, première classe Josef Schmitt… qu’en pensez-vous ?
« Je crains que les déplacements de mes dictionnaires d’étagères ne risquent de brouiller mes approches, je suppute grandement avoir dans le futur des difficultés pour parvenir aux traductions qui ne sauront point tarder, car la prophétie se révèlera… j’en suis certain… d’autres documents suivront… ce premier texte est primaire mais stratège… je suis certain que d’autres plus alambiqués suivront…
Là-dessus le prophète eut cette étrange parole :
Parce que depuis…
« S’interrogent les Tortues Blondes ! »
… c’est tout ce qu’elle a écrit… la…
Tortue Blonde… c’est tout, mais, dans un espace cosmique elles distillaient des hypothèses en cyrillique… je dois me mettre en connexion avec Franziska…
… le cyrillique a à voir avec la Russie ?
… c’est l’évidence…
… c’est complexe…
Alors…
L’énigmatique sentence enveloppa de mutisme les participants pendant que Josef repliait selon le mode règlementaire le document pour le remettre au porteur qui l’amena au conducteur de l’assemblée… lequel affirma :
« Nous ne toucherons plus vos dictionnaires… ni manuellement ni visuellement ! Je vous l’assure ! »
Puis, un hurlement ordonna un g’àr-d’à-v… suivi d’un :
« Rompez ! »
Ils rompirent, Josef fut gentiment conduit dans une salle attenante à celle qu’ils quittaient.
Jérémie revenait à son poste de travail, un terminal dans lequel terminaient des terminaisons, en tous lieux du cosmos. Là des imprimantes crachaient sans discontinuer les phagocytoses des liaisons entre peuples, le bunker en possédait toutes les clés.
Les écrans scintillaient d’animalcules vibrionnant…
L’officier-pion de garde… prit place non loin…
Les documents de la galaxie-US-espionne-Land s’accumulaient… à la grande joie de Josef, il n’attendait que les textes en innu-aimun langue qui berçait toujours son âme d’enfant… son doudou en quelque sorte.
C’est à ce moment-là que Josef décrypta l’inutile message pour le monde de la venue du général posant ses basques temporairement six heures et neuf minutes pour livrer son discours urbi et orbi aux bidasses du lieu…
Qu’est-ce qu’il venait foutre ici… le « Trois-Étoiles » ne savait rien, il vagabondait en totale liberté… il se payait des voyages sur la caisse de l’oncle Sam afin de goûter aux geishas
Un nouveau message codé en innu-aimun des tortues blondes arrivait… identique au premier… mais, cerises sur le gâteau… expression parfaitement imbécile qu’il avait puisée dans les colonnes-cancans d’un journal français dont le titulus lui échappait… voyons… le… l’Obs… l’Obsolète sans doute : c’était le titre de la feuille de choux…
Cerise sur le gâteau donc… elles précisaient… les cerises… que Casque d’Or allait tout chambouler…
Josef traduisit et passa le document à son officier surveillant…
Le « staff » galonné restait englué de stupeur sur la révélation :
« Nous allons hériter de Casques d’Or ! »
Signé « les Tortues Blondes ! »
Les huiles, en conclave, s’interrogeaient sur le devenir de leurs fonctions… au loin dans un brouillard en cyrillique… s’ouvrait les espaces enneigés… sibériens…
« Casque d’Or » va-t-il chambouler leurs avancements…
Ou bien…
Soudain… Josef se leva…
L’officier inquiet… se précipita…

… what ?
… Barnaby calls me… he’s very bad…

Ce fut le second indice de métempsychose qui qualifiait Josef en prophète… salvateur… Barnaby était mourant… il fallait le sauver…
… vous l’avez compris, lecteur… dominé par la passion, Josef entendait des voix… et particulièrement celle de Barnaby… qui s’oxydait… on voulait dire qu’il prenait la voie des occis… et Josef avait ouï…   

                                              Et c’est ainsi que murmurent les tortues blondes

                                                                       Gentilés  
                                                                       Si le voulez bien
                                                                       Lisez suite jour prochain
… vous pouvez aussi charger le lien des éditions Alain Iametti sur votre moteur de recherche : https://www.editionsalainiametti.com/
vous trouverez les opus édités…
                                                              
L’Ange Boufaréu, alain harmas 

 

Josef: prophète en gestation franchit l’infranchissable…

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5… les transformations silencieuses…

… les instants d’émergences de la conscience après une césure, nous étonnent toujours par leur intensité, parce que nous n’avons pas su percevoir les transformations silencieuses qui agissent en profondeur de notre moi depuis fort longtemps…
Josef intégra son espace… mais après avoir franchi le seuil… tel l’Indien, il se fixa immobile dans la même position, attentif aux changements survenus… là, il tentait d’arrêter le temps de sa pensée… mais pouvait-on sérieusement arrêter ce flux… il ne parvenait pas à fixer les questions qui l’assaillaient… sans cesse.
Il resta là… un temps infini… immobile… inerte… il ne sentait rien… le flux des images anciennes se déversaient sans contrainte… jusqu’à… la parole du sage…
« Le sage est sans pensées… »
Soudain…
Loin, il entendit l’écho du clairon qui saluait la descente des couleurs… la mélodie rythmée le ramena à son vécu… immédiat…
Guanyin… ne l’avait pas quitté des yeux…
On frappa à sa porte…
Il vint ouvrir…
Deux GI apportaient des gamelles…
… Enjoy your meal… on reprendra les gamelles demain matin… salut !
… Hi !
Alors, Josef s’installa… il se sentait en visite…
Il mastiqua en énumérant les faits… éprouvés par lui… les actes supportés avec les autres…
Josef…
Une voix… lui parle…
« Depuis ta naissance, tu es un infirme encyclopédique des langues et de l’histoire indienne… mais plus que quiconque tu comprends la manipulation…
Dès tes trois ans six mois trois semaines quatre jours et quelques minutes… tu avais compris ce que dominating power voulait dire… synonyme hurlant d’éradication…
« Un bon Indien est un Indien mort ! »
Tu avais compris que Parker Barnaby utiliserait ta compétence pour sa trajectoire de bidasse, dans un double jeu… hypocritement : il te flatte et dans le dos devant la hiérarchie, il te casse… ce qui lui vaut chaque fois une nomination…
Dans ce couple négatif positif… s’est joué le jeu… des pouvoirs…
Maintenant, tu sais…
Or…
Depuis le même temps de tes trois ans six mois trois semaines quatre jours et quelques minutes où Parker Barnaby avait embobiné Gottfried… Yépa… et toi-même… tu le sais… de façon concomitante… tu rencontras Jérémie… le Prophète…
Depuis, il te porte… »
À part Guanyin, nul ne peut atteindre le niveau cosmique du prophète…
Il a dit :
« Ne vous fiez pas à des paroles mensongères en disant : Temple de YHWH, Temple de YHWH, c’est ici. Vous volez, vous tuez, vous prêtez de faux serments. Et ensuite vous venez vous présenter dans cette maison, et vous dites : nous sommes sauvés. Est-ce qu’à vos yeux cette maison serait devenue une caverne de bandits ? Moi aussi je vois… j’agirai envers la maison à laquelle vous vous fiez ! »
O.K ! répond Josef, pour en avoir toutes les certitudes… j’ai accepté le chemin de la compréhension… devenu ma voie… mon Tao 道… silencieux…
Oh ! Il ne manque pas de prophètes… les oracles qu’ils lancent urbi et orbi sont belliqueux… car comment discerner les « vrais » des « faux » prophètes…
Réponse : « en étant »
À présent, je sais…
J’attends le verdict des huiles… mais je sais une chose… je ne laisserai pas Barnaby dans l’erreur…
« … ça, c’est la parole d’un vrai prophète… psalmodia Guanyin… ! »
Ma fracture relationnelle à son égard ne sera pas fatale pour sa fracture cardiaque…
Si je le laisse, il est capable de se débrancher… je suis le seul qui puisse le soutenir…
… moi, l’Indien je rompt le pacte hypocrite que me jouait ce Yankee… mais avant de jouer cette partition… je ferai une proposition…
“Remettre Parker Barnaby sur pied…”
Ici à Yokosuka… je resterai le temps qu’il faudra… avant de rejoindre mon sacerdoce…
La nuit était venue… à pas menus… tout thé bu…
Guanyin souriait de Compassion…
Alors Josef fit ses ablutions…
Susurra un sutra du cœur…
Et s’endormit… comme un vainqueur…
Depuis son retour… immobile… ses neurones venaient de réaliser un long voyage hors de sa chambre…
… là, lecteur, vous découvrez la complexité de Josef… ce n’est que le début… prenez exemple sur Guanyin… soyez compassionnel…   

6… de l’histoire ancienne à la généalogie… pour comprendre la genèse…
… Honorable lecteur, je te vois dubitatif… tu te dis : « mais où je m’embarque ? »

Je vais tenter de t’éclairer en revenant aux sources Joséfiennes… mais, si tu as un élément fondamental à retenir de ce qui vient d’être écrit… c’est l’instant cosmique où Josef par son pouvoir métaphysique, immobilisa le CD… de l’hymne US… note bien ce point.
À Yokosuka… on parle encore de cette force… quasi biblique… authentique indice de prophète… d’agir à distance…
Tu as vu que Josef tend vers la liberté totale de dire le vrai… selon lui, notre conscience seule dicte nos actes… avec distanciation… sans aucune censure…
Depuis la Grèce antique, les penseurs ont séquencé les facettes physiologiques et psychologiques de notre nature, jusqu’à notre sexualité… c’est dire !
Nous avons expérimenté toutes les hypothèses de politiques collectives.
Nous avons armé nos guerriers depuis la fronde jusqu’à l’horreur nucléaire.
Nous avons consigné dans nos bibliothèques le meilleur de nos savoirs.
À présent… papelard, le politique affirme :
« Avec la démocratie nous avons quintessencié le vivre ensemble qui harmonise le monde ! »
Il ment, lecteur… le politique t’enfume…
Depuis le début qu’il a érigé ce concept, le hiérarque joue la farce à deux têtes… l’une prétend te donner la parole… l’autre masque son pouvoir personnel pour réaliser tout le contraire.
« Tu ratiocines avec tes encyclopédies, dit-il, mais moi… une fois élu, je fais comme je veux ! »
Pour contrebalancer ce pouvoir temporel… on inventa Dieu.
Alors, depuis la nuit des temps, au nom de Dieu… les peuples projettent leurs interrogations pariétales au fond des cavernes, sur l’argile, la pierre, l’os, le papyrus, le bois, l’ivoire, la soie, la poterie, le cuir, le métal, le tissu, le vélin, la toile, le papier, l’analogique, le numérique, le cloud…
Tous les textes tentent de percer le mystère de « l’origine »… cette première seconde née du « néant » libérant l’écoulement entropique du temps…
Certains textes qualifient le passage entre inerte et animé de « big-bang ».
D’autres méditent quant à un possible « Non-Être créateur »… qui n’affirme rien, mais prudent… suggère que le mystère sera révélé… un jour…
Bien qu’hétéroclites tous ces textes s’accordent sur un corpus minimum commun.
Ils disent que l’espace était aussi nu que vide, les ténèbres inondaient l’abîme, mais l’Esprit… quelque part régnait dans les cieux, soudain… nul ne sut pourquoi l’Esprit se bougea, il créa les cieux la terre la vie… et la lumière fut.
Hosanna !
Dès lors, la noosphère se mit à grouiller, d’autres dieux émergèrent, les dogmes s’instaurèrent, les incarnés surgirent, les paroles prophétisèrent, les illuminés s’illuminèrent, les textes décrivirent, les mers engloutirent, les prédicats s’élevèrent, les sectes naquirent, les génocides massacrèrent, les prophètes prédirent, les croisades gémirent sous les apocalypses et les anathèmes… au nom de cette Lumière.
Longtemps plus tard, une voile battue par les vents telle une flamme née en Olympe portée par un Génois… accosta très loin… à l’Ouest.
Sa venue fut concomitante à un râle métaphysique surgi dans la ville de Eisleben en vieille Europe une terre Germaine de Saxe.
Là-bas un moine mutant, né un an après l’accostage du Nouveau-Monde, fracassa l’ordre du temps et des dogmes romains par un nouveau prédicat.
Luther, car c’est lui dont on parle, relégua la vieille église régnante vermoulue.
Il composa son anathème en 95 thèses qu’il afficha sur les portes des temples qu’il désertait en se relookant de protestation…
Mais, pour exprimer l’absolutisme de ce nouveau surgissement transcendant… fallait-il de l’espace. Hélas, la Saxe n’avait pas la surface requise.
On prétendit, qu’à l’Ouest au-delà des mers agitées des Atlantes, les terres vierges repérées par le Génois attendaient cette nouvelle arche… dite de paix.
Alors, plus tard, cingla le Mayflower peuplé de fathers aussi arrivistes qu’anti-papistes. Ils souquèrent ferme, franchirent la barrière océane, envahirent les terres et s’approprièrent les espaces, ceux-là mêmes qu’une culture Indienne endémique peuplait déjà depuis des millénaires… ils n’en eurent cure.
Le rayon lumineux du Génois fut l’introït et début du drame des bisons, des dindes, des coyotes et des Peaux-Rouges qui vivaient sur les arpents de ces terres émergées.
Dès le premier coup de feu, au nom de Dieu et du soft-power, les Indiens comprirent le sens caché de « démo – kratia »… autrement dit démocratie… le substantif emprunté au grec… signifie force du corps… puis domination de puissance… du peuple envahisseur…
… on peut traduire la pensée des Fathers par… avec la force je m’installe ici ! que ça te plaise ou non !
Plus tard on rajouta : « In God We Trust. » … illustration du « soft-power » béni de Dieu qui fut mis à toutes les sauces…
Ainsi, depuis 1492, ces concepts règnent plus que jamais… sous la bannière à cinquante étoiles.
Pourquoi tant d’hérésie ?
C’est ainsi, gens de peu de foi, que le cycle du pouvoir se poursuit depuis le jour où « la lumière fut ».
La spirale infernale schismatique du moine Luther provoqua d’abord, un certain nombre d’apostasies.
Elles éclatèrent au sein de bien de parentèles qui virent des membres de familles unies se dresser entre elles pour vouloir choisir leur nouvelle foi.
L’une d’elles, les Schmieden, célèbre famille de Saxe dans laquelle se forgea – c’est un calembour – une guerre de religion, car « schmieden » en allemand se traduit par « forger ». Depuis la nuit des temps le patronyme des Schmieden était le nom éponyme de leur métier, ils étaient tous forgerons.
Sous l’impulsion de Luther… la fratrie se forgea un nouvel élan, chacun voulut définir l’église vers laquelle il allait élire sa transcendance.
Le père mort, le fils aîné hérita de la forge. Il emboutit le patronyme « schmieden » en supprimant la désinence verbale « en » puis en éjectant le « e » qui avait pour fonction de prononcer le « i » en voyelle longue, il se nomma : Schmid… une courte syllabe.
Il resta campé dans la foi biblique traditionnelle de Paul sous la houlette du Paraclet.
Le second fils qui rêvait de la forge ne reçut qu’une boîte contenant trois marteaux… du reste, fort bien ouvragés, il s’exila au nord en Prusse, il jouta un « t » au nouveau patronyme de l’aîné. Il se nomma Schmidt et devint luthérien.
Le troisième et dernier n’eut comme héritage qu’une certitude : celle de se lever le cul, s’il voulait survivre. Pauvre comme Job, il considéra que ce dénuement était un avantage. Il emboutit le « d » ajouta un « t » au patronyme du second pour devenir Schmitt.
Il métamorphosa son prénom… Athanasius devint Calvin, là il pénétra en toute logique, le calvinisme.
C’est ce même Calvin Schmitt qui débarqua quelques mois plus tard du côté de Plymouth pour faire souche sur les terres de l’Ouest.
La lignée antique de la famille, les ancêtres, les pères, les frères, les fils… forgeaient. Calvin s’installa à Pittsburgh, capitale de la Pennsylvanie qui sortait de terre.
L’atelier prit le nom de : « Zur Alten Schmiede » : « A la vieille forge »
… nul ne contesta le label… et puis, on avait besoin de forgerons…
Là, Calvin engendra Théobald…
Théobald engendra Horst…
Horst engendra Hans…
Hans engendra Hieronymus…
Hieronymus engendra Günther…
Ainsi, se succédèrent les générations de Schmitt qui naquirent au rythme de la croissance de Pittsburgh…
Par le feu, ils forgèrent les métaux et les âmes…
Ils martelèrent : zinc fonte cuivre plomb fer étain, plus tard, ils n’ignorèrent point l’argent et l’or, car les Schmitt étaient d’authentiques honnêtes protestants forgerons industrieux qui avaient le sens des affaires.
En cours d’évolution, ils ajoutèrent l’industrie du verre à leur fonderie, car chacun sait que le verre se fond et se forge au laminoir, puis vinrent le cristal et le diamant pour lesquels ils forgèrent une nouvelle organisation.
L’actuel patriarche Schmitt – célèbre notable de Pittsburgh – s’appelle Gottfried.
Gottfried rencontra Yépa, une Indienne du clan Algonquin. Elle était née sur les terres du Québec puis avait émigré par soif de connaissances vers les steppes de l’US-Land plus au Sud.
Gottfried, tout comme dans le livre messianique, était certain que seule sa conscience démocratique et pieuse dictait ses actes… il « connut » Yépa.
Yépa et Gottfried engendrèrent Josef.
À ce jour, Josef n’engendra personne… mais généra, ce récit prophétique.

… ce n’est pas une légende… vere authentica hosanna ! et si vous z’y croyez pas allez’y donc voir à Pittsburgh ! 

                                                    Et c’est ainsi que murmurent les tortues blondes

                                                                       Gentilés  
                                                                       Si le voulez bien
                                                                       Lisez suite jour prochain
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L’Ange Boufaréu, alain harmas 

Chapitre N° 4… Josef sauve Barnaby Parker a good boy! Yé!

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4… où il est nécessaire de dévoiler certains mystères…   

Pour accéder à la clarté, il faut s’extraire de la « méta-compréhension » qui brouille les encéphales.
Méta signifie : au-delàcompréhension signifie : Verständnis… lequel substantif signifie understanding… parfois, il faut prendre une chemin de traverse… nous sommes donc bien au-delà de la compréhension… autant Germaine qu’US.
En fait, Josef avait été « réduit en erreur » lorsqu’on lui avait offert de « causer » devant 2000 GI réunis pour le discours du « Trois-Étoiles ».
Heureux comme un prophète, Josef adressa son prédicat… au grand dam du colon qui commandait l’unité… un certain Barnaby Parker…
Lequel Parker dut faire face au « Trois-Étoiles » pour justifier son autoritaire… afin de terrasser le prédicat de Josef…
Le Cacique Parker révéla que le GI-Josef était LA sommité en matière de décryptages. Certes, l’autre le savait vaguement, on ne dit pas tout aux généraux… car enfin Joseph n’était que Première classe… face à un « Trois-Étoiles »… le bidasse ne pesait pas lourd.
La sommité étoilée regimba, Barnaby dut alors sévir sur le champ… cum auctoritate (sic)… puis plus tard… il l’oublia… il était retenu… par l’invité…
Le général ne quitta le quartier de l’US-Land qu’au petit matin blême, après une douce nuit arrosée de geishas et saké… non c’est l’inverse… frustré, le visiteur en avait profité pour goûter aux fruits de la région, car la call-girl de l’Île perdue avait déplacé son rendez-vous… ces douceurs firent attendre… l’hélicoptère… le porte-avion nucléaire… puis un B52… ce fut tout un bordel… pour reprogrammer tout cet arsenal…
Bref pour faire court, le Boss Barnaby Parker vers les dix-sept heures envoya une ordonnance pour livrer une cantine au GI…
Conclusion… Joseph ne resta au trou qu’une nuit…
Et comme chacun sait à présent…
Josef ouvrit son manu-script où il consignait tout événement…
Il relut les messages anciens…
« Mère… je veux connaître cette contradiction dans ma chair… en vivant l’ordre dans le désordre ! »
… maintenant… je confirme… j’ai vu… je sais !
C’est ainsi qu’après une nuit sans nuages à part les brouillards nébuleux ouatés des chanvres indiens contre lesquels il était immunisé. Joseph n’était-il point le fils de Yépa l’Indienne Algonquin… le taulier vint sur le coup de six heures.
… salut mec Révérend…
… là-haut, t’as un carrosse qui t’attend… t’es convoqué chez le boss !
Le GI prit le temps de vérifier qu’il n’oubliait rien… il suivit le maton… mais au moment de le quitter… le champion mastiqueur de Wrigley’s le retint par la manche de son treillis… le suppliant de suppliques…
… eh mec… fais gaffe… je t’ai pas mal traité… moi…
… O.K boy, well, je rapporterai que tu es un type réglo, je te ferai parvenir un sac de Wrigley’s…
… t-es un vrai pot mec… prends des Wrigley’s à la canne à sucre… c’equ’j’préfère.
Joseph revint vers sa guitoune, pour se raser, se doucher, se pomponner, admirer ses dictionnaires, saluer Guanyin…
Puis…
Encadré comme toujours par two body-guard… le command-car le conduisit manu militari devant le building du boss…
Le quatuor gravit les marches et parvint devant la porte du cacique… l’icelui colonel Barnaby Parker… ses médailles de noblesse… en batteries…
« Halte ! » hurla le GI de gauche.
Les quatre militaires s’arrêtèrent comme une même chair, trois pas devant l’huis.
Figés en immobilité règlementaire. Les matafs observaient trois pâles lampes positionnées sur le chambranle de la porte, ils attendaient que l’une vire pour donner le sésame au feu vert vif… le rouge ketchup était pour l’instant parfaitement saignant…  soudain… il devint orangé, il se pressa de hoquets, suivi d’un vert jaunâtre lumineux qui prévint que la suite allait venir…
Les hommes raidirent leurs muscles afin de réagir au millième de seconde qui ferait suite à l’ordre… vert chlorophylle cancel-écolo-grün.
Tétanisés, ils attendirent l’éternité de six longues secondes…
Alors la porte s’ouvrit mystérieusement, mue par une force énigmatique…
Le pouvoir apparut au loin… en contre-jour devant une verrière.
L’insondable silhouette, encadrée à sa droite par des bannières étoilées et à sa gauche par des étendards du régiment, debout immobile devant un plateau de bois brillant sur lequel ne gisait aucun brin de poussière…
Le lointain jeta un ordre…
Le GI-boss de gauche hurla une réponse qui dans sa simplicité militaire commandait un déplacement en avant…
Or, la porte ouverte ne permettait le passage de front que d’une seule personne, il eut fallu que le boss usât d’une déclinaison des ordres afin que les trois pénétrassent sans disloquer le groupe… en colonne par exemple… sauf que ce dispositif cassait le théâtral déplacement en ligne.
En réalité, le règlement écrit n’avait nullement prévu ce cas.
Les deux M.P qui escortaient le détenu sombrèrent dans des réflexions abyssales quant à la recherche d’une solution.
Lorsque la silhouette devenue enfin nette, après accommodements des rétines… jeta un :
« Damm is it coming ? »… qui n’était pas un commandement répertorié… mais l’injonction qui agita le GI chef du détachement, lequel ordonna un :
« Forward… ’aaaaarche ! »
La suite fut homérique…
Comme un seul homme, les trois montagnes de muscles se dynamisèrent pour exécuter le pas règlementaire, Joseph au centre franchit le seuil alors que les deux autres aux ailes se fracassaient sur les montants, en bois de chêne japonais… dur.
La silhouette derrière le bureau eut un haut-le-corps… espace-temps nécessaire pour que les deux costaux se glissent selon un pas non prévu par les textes, pour encadrer à nouveau le détenu… devant le plateau du bureau…
Josef marquait le pas, c’est-à-dire qu’il continuait à marcher… sur place, en l’absence de tout ordre lui intimant l’arrêt.
« Halte ! »… hurla l’ombre nette en abattant le bras droit terminé par une main à plat sur le bureau, une forme d’impatience elle aussi non réglementaire.
L’huis par un réflexe inouï se ferma herself derrière-eux… un long silence suivit…
Il se prolongea par un autre grand silence, une sorte de recueillement, un processus interne se lisait sur le visage de l’ombre. La carnation telle la peau d’un caméléon virait progressivement par toutes les strates de l’arc-en-ciel… puis elle devint terne terreuse et enfin blafarde… là, Josef reconnut une potentielle syncope… en développement vers un infarctus…
L’ombre nette était devenue un colonel en grande tenue d’apparat.
Il portait ses médailles en sautoir, elles corsetaient la poitrine triomphante, elles pendouillaient, elles tintinnabulaient au moindre mouvement.
Alors, toujours muet, il prit la direction de l’Ouest à grands pas derrière le monumental plateau… pour six enjambées… à la sixième, il virevolta vers l’Est…
Les quatre GI suivaient le mouvement pendulaire de l’officier supérieur…
Trois têtes montées sur axis vertébral synchronisées à la fois sur le pas mais aussi sur l’oracle qu’enfin le colon livrerait…
Soudain il émit sa déclaration…
Il allongeait ou raccourcissait le pas au rythme de sa diction… parfois, il restait suspendu dans un vide sidéral cherchant le mot… vengeur.
Les quatre statues « gardavoutées » n’avaient qu’un devoir : suivre l’orateur-marcheur… comme le décrit le règlement… à tel point qu’ils en oubliaient le discours…
Soudain il s’adressa au cœur… du triptyque… à Josef… lui-même…
Là, l’homme devenait lyrique, plaintif, passionnel, émotif… l’antonyme d’un : colon.
… Josef, moi qui t’ai choyé…
Barnaby se penchait sur le plateau…
… je t’ai bercé… dès que je t’ai vu…
Il ne parvenait pas franchir l’espace…
… je t’ai couvé…
Il s’étirait de toute sa taille…
… je t’ai conduit comme un fils…
Il se grandissait…
… depuis tes trois ans six mois… quelques semaines…
… et… demanda Josef…
… et tu causes… contre moi… devant les boss
L’équilibre était instable…
… hi… hi… hi… tu as failli à mon encontre…
Les sanglots longs… du colon…
Puis un silence tragique…
Le marcheur s’était ancré au centre du plateau les mains rivées au bord, une parfaite équidistance le plaçait à la tête d’un triangle isocèle dont la base contenait les trois immobiles.
Muet… il regardait intensément Josef-Jérémie-Révérend…
Ses lèvres se convulsaient dans d’affreux rictus, mais il était vaillant, forcément un colonel, c’est fort.
De longues secondes s’écoulèrent au sablier de sa vie, son larynx muta en silence.
L’effort pour ravaler son courroux fut soudain au-dessus de ses capacités… puisqu’il n’était que colonel… il porta sa main à son col de cravate… et… d’un seul mouvement il s’effondra dans un sanglot fracassé par un infarctus… en jetant un cri…
… Josef… qu’as-tu fait… de tes talents ?
Le Jérémie-Josef avait compris ce que n’importe qui ne pouvait comprendre… en une nanoseconde pour prendre son élan,
il quitta la position normative inutile de garde à vous…
il sauta par-dessus le plateau…
il retourna le gisant…
il voulait ouvrir le col de la liquette…
il ôta la cravate…
et… hurla un ordre aux deux MP toujours immobiles…
… le défibrillateur… à l’entrée… va… grouille !
… toi, viens ici, on l’étend sur la table ! Fissa !
Voilà un exemple frappant… un cas d’école à étudier à West-Point… comment un GI Rebelle, devenu Prophète après son discours, tente de sauver son colonel qui l’a consigné dans l’ergastule du régiment.
C’était heureux qu’il fût là, car Barnaby eût mis l’arme à gauche et pour un officier, quelle triste fin que de perdre sa vie, étendu sur un bureau fût-il sans poussière… prenant de court le nécrologue du régiment.
Josef tentait d’ouvrir la veste puis la chemise afin de dénuder le poitrail du militaire… or, le costume d’apparat était solide, parce que neuf… le défibrillateur s’impatientait.
… ouvre !
Du coffret jaillit des ciseaux et un rasoir, avec l’un il coupa le sublime tissus… découvrit le poitrail… pour raser la peau… car sachez-le, appliquer des électrodes sur une peau velue… eh ben, le retour à la fête ça ne marche pas… or Barnaby était imberbe et d’ailleurs il avait une jolie peau bien claire une vraie jeune fille qui… allez ça va… grouille…
Josef prit les électrodes, les posa comme il avait appris à le faire, lorsqu’il était scout…
… branche !
L’inerte semblait occis… mais à la huitième décharge d’électrons libres, il réagit lorsque arriva une troupe de choc salvatrice, toutes sirènes écumantes, deux infirmiers derrière le médecin du régiment, prévenus par un opportun coup de fil.
La nouvelle équipe aborda le corps à tribord, balançant les matons MP à bâbord du pont, puis le toubib posa la seule question qui vaille en ce cas-là :
« 70707… à quelle heure précise le sujet s’est-il effondré ? »
« quinze minutes sir… au bas mot ! »…
« brave boy ! »
Les blouses blanches muettes installèrent un appareil pro+ dont le livret INQB6923 des consignes, imposait de saturer le gisant d’oxygène… par le nez… suivez le schéma page 326 bis…
Pendant toutes les manœuvres réglementaires des experts… les deux MP se rapprochèrent en douce du sauveteur pour l’encadrer à nouveau. Ces hommes étaient un modèle de précision militaire qui ne conçoit le commandement que lorsqu’il est édicté par le supérieur… or, le supérieur était presque occis, mais l’ordre tenait toujours debout.
Le colonel fracassé gisait allongé sur l’immense plateau, ce qui rendait le grade bien misérable au milieu de ce champ de combat où s’affrontaient les experts en médecine luttant contre la camarde aux aguets.
Un troisième GI infirmier qui passait par là portant une civière… fut le bien venu.
Ce fut alors le transport outre-tombe du corps depuis l’immense plateau vers la civière, puis de la civière portée dans le couloir où l’on put observer et admirer la paire de croquenots neufs que le colon avait chaussée : du quarante-huit, pour recevoir le rebelle Josef.
Une paire dont la semelle, encore intacte d’apprêt, sur laquelle le fourrier avait apposé l’étiquette authentique et règlementaire de la série et de l’ordre des rayonnages… estampille que le colon avait oublié de décoller… ce qui dénotait, chez lui ce jour-là, une certaine fébrilité sans doute à l’origine de son infarctus.
C’est ce que pensait le sauveteur… au moment où Josef était entré, voilà que l’officier s’était souvenu d’avoir oublié ces étiquettes… un manquement à la discipline à l’ordre au règlement devant un homme de troupe… le GI Josef… qu’il devait fustiger.
Il avait craqué, le cœur d’abord, lui ensuite… la civière disparut dans le couloir, puis les escaliers heureusement libres… les portes de l’ambulance claquèrent et le véhicule, dans un miaulement de sirènes, frappé de la rouge croix, bondit… traversa la place d’arme… oublia le drapeau qui n’oublia pas ce manquement à l’ordre…
À l’instant où le son s’éloignait, un sous-officier venu de nulle part pénétrait dans le champ de bataille libéré du fracassé et hurla :
« g‘aaaaaaaard’à’vous ! »
Une vraie manie… chez eux !
Or, les deux MP et le sauveteur-coupable se trouvaient dans une disposition dite de « désordre bordélisé » qu’il fallait rectifier.
Comment ?
Eh bien, suivez les ordres !
« 27 534 en avant marche direction le couloir, vers la sortie ! »
L’icelui désigné obtempéra et parvenu dans le couloir, il reçut derechef l’ordre :
« Halte ! »
Qui l’immobilisa telles les statues de sel des récits bibliques…
« Matricule 20 879 en avant marche même direction, à trois pas derrière le premier ! ». L’homme avait le compas dans l’œil puisqu’il s’immobilisa exactement à trois pas derrière.
« Première classe Josef Schmitt en avant ’arche, placez-vous à un pas et demi devant le MP 20 879 ! »
On observera que le nouveau chef de la délégation restituait le nom respectable du soldat qui devenait ainsi respecté.
En fait, le narrateur prend son temps pour expliquer au lecteur, quelle est la complexité des règlements militaires qui doivent tous être codifiés, les hommes ici présents avaient mémorisé depuis des lustres l’attitude à prendre lorsque l’ordre était donné… l’automatisme pavlovien fonctionnait parfaitement… souvent même, c’était le seul qui agissait.
Donc ainsi rassemblés dans le couloir en une colonne rectiligne, immobile aux ordres, le sous-officier hurleur éructa un nouvel ordre :
« En avant m’aaaaarche ! »
La délégation suivit les couloirs, descendit les marches, franchit les huis, pénétra dans la cour, monta dans le command-car, traversa la place d’arme sur une autre diagonale, réalisa une volte au drapeau… qui poussa un soupir de contentement US… s’arrêta devant la porte du bloc où résidait Joseph.
… Gringo ! Barnaby dans son oracle avant d’aller à l’hosto m’a dit texto : fous-moi ce mec dans sa carrée… il perd rien pour attendre !
Le cornac gicla… du carrosse…
Josef ne gicla point, la porte s’ouvrit, ils montèrent à l’étage… 
ut ad domum suam redeat, quam felicitatem?… de retourner chez lui, quel bonheur !
Et c’est ainsi que Joseph rejoignit son « suit-home » et ses dicos…
… Ouais… mais, t’es aux arrêts et consigné dans ta piaule jusqu’à nouvel ordre… tu pourras penser sans frontière…
… « La vraie pensée ne se fait que dans l’appréciation des conjonctures et dans l’adaptation aux temps de circonstances… enseigne le Livre des Mutations »
… c’est ça… tu vas avoir le temps de muter…
Le cornac disparut…
Le son des brodequins décrut…
Josef réintégra son espace désert…
Seule… Guanyin, le couvait du regard… chaud de compassion…
… ah Guanyin… son regard compassionnel… 

                                                 Et c’est ainsi que murmurent les tortues blondes

                                                                       Gentilés  
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L’Ange Boufaréu, alias alain harmas

 

 

 

 

 

 

 

 

3ème chapitre : “l’ergastule, du latin ergastulum : caserne romaine pour esclaves…”

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Le command-car… le même qui avait lumineusement conduit Joseph dans les coulisses de l’événement… le ramenait menotté à présent, vers les geôles de l’US-Land qu’il allait découvrir pour la première fois… en quinze années de service…
De chaque côté de l’habitacle, des MP silencieux assis… se faisaient face.
Les deux GI lumineux venus le chercher étaient immergés dans le nombre :  ternes devenus… illustrant cette capacité qu’offre l’US-Army de pouvoir muter en autant de camouflages que la force l’exigerait… le même soldat pouvait donc être Marines, GI, MP, Assaillant, Planton, Sniper, Chair-à-canon, cadavre… il ne devait respecter qu’un seul principe : obéir… depuis le premier jour sous l’uniforme, il avait laissé son encéphale au vestiaire.
Josef était assis entre ces deux lignes de paires d’yeux qui n’exprimaient aucune animalité à son égard, car aucun ordre n’avait été donné. Et chacun sait que le regard exprime l’intention du commandement… là, les regards observaient le néant.
Le sous-off qui avait pris la tête du détachement paraissait forcément détaché, sans doute, la tâche du service n’exigeait aucun attachement.
L’engin mollement traversa, la place… en haut du mât frissonnait la Bannière Etoilée, elle coiffait les couleurs du régiment… au passage, le chauffeur, les deux mains sur le volant, effectua un salut en un impeccable coup de tête au drapeau… et ignora la volte pour aller droit au but…
Sans encombre aucune, on arriva devant le poste de police qui borne telle une verrue toutes les entrées d’une garnison… ici… là… ailleurs… en US-Land et même en Russie.
La porte arrière du car motorisé s’ouvrit sur commande mystérieuse…
« Détachement… giclez ! »… si… si… c’est ainsi que les GI quittent un véhicule.
La troupe gicla donc du command-car comme un seul homme.
« En colonnes par deux ! »
La mécanique était rodée… impeccable : devant le chef…
« Colonne à ma droite un pas de côté… marche ! »
L’ensemble exécuta la figure au doigt et à l’œil…
« Matricule 70707… ! »
Le lecteur aura compris que le nom, pourtant respectable, n’était plus respecté. Josef était redevenu un matricule, il reçut l’ordre de se placer entre les deux colonnes au niveau du troisième MP… ce que, nonchalamment il accomplit…
« Gaaaaaaaaaaaaaaaaaarde à vous ! »
« En avant… m’arche!”
Le groupe de G.I, devenu bloc monolithique, se projeta selon un pas cadencé sur une distance de sept mètres trente-trois centimètres et quelques millimètres qui permirent au détachement de se poser immobile au pied de la volée de marches de l’escalier… lorsque l’ordre retentit de faire halte.
Là, le boss ne sut que faire…
Fallait-il que ce détachement de dix personnes accompagnât le détenu jusqu’à la porte intérieure de l’ergastule ?
Ce fut un moment poignant qui fut interrompu par le taulier, il apparut sur le seuil…
« Ça va mec… amène ton cul ! »
Joseph dut s’extraire du peloton selon ce commandement cavalier d’un sergent des Marines, il suivit le boss du détachement… laissant la section de MP détachés… désœuvrés…
On pénétra dans un vestibule qui sentait l’urine, on fit face à une sorte de comptoir derrière lequel vaquait l’homme aux clés revenu après son injonction…
Dans sa première fonction, il était cerbère… dans sa seconde, il ruminait des Wrigley’s… il martelait furieusement ses zygomatiques musclés. Josef perspicace identifia le volume des enveloppes dans la corbeille pleine… l’antre était sinistre… le taulier aussi.
Il lut un document… en clair…
Il regarda l’arrivant… face à lui… haussa les épaules…
Puis se déplaça pour ouvrir une porte…
En file indienne, la troïka franchit la ligne de démarcation, celle qui supprime du vocabulaire toute intention de liberté. Acquisition qui est depuis que l’homme est homme la plus noble conquête de ce bipède, à part le cheval, lequel animal conquit le Wild-West comme chacun sait.
En cet instant le GI 70707 bien que restant bipède avait perdu cette noble liberté d’action… autant que son cheval… pour cause, il était dans les Marine’s… il suivit.
Guidé par le maton mastiquant, qui précédait Joseph subissant, puis le boss du détachement en serre-file… la colonne descendit dans les entrailles du cachot pour atteindre un large couloir qui distribuait des cellules sur les deux rives de la sinistre voie.
Parvenu au mitant, le maton s’arrêta devant un huis, ferrailla la clé dans la serrure, ouvrit l’espace d’un geste de la main du bout du bras empreint d’une étrange tristesse de compassion, de renoncement et sans doute de lassitude… son regard décrivit un arc de cercle, intimant à Josef :
«… de se démerder le cul pour entrer vite fait dans ce trou… parce que moi j’ai d’autres choses à cirer… c’est clair ! »
Ce fut tout… c’était déjà beaucoup.
La porte se referma sur le coupable… mais de quoi ?
La troïka, binôme devenue, se retira prestement… esseulant les taulards.
Alors, à l’autre bout… on entendit la voix d’un gospel-crooner… il psalmodia… sur un air de blues
« Hi Révérend rend rend aïe aïe aïe !»
Même dans les taules… les internés savaient qui était le Révérend, l’homme aux plumes d’Algonquin… mystérieux… encabané à présent…
Tranquille comme un sage…
Joseph sortit son manu-script, du sac à dos qui ne le quittait jamais, tel un bonze, il s’installa en position du Lotus, attendit que le flot des pensées vagabondes se déverse en cataractes. Il était coutumier de lâcher les déluges, que les sâdhus recommandent avant chaque méditation…
Il ouvrit son cahier messianique que le narrateur rassembla pour notre lecture.
Il entendit encore vaguement le crooner sirotant un rythm-and-blues…
« Ô Révérend… en… en… » mais la chaleur, le confinement, les boîtes de Bud, la fumée d’herbe qui envahissait le couloir eurent raison du perturbateur qui se tut.
Alors, Joseph tourna une page de son grand livre en cours d’élaboration… afin de poursuivre le chemin du grand lavage… il fallait laisser la raison reprendre combat sur la déraison…
Forcément, une page vierge devait se présenter à sa plume…
Follow me !
Il feuilleta, les dernières écritures, revint au tout début, et psalmodia le texte fondateur de sa révolution, celui qu’il avait calligraphié au pinceau et encre de Chine…
Vocation du prophète à lire à voix de mélopée…
« La parole du Seigneur s’adresse à moi… »
Aussitôt à l’autre bout du couloir… un philistin borné répliqua par une symphonie métallique de boîte de bière frappant les grilles du cachot, un second égrena un long chapelet de noms d’oiseaux, enfin un troisième reprit le vieux tub « Born in the USA » de Springsteen mis à toutes les sauces à la cadence rock… les fondations de l’ergastule en tremblaient… soudain, en haut, la porte du couloir s’ouvrit et le ruminant Wrigley’s hurla :
« Shut up Révérend ! »
« Homme de peu de foi murmura Josef qui poursuivit mezza voce… écoute l’oracle qui fonde ma nouvelle ère… elle débuta jadis par ces mots…
Avant de te façonner dans le sein de ta mère,
Je te connaissais, avant que tu ne sortes de son ventre
Je t’ai rencontré
Je fais de toi un prophète pour les nations ! »
Dès mon retour à la vie civile, nul ne pourra, désormais me détourner de ma mission de Prophète des nations, oui, comme moi Jérémie fut jeté rejeté méprisé…
Josef revint à la page vierge et écrivit.
« Peuple… comme l’a si justement dit un philosophe… attends-toi à l’éternel retour ! »
Sur ces mots… Joseph-Jérémie-Révérend s’endormit.

Honorable lecteur… probablement, vous ne fûtes jamais l’hôte d’un ergastule de l’US-Land au Japon… néanmoins, imaginez l’ambiance les fragrances les jacassements les stridulations et autres coassements… des occupants…

Or, Josef avait la capacité… de s’extraire de ce monde…
Il s’éveilla lorsque le plateau du rata vint… il ne vint pas tout seul… le messager livreur posa délicatement l’offre chaude gisant dans des cantines gigognes en alu… sage précaution pour conserver la température…
L’émissaire prit place sur le seul siège disponible : un seau hygiénique émaillé rose bonbon dont le couvercle par bonheur était plat…
Là…
Il s’adressa au GI… qui quittait les limbes de Morphée…
… Josef… dit-il d’une voix neutre… il est vrai que ce fut un piège, mais enfin… tu le savais, puisque tu sais tout… tu aurais dû pu su lu… qu’il te fallait enrober ton message… afin d’éviter la crispation de « Trois-Étoiles »… tu comprends ?
… mais… si tu es… disons… sage, nous te proposons une convocation devant le boss du régiment… Barnaby… soi-même… une invitation… si tu préfères… tu sais qu’il t’aime… tu pourras t’expliquer… ne le fréquentes-tu pas depuis tes trois ans six mois…
… deux semaines et quatre jours… rajouta Josef.
… un bail… qu’en penses-tu ? Tu pourras causer face à face… avec le cacique…
Josef, la bouche pleine ne pouvait répondre, d’autant que le messager parlait à voix très basse, selon un code secret… à cause des espions…
À la dernière bouchée, le GI Josef prit son temps… le légat ajouta :
… faut-il t’en prier Josef ?
… je le connais, il va me parler de ses opéras Nô… Parker se prend toujours pour le messie… alors qu’il n’a jamais mis un pied en Égypte…
… ce n’est pas très cohérent…
… je connais la cohérence de Barnaby…
… tu sais tant de choses !
… OK boy… mais il me faut me relooker…
L’envoyé retint le message… se retira… avec le plateau de rata vide…
Alors…
Le rocker-crooner du fond de la taule entonna le plus beau des hymnes… celui-là même qui n’avait pu résonner dans le gymnase… car oracle de Josef… le CD était sous influence… le voilà enfin ce chant… patriotique… a capella…
Nous ne résistons pas à vous offrir les paroles et leurs traductions…

Oh, say, can you see, by the dawn’s early light,
Oh, dites-moi, aviez-vous vus aux premières lueurs de l’aurore,
What so proudly we hail’d at the twilight’s last gleaming ?
Ce que si fièrement nous avons salué aux derniers rayons du crépuscule ?
Whose broad stripes and bright stars, thro’ the perilous fight,
Ces larges bandes et ces brillantes étoiles, au milieu de ce périlleux combat
O’er the ramparts we watch’d, were so gallantly streaming ?
Sur les remparts où nous guettions et nous nous lancions si courageusement ?
And the rockets’ red glare, the bombs bursting in air,
Et la lueur sanguine des fusées, les bombes explosant dans les airs,
Gave proof thro’ the night that our flag was still there.
Nous apportaient la preuve que malgré cette nuit, notre drapeau flottait toujours
O say, does that star-spangled banner yet wave
O dites-moi, cette bannière étoilée flotte-t-elle encore
O’er the land of the free and the home of the brave ?
Sur cette terre de liberté et sur la demeure du courage ?

Là-haut Wrigley’s ouvrit la porte multiplia les décibels…
… ta gueule rocker !
Le soliste nimbé d’un halo de feuilles de chanvre Indien, jeta une curieuse réplique…
… mon cul… et poursuivit ses vocalises…
Puis, les corps repus… se posèrent…
Pourquoi ?
Mais pourquoi Joseph était-il incarcéré… pourquoi prenait-on tant de précautions pour le sortir de cette taule ?
Seul Josef hocha la tête… il avait compris… il savait…
… lecteur, poursuivez et comme Josef vous saurez !

                                                    Et c’est ainsi que murmurent les tortues blondes

                                                                       Gentilés  
                                                                       Si le voulez bien
                                                                       Lisez suite jour prochain
… vous pouvez aussi charger le lien des éditions Alain Iametti sur votre moteur de recherche : https://www.editionsalainiametti.com/
vous trouverez les opus édités…
                                                              
L’Ange Boufaréu, alain harmas