Où Josef après question des 12… devint prophète.

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 25… Comment Josef questionné par les treize devint presque prophète…

Barnaby au centre fit un dithyrambique discours, sur sa compétence à ployer le pèlerin afin qu’il revienne au centre du jeu.
Les douze sans le dire mais tout en le disant par un jeu de mouvements subtils approuvèrent… du verbe approbare et même acquiescèrent… car le silence veut approbation… un acquis en quelque sorte.
Subtil lui aussi fut le discours qui tentait de prouver que grâce à lui, Parker Barnaby… de West-Point… avait rencontré jadis le Josef qui ne rêvait que de Franziska.
Là aussi, Barnaby… l’avait conseillé de venir dans le giron des puissances universelles qu’est « la grande œuvre de l’US-Land » qui garde le monde universellement… contre monnaie sonnante et trébuchante…
Les douze redressèrent la taille, levèrent le menton, rectifièrent la position naturellement à l’évocation de la grande œuvre en cours d’accomplissement… ce fut impressionnant… ce qui motiva Akio à ouvrir le manu-script… pour immortaliser ce moment.
« Hélas, je n’ai plus d’encre… »
On reste confondu devant cette remarque, le lecteur sans doute aussi… car comment écrire sans encre ?
Un miracle… peut-être…
« Tu ne tenteras pas ton pinceau sans sang ! » disait l’adage.
Parker poursuivait… Akio, alors, mutique soumit par ondes concentriques, humblement son dilemme à Josef-Jérémie… aussitôt l’encéphale du Scribe sous le pouvoir transcendant du Prophète se mua tel un magnéto pour enregistrer la Cène en transe.
… Car, disait Barnaby… je savais que ce garçon, sous ma houlette, avait le sens du cosmique… un être issu d’un croisement hasardeux, mais grâce à moi il pouvait apporter à nos forces… encore plus de forces.
N’est-ce point l’art du chasseur de têtes que d’évaluer toutes celles qu’il côtoie ?
Là, Barnaby fit un long panoramique à 360° passant de l’extrême gauche vers l’extrême droite des douze qui comprirent ce qu’il entendait là-dessous…
« Un sous-entendu ! » qu’Akio qualifia de « nota bene » de bas de page en italique.
… Je savais qu’un jour… il pourrait savoir. Je l’orientais vers nos formations certes, celle des cadets… pour débuter.
Il reçut son diplôme… en place de major… dès lors le robot traducteur devint inutile.
Ce garçon fit mieux qu’un computeur, plus vite qu’un électron, sans aucune panne, d’autant que ses textes révélés étaient aussi empreints de poésie… grâce à cet élan ontologique qui l’élevait constamment vers…
… Franziska ! suggéra Akio.
Barnaby… s’arrêta net… un officier de renseignements, de la plus grande la plus puissante la plus universelle armée au monde, pris en défaut d’interruption… il regarda longuement Akio… suspicion d’espionnage semblait être le sens du regard…
… C’est mon aide-de-camp ! Émit Josef… continue Parker…
… Hum ! Hum ! Concéda Barnaby.
Mais un doute subsistait.
Les douze restaient sur leur garde, prêts à gicler sur le péquin retranché en face, en tenue de pèlerin, un camouflage qui devait cacher un maître du kendo paré de tous ses « kyu » pour arriver à tous ses « dan », car Akio était un maître du Bushido…
L’alerte fut chaude mais contenue… Barnaby poursuivit…
… Mais mon parcours dans l’armée universelle m’appelait… de loin je jetais un œil sur l’évolution de ce garçon… Le staff de la capitale m’écouta d’une oreille attentive, pour que ce garçon transite dans les bases où nous pourrions avoir ses conversions de textes. L’argument principal fut que le pouvoir authentique supérieur de Washington s’illumina lorsque je suggérai qu’il était plus simple de donner un passeport diplomatique à un US Marine que de transporter un appareil à décrypter les secrets des peuples vassalisés. Quoi de plus anonyme qu’un US Marine, sinon un autre US Marine… il voyage en classe touriste… seul, sans déclaration en douane… qui aurait pu l’identifier à un robot traducteur ?
Ce commentaire essentialiste fit branler la tête des 12… qui étaient 13… on avait rajouté une assiette… qui restait vide.
… un génie ce Parker !
Barnaby… douze secondes plus tard… poursuivit.
… c’est ainsi que ce garçon, par la grâce de votre colonel qui vous parle, fut l’un des atouts entre autres de toutes mes missions…
Il voyagea, vit du pays, songez qu’il n’avait côtoyé depuis sa naissance jusqu’à sa sortie de l’école que les seuls scouts que sa ville de Pennsylvanie…
C’était un peu court.
Je le guidai dans les territoires qui chaque jour apportent humblement leur tribu à notre bannière… notre pays美国 mĕi guo que les Chinois nous envient à tel point qu’ils l’ont sacré « Pays Merveilleux », n’est-ce point merveilleux ?
La douzaine n’en pouvait plus de rectifier la position…
Ce garçon fit alors l’apprentissage des langues… avec art… isnt’t
… effectivement… confirma Josef humblement, je déjouai à Paris… plusieurs chausse-trappes… à Berlin des Hinterhalt… en Belgique des Choux de Bruxelles… à Beijing des间谍… à Moscou des шпионы que là-bas on nomme shpiony…
Parker prit le relai…
… Enfin, nous voici face au Pacifique… n’est-ce point un symbole… devrions-nous nous contenter de cette situation lénifiante ?
… Eh bien, je vous le dis.
… Non !
Nous veillons, il faut anticiper…
Depuis huit ans… nos usines offensives ne battaient plus aucun record de production… il avait fallu se résoudre à l’évidence… l’officier n’avait plus son rang… il était supplanté par le costume trois pièces montre en sautoir de ces obscures officines à fabriquer du quidam bardé de papiers démonétisés. Car rien ne vaut un bombardement au B52 de napalm puis un assaut d’une douzaine de brigades de 400 T560 à 100 tonnes l’unité qui chargent contre des mutins !
Depuis huit ans nous étions reconvertis en soldat de la paix… en jean-foutre oui… bardé de grenades, obus, fusil d’assaut et autres équipements électroniques pour voir derrière les murs, la nuit dans un tunnel… tout ça pour ça… du carton-pâte sans munitions… des théâtres d’opérette !
Les douze eurent un sanglot synchronisé…
Qu’Akio ne put saisir au vol… il n’avait plus de sucre dans les synapses de son encéphale… Josef qui avait compris, lui jeta discrètement un Wrigley’s aux herbes… qui fit merveille…
… Mais voilà… poursuivait Parker…
Là, il y avait une révélation dans ces petits papiers qui nous inondaient sans que nous puissions comprendre le sens du message :
« Les Tortues Blondes… c’est bien vrai ! » Murmura Akio…
Nul haut le corps des treize… ce qui prouve que Akio était accepté dans le giron… le sain des saints… la salle des pleurs du Bunker… une consécration.
… oui, « Les Tortues Blondes ! » Confirma Parker…
Et il sortit un document qu’il avait jusqu’à présent serré, plié en quatre dans sa poche droite de sa chemise empesée…
Il déplia… lut…
« Illisible… pour moi… mais pour ce shaman… ! Sans doute… voilà pourquoi, je suis allé à mes risques et périls dans ce territoire hostile du Shikoku, quérir la solution. »
« Prends ! grand sachant… take care lorsque tu lis ! »
Le document ouvragé en Origami avion de papier plana puis vint choir sur le manu-script fermé qu’Akio avait placé entre lui et le récepteur…
Josef, le déplia, appréciant au passage l’art du camouflage… transformer une information capitale en anodin avion en papier lui apparut être comme le summum de l’art tel celui de Sun Zi.
Il lut.
Le traduisit.
Replia le papier.
Le posa devant lui.
« Bien… Akio, on y va ! »
« Hé ben… dirent les treize d’une seule voix ! »
Remous… on s’agite, on éructe, on glapit, on grogne, on racle les pieds, on tape sur le tatami, on s’indigne, on maudit, on menace, on se lève, on supplie, on se prépare au choc… on suggère :
… Nous aurions été heureux de connaître le contenu ! C’est pour ça que tu es là !
Akio repose son cul… Josef posa le sien aussi.
Long silence lourd de menaces…
Josef parle…
… Tu as dit « Prends, grand sachant… take care lorsque tu lis ! »
N’est-ce point ce que je fis… ?
Tu eusses rajouté « Traduis à haute et intelligible voix… eut été le juste message que j’eus accompli ! Quelle perte de sens et de style dans vos indignations inélégantes et mal-ta-propos… ! »
Les treize se battirent la coulpe… puis se calmèrent… s’immobilisèrent tels ces enfants en aube écoutant Saint Boniface, Josef s’en souvient, il en faisait partie…
« Et ? »
« Casque d’Or sera élu en novembre… la certitude est totale… foi des Tortues Blondes ! »
Alors, mes amis… un délire de joie… accueillit la traduction… les treize se bécotaient se câlinaient se congratulaient… une félicitation générale une vox populi un standing ovation triphasé un référendum bananier majoritaire à deux cents pour cent… chacun pensait à sa future étoile… il venait d’un seul coup d’un seul… de retourner leur veste…
« Mais… ! »
Josef ajouta…
« Ce n’est pas tout ! »
Les treize avaient peut-être eut tort de tant gamberger… ils se turent… s’assirent… sagement… écoutèrent… les bras croisés…
« Les Tordue Blondes ont rajouté…
Casque d’Or pour son premier discours affirmera :

« America First is back ! »

Alors, mes enfants, le délire que nous venions de vivre ne fut rien à côté de celui-là… à tel point que les sentinelles du bunker pensèrent à une révolte… les sirènes des alarmes retentirent… un escadron survolté prit position… sur les abords, jusqu’à ce que Parker sonne la fin de la récréation.
Il fit ouvrir le sésame et calma la foule prudente qui avait déjà revêtu la tenue de survie… et le masque à gaz…
Bref chacun apprécia comme il se doit ce tournis qui venait après tant de tournants.
On vit sortir les treize qui n’avaient qu’une idée en tête… leur reconversion…
Franchir positivement l’espace de soldat-de-carton-papier-mâché en authentique GI tout court… le vrai « Galvanized Iron » que le monde nous envie… avec la future étoile au loin.
Pour tous, la soirée fut radieuse… pour ces combattants qui venaient de vivre huit années du socialisme ampoulé de l’US-boss précédent…
Les femmes furent émues lorsqu’elles virent revenir leurs hommes ravis…
Les geishas aussi… mais plus tard.
La salle des pleurs se vida.
« Et qu’est-ce qu’on fait ? » questionna Akio… perdu à côté de Josef face au long côté du plan dépeuplé…
« Tu constates la relativité des choses ! Akio… l’indifférence surgit après l’acquis ! »
« Et ensuite ? »
La salle des pleurs s’était vidée de ses huiles, les portes restaient ouvertes, les mouches occupaient l’espace vidé, les gradés baguenaudaient dans les couloirs, joyeux, le buste droit, le costume du pouvoir plus flambant encore… ils savaient que le Chef de l’US Corps allait régner et lorsque la hiérarchie « monte » autrement dit en langage codé lorsqu’elle prend du galon… la piétaille dessous suit le mouvement… sauf qu’il faut un ordre de mission.
« Eh bien, on en trouvera un… pour canarder un rebelle…
Enfin… ils partaient en croisade pour la salubrité de la planète… pacifier les peuples qui regimbaient devant l’universalisme étoilé comme sa bannière… et par l’effet domino théorisé des élites west-pointiennes… il pleuvrait des médailles et des galons comme à Gravelotte Bis.
L’escadron posté devant le bunker tira une salve de joie qui fit, hélas, quelques victimes volatiles collatérales qui venaient quérir leurs grains de maïs, on retrouva quelques plumes, certains GI s’empressèrent de les coller sur les casques lourds pour singer l’Indien… misérables !
Josef eu égard à ses origines d’Algonquin d’authentique naissance en fut contrit.
Un cocktail s’organisait… dans les salons…
Akio et Josef… se glissèrent telles des ombres pèlerines… entre les groupes volubiles qui « voyaient » l’avenir en rose-bonbon sucé sur des tableaux de nominations.
Parker était félicité avant l’heure… il jubilait…
Josef et Akio inutiles à présent… longèrent le groupe qui occupait le lieu géographique… il centralisait le magnétisme irradiant du pouvoir certain…
Ce pouvoir ignora les deux ombres fugaces qui sans sons aucuns filaient vers le carré de Josef à l’espace au-dessus…
Partout, par-ci, et par-là… une liesse : du latin laetitia, avait gagné tous les étages de la hiérarchie…
… c’est utile demanda Akio
… ça anticipe le futur…

Casque d’Or allait régner ! Enfin ! En liesse!

« Serrez les fesses Guys… nous voilà ! » jubilait un planton qui en avait marre d’être planté là toute la journée à attendre un fauteur de troubles qui ne venait pas.
Pourtant, des milliers défilaient devant lui à Yokosuka… il suffisait de sortir de la frontière infranchissable de la base…
Josef guidait Akio…
Après une halte de quelques heures dans son carré afin de se restaurer…
Il vint devant sa bibliothèque…
Il s’inclina… les yeux fermés, sa main se projeta directement sur les deux opus qu’il allait emporter tels les viatiques…
La main les ramena sur le cœur du GI… Akio était subjugué… par les titulus de ces ouvrages mythiques… la parole de Jérémie allait côtoyer les fameux aphorismes de Joco Yamamoto… synthèse du Hagakuré… dont Josef avait reçu l’exemplaire de Prisunic lorsqu’il était à l’hôpital…
Puis, à petits pas, Joseph effectua trois circumambulations pour saluer Guanyin… elle avait le regard hagard…
Il se sentait un peu ringard…
Tout était dit…
Ils quittèrent l’espace sous les tintinnabulesques musiques des tubes…
Ils traversèrent l’espace en délire de futur…
Sans tambour ni trompettes dans un espace, devenu sans queue ni tête au nez à la barbe des sentinelles que cette sortie ne fit ni chaud ni froid… elles rêvaient de galons… ils s’exfiltrèrent vers l’outdoor… hélant un taxi… il les conduisit au temple spartiate d’Akio.
Que dit le manu-script… Josef… l’ouvrit sur un vide abyssal…
« C’est vrai tu n’as plus d’encre ! »
« Ben… ! »
« Tu en as ? »
« En fait… ! »
« Je vois ! »
« Ah… »
« Nous… »
« Nous… »
« Trop de mots… c’est ça ? »
« On peut…
« Je comprends »
Car l’initiation n’a point besoin de mots…
Le manu-script resta ouvert sur les genoux de Josef qui en l’absence de pinceaux calligraphiques, USA, usa si vous voulez aussi de son crayon à mine graphite qui ne bavait jamais… il était enserré dans un étui de peau attachée à la reliure du volume… Akio n’usait que des pinceaux… chaque culture vit selon ses arts et coutumes…
« Les US… aussi ! » dit Akio.
Il écrivit…
« Hélas… nous fûmes réduit en erreur… cette phrase fut biffée… car elle n’était point explicite… nous fûmes enduit d’erreurs… cette seconde phrase fut également biffée deux fois, elle n’était non plus dans la norme… je crois qu’on a été trumpé… »
Josef privé de son Shikoku aurait-il perdu le nord ? Il se plongea alors dans une longue méditation… où l’induction en appelait à la déduction sur fonds de lamentations… juste avant les jérémiades…
Puis il écrivit…
« Comment comprendre la concaténation des raisons ? Car c’était bien ce qui m’arrivait. Je comprends qu’Akio… n’ait pas compris ! Ça c’était clair !
Passons à son explicité…
Akio eut cette remarque fort judicieuse…
« Enchaînement ne serait-il pas plus clair ? »
« C’est synonyme ! » dis-je, mais… ma réflexion naviguant entre le réduit et l’enduit… me conduisit à la concaténation…
C’est logique dit Akio…
Et l’incident fut clos.
Néanmoins son inexplicité demeurait…
Voyons l’enchaînement… cum avec en latin… catena chaîne… en langue d’Ovide, l’icelui qui écrivit les Métamorphoses… donc concaténation, avec chaînes.
Suivez, ou lâchez tout!
Josef un US Marine… est capable de décoder quasiment toutes les langues vassalisées de l’US Empire… l’une d’elles s’exprime en Algonquin et plus particulièrement en sous-dialecte Innu-aimun. Chaque message est signé du sceau Shamann « Les Tortues Blondes » C’est Parker qui conduit le bal… jusqu’au jour où il se fracassa le cœur… car son étoile avait décliné… Josef alors, par mimétisme de Samaritain conduit une mise en scène qui le rapproche de lui à l’hôpital de la base… là, miracle… Parker recouvre l’œil vif la taille de guêpe sa fonction… la compassion de Josef est totale, pour sa récompense, Parker lui offre une année sabbatique… lequel Josef préfère cheminer sur le Shikoku… or, les messages affluent et Parker se résout à affronter l’espace incertain pour aller quérir le pèlerin, Josef revenu décode le message une fois n’est pas coutume… biffer cette phrase… une fois pour toute, il décoda… Casque d’Or sera élu… les étoiles pleuvront…
« Voilà Akio, c’est ce qu’on appelle une concaténation ! »
« C’est logique ! »
« C’est ainsi ! »
« C’est logique ? »
« Pourquoi répètes-tu cette phrase ? »
« La première était un constat la seconde une question… ! »
« Le milieu du gué ! »
« En somme ! »
Depuis… que dit le manu-script
« Je suis entré dans une phase de macération profonde, qui me conduit à la racine de mon être total épuré… un sentier qui m’amène vers ce que j’entrevois au loin mais que je ne perçois pas encore dans ma conduite spontanée quotidienne… ici, telles les nones de la vie monastique, je vais m’immerger dans le mitan de l’absolu de tous les renoncements en régurgitant tout mon enfui passé…
Le temps m’accueille… j’aspire seulement à devenir inconnu inutile sans voix car trop de rumeurs… arroser l’immanence pour que surgisse la transcendance… alors je me plierai sous les jougs des exercices de concentrations dans d’hygiéniques infusions… l’ascétisme sera ma loi… c’est donc bien de concaténation qu’il s’agit… »
Josef en outre décida de revenir à sa vie antérieure… dans une vaste recherche du temps perdu… du côté de chez ses racines… les paperolles de son manu-script firent florès… sollicité, Akio aida le pèlerin à trouver cette voie tant souhaitée… il versa sa mémoire récente dans les pages du texte en devenir… en un seul clic.
Puis, il se rompit en ascétiques travaux du corps qui participent à l’élévation vers ce niveau impalpable du diapason des cieux, où l’être vibre en harmonie avec les rayonnements de l’astre.
Il se leva tôt comme tous les moines…
Vécu le premier seau d’eau glacé vers trois heures, dès matines pour réveiller le cortex engourdi… puis la version nippone des cantiques psalmodiés dans le dojo au milieu des moines… le ventre creux… il vivait au rythme du sensei des dévotions… il se forgeait un devenir… il ne pensait qu’à ça.
« Comme Parker ! » murmura Akio.
« Comment cela ? » répliqua Josef, baissant toutes ses gardes pour recevoir cette lucide remarque…
« Oui, il court après son étoile ! »
« Alors, moi aussi… serais-je aussi… puéril ? »
Pendant quelques secondes… oh ! Fugaces… Josef admira Akio pour cette lucide pensée… puis laissa le flux des pensées… s’écouler…
… c’est pas la même précisa Akio.
Ils étaient sur le parvis du dojo.
Akio l’entraînait vers la remise aux outils, il ouvrit ce quasi tabernacle, extrait un outil… sorte de peigne dont les longues dents finement ouvragées de bambou se pavanaient telle une queue déployée d’un paon… le corps auxquelles elles faisaient corps devait mesurer deux bons mètres… le tout était…
« Un râteau » affirma le sensei des jardins…
Avant que la lumière solaire inondât les espaces, l’impétrant maniait le manche, il vit alors progressivement naître la clarté, puis les rayons solaires, enfin le déferlement de l’illumination… et ce fut bon.
Lorsqu’il tourna la tête… Akio avait déjà ratissé les huit cents mètres que compte le hondo soit quasiment l’espace dans sa finitude, c’était l’heure du midi.

Josef avait subi ce concept dit de l’ampoule dans la paume de la main, pour avoir vécu ces cinq heures le manche sous le menton lequel reposait sur la main enserrant le manche du râteau… position dans sa totale immobilité qui lui permit d’assister à la naissance du jour… de l’aube au clair midi.
Une révélation…
Il vit venir Akio, l’outil à la main… calme, détendu, serin comme un volatile… parvenu jusqu’à lui, il observa…
Quelle était cette attitude curieuse ?
« Il manque, une dent à ton râteau… je suis contrit de contritions », dit-il.
Akio se reprocha vertement d’avoir laissé tomber lâchement l’impétrant qui n’en pouvait, ah ! ça mais !
« Tiens prend le mien, il est encore entier ! »
Et le moine-jardinier de se plier pour ramasser non loin, à cinquante centimètres de Josef, la dent perdue, cause d’un sophisme-jardinier qu’Akio avait provoqué.
Il se frappait la tête contre le sol, suppliait Josef de le tirer de sa misérable incompétence, lui qui avait donné un outil inutile car non utile pour la découverte de la voie…
Josef le releva… tel le Samaritain… rempli de compassion…
La cloche de la soupe les appela à la table collective…
On rangea les outils, on fit les ablutions, on récita des sutras, on pénétra dans le réfectoire.
Chacun avait sa place…
Josef avait la sienne.
Le silence régnait…
Seuls les déglutis, glouglous, lapements, rots… flottaient sur un nuage de recueillement. Un moine lisait un texte vernaculaire… Josef retrouvait les instants de son passé lorsqu’il était en demi-pension chez les pères et qu’il participait au rituel de François-Xavier la paroisse de Saint Boniface.
Josef transhumait dans le passé, devant son bol de riz qu’il oubliait, tant la force des images du temps retrouvé était forte… ses synapses son corps ses viscères avaient conservé cette mémoire que son encéphale assoupi avait oubliée… là, il fit le lien entre paperolle et madeleine… proustienne… alors vint… l’illumination.
Le silence était impressionnant… les moines ne regardaient que leur bol vide, le maître sensei de la table ne pouvait servir le second bol qu’à l’instant où tous les bols étaient vides, on attendait celui de Josef…
Il fallut alors qu’Akio rompe le rituel. Nul ne dit mot… mais tous assistèrent les yeux rivés dans le bol vide… à la becquée que Akio organisa… aidé d’une cuillère à soupe… tel un canard du Périgord, il gava Josef en moins de temps qu’il ne faut pour l’imaginer…
Et ce fut bon !
Le bol fut vide…
Enfin, libérés les moines pouvaient recevoir le second bol, celui de légumes… qui pacifia le novice…
Josef renaissait.
Sous la houlette d’Akio et sa cuiller de porcelaine…
Plus tard, il fallut rechausser un chemin dévasté par un orage. L’eau dans son ruissellement avait descellé les cubes taillés dans le granit qui formaient un pavement aux stylistiques ravies… en lieu et place du sentier pavé… Josef découvrit une sente ravagée creusée ensablée défoncée.
Là, il resta sans voix devant la violence de la nature…
« On creuse la terre et dessus on pose les granits ! » informa Akio.
La démarche était énoncée bien trop lapidairement pour un postulant à l’élévation immatérielle… qui aspirait à une pénétration de la structure…
« Là, tu prends une pioche, puis tu égalises le fond, tu poses ton carré en demi-cercle, tu saupoudres de sable, tu dames avec cette masse… ! »
Josef écoutait… attentif…
« Tu concasses… en somme ! »
Josef regardait…
« Je commence par ce bout… toi tu vas à l’autre… on se rejoint ! » poursuivit Akio.
La main de Josef ne trembla point… sauf que l’ampoule du ratissage du matin avait pris une option, celle de doubler de volume… il souffrit de souffrances… ce qui est le lot de l’arpète en élévations transcendantales… il évalua alors la réalité et la justesse du choix des outils pour accéder à la libération des corps des tâches des contraintes… ce choix était judicieux, ils attendaient leur servant.
Alors, le novice se pencha sur le sol défoncé, l’apprenti en fut remué tel ce sable encore humide qui s’était par mégarde mélangé aux glèbes sous-jacentes qu’il fallait rectifier… avec l’outil… ceci appréhendé il restait le choix des carrés de granit. Une merveille de création cosmique que cette pierre parfaitement solide…
Hélas, le ciseau avait laissé quelques chicots sur les arêtes les angles et les facettes… il fallut alors chercher le bon sens pour que la face tombe pile afin d’enfouir les mauvais visages…
N’est-ce point ainsi que toute l’humanité tente de voiler cette face… qu’elle ne saurait voir ? Josef bénissait l’eau, elle lui avait, dans son déluge, induit les sagesses qu’il n’aurait jamais atteint… l’eau lui fit toucher le niveau de sa misérable petitesse… Josef qui voulait être l’égal de Jérémie… là, il touchait du doigt ce vertige devant l’abysse de sagesse qu’il lui restait à franchir.
Il fut meurtri…
Entre-temps, Akio l’avait rejoint, il était parvenu sur le chemin rechaussé jusqu’à lui. Et il s’en félicitait…
Ils allaient ensemble poser la dernière pierre, sans raccord qui eut sans doute causé quelques rectifications…
Josef fit part de sa modeste participation… de son humble savoir… mais… j’y étais… attesta-t-il.

Et ce fut bon !

Si vous voulez connaître la suite, il faudra vous armer éventuellement d’un manuel des concepts en tous genres… glossaires… dico… nous ferons le mieux du bien pour vous faciliter la tâche… sachez néanmoins que Josef est entré dans la voie qui le conduira à coup sûr, vers un avenir aussi certain qu’incertain… à la croisée des chemins, entre le temple d’Akio, l’étoile de Barnaby qui bombine comme la mouche à merde du coche… et les souvenirs de l’hacienda de Gottfried… émotion !
Déclaration de Pittsburgh à venir…

                                            Et c’est ainsi que murmurent les tortues blondes

                                                                       Gentilés  
                                                                       Si le voulez bien
                                                                       Lisez suite jour prochain
… vous pouvez aussi charger le lien des éditions Alain Iametti sur votre moteur de recherche : https://www.editionsalainiametti.com/
vous trouverez les opus édités…
                                                                                      L’Ange Boufaréu

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