Himeji… le restaurant japonais sacré de Josef…

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15… Himeji…  

 L’Himeji est un restaurant dans lequel Josef vient parfois se ressourcer…
Tel le pinus pinea ou pin parasol dont les coques de pins mettent trois ans à murir et offrent leurs amandes aux cuisiniers, Josef avait attendu cinq ans à Yokosuka pour s’offrir une sage maturité… c’est à l’himeji qu’il venait pour sanctifier chaque étape de son évolution…
À présent, il était à quelques encablures de son départ… vers Pittsburgh…
Son show et son vibrant prédicat avaient fracassé le boss du régiment… néanmoins, il ne fut point privé de liberté, il pouvait librement sortir de l’enceinte du camp US militaire retranché, car son génie de traducteur… faisait la différence… les boss avaient des attentions très spéciales à son égard.
Ce soir il va rencontrer Akio à l’Himeji…
Pendant que Parker Barnaby poursuivait le voyage autour de sa chambre, il recherchait le Première-Classe… qui semblait avoir déserté le second paddock de la room n°369.   

La souple geisha de service semblait léviter sur le sol, elle se déplaçait sans à-coups tel un nuage céleste, elle se posa devant Josef au moment où il citait Jérémie le prophète à Akio…
« Je vais m’attaquer à ceux qui prophétisent des songes mensongers – oracle de YHWH, et qui les racontent et séduisent mon peuple avec leurs mensonges et leurs légèretés. »
Dans l’Himeji, nul ne réagit… à quel songe, songeait-il… la flotte US était bien là… dans le port de Yokosuka…
Les convives ne sont ni plus ni moins impassibles qu’avant la citation que Josef a soufflée à voix basse, les assis savourent muettement le gyoza okonomiyaki yakitori… ou le tonkatsu porc pané…
Josef… est connu, on respecte, l’US Boy… de Première-Classe… of course !
Comme chaque fois qu’il vient, il prophétise, mezza voce… il psalmodie sans heurter le décibel du volume ambiant, mais par un réflexe étrange, les convives abaissent le volume de leurs échanges à tel point que l’on n’entend plus que le GI.
Certains convives, sans doute, manient aussi bien les baguettes que la langue d’Edgar Poe, mais aucun indice ne vient révéler un soupçon d’agacement d’incompréhension d’étonnement de réaction voire de curiosité. Le patron de la maison préfère de loin ce discours à ceux de certains guy’s qui ne vibrent point aux sermons de Jérémie et préfèrent les bouteilles de saké, nécessitant parfois l’intervention de l’US-MP en casque blanc.
Elle arrive en Jeep pour saisir les braillards, elle distribue des coups de bâton blanc, un remède pour non voyant devenu, puis un véhicule tout aussi MP emporte la charge vers les cellules du poste de police.
Nous avons visité… ces ergastules…
Nous connaissons aussi Akio… il boit les paroles du GI…
Josef, lui, ne boit que du thé…
Le boss de la gargote peut servir tranquillement… il connaît son Jérémie sur le bout des baguettes…
… le servage total… dit Josef sibyllin… citant Jérémie.
Josef saisit, pensif, selon une délicatesse d’expert, un chirashi-saumon du bout de ses baguettes nacrées.
Akio allait déguster un sushi froid de grains de riz blanc, enserrés au cœur d’un émincé de poisson rose, il immobilisa ses baguettes de bambou… il observa le GI : ce composé composite de cosmopolitisme US qui stationne sur le cosmos de Yokosuka péninsule… là il interrogea sa cosmogonie balbutiante, qui tentait d’expliquer la nature d’un Josef tel un objet cosmique… posé devant lui…
… ton sushi refroidit… susurra Josef…
Alors, Akio sourit et se souvint…
La rencontre fut un heureux hasard comme tant de hasards puisque le hasard fait si bien les choses…
Le GI semblait perdu dans une rue, un plan de la ville à la main. Akio s’approcha, s’inclina devant le GI dérouté en s’adressant comme il se doit dans la langue de l’échoué…
L’Américain répliqua en authentique japonais : « Je cherche le Kotoku-in… et son bouddha. ! »
Akio que personne n’attendait à la maison de ses ancêtres, n’espérait aucun message de ses géniteurs, proposa à ce naufragé de le conduire à Kamakura, visiter le célèbre Bouddha.
Depuis, le GI Josef-Jérémie devint l’alter ego d’Akio… le contraire est aussi pertinent.
Ce même jour, le GI lui attribua le titre « d’aide de camp », ils se retrouvèrent souvent… parce que le hasard fait bien les choses… et qu’il le valait bien !

Akio signifie « brillant et homme : 明夫 » est un garçon plein de bon sens… écrivit Josef dans son manu-script obèse… je vais pouvoir polir mon japonais avec cet autochtone… il est le bienvenu, il m’aidera à réparer l’asservissement de cette terre à l’empire Coca… l’horreur !

Pour Akio, la difficulté provenait moins des citations de Jérémie, le prophète de l’Ancien Testament que de l’origine du mouvement perpétuel de la pensée de Josef.
Les Tagaki, sa famille étaient originaires de la préfecture de Kanagawa depuis la nuit des temps de telle sorte qu’un pli japonais identifiait Akio comme authentique. Ses pensées étaient japonaises, son physique était japonais, ses coutumes japonaises, son vêtement… bon, peut-être… mais son alimentation nippone, ses rêves mêmes se situaient dans le Dai-nippon teikoku… selon la traduction vernaculaire : « Empire du soleil »…
Sa philosophie taoïste tintée de shintoïsme mâtinée de bouddhisme zen sublimé d’un zeste de new-wave kanagawien… lui conférait une spontanéité immobile… quant à son self-control… authentiquement japonais.
Durant tout le trajet qu’ils firent en train pour aller voir le Bouddha, Akio tenta de définir les multiples strates de la pensée de Josef. C’était la première fois qu’il approchait un GI d’origine Germaine… forcément il y avait hésitation sur l’ontologique nature du sujet.
Il était à l’aise… Josef… très à l’aise… Josef était chez lui… Josef… enfin chez Akio, mais cela revenait au même puisque la préfecture de Kanagawa était un territoire conquis par l’US-Land pour cause de guerre… perdue… par eux !
C’est ce que pensait Akio…
… tu es dans l’erreur… émit Josef… qui semblait avoir compris la pensé de son guide…
… l’aisance n’est que le corolaire de la maîtrise de la liberté, sans contrainte de pouvoir exprimer sa vue du monde tel qu’on le voudrait voir advenir !… tu comprends ?
Pour un Japonais envahi par la démocratie US… le propos semblait quinteux…
Et Josef parlait…
Akio entrevit les différentes couches qui construisaient la pensée de Josef. Il navigua de la vieille Europe Luthérienne germaine vers la Révolutionnaire française jusqu’à l’Ouest des durs Primaires cow-boys… puis ce fut la visite des Fathers de l’US-Land du Mayflower doublée par les Algonquins québécois adoubés par Champlain un vertueux French…
Là Akio se perdit dans les profondeurs de la raison lorsque Josef déclara :

… ce fut le jour… où Franziska me fut révélée !

Il allait demander… « mais qui est Franz… »… lorsque le train dans un cahot s’arrêta soudain à la gare de Kamakura, où ils descendirent. Josef prit Akio par la manche de son kimono… et là, seuls sur le quai, il annonça…
… écoute-moi mein Freund… tu ne peux imaginer les yeux de Franziska… le visage de Franziska… l’icône Franziska telle Anna Karénine… Nastasia Filippovna… la Mouette de Tchekhov… ce teint d’albâtre qui élève l’esprit à des sommets stratosphériques… bien au-delà du Fuji-Yama… je l’élue muse lorsque je la vis pour la première fois en entrant dans l’école de Hissa LUNA… et depuis toutes ces années, elle est mon phare ma poésie, mon inspiration…
… songe Akio !
… tu avais quel âge ?
… trois ans et six mois…
… tu étais précoce…
… c’est logique… car YHWH m’avait conçu avant que j’intègre la matrice de Yépa…

Là, Akio perdit pied…
Il songea… enfin, il ne parvenait pas à définir l’origine de la pensée fondamentale du GI… sauf une chose… l’homme blanc appartenait à l’ethnie US-Land, il avait du sang germain, il parlait russe, sa muse s’appelait Franziska… peut-être une transfuge… quant à savoir qui était Hissa LUNA… il renonça.
Peut-être le temps restant de sa présence à Yokosuka… offrirait la connaissance de ce mystère…
… écoute Akio… écoute-moi ! Je suis exilé ici… peu importe le temps qui reste !
Josef avait terminé ses sushis… il attendait son bol de riz gluant servi avec du poisson et des algues… la geisha en grande tenue le surveillait, car le plateau arriva aussitôt, à l’instant de son désir… elle avait un regard précis sur les mouvements feutrés du peuple… elle distinguait l’entrant du sortant, à de mystérieux indices…
… ma faute poursuivit Josef, fut de sublimer Franziska au point de penser et parler rêver en russe… à peine l’avais-je rencontrée que mon univers s’en trouva transformé, je passai d’une galaxie à l’autre en une nanoseconde.
La mutation de celui qui n’est rien et devient tout… je vins me prosterner et frapper trois fois mon front à ses pieds… elle comprit… ses yeux… ses cheveux… sa peau diaphane… ne dirent mot… je vis briller sa passion…
… il y a longtemps ? Osa Akio.
Josef but une gorgée de thé, car même un GI en éprouve le besoin…
… un siècle sans doute, plus peut-être, j’avais trois ans et demi… d’après les témoins.
… ah ! concilia Akio… conciliant.
… mais Hissa LUNA veillait… je ne sais pourquoi… elle m’imposa de ne pas importuner Franziska, moi, mais je suis un bâton de sucre candie je suis doux comme la fourrure d’un lapin rex, je voulais lui susurrer ma flamme. Avec Hissa LUNA, nous convînmes d’un accord équilibré, elle me laissa étudier le russe dans mon coin avec la liberté de conquérir les yeux de Franziska… pour l’instant…
Eh bien mon ami, trois mois après je lisais l’Idiot…
… qui ?
… l’Idiot… un bouquin de Dosto…
… à trois ans et demi ?
… trois ans et neuf mois !
… ça c’est fort !
… j’avais mûri grâce à Franziska… je lisais une phrase… je levais les yeux pour regarder ma Mouette russe… aussitôt mon encéphale intégrait la compréhension russe par simple osmose du regard…
… tu as pu… parler avec… ta…
… non… Akio… un jour… on me l’enleva !
Une sombre histoire, un matin, Franziska avait disparu.
Hissa LUNA en était-elle la cause ?
Josef alors se transforma en fin limier… à force de questionner Hissa et les filles, il apprit que l’école où il était n’en était pas une… le nom de garderie-nursery semblait mieux adapté. Bref, un lieu où l’on parquait les types d’enfants d’étrangers inadaptés… dont les parents pouvaient aligner les $.
À peine quelques familles.
Après une phase plus ou moins longue, il arrivait qu’un enfant parvienne à « s’adapter » à l’US-Land, alors il allait rejoindre le rassemblement normatif des universités toujours accompagné d’un pactole en billets verts.
C’est ce qui était arrivé à Franziska !
… où est-elle ?
Hissa LUNA répondit vaguement…
… quelque part, une autre rue, un autre quartier…
Un soir, Josef monta dans « Rosalie » et toujours debout à la droite de Gottfried, il ferma les yeux et énumérant les croisements, feux, bosses, échafaudages, statues, parc… soudain :
… Gottfried tourne à droite !
… Mensch ! Warum ? ( bon sang! pourquoi? : note du lecteur correcteur)
Josef venait d’ouvrir les yeux de sa nature profonde…
… avance !
Rosalie docile ne regimba point, elle entra dans un espace plus ombragé, aux maisons plus spacieuses, aux portails impressionnants… puis on arriva devant un bâtiment surmonté d’un dôme en or… au sommet duquel brillait une croix bien curieuse.
… arrête !
Josef admira la chose qui brillait…
… c’est là ! dit-il.
… là ?
… là !
… là quoi ?
… qu’elle est séquestrée…
… qu’est-ce que tu racontes… on est devant l’église orthodoxe !
… et alors !
Gottfried pesta, Rosalie ronfla et fit demi-tour pour retrouver la route grégaire conduisant à la ferme des pénates paternels.
… depuis, soupira Josef, je suis poursuivi par cette malédiction qui n’aurait jamais dû advenir si la bulle à Sainte-Sophie en 1054 n’avait entériné le Grand Schisme… tu comprends… l’orthodoxie n’eût point vécu !
Akio écoutait, admiratif… il ne savait pas pourquoi… mais l’admiration convenait bien à ses états de consciences…
Soudain… Josef s’immobilisa…
… écoute !
Akio tend l’oreille… Josef se penche et murmure à voix basse…
… là, à côté de nous… la table… non, ne regarde pas… seulement à la dérobée… tu entends ?
Il n’entendait pas ce que Josef voulait lui faire entendre, il ne décrivait pas ce qu’il prétendait percevoir…
… des Russes souffla-t-il très bas… des espions ! J’entends parfaitement ce qu’ils trament… mais il y a pire !
Akio, en fidèle adepte des arts martiaux, rassembla ses sens, pour les mettre en éveil, c’est la première phase, la seconde étant de reconnaître le danger… y en a-t-il un ?
… la femme pleure ! Murmura Josef…
Akio risqua un œil en tournant naturellement la tête sous la pression de Josef… il découvrit le groupe de quatre hommes et d’une femme qui effectivement pleurait… plus exactement, des larmes coulaient sur ses joues. Elle tamponnait ses pommettes avec un beau mouchoir brodé d’un blason en cyrillique fort reconnaissable à cinq mètres de distance, les hommes mangeaient en silence en levant parfois la tête pour observer la dame.
… ils la séquestrent… comme Franziska…
Akio ne pensait pas la même chose, mais Josef semblait si convaincu qu’il en devint convaincant… le dénouement advint alors même que ses sens de maître ès arts martiaux étaient en éveil, il ne vit point arriver ce coup-là.

Josef se lève soudain…
Se plante devant la table…
Les quatre hommes le regardent…
La femme se tait…
Après un instant de recueillement sans doute pour retrouver un texte d’inspiration égalitaire… Josef se lance sans élan dans un prêche… sublime de beauté… qui illumine sa voix… pendant que les quatre hommes le foudroient du regard… et que les cent vingt-cinq mangeurs… s’immobilisent… cessent de consommer… imaginez deux cents cinquante baguettes en l’air…

«  Ainsi parle le Seigneur aux hommes de Judas et aux habitants de Jérusalem
Défrichez votre champ, ne semez pas parmi les ronces
Soyez circoncis pour le Seigneur ôtez le prépuce de votre cœur
Hommes de Judas et habitants de Jérusalem
Sinon ma fureur jaillira comme un feu
Elle brûlera sans que personne ne puisse l’éteindre à cause de vos agissements pervers ! »

La geisha de service bondit à petits pas, le patron de l’Himeji s’élança à grands pas, les quatre hommes se levèrent pas à pas.
Akio ne savait pas… si le GI pouvait encaisser… la réaction…
Heureusement, l’homme de la taverne s’interposa…
Il reçut la bronca russe qui était destinée au Prédicat… pendant que la douce personne séchait ses yeux aux minuscules serviettes de l’Himeji
…うるさい!Urusai !… psalmodia la geisha, l’autorité de sa douceur fit merveille…
… hommes de peu ! eut le temps de prêcher Josef…
shut up ! en US language… répliqua le Russe…
… ce sont vos agissements pervers qui provoquent la peine de cette dame que vous séquestrez… vous encourez le courroux de Dieu… il ne vous oubliera pas !
Comme par enchantement, surgirent trois policiers Japonais et un couple de MP de l’US-Land… pour apaiser le conflit…
On encadre Josef, il est escorté, il sort par la petite porte des livreurs de légumes du matin, il faut se frayer un chemin dans les buées de la cuisine, ça sent le graillon de poisson, le sol est poisseux d’huile, mais Josef tient debout forcément tenu par cinq paires de bras…
Où est donc passé Akio ?
Il paye l’addition… Sir !
Mais au grand dam du patron de l’Himeji…
Par courtoisie pour le GI, il ne voulait pas encaisser le repas… à la rigueur, avoue-t-il, il ne daignerait pas d’accepter le montant en $…
Akio effectua la conversion, puis prit le même chemin parfumé en glissant pour rejoindre, solitaire, le groupe entourant Josef…
À son arrivée, les forces se divisèrent, les trois policiers Japonais, laissant le GI aux mains de ses MP pour s’emparer d’Akio… qui se vit face à sa police.
Les deux groupes embarquèrent séparément dans deux véhicules…
Nul ne sut ce que devint la séquestrée en pleurs…
Le repas était-il au début du menu ou à un point avant l’ultime plat ?
Le mystère demeure…

« Où l’on comprend qu’il est inutile de s’interroger sans raison sur les larmes d’une dame… sauf Josef… que savait-il… la suite nous le révèlera. » 

                                                     Et c’est ainsi que murmurent les tortues blondes

                                                                       Gentilés  
                                                                       Si le voulez bien
                                                                       Lisez suite jour prochain
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vous trouverez les opus édités…
                                                                                      L’Ange Boufaréu

 

 

 

 

 

Chapitres 13 et 14 : Révélations synaptiques de Josef…

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13… toujours à la cafétéria : fin du rêve…

… je suis d’accord avec vous lecteur… comment peut-on interpréter ce saut quantique autant que géographique… entre l’hôpital… et la cafétéria du régiment… alors que Josef est en convalescence… ce n’est pas logique…
Mais avez-vous déjà vu un prophète logique ?
Revenons aux sources Bibliques… de l’aveu même des rédacteurs, le livre de Jérémie ne fut pas écrit d’un seul trait… il s’est agrandi par ajouts… c’est-à-dire des paperolles de nouveaux oracles… car la parole prophétique est destiné à être continuellement interprétée…
Interprétons donc !
« Ready ? »

Le sourd tambourinement devint obsédant… assis à la cafétaria, un GI frappait la table à deux mains en cadence…
Josef avait terminé ses curry-wurst… il attendait…
« Oh ! Révérend… tu le lèves ton cul ! On ne va pas s’enraciner à cette table ! »
« Je n’avais pas eu le temps de rejoindre Franziska ! Malgré mes appels transocéaniques, sub-boréals, stratosphériques… où sont mes curry-wurst… dis-je à mes deux protecteurs ?… Là, ayant reluqué mon assiette vide… je fus obligé d’admettre que je pouvais consommer mes saucisses tout en étant en transe ubiquitaire… »
Toujours protégée par les body-guard, la troïka reprit le chemin du bunker.
Autour de lui, des machines vomissaient des documents qui renseignaient « en live » les moindres mouvements de la noosphère surveillée par la lithosphère… voyez ! vous-même…
… un papier décline les mamours cachés d’un dirigeant européen… celui-là nous renseigne quant aux caleçons d’un autre… ce papier retrace les contenus téléphoniques d’une chancelière qui ordonne à sa cuisinière de laisser les saucisses de Frankfurt moins longtemps dans l’eau bouillante, sinon elles éclatent… ah ! un papier qui nous apprend qu’un africain n’a plus de papier-cul dans son palais… celui-là renseigne sur le besoin d’un asiatique venant en voyage dans un pays de la vieille Europe, il décrit son besoin en ces termes : 85-70-95 en 178… moins de vingt-cinq ans un « must »… encore un code qu’il va falloir décrypter… passons.
… tiens un copain de coquin souhaite une avance non récupérable de 25 millions de papiers verts… en échange de corruption…
… parfois, les textes sont accompagnés d’images… un homme une femme un homme… un homme un homme… une femme une femme… un être ni homme ni femme… quel cinéma !
… certains se mélangent…
La banale écume des affaires du monde que brasse les cow-boys étasuniens…
Josef épluche tout ce qui arrive… les pointures des chaussures, les marques des voitures, les comptes en banque, les boîtes aux lettres dans les Îles Caïmans… les listes de téléphones… les ribambelles d’adresses… les pleurs des épouses… et poux !!!
En sa qualité de traducteur émérite du russe…
Ah ! Soudain, la liaison avec Franziska est rétablie… avec elle le souvenir d’un texte qu’un brillant François écrivit… Josef connaissait cette citation par cœur car elle était ontologiquement lui-même jusqu’à sa conscience…
« Je constate d’abord que je passe d’état en état. J’ai chaud ou froid, je suis gai ou je suis triste, je travaille ou je ne fais rien, je regarde ce qui m’entoure ou je pense à autre chose. Sensations, sentiments, volitions, représentations, voilà les modifications entre lesquelles mon existence se partage et qui la colorent tour à tour. Je change donc sans cesse. Mais ce n’est pas assez dire. Le changement est bien plus radical qu’on ne le croirait d’abord. »
Constatons qu’un GI de l’US-Land, basé au Japon s’exprime en philosophiques nuances dans la langue de Molière, forcément puisque sa mère était une Algonquin du Québec, le GI jactait aussi le germain de Gottfried, tout autant que l’innu-aimun de Adahy…
Eh bien, vous me croirez si vous voulez, il se prit de passion du russe, une conversion subite, un jaillissement lorsque qu’apparut Franziska Abracamova…
Ah ! Franziska… sublime poupée Russe…
Dès lors, Josef voulut pénétrer son âme, sa culture, ses rites, ses espoirs, ses élans… et plus tard son corps… alors il se plongea dans la grammaire russe…
La grammaire russe est pour la langue cyrillique ce que la clé anglaise est à Gottfried lorsqu’il répare « Rosalie »… à chacun son outil.
Le jour de cette illumination, de retour de l’école primaire, Josef revint chez lui et se précipita vers l’armoire à livres qui occupait un fond de mur. Il y avait sur les rayons toute la collection des Karl May, son héros Blanc Old Shatterhand et en brave l’Apache Winnetou, puis venaient les frères Grimm, les Buddenbrook de Thomas Mann, un tas de revues sur les maçons en truelle, la mécanique, l’élevage des porcs, les labours, la culture des Kartoffeln… mais pas un livre Russe en russe…
Ce fut l’horreur, Josef hors de lui, fustigea cette communauté qui ignorait les autres peuples au point de biffer d’un trait la Sainte Russie qui produisait de si mignonnes filles. Il ordonna à Gottfried, qui pestait dans ses bretelles, de remettre « Rosalie » en ordre de route pour aller sur-le-champ acheter une grammaire de russe. Ce fut un voyage éprouvant, Gottfried ne se sentait pas capable de réussir cet exploit. On laissa Willibald aidé d’un groupe d’Indiens de passage, le soin de garder la maison et « Rosalie » consentante transporta Gottfried Adahy et Josef à la librairie scolaire du centre de la ville.
Ils entrèrent suffoqués par le nombre de livres qui garnissaient les étagères. Josef maîtrisait la situation, il se dirigea immédiatement vers le rayon de la littérature Russe, il choisit une grammaire et au hasard, qui fait si bien les choses, ajouta un livre de Dostoïevski dont personne ne sut déchiffrer le titre «Идио́т»… mais tous apprirent bien plus tard que cet in-quarto était « L’Idiot »
Trois mois après cet achat Josef lisait L’Idiot dans le texte… enfin un «digest» selon l’expression du Nouveau-Monde, car ici nul ne voulait s’attaquer à un livre de mille pages. Donc pour faire vite et bien, un élagueur sabra les descriptions inutiles pour ne retenir que la folie du personnage central le prince Léon Nicolaïevitch Muichkine, sa folie pesait bien deux cents pages… que Josef but comme du petit lait. Il faut dire aussi que « Rosalie » docile sortit le lendemain de l’achat de la grammaire pour refaire le même chemin afin d’acquérir un dictionnaire.
À la librairie scolaire on ne trouva pas de dictionnaire russe-Innu-aimun… en revanche, il y avait gros pavé anglais-russe… français-russe… germano-russe, ce fut le dernier qu’il élit selon l’excellent argument quant à la proximité géographique des deux pays, puisque Catherine II de Russie était Allemande… bien qu’éduquée par une Française.
« Depuis le jour où je m’étais prosterné devant Franziska… j’avais décidé de l’éblouir… car devant ce soleil que pouvais-je faire de mieux ? Sauf que Hissa LUNA, c’était le nom de notre taulière, vous vous en souvenez sans doute avait planté son index boudiné sur sa tempe droite en signe de codification extrême… que je compris plus tard ! Je l’avais laissée à ses mimes… en me disant « attends ma cocotte ! » Deux jours après j’arrivais avec ma besace que je nomme affectivement « ma biasse » et je m’encagnais au fond de la classe, là, je ne bougeais seulement que pour tourner les pages de ma grammaire et de mon «Идио́т».
Soudain, une furie sub-saharienne fond sur moi, Hissa LUNA soi-même… vociférant…
« Hé, le germain-choucroute, tu lèves ton cul ! Et tu te radines ! »
Je ne bronchais pas… « Non mais tu crois qu’il va venir cette petite crotte, magnes-ton derch… on va étudier les diversités des saucisses… au pluriel et au singulier… Ah ! Ah ! Ah ! »
« C’est marrant ! » dis-je, mais je ne bouge pas…
Voilà la matrone qui rapplique…
Alors, je me lève et de toute la hauteur de ma petite taille… je hurle  « Je te conseille Hissa LUNA… de me foutre la paix… j’étudie ceci ! »
« Quel caractère… et même pas quatre ans… ! » elle saisit les deux livres… les regarde… me regarde… les regarde… ça va c’est bon… puis elle hurle à son tour :
« Venez voir les filles ce que le germain Josef étudie…
Les filles accourent à leur rythme calme retenu pas de stress… et regardent…
« ben c’est quoi ?
« du russe !
« ah ! bon!
« ce merdeux étudie le russe… et nous on est seulement à la globalisation des substantifs que personne n’y comprend goutte… y faut le balancer à la fac…
« en culotte courte, à trois ans et des poussières!
« pourquoi pas…
« on ne le prendra pas…
« alors on le garde…
« s’il est sage !
Depuis ce jour-là Hissa LUNA et les filles regardèrent le Germain grandir dans son coin… pendant que Josef regardait Franziska sur son monticule… qui se bonifiait.
Nonobstant… les filles et Hissa LUNA, lorsque Josef épuisé par la lecture de la grammaire russe et ses traductions de L’Idiot s’effondrait sur le sol et dormait comme un grenadier après une charge contre les vandales, elles arrivaient à pas de loup telles des Apaches pour glisser un coussin sous la joue de Jérémie-Josef le couvrir d’une grande étoffe en poils d’authentique guanaco.
« Il est chou ! Quand même ! » Chouchoutaient-elles.
Il arrivait même que, le soir venu, Gottfried et Rosalie attendent dans la rue l’arrivée attendu de l’écolier en culottes courtes. Le flot des mômes s’écoulait accueilli par les parents, voisins, tantes, pépés, mémés… mais pas de Josef.
Il dormait, alors bonnes filles, ces dames chargeaient Josef sur leurs opulentes poitrines et telle la brebis égarée, l’apportait tout chaud au berger Gottfried…
« C’était le meilleur moment de ma jubilation… souvent, je simulais le somme profond… je les entendais jacter dans mon espace ontologique… elles étaient douces gentilles prudentes comme des mères poules, sans doute parce que j’étais inerte comme un œuf. Car lorsque j’étais debout dynamique, je recevais d’autres propos plus corsés, tel le « Josef amène ton cul… ou attend que je te botte les fesses ! »
C’est étrange comme les femmes peuvent changer de nature suivant l’état du gisant.
J’avais constaté le même fait dans l’église de Saint-Éloi, elles courbaient la tête lorsque le pèlerin de Byzance se présentait debout auréolé… avec moi elles s’agenouillaient pour me soutenir telles des Piétas michélangélesques… j’en jouissais d’aise… déjà !
Hissa LUNA me portait sur ses gros seins, elle sentait le chocolat au lait qui me ravissait… comme ce réceptacle était doux. Parfois geignant de rêve, j’empoignais à pleines mains cette chair appétissante.
Et Hissa LUNA riait comme une Louve de Rome…
« Il travaille trop ! » disait Gottfried.
« Bah ! » disait Hissa LUNA.
« Mais il est sage ? » questionnait Gottfried.
« Quand il dort… il est chou! »
Parfaitement éveillé après ce petit moment d’effusion des sens, je sautais dans la Ford F2 du Vater et debout à la place du mort pour mieux voir la route, je mémorisais chaque maison, chaque rue, chaque croisement… je comptais le nombre d’arbres, de bancs publics, de cabines téléphoniques, de panneaux indicateurs, de feux de croisements… je parvins ainsi après quelques mémorisations totales de l’école jusqu’à notre ferme à stocker toutes ces données…
Ce jour-là, je montais dans « Rosalie, je m’accrochais au tableau de bord au-dessus duquel pendait un chapelet de Saint-Éloi et les yeux fermés je décrivis à mon Vater chaque point de la route sur laquelle nous étions, j’avais intégré la vitesse de « Rosalie » qui respectait à la lettre les ordres de vitesses imposées par le sieur code de la route…
« Là on est devant la maison jaune !
« Ouais ! » confirmait Gottfried…
« Là, c’est le carrefour, où un jour tu as renversé la voiture du laitier !
« Oh ça va… on le sait!
« Pourquoi tu t’arrêtes, chaque fois pour saluer madame Schreiber… au kiosque des journaux… tu l’aimes bien celle-là ?
« J’ai rien dit !
« Tu as lâché le volant de la main gauche pour la saluer !
« Bon !
« Ah ! Ah ! Tu n’as pas pris la route habituelle… tu as tourné à droite après la cabine téléphonique que des voyous ont fracassée… pourquoi ?
J’ouvrais les yeux… Rosalie faisait une boucle pour aller chercher des semences de patates chez le grossiste Bauer pour la prochaine saison de « Kartoffeln pflanzen »… Gottfried, ne m’écoutait jamais… hélas ! »

14… tous ces flash-back furent causés par la lecture du papier du journaliste « Bobo » lequel article provoqua l’envie de manger trois curry-wurst et à présent… Clausewitz…
« La guerre n’est rien d’autre que la continuation de la politique par d’autres moyens. »
… a dit Clausewitz… vous devriez le savoir… vous êtes d’une indigence crasse pour un traducteur… Clausewitz n’a jamais dit :
« La tartufferie n’est rien d’autre que la contribution du conseil éclairé par d’autres moyens ! »
Le vis-à-vis remua quelques papiers, devant lui, cherchant ses mots, levant la tête, regardant Josef… il doute, s’interroge, il tergiverse… pensa Josef…
Il faut savoir… que Josef était devant le nouveau boss… puisque Barnaby Parker était en rodage à l’hosto…
Un colon… débarqué ici sans viatique… vierge… est-ce possible pour un boss ? Pouvons-nous douter des décisions de la Military US-Land ?
Josef-Jérémie, était donc au g’ar’d’à’vous qui comme chacun sait, dans le quotidien de l’armée US ou de toute autre bidasserie, est une position qui tend à fixer le raidissement roide de la colonne, des pieds, des bras, de la tête… pendant que le regard se projette horizontalement à quatre-vingt-dix degrés par rapport à la verticale… « en même-temps » la position impose l’inertie du bulbe rachidien… avec l’injonction… shut up.
Josef-Jérémie se taisait et écoutait, y compris les dérélictions de l’être supérieur… en grade… jusqu’à ce que le hiérarque épuise souffle :
… repos !
Alors… le reposé put répondre…
« Krieg ist die Forstung der Politik mit anderen Mitteln » A dit Claus… Sir! »
… bon… inutile de rugir ! D’ailleurs, ce n’est pas le sujet ! Asseyez-vous !
Josef posa son cul…
… hum ! Vous avez décrypté un message en Innu-aimun, qui appelle des questions
… petits… petits… petits… venez voir…
what are you saying ?
… j’appelle les questions…
… non mais… ça va la tête… j’m doute… voyant l’art avec lequel vous traduisez Clausewitz… enfin… je m’interroge sur votre compétence ! Car « La tartufferie n’est rien d’autre que la contribution du conseil éclairé par d’autres moyens ! » n’est pas une traduction, mais une grossière interprétation… de même que ce texte « en françois-ancien »  qui prétend… où est-il… ah ! le voilà… je lis…
… une trombe en françois-ancien est, en fait une trompette… ou plus simple une trompe… que l’on peut traduire par Trump… en fait un Trump qui paraît sain mais qui claironne faussement… mais malsain… car en état de tartufferie…
Le colon le regarde attentivement… puis… avec un ton de commisération attendrie… assène syllabe après syllabe…
… pour vous Première-classe… il est temps de retrouver vos terres…
Puis, il lit :
… je cite le texte du cacochyme… François :

     « La trombe fausse dissimulant fol
Fera Byzance un changement de loi
Hystra d’Égypte qui veut que l’on délie
Édit changeant monnaies et lois.
 Et c’est signé : Les Tortues Blondes… via Nostradamus. 

Il jette le papier sur la table… sarcastique… c’est lui le sarcastique, pas la table(sic)
… v’foutez de ma gueule Première-classe Schmitt !… et c’est signé : Les Tortues Blondes… qu’est-ce que ça vient foutre ?
… Via Nostradamus… il faut préciser… Sir !
… et pourquoi pas Lao Zi… Bouddha… Copernic… l’Ange Gabriel… Mère Thérésa…
… pourquoi pas en effet… Sir !
Le colon se situait sur une ligne de crête… d’un côté un colon fraîchement nommé… tel celui qui ne parvient à s’accrocher à aucune aspérité sur une surface abyssale lisse comme les fesses d’un nouveau-né… de l’autre, un colon bourré de pouvoir en devenir qui va exploser en vomissures éructations salmigondis de banalités bien sentis du supérieur au minus.
C’était ce que Josef décodait dans le regard du colonel… lequel conclut par un :
… alors ?
… alors quoi… susurra Josef… qui avait bien compris que le colonel n’entravait rien…
Et soudain, dans l’espace interne multi-connecté de son encéphale, se substitua une image subliminale en transit… Franziska prit la place du colonel, et Josef vit…
… alors, répéta Josef patelin… je crois que les oracles sont très précis du côté de Moscou… ils n’ont besoin ni de Lao Zi… ni Bouddha… ni Copernic… et encore moins de l’Ange Gabriel…
… c’est ça… après l’Innu-aimu… le vieux François… nous voilà à Moscou… et qu’est-ce qu’on fait à Moscou…
… là-bas la trompe trompétait tel Trump lui-même… Sir.
Le colonel se cala dans son fauteuil, il ne parvenait pas à intégrer les révélations prophétiques… lentement, il pénétrait de plein cul le fond du siège… comme pour se protéger de la vérité venante…
… vous êtes un abracadabrantesque Première-classe… entendez ma plainte… vous allez me refaire le coup de votre laïus sur le podium lorsque nous attendions le général.
… qui sait ?
Et Josef s’illuminait d’étincelles quand l’autre s’agitait sur sa balancelle… les deux GI, MP de sécurité qui assistaient constatèrent que la peau du hiérarque prenait une couleur terreuse, ce qui est rare lorsqu’un boss est assis en face d’un minus… lequel inférieur se leva comme un chef lumineux et se mit à faire les cent pas devant… le liquéfié… allait-il vers le même infarctus que Barnaby ?
… effectivement… vous vous souvenez… j’avais cité « La tartufferie n’est rien d’autre que la contribution du conseil éclairé par d’autres moyens ! »… n’est-ce pas ce que nous faisons ici ? Au Japon ? J’ai substitué guerre par Tartuffe… et politique par conseil éclairé … en réalité je rétablis la vérité… que vous ne voulez pas voir même si elle avait été annoncée par l’Ange Gabriel…
Pour ce qui concerne les Tortues Blondes ou Nostradamus… vous voulez faire de même… ne pas voir ne pas entendre ne pas dire… échafauder des théories complotistes fumeuses… de petits singes…
L’autre jaillit du fond du fauteuil et se précipita sur un Wrigley’s Freedent au chocolat qui allait lui parfumer la cervelle, car il se mit furieusement à mastiquer telle la vache Milka.
Le discours que Josef-Révérend exposa posément décomposa le ruminant… ce fut ce moment où le colon demanda un « break » qui provoqua une pause…
Car la mastication au fond est un ersatz permettant à l’officier d’installer son théodolite, appareil militaire de visée utile pour faire le point, et mettre en parallèle les enseignements de West-Point et les théories de Clausewitz revue et corrigées par un première-classe
Car la pensée dominante de West-Point se traduit en conseil aux peuples de bas étage… ils sont diplomatiquement calibrés par la diplomatie militaire qui s’évertue à livrer des textes selon ses consignes simples, pouvant se traduire… disons-le sans ambages par une liste, de type :
« La démocratie US est la religion de tous les commerces… convertissez-vous ! »« Cette base militaire est en quelque sorte une avancée de la culture… étasunienne, une base culturelle… un club, du type Med ! Et cœtera »
« Un bon Indien est un Indien mort. »
« Ici et ailleurs dans le monde entier : nous sommes aussi en « pays indien. »
« no parking, no business »
… mais la conclusion reste toujours la même : « Gare ton cul que je m’y mette… US-Land Über Alles ! »
Chaque apophtegme-conseil que Josef énonçait, jaillissait comme une balle de Winchester… le colon s’encastrait toujours plus dans le cuir du fauteuil jusqu’à ne devenir qu’une ombre…
Entre deux mastications… il tentait de reprendre son souffle… l’infarctus était proche…
… si la culture se résume à imposer au Japonais… Philippins… Javanais… Vietnamiens… Africains… Latinos… Vieille Europe… le hamburger bourré de ketchup… alors cette base est vraiment l’avancée majeure stratégique triomphante de la culture démocratique US-Land pour que les navires battant pavillons portoricain puisse livrer en conteneur la barbaque Milka en quartiers palpitants congelés…
Survolté le colon jaillit du fond de son abysse…
… vous êtes un rouge… Première-classe Schmitt… savez-vous que vous êtes à l’origine de l’infarctus de votre chef d’unité ?
… vous êtes aussi sujet aux infarctus ?
… parlez-moi franchement Schmitt !
… yes Sir !
… laissez tomber le Sir…
… sur quoi dois-je le laisser choir… Sir ?
Le colonel haussa les épaules de désespoir, il se pencha par-dessus la table, il regarda longuement Josef… qui se pencha sur la table dans la même attitude…
Les grincements des synapses restantes du colon étaient palpables…
À voix basse, presque confidentiellement, comme à regret, il confessa :
… que va-t-il se passer… Josef ?
… j’ai déjà traduit le Old François : Nous aurons un Trump qui paraît sain mais qui en réalité ne le semble pas… car en état de dissimulation totale.
… vous en êtes certain ?
… vous êtes certain de ne pas être sujet aux infarctus… considérez ce simple fait : le cœur de mon colon oublia de battre… sans raison aucune… était-ce prévisible… donc tout est imprévisible… y compris la trompe de mon François…
… vous oubliez l’hypothèse de sa promotion… votre faute, votre palinodie, votre mascarade fut un coin enfoncé dans la gestion de la carrière de ce chef d’unité… par votre « prédicat » vous avez certainement compromis sa nomination à sa première étoile de général…
c’est lui… Parker… qui a prétendu que le général devait annoncer l’étoile… difficile est, verum audire !
… si vous voulez… moi, je ne veux pas suivre le même chemin…
L’officier s’élança vers une nouvelle charge masticatoire, indice d’une intense recherche dans les stockages de sa pensée quant au texte latin émis par Josef…
… il semblerait que nous ne sommes pas sur les mêmes positions que celles du général Custer… argua-t-il triomphant.
… celui qui éradiqua les tribus indiennes. Sir ?
… c’est vous qui le dites. Josef.
… ah ! vous pouvez être fier… Sir !
… il paya de sa vie… Josef !
… vous oubliez les soixante mille Indiens qui périrent… grâce à lui ? Sir ?
Les galons du gradé vibraient breloquaient se trémoussaient sur le poitrail musclé irrigué de sang démocratiquement… étatsunien…
Première-classe Schmitt… je vous fous mon billet que si vous me faites chier avec vos sermons à la Pythie… je vous flanque au trou… pour au moins cent ans… c’est clair ? Maintenant, vous me trouvez les confirmations de vos prophéties dans tous les messages qui arrivent de Moscou, d’ici, de là, d’ailleurs, de la lithosphère, de la noosphère et du cosmos…
… c’est clair ?
Et Franziska afficha son doux visage… pour confirmer son assistance…
… merci Franziska !
… c’est qui ?
… ma Pythie !
… rompez !
Et Josef « rompa »… rompit voyons, ça c’est correct… mais… Josef « étaitému » l’erreur était logique…
« Comme quoi, il n’est pas nécessaire de connaître le latin pour être colonel!
Ni savoir conjuguez le verbe rompre pour être auteur de ce texte… le relecteur corrigera ! »
En compagnie de Franziska Josef se retirait… laissant les cinq barrettes inerte…
… mais, si je comprends bien… susurra Josef… le deal que vous me soumettez est :
« Hé/Ho Josef… livre-moi les secrets de la trompe du cacochyme François en échange d’une étoile qui fera de moi un nouveau général !… c’est pas ça ? »
… Jos… je vous fous…
… O.K, mais avant de quitter cette turne… je dirai tout…
Et comme un seigneur… Josef se retira… encadré par le colon fracassé comme celui qu’il remplaçait…
… ce fut le manu-script qui reçut le message :
 « l’oubli détient le pouvoir et le sens du secret ! » a dit un vieux François…
Vous vous souvenez lecteur, que Barnaby n’avait pas réagi lorsque Josef lui avait révélé qu’il avait côtoyé Casque d’Or à Moscou… l’autre, le colon de remplacement suppliait Josef de lui bailler : « livre-moi les secrets de la trompe du cacochyme François en échange d’une étoile qui fera de moi un nouveau général ! »
… ils étaient tous les mêmes… illuminés par les étoiles… qui absolvent toute tartufferie…

                                                        Et c’est ainsi que murmurent les tortues blondes

                                                                       Gentilés  
                                                                       Si le voulez bien
                                                                       Lisez suite jour prochain
… vous pouvez aussi charger le lien des éditions Alain Iametti sur votre moteur de recherche : https://www.editionsalainiametti.com/
vous trouverez les opus édités…
                                                                                           
L’Ange Boufaréu

      

 

Où il est question du Pittsburgh Tribune Review daté de la Toussaint 1882…

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12… où Barnaby reçoit un article antique du Journal Pittsburgh Tribune Review… daté de la Toussaint 1882…  

 

Barnaby semblait de plus en plus guilleret… Josef inerte à côté… forgeait… son futur…
… c’est long… la construction d’un prophète… très long… oracle de Josef !
Impatiente, la main de Parker pesa sur l’épaule du gisant pour qu’il s’ébroue… ce faisant, il interféra dans une communication stratosphérique que Josef venait d’engager avec Franziska… le contact brouilla la fréquence et brisa la transmission…
L’autre main tendait 397 feuillets cryptés à décoder et à corriger, car la mission de Josef incluait aussi les corrections orthographiques… ici à l’hôpital du corps d’armée à Yokosuka base militaire avancée de l’US-Land dans le Pacifique…
Josef eut un bref mouvement statique des lèvres… elles éructèrent… muettement…
Parker ne perçut point l’irritation, il feuilletait les liasses reçues… en même temps il méditait sur l’inutile foisonnement des langues : l’US-langage était bien suffisante… lorsque son attention se polarisa sur une copie d’un article d’une feuille de chou…
C’était un article du Pittsburgh Tribune Review familièrement surnommé le Pitribu  par les gentilés autochtones de cette ville, sous la plume de Robert Le Bond plus souvent appelé Bob Blond que l’histoire locale immortalisa sous le nom de « BoBo ».
Lequel Bobo un peu gauchiste socialo analysait les transhumances des coreligionnaires de Josef.
Pour votre information, ce journal fut créé au milieu du dix-neuvième siècle, s’appelait Greensburg Daily Tribune. Il changea de nom pour diviniser la ville de Pittsburgh.
Rappelons aussi que Calvin Schmitt l’ancêtre de Joseph posa le pied sur la côte Est après son voyage avec le Mayflower, en 1620… puis vint s’installer ici même à Pittsburgh…
On l’a déjà dit…
Bon, bon… mais… l’art de la répétition… est aussi un mode d’expression… si bien que nul ne sut pourquoi cet article arriva dans une liasse de papiers classés :
« Super Top Secret Défense Renforcé Take Care. » en rouge saignant.
Barnaby tourna et retourna le papier…
… Josef… écoute… je lis… ça va te rappeler tes culottes courtes…

Pittsburgh Tribune Review : un article de Robert Le Bond plus souvent appelé Bobo…

 « De Bob Le Bond : historien-journaliste du Greensburg Daily Tribune en ce jour de Grâce le mercredi de la Toussaint 1882 priez pour nos morts.
6 :10 a.m.

Ailleurs, loin au-delà de nos frontières, des mouvements surgissent, ils auront sans doute de graves conséquences que nos citoyens libres de Pittsburgh doivent connaître.
Le 1er septembre les pangermanistes autrichiens dirigés par Georg von Schönerer élaborent le programme de Linz qui appelle de ses vœux la formation d’une Grande Allemagne. Gageons que ce mouvement au nom bien curieux de national-allemand… restera dans les limites de la sémantique et de la démocratie telle que l’US-Land la conçoit.
Néanmoins, ce projet a déjà des échos pour notre population.
De nombreuses familles de la Vieille Autriche et de l’Antique Allemagne fuient, effrayées par cette révolution nationale et socialiste. Je suis allé les rencontrer dans un quartier à l’Est de notre ville.
Là, vivent des familles dont les mères sont mortes de fatigue… les pères morts de boissons… ces gens seraient-ils exploités en dehors des lois de notre grande démocratie par des verriers ?
Nous avions peine à le croire ! Je voulus en avoir le cœur net.
Imaginez un espace où le lumpenprolétariat : un prolétariat en haillons, c’est la traduction… de la Mitteleuropa s’est installé aux portes de Pittsburgh.
Ce peuple industrieux maîtrisait Vulcain et la science du feu… aussi bien que les cow-boys manient les « colts à six coups »
L’essor du Bourbon avait favorisé la fabrication du flacon.
Or, des voix des dogmes des prêches des liturgies des confréries des églises… s’élevèrent contre les Bourbon : des nobles Frenchs… alors périclita la fabrication de la fameuse « bottle » et le « lumpenprolétariat » devint encore plus « lumpen » autant que « prolétaire ».
Quelle tristesse de voir ce peuple perdre son gagne-pain. Les usines furent bouclées…
Quand…
Un shériff futé… s’éleva contre cette décision : celle de fermer les verreries…
On l’encensa… bien que le motif ne soit… pas très pur…
Le shériff publia un remake d’un diktat qui dictait : « L’alcool est bon pour la santé des Indiens ! »
Il faut savoir que ces autochtones, les Indiens en somme, avaient l’outrance de s’opposer aux envahisseurs qui voulaient cultiver les terres occire leurs bisons leurs dindes et leurs coyotes… et ça c’est insupportable.
Le shériff sous-entendait que le Bourbon était un excellent support pour dérider les Indiens lorsque le cow-boy présentait un acte d’achat des terres de cet empêcheur de tourner en rond.
C’est ainsi que l’on sauva la « Mitteleuropa et ses lumpenprolétaires »  en attisant les feux… avec « l’eau de feu »
Plus tard, déjà, hélas… les usines subirent une seconde couche de périclitassions… avec l’arrivée des produits made in China, India, Corea, Ecœtera.
Mais les « lumpenprolétaires » avaient changé de métier… ils étaient devenus « traders » sauf quelques familles comme les descendant du vénérable Calvin Schmitt qui forgeaient toujours… tous les métaux… rassemblés dans une holding… standing…
À présent, la banlieue de notre ville ressemble à toutes les banlieues états-uniennes… grouillantes autant que multilumpen. Un no man’s land où le danger cohabite avec toutes sortes de soucis bien de chez eux !
L’espace est une désolation où survivent quelques maisons qui sont occupées par des ouvriers oubliés des autorités.
Ils vivotent en élevant des poules, des lapins, des cochons que l’on entend hurler à mort les jours d’automne au petit matin blême lorsqu’on les saigne.
Les enfants jouent dans les ruines des usines, l’herbe, des antiques prairies disparues où venaient paître jadis le sublime bison, envahissent à présent les ateliers, selon l’expression : « la nature reprend ses droits… » nul ne savait que la nature avait des droits et qu’elle les avait perdus… on se perdait en con-jectures sur cette nature…
Des arbres avaient même percé les dalles de béton, en s’élevant ils fracassèrent les verrières et les toits.
Au-delà de la ville, d’autres usines furent construites loin de ces zones malsaines, ce qui eut pour conséquence d’augmenter le trajet des migrants pour rejoindre leur travail.
Or, l’industrie ne pouvant se passer de cette main-d’œuvre.
Pour éviter qu’ils ne se fatiguent en quittant l’espace de travail pour se restaurer, elle imagina de verser une prime dite « de panier » qui était composée de deux oboles, en quelque sorte un sacrifice que faisait l’industriel pour ces respectables techniciens qui travaillaient dix heures par jour et sept jours par semaine.
Tout d’abord, la prime de panier offrait de verser le prix d’un pain et d’une saucisse à chaque ouvrier… une révolution que les concurrents dénoncèrent près les tribunaux à cause du « dumping social ». L’expression prit corps à cette époque.
Un second versement était attribué chaque jour, le matin même de l’arrivée de l’expert en verrerie, il recevait six litres de liquide trois litres d’eau et trois litres de vin blanc… certains offraient même six litres de blanc… de la vigne Riesling acclimatée ici, plantée par des vignerons rhénans …
Il faut savoir que le travail du verre est éprouvant, or, la population authentique de la banlieue de Pittsburgh avait perdu ses compétences verrières… le Riesling fut un excellent remontant…
Si bien que migrèrent des migrations de migrants de tous bords… ceux de la Milleteuropa qui occupaient déjà le terrain encadrèrent les arrivants… une vraie tour de Babel où l’on parlait mille langues…
Le peuple fut embauché au prix fixé par la désinflation salariale qui consiste à poser cette équation claire : dix dollars pour deux travailleurs ou bien dix dollars pour cinq travailleurs… or, il y avait tant de « lumpen » que la norme s’établit à dix dollars pour dix travailleurs.
Ainsi, le prix de la saucisse : la Wurst s’explique par l’origine des travailleurs venus de l’ancienne Europe, bassin germanique s’entend, on ne sait d’où vient cette caractéristique : les litres d’eau et les litres de vin… blanc pour lutter contre la chaleur des machines… sans doute !
Sachez que le verre coule à 1450 degrés centigrades… forcément, il faut calmer sa soif !
La criminalité de ces zones de lumpenprolétariat était galopante, même la pègre italienne de la ville avait fui devant la férocité des habitants.
Dans notre ville se produisit un événement peu connu.
C’est à Pittsburgh, en 1885, que les rabbins réformés adoptèrent une déclaration dite :
« déclaration de Pittsburgh qui affirme que le Judaïsme est une religion en création constante, s’efforçant toujours d’être en accord avec les postulats de la raison. »
Fort bien… ça semblait simple…
En réalité, le peuple de la vieille Europe déclarait pratiquer une religion surtout si elle pouvait lui ouvrir les portes d’un business… les religions chrétiennes réformées étaient majoritaires, mais il y avait un pourcentage non négligeable de pratiquants du livre plus ancien encore je veux dire la Thora, le livre des enfants de Abraham… or le peuple germain et le peuple juif ashkénaze ont en commun la langue allemande… très proche de celle pratiquée par les élus de Jacob que l’on nomme yiddish, une sorte de dialecte… ce qui facilita l’intégration.
A présent, il est possible d’interpréter le sens de la déclaration de Pittsburgh quant à « la religion en création constante » et surtout celle « de s’efforcer d’être en accord avec les postulats de la raison »
Car souvent la raison a raison des postulats sans raison… surtout ceux en verts billets…
Tous optèrent pour l’oncle Sam et sa couleur de l’espoir… calviniste, ashkénazes, londoniens, irlandais, napolitains, siciliens et tant d’autres… sauf les Indiens…
Il faut signaler une enseigne remarquable : Zur Alten Schmiede, où cohabitent des Germains et des Indigènes… ce qui m’étonna fort !
Les Indiens… par ailleurs… il en restait quelques-uns, sans doute grâce à leur sobriété… on les parqua dans une réserve… là on les oublia… pour quelques temps…
On dit que c’est dans cette alchimie que se développa les embryons du futur, souvent dès l’enfance se détectent les prophètes, je ne manquerais point de vous en faire part, si le cas surgissait.
Signé : Bob Le très Bond… depuis notre cité bien aimée à Pittsburgh

… tu t’en fous ?

Josef se taisait, il était concentré…
Certes…
Ce papier n’était point inutile pour comprendre le cas culturo-ethnico-socio-éduco de Josef… ça ne servait à rien pour l’instant… or le lecteur a soif de savoir… donc.
On sait depuis le début de cette lecture que le gisant était né dans ce bain total progressiste constructeur. Ses géniteurs par chance, pour l’avenir des buildings n’avaient trouvé que de l’herbe à bison à leur arrivée… un délire d’espace à bâtir en somme. Ils s’en donnèrent à cœur joie, car depuis la pose de la première-pierre de Pittsburgh et à chaque génération… il y avait un Schmitt… créateur de la ville en Pennsylvanie en US-Land.
C’est dans ce melting-pot que Josef-Jérémie acquit quinze langues presque maternelles et une douzaine qu’il babélisait pour la suite.
… Oh ! Josef… tu t’en fous… répétait Barnaby.
Non… Josef avait bien écouté et digéré le texte de Bobo avec attention… à tel point qu’il était partagé entre deux attitudes… l’une toute chaude, sortant d’entre les lignes de « Bobo »… il subit un délire de la faim… il avait une irrésistible envie d’un « curry-wurst »… sa « madeleine » une saucisse chaude baignant dans une sauce au curry… que l’on trouve à tous les coins de rue de Pittsburgh… et l’autre de se concentrer sur le papier 396 que tenait Barnaby…
Il ne savait pas l’officier qu’il tenait une révélation…
Josef avait traduit les autres en un clic…
Dans le dernier… le « Top Secret Défense » n° 396… the last… le top du top… en red color…
Parker énonça en langage US, écoute-moi : now… don’t cut me…

 Josef lut :

   « La trombe fausse dissimulant folie
        Fera Byzance un changement de loi
            Hystra d’Égypte qui veut que l’on délie
                  Édit changeant monnaies et lois. »
                                         Et c’est signé : Les Tortues Blondes…  

Aussitôt Josef identifia l’origine, il annonça haut et clair :
« C’est une prédiction d’un vieux cacochyme François… fin de l’époque médiévale… à la frontière de la Renaissance : l’unique Nostradamus.
« Un médiéval triomphant ou gothique ! » ironisa Parker qui se voulait savant.
« Plutôt médiéval-moyenâgeux… » Susurra Josef !
« Mais que signifie « trombe fausse ? s’enhardit Parker…
« Une trombe en françois-ancien est, en fait une trompette… ou plus simple une trompe… que l’on peut traduire par Trump… en fait un Trump qui paraît sain mais qui en réalité est fou… car en état de dissimulation ! »
« Il y a encore un message ! »
Josef fut repris par les réminiscences du curry-saucisse chaude…
« Plus tard grasseya Parker Barnaby… t’as pas tout dit. »
Et Josef derechef poursuivit :

    « Le grand bawler sans honte audacieux
              Sera élu gouverneur de l’armée
                        La hardiesse de sa prétention
                                    Le pont rompu, la cité de peu s’évanouit
                                               Et c’est signé : Les Tortues Blondes… via Nostradamus. » 

 « Ah ! Ah ! Triompha l’officier supérieur de supériorité… ainsi notre futur bawler sera gouverneur de l’armée… fort bien…
« Oui !
« Première classe Schmitt… tu confirmes ce message ?
« Oui !
« Il y a une suite…
« Certes… mon colon !
« Ah !
« Nonobstant et sauf ton respect Parker… l’élu est noté « bawler »
« Et alors tous les élus ne sont-ils tous point des « braillards » ?
« Oui, mais…
« Première classe Schmitt… prenez garde à vos interprétations farfelues, le début me semblait réglementaire… la suite l’est moins…
« Sauf votre respect Sir ! Le criard-gueulard, si je traduis, va nous foutre une troisième guerre mondiale… c’est ce qu’a dit la prédiction du cacochyme François…
« Songe Première classe Schmitt… aux promotions que la guerre annoncée va nous offrir, nous les gardiens du temple… de la démocratie libre… servir la Bannière Etoilée… sous toutes les latitudes… une guerre… quel bonheur !
« Parker… tu n’as aucune estime pour ma source… le cacochyme François qui vient de te donner l’avenir proche…
« Je songe aux promos… moi…
« Et moi aux alliés que vous balancez depuis 1492…
Parker jubilait… d’émotion en pensant à sa première étoile… il n’entendit point cet aparté qui en réalité lui était destiné comme tous les apartés qui se respectent…
Alors… Josef se leva…
… où tu vas ?
… ta lecture m’a donné faim d’une « madeleine » je vais manger un « curry-wurst ».
Mais Josef s’arrêta devant le colon renaissant.
… dis-moi Parker… ce type qui postule pour obtenir l’investiture… c’est pas lui que tu as accueilli… en son temps à Moscou ?
Parker muet resta coi…
… Jo… j’o… j’ose pas mais il m’a semblé que…
… j’ai un souvenir photo…
Et Josef en transe se dirigea vers la sortie… deux MP gardaient.
« J’ai envie d’un « curry-wurst » arrosée de ketchup au curry…
« Ça baigne ! » qu’ils répondirent.
C’est à ce moment-là que Josef-Jérémie comprit que son univers venait de basculer… et que Parker allait chercher les justifications de sa prochitude avec Casque d’Or.
Les autorités lui accordaient une protection…
Ainsi, encadrés, ils traversèrent, à pied, la place d’arme… en saluant les drapeaux…
À la cantine en libre-service, ouverte de six heures du matin à vingt-trois heures du soir, la troïka prit trois plateaux, se rangea en colonne, sous les salutations des patients
« Oh ! Salut Révérend !
Qui lui rendirent sa fierté…
Arrivé à son tour pour être servi… une plantureuse ressortissante de Saint-Louis du Mississippi leva les yeux sur lui…
Il commanda trois « curry-wurst » en louchant sur la plantureuse poitrine qui lui rappelait la LUNA de ses trois ans et quelques semaines, elle avait des seins qui allaient faire éclater la blouse blanche et la connexion avec Franziska fut rétablie…
Il n’entendit plus les salutations du peuple ébahi… il était dans la stratosphère… il rejoignait Franziska… heureusement que son état prophétique avait été constaté, les deux MP portant le plateau autant que le prophète les installèrent à une longue table qu’ils prirent comme position avancée avant le grand message…
Là, Josef-Jérémie sombra dans les ondes hertziennes en consommant comme en lévitation, ses trois wurt-ketchup-curry dans un mouvement pavlovien proustien attentivement surveillé pas les deux MP.

« C’est ainsi… que rêvent les Tortues Blondes » il avait suffi d’une saucisse au curry et la volumineuse santé des seins de la serveuse noire pour que se rétablisse le lien astral avec mon étoile… oracle de Josef. »… nota-t-il dans une paperolle…

                               Et c’est ainsi que murmurent les tortues blondes

                                                                       Gentilés  
                                                                       Si le voulez bien
                                                                       Lisez suite jour prochain
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vous trouverez les opus édités…

L’Ange Boufaréu

 

L’infarctus compassionnel de Josef révèle son histoire…

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10… où Barnaby redevint Parker… l’officier… brillant…   

 « Bon, à présent, on est seul… c’est qui Casque d’Or ? » ordonna Barnaby… à l’inerte corps qui occupait le lit de Josef… un colon sachez-le gentilés aime le concret… le tangible, l’ordre, la barrette, l’étoile… le slogan « We can-can »… un colon binaire… Depuis l’énoncé de la parole de Josef, il était tourneboulé par les mystérieuses « Tortues Blondes » qui révélaient Casque d’Or.
Elles avaient plongé en désarroi la communauté de l’US-land de Yokosuka et Josef au nirvana. Mais un nirvana sur strapontin éjectable… gare, si le message se révélait non réalisé, l’auteur traducteur perdrait ipso facto son onction supra polyglotte experte.
Josef, atone mais conscient était sûr de lui… il pressentait que sa destinée se jouait ici, dans ce cadre hygiénisé… chambre 369.
Il admira la signature : « Car s’interrogent les Tortues Blondes ! » c’était bien trouvé.
Barnaby devenait agressif, il ne comprenait pas pourquoi le foie de Josef se régénérait plus vite que sa perte entropique…
Josef était certain que Barnaby le pensait quasi occis… il allait s’en donner à cœur joie…
Alors, Josef revisitait les espaces… des mois passés…
Il avait vécu dans une longue salle réfrigérée peuplée de dizaines d’armoires où transitaient par milliards les messages codés du monde « Libre »
Le terme « Libre » n’est bien sûr pas pris en son sens littéral mais plutôt unilatéral… sous-entendant : « Monde-Libre démocratique US »
Donc Josef était totalement libre, puisque encore GI-US… il ne s’en privait point… son œil de prophète ouvert surveillait les abords immédiats… son œil interne conduisait diverses activités pour son propre compte.
Souvent, le GI était assis à son poste devant un clavier, lequel diffusait certains messages codés… pendant ce temps Josef décantait son message de prophète.
Nous savons qu’il confiait ses voies à l’espace, elles les convoyaient vers l’apothéose de son devenir. Il complétait son manu-script de multiples paperolles.
Mais pour expérimenter la puissance de son cortex, avec Franziska, ils avaient décidé de lancer un grand plan de communication par le seul moyen de la pensée.
Ainsi, au milieu des enchevêtrements de câbles soumis aux incessants ballets des électrons baladeurs, dans une douce pénombre, bercé par les cliquettements des imprimantes qui vomissaient leur production quotidienne, Josef s’endormait… bien que relié à Franziska.
C’est l’art des prophètes que de pouvoir conduire simultanément plusieurs voies…
En général, la première image que Josef recevait lorsque la liaison s’établissait… une vision panoramique lui offrait les yeux limpides de Franziska, un gros plan en Panavision 35 mm.
C’était le code de ralliement, le mot de passe. Tout espion vous le dira, tels les succubes qui prennent l’apparence de la gent féminine, certains espions s’introduisent dans le complexe des connexions par la vue. Là, il faut un mot de passe…
Josef assurait que ce choix était judicieux. Franziska n’était pas avare de sa vision, la liaison était reçue 5 sur 5… selon le code technique des communications de l’US-army.
La profondeur des cristallins n’était pas seulement un sésame qui ouvrait la séquence, il devait se poursuivre un certain temps pour que s’établisse un réseau d’ondes multiplex solide. Cette phase pouvait, selon les cas de contraintes atmosphériques vents ouragans cumulo strato altus citius fortius nimbus… neiges sur les plaines Sibériennes… et autres grèves des aiguilleurs du ciel communistes, durer de plusieurs secondes à quelques heures. Le peuple heureusement très clairsemé du bunker n’intervenait point quant à la muette attitude de Josef… qui signifiait :
« Ne pas couper ! »… était donc le crédo.
Les hommes en uniforme baissaient la voix, limitaient leurs déplacements aux stricts besoins physiologiques, pour ne point perturber la réception ubiquitaire de cet authentique sâdhu qui dialoguait à travers la stratosphère.
Lorsque la communication était rompue pour des raisons de secret-défense, Josef Schmitt prenait son manu-script, il tournait les pages avec la seule question qui vaille :
« Où vais-je bien coller ma nouvelle paperolle ? »
Le choix n’était jamais cornélien, car son manu-script était un modèle proustien de création dite en spirale d’escargot… le texte s’alimentait lentement de lui-même, tel un escalier en colimaçon. Il suffisait de lire et spontanément un ajout-paperolle venait à l’esprit… une merveille architecturale littéraire messianique… le manuscrit s’ouvrit seul aux pages souvent lues… il aimait cette phrase tirée de ses recherches lors de ses études, là il avait découvert qu’en d’autres lieux que l’US-land… jadis, avaient prospéré de brillants héros… tel Cyrano et son Rostand géniteur… ce fut sa phase « rime riche » qui fera l’objet d’un court paragraphe de soixante-douze pages si les paperolles le veulent bien…
Vous vous souvenez de ce moment où le père présenta Joseph à l’institutrice…
… là, Josef subit une décharge électrique de plusieurs milliers de watts… elle surgit de son inconscient stratégique… le souleva de son paddock… à l’équerre tel l’officiant dans ses oremus aux cieux…
… Franziska !
… ah ! tu émerges… persifla Barnaby… ta sieste est terminée mon cher !
« Ici, il faut introduire une paperolle… car le lecteur… lorsque ce texte deviendra le support des prochains catéchèses devra pouvoir faire comprendre, la transformation métamorphique… d’un quidam devenant prophète…
… justement j’étais en train de lire ton manu-script… le jour où tu es arrivé à l’école…
… écoute… le jour où tu es arrivé à la turne de la donzelle…
« Lorsque nous arrivâmes, Gottfried, mon père s’adressa respectueusement à la doulce personne qui lui faisait face… ce fut mon premier étonnement, j’en fus émerveillé, je découvris le racisme dans ses plus lumineuses réactions… ce fut à ce moment que je confirmais ma volonté d’être prophète… pour combattre ce mal qui ronge les structures de la société entière… madame la directrice était noire comme du chocolat… et j’adore le chocolat. Mon second émerveillement fut la pointure que son bustier soutenait, le mot n’est pas trop fort, une paire de ses seins… comac… depuis, je suis rivé à cette partie de l’anatomie de la femelle féminine avec une constance d’artiste… quoique les croupes me tentent bien aussi et chez elle la ligne des reins était totale.
Elle écouta Gottfried et m’adressa la parole…
« Quel mignon, petit enfant… dit-elle que peux-tu nous dire à ton âge candide de trois ans six mois et deux semaines ? »
« J’en ai marre de bouffer des Wurst tous les matins ! »
Stupeur de la matrone… j’avais touché juste !
« Monsieur Gottfried… pourriez-vous me donner les sens du mot Wurst…
« Ben chez nous dit Gottfried, le Wurst est une saucisse… bien qu’il y ait plusieurs types de saucisses… et…
« C’est fort intéressant dit la rombière… il est vrai que trois ans…
«  Six mois et trois semaines… je m’empressais de rectifier l’erreur ! »
« Et il parle ? souffla la Miss.
« Non, je théorise !
« C’est fort intéressant répéta la taulière… et les théories sont de… heu… »
« Jérémie ! »
« La faiseuse d’anges transféra, plus haut, son regard vers le mètre nonante deux de mon père…
« Un copain à lui… le second prophète après Ézéchiel ! concéda-t-il.
« C’est fort…
«  Intéressant ! poursuivis-je.
Elle était perdue… entre le … et… ne sachant que dire… elle susurra une platitude majeure… au sujet du qualificatif majeur que le peuple emploie sans discernement, je rajouterai une paperolle… elle poursuivit mutatis mutandis majeur.
« Un copain mais, il vivait jadis… voilà quelque trente siècles… là-bas… en… Arabie je crois…
« On allait à l’école ensemble… précisai-je…
« Ah, en Arabie… et dans quelle école ? Monsieur Gottfried ? Votre fils aurait-il eu un différend, une altercation, un renvoi de l’école où il était… des mauvaises notes… car dans ce cas il nous faut faire une enquête sérieuse… comprenez-vous monsieur Gottfried ?
Bref de prêchi prêcha en cahin-caha de l’alpha en bêta de charybde en scylla de fil en aiguille en somme… voilà que mon Vater se met à enjoliver la maritorne, le couple m’abandonne à leurs joyeux ébats… soudain au loin, je vis un être cosmique… dans un vêtement rose bonbon sucé… blonde comme un elfe… aux yeux de lacs d’azur… elle me regardait… je la regardais… ce fut la passion.
Pas bégueule, directe, droit au but elle tend la main.
« Franziska : et toi ?
«  Josef ! Pour les uns… Jérémie pour d’autres !
« Alors ce sera Josef-Jérémie pour moi !
À ce moment, mon Vater vint interrompre cette nouvelle version de Tristan et Isolde… Roméo et Juliette… qui d’autre encore Ulysse et Pénélope… Dante et Béatrice… plus tard Josef et Franziska…
« Tu es admis ici ! dit Gottfried.
« Ah bon !
« À ce soir !
Et sans un mot de plus, il vint faire une courbette à la tenancière qui lui délivra un sourire carnassier à faire pâlir un félin africain… et tourna les talons.
Puis ce fut le départ d’un long parcours dans lequel la dame des lieux me laissa royalement la paix, à condition que je me care le cul dans un coin pour lire les prophéties le livre des prophètes les exégèses des sages… en rajoutant :
« Et surtout tu fermes ta gueule avec tes Wursterei ! »… saucissonailles : mauvaise traduction…
Je reluquais ses nénés… à tous les coups, elle devait se bourrer de Wurst elle aussi… à voir leurs volumes…
Tranquille, je progressais dans l’art d’écrire, de lire, de compter, de causer… un art de buanderie qui correspondait à la philosophie de la taulière… un art complexe d’une simplicité simple…
Pour faire un test, je lui lus un article, littéralement traduit de Spinoza… afin qu’elle s’éveille :
« Mais moi, je n’accorde pas que la faute et le mal soient rien de positif, encore bien moins que quoi que ce soit puisse être ou arriver contre la volonté de Dieu.

Non content d’affirmer que la faute n’est rien de positif, j’affirme en outre qu’on parle improprement et de manière anthropomorphique, quand on dit que l’homme commet une faute envers Dieu ou qu’il offense Dieu. »
Hissa LUNA jeta un regard inerte sur le texte de Spinoza et…
« Josef si tu fais encore le con avec ton copain Spi, je te fracasse le cul ! »
Je compris que le partage des connaissances était un dilemme profond à la fois entre les générations et entre les cultures… ce constat me conduisit sur la voie de la compassion, raison, attention, suggestion et passion…
Je venais d’élire Franziska… j’en fis un ange de miséricorde telle Guanyin bouddhique… je vins vers elle et je la vénérais en frappant trois fois mon front sur le sol…
Madame Taulière en resta muette d’émotion… se signa dans son langage des signes l’index pointé sur sa tempe que je ne pus décoder…
Franziska… elle… avait compris.
« C’est ainsi qu’après le départ du Vater, Josef en l’espace d’une demi-seconde comprit le fonctionnement des sociétés en général et de la sienne en particulier… à preuve la tenancière de l’école ne connaissait pas Spinoza. »
Barnaby… cessa sa lecture… se recueillit…
Regarda Josef… qui lentement renaissait…
… pour un guy de trois ans six mois et quelques tu avais de la réplique, je ne me répands pas de t’avoir cornaqué depuis cette époque, je me réjouis de te voir à mes côtés…
… Barnaby… tu sais ce que dit le Hagakuré
… le bouquin que le Padre a apporté… tu l’as déjà lu ?
… ma conscience en maraude et en éveil l’a lu… il dit :
« Qui veut éprouver la sincérité d’une amitié n’a qu’à tomber malade. »
… et tu as fait ça pour moi !
… c’est là, la pierre de touche pour juger des véritables sentiments d’un homme…
… je me souviens reprit Parker épris de vénération… de ton baptême…

11… baptême : où nous assistons en « direct live » au baptême de Josef depuis
« The Church Of Jésus Christ de Pittsburgh »
… en présence de la tribu : « Courez ! cria Gottfried, il pleut ! »

Et tous de sauter du plateau de la Ford F2 à qui mieux mieux pour rejoindre le temple.
C’était un grand jour : le baptême de Josef.
En ce temps-là, à côté du bâtiment sacré, il y avait un grand champ pour se garer, très souvent boueux, car il pleut plus que de moyenne à Pittsburgh.
Lorsqu’on allait à l’office dominical, on parquait la F2 ensuite, on montait en soufflant, car il fallait tirer les pieds lourds de boue.
On arrivait crottés suants puants la naphtaline que des litres de Kölnisch-Wasser arrosés par Yépa tentaient de résorber avant d’entrer.
En ce jour de juillet il ne tomba qu’une ondé de bénédiction préparatoire à l’onction du petit qui allait entrer dans la communauté… nul ne fut ni crotté ni transpirant… La  de Kologne… fit merveille, elle nous arrosa à grands flots.
Le regroupement eut lieu dans l’impasse entre la maison du curé et l’église.
Gottfried fit face à la troupe, le peigne collectif passa de main en main, il fut suivi du miroir des beautés humaines… chacun aida son voisin ou sa voisine pour parfaire sa renaissance… puis le patriarche ordonna l’ordre à la colonne par quatre de gravir la volée de marches.
On pénétra sains dans le sein du Saint.
Là, attendaient deux enfants de chœur en aubes immaculées empesées… derrière eux, le pasteur supervisait le décorum. Benoitement, il s’avança en écartant les bras qui reléguèrent les deux servants. Il pénétra le groupe de fidèles attentifs et secoua vigoureusement la main du bon Gottfried… généreux pour sa communauté.
Les deux notables échangèrent des civilités dans la langue du célèbre temple « Of The Church Of Jésus Christ de Pittsburgh »… autrement dit en langue germanique.
Calvin n’y voyait aucun inconvénient. Il savait le bon pasteur que les trente pèlerins qui stationnaient essoufflés, laisseraient sans requête après l’onction, une coquette quête… rondelette… dans la bannette… proprette…
Bref…
Paperolle de Josef… qu’il écrivit plus tard dans son manu-script obèse :
« La seule chose qui me soit restée de ce jour, ce fut la couleur de l’intérieur du building. Une ambiance bleutée feutrée telles ces fleurs « les mauves » que les tisanières emploient pour des purifications. Je voyais au loin le chœur bleu lui aussi… au loin là-haut quelqu’un attendait… debout, vêtu de blanc, dans une attitude un peu byzantine… moi, je ne perdais pas une nuance de gris. J’avais entendu dire « baptême pluvieux destin heureux ! »… tu parles voilà le Pfarer costumé qui me balance des louches de flotte sur la tête… et mon Vater qui moufte pas… l’autre en rajoute en me racontant une litanie d’antiques paroles du Calvin… je reconnus l’accent très chaaaantaaant de G’nèv’e… où il avait dû faire ses études.
Plus tard, je vins souvent sous le dôme aussi byzantin que celui qui attendait, mais c’est une autre paperolle qui viendra plus tard ! »
La fête fut totale et complète lorsque le conducteur après quelques bons mots en dialecte souabe reprit la corbeille pleine du fruit de son abnégation et l’on se sépara après que les parents marraine et parrain eurent signé le registre qui élisait :
Josef Gustav Adahy Schmitt fils du temple « Of The Church Of Jésus Christ de Pittsburgh ».
« Plus tard, je rajoutai Jérémie à mon blason… Josef était le prénom d’un ancêtre qui n’avait pu venir en US land. Gustav, mon parrain était un cousin de mon père, Adahy ma marraine était une nièce de ma mère, une Cherokee dont le nom signifie vie dans les bois, quant à Schmitt… il signifie forgeron… mais, était-il besoin de le préciser ! »
La famille Schmitt habitait à l’extrême nord d’East Allegheny que l’on appelle la petite Allemagne.
East Allegheny au début du siècle était un espace paysan jusqu’au moment de l’entrée en guerre des US. Souvenez-vous de la date du 11 septembre 1941… où Roosevelt ordonna d’attaquer les navires du Führer qui croisaient dans les eaux territoriales US.
Roosevelt, vous vous souvenez sans doute, c’est celui qui lança le New Deal une réforme qui veut dynamiser l’économie US fracassée par le krach de 1929 et accessoirement soutenir les basses classes les plus pauvres de la population.
C’était aussi un bon moyen d’entrer en guerre pour faire un super jackpot qui fut repris plusieurs fois tant la cagnotte fut rondelette.
Les Schmitt comme toutes les autres familles… les Schwartz, Hoffmann, Stumpf, Huber, Hartmann, Bauer, « und so weiter »… applaudirent comme une seule famille et comme un seul homme se présentèrent aux portent des usines : salaire dix dollars pour dix hommes… ce qui dopa l’industrie.
L’économie enrichit la communauté germanique d’East Allegheny qui galopa avec la forte intention de bouffer toute la verdure pour en faire des usines et autres cheminées fumeuses et crasseuses…
C’est en 1950 ou 55, enfin entre ces deux dates qu’Abraham s’offrit sa première voiture : une Ford F2 qui fit sensation dans le monde germain, il la baptisa à la bière et lui donna le nom de « Rosalie ».
C’était une voiture utilitaire dans tous les sens du terme, elle transportait des êtres… des porcs… des marchandises… des matières premières… des ouvriers… des désespoirs en rouge comme la couleur de la carrosserie autant que des espoirs en vert par les récoltes qu’elle transportait… sans oublier « Die Kartoffeln ».
Le style de cette voiture était parfaitement conforme aux esthétismes germains… une carrosserie faite de solides et imposantes rondeurs évoquant la norme quotidienne du « made in Germany » qui est la seconde religion après Saint-Éloi et souvent avant. Cette voiture inspire confiance… d’autant qu’Abraham en achetant le véhicule construisit un atelier attenant à la ferme pour entretenir ce joyau du futur devenu.
En 1970, Abraham transmit le véhicule comme neuf à Gottfried. Ainsi, « Rosalie » sans regimber avait entassé sur le plateau plus de trente membres de la famille pour le baptême de Josef, l’équipage avait pris la direction de « The Church Of Jésus Christ de Pittsburgh ».
Ce fut le seul jour sans travail de la famille Schmitt, pendant lequel la tribu resta rassemblée dans l’immense cuisine. Notez bien ce fait, ce n’est pas un détail, trente germains rassemblés pour un jour sans pareil qui est la naissance d’un premier petit mâle… trente germains qui désertent les ateliers, les champs, les lavages, les cambouis, les rabots, les truelles, les charrues, les semailles… est un Kolossalstag… un jour Saint, élevé à l’étage supérieur d’un jour élégiaque… il faut le faire, eh bien ils le firent.
Les germains du voisinage cancanèrent… au sujet de ce temps perdu…
« Si c’est pas possible de voir ça… délaisser le travail ! » et jaloux en plus… gens de peu !
Les coffres antiques naphtalinés furent ouverts : les Dirndl et les Lederhosen vêtements traditionnels du Sud Germain émergèrent. Il fallut dépoussiérer et parfois retravailler le tissu avec ciseaux et aiguilles pour faire entrer le Nouveau Monde dans les pointures antiques. Au début, le tout sentait le chimique… mais rapidement avec la Kölnisch-Wasser et les jubilations jubilatoires, le naphte fit place au musc physique… ce qui prouve la vitalité de ce peuple.
Le repas fut grandiose… n’accueillait-on point Josef ?
« Il paraît, m’a-t-on dit plus tard, que j’étais resté indifférent à tout ce tintouin. Moi je pensais au Byzantin, bien curieux ce pèlerin, il est resté immobile pendant toute la session. Au début du rassemblement, j’avais vu des quantités de visages se pencher sur la noosphère de mon moïse, je ne reconnaissais personne, mais eux semblaient me connaître, puis rapidement plus aucun grisouilli vint s’épancher dans la sphère de ma pensée… et pour cause ils étaient entrés dans les heures de pleines mastications et beuvations autour du grand plateau…
Enfin, j’étais tout à mon questionnement profond sur le Byzantin, quand j’entendis Gottfried, mon géniteur qui debout chope à la main sanctifia la table et assura que tout ce qui viendrait à être croqué et bu… venait cent pour cent de sa terre… porcs compris…
Le père Schmitt fabriquait tout, accessoirement il travaillait dix heures à l’usine de bouteilles… pour gagner son dollar… quotidien… c’est ainsi qu’il avait acquis ses quarante hectares…
Puis je me propulsais dans la sphère au-dessus de ma noosphère… bien au-delà des ionosphères… là nobody n’interférait »
La table pouvait accueillir une armée, ce monument des agapes se démultipliait à volonté. La base fut construite par Abraham, il rajoutait régulièrement une rallonge pour faire face à la croissance de la famille Schmitt mais aussi à l’arrivée des oncles tantes neveux… tant Germain qu’Algonquin
Là on vit… enfin… on avait déjà vu… mais vous n’aviez point remarqué… ce qui sautait aux yeux… le peuple réuni était divisé en deux par le vêtement culturel… d’un côté, il y avait les Dirndl et les Lederhosen… c’est-à-dire les costumes de la Mitteleuropa germaine et de l’autres les parures indiennes… car comme vous le savez déjà, mais vous l’avez sans doute oublié, Yépa, la femme de Gottfried c’est-à-dire la mère de Josef était indienne… une Algonquin Anishinaabeg…
Dans la cour de la ferme, on pouvait admirer d’autres Ford F2… indiennes… couvertes de plumes… peut-être pour masquer les stigmates des ans… les Ford indiennes à côté de « Rosalie » sentaient un passé de nomades peu regardant sur les entretiens et les conditions de vie quotidienne… les car-driver pratiquaient les réparations en collant des décalcomanies… Jumbo était le leader…
« Rosalie », elle, resplendissait de fraîcheur, une jeune fille… aux vernis quasi neufs, relookée tous les trois mois par Abraham… pendant trente ans…
« Entre mes mains, avait confessé Abraham, « Rosalie » restera toujours une belle jeune fille… immortelle ! Ce fut la première paperolle que j’ajoutai à la vie d’Abraham »
Il y avait donc une dizaine d’Indiens… qui firent un joli tohu-bohu à la fin du repas, les voilà qu’ils sortent des tambours, ils se trémoussent à danser en cercle… les Germains en furent sidérés, ils avaient sorti les violons les cithares les hautbois anciens… ils avaient étalés les partitions et les cahiers de chants… ils attendaient le « eins, zwei, drei… » de l’oncle, mais voilà qu’algonquins, cherokees, sioux, comanches cassèrent l’ordre… que faire ?
Chacun veut inonder Josef de sa musique…
On palabra comme le veut la coutume, on fuma le calumet de la paix pour conclure que  le germain commencerait ses musiques et le sioux poursuivrait… douze mesures plus tard… jusqu’à ce que silence de fatigue s’en suive.
Sans aucun apport technique d’électrons trublions triple-watts, le son était entendu à des kilomètres à la ronde… les voisins branlaient la tête devant cette débauche :
« Ach ! Comment vont-ils faire pour aller au travail demain matin ! Ach ! « si c’est pas malheur » que de copuler avec des Indiens… ça finira mal ! »
Et la jalousie les rendait encore plus rabougris.
Parfois le son faisait une pause pour que les vessies puissent retrouver une aisance à se remplir à nouveau.
Le soir, puis la nuit poursuivit ses vagues musicales… progressivement les arpèges decrescendèrent, les tambours devinrent tambourins puis cessèrent de tambouriner pour ronfler en grosses harmoniques profondes…
Les premiers voisins situés à deux kilomètres comprirent alors au petit matin que Josef était enfin baptisé.
« Moi, Josef, j’étais le centre de ce rassemblement, je n’avais participé en rien à ces ébats… sur le tantôt… une fée généreuse vint me tendre une offrande… je bénis ce baptême de cette Gretchen qui m’offrait son sein… car Yépa n’avait pas de mamelle nourricière… la plantureuse m’offrit cette douceur que je suçai avec jubilation… je tétais et là j’eus ma première érection… je m’en souviens parfaitement… l’autre rythmait les sonorités des Indiens, elle asticotait le tétin en « rythme and blues » jusqu’à la lie… puis elle me fit roter… en me tapotant le dos alors que j’étais posé sur sa généreuse poitrine… je pense que c’est à ce moment que ma passion pour les seins saints devint pour moi l’égal de la passion pour le Byzantin… ayant roté mon saoul… elle me libéra pour me laisser cul en l’air afin de changer mes vêtements de baptême tout en continuant à se trémousser sur les rythmes coyotes des vastes prairies… ensuite, on m’ignora, je passai, le reste du temps avec mon Byzantin… là je m’évadai, je découvris les livres anciens… je rencontrai Jérémie… un super copain… » 

Depuis nous échangeons…

                                                Et c’est ainsi que murmurent les tortues blondes

                                                                       Gentilés  
                                                                       Si le voulez bien
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vous trouverez les opus édités…
                                                                                  
L’Ange Boufaréu, alain harmas 

 

 

 

 

… où Josef réalise le voyage autour de sa chambre

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portrait de Josef après son infarctus « compassionnel »

9… où Josef réalise le voyage autour de sa chambre… voit venir des pèlerins… témoins de ses vies…
Après un infarctus « compassionnel », nul ne sait quand se terminerait la renaissance,  surtout lorsque la césure affecte un prophète… d’autant que Barnaby avait un très gros déficit vital… jadis, il avait pompé les cellules traductrices de Josef… à présent, c’était au tour de ses cellules physiologiques…
Les écrans constataient que dès l’instant où Josef se régénérait… Barnaby Parker le colon US tel l’aigle cannibalisait les cellules du prophète…
Josef résistait, car le Don de soi de l’aruspice était sans limites… le soir, il s’effondrait… mais tel le Prométhée… la nuit… il se régénérait…
Alors, Barnaby stimulait les métabolismes de l’angélique… entropie vous dis-je !
À ce chevet apparurent ceux qui avaient quelque chose à dire… le manu-script ajouta bien de paperolles…
Frères d’armes… écoutez !

Nishizawa Gorō 

Mon nom ne vous dira rien… je le traduis : « Marais ouest Cinquième »
Je ne suis qu’un humble fonctionnaire à la Chambre de Commerce de Yokosuka au Japon, ma ville est située sur la péninsule de Miura préfecture de Kanagawa au sud de Yokohama… géographiquement au centre sud du Japon.
Je suis mandaté pour narrer ma rencontre avec le GI Josef Schmitt…
Je vais tenter de me hisser à la hauteur de cette mission.
Yokosuka n’est pas une ville très ancienne, jusqu’en 1865, c’était un village qui muta douloureusement en arsenal. En 1945, le port devint un checkpoint US.
Mon frère aîné nous raconta, souvent, l’histoire de ce fatal jour… le 15 août 1945, à midi quinze…
Mon père était un commerçant aisé, il avait acheté un appareil de TSF, régulièrement il écoutait les nouvelles de la guerre.
Ce 15 août, il s’habilla en grande tenue de cérémonie, il imposa le même décorum à son épouse, il s’agenouilla devant le meuble de TSF, à sa gauche, il avait aligné mon frère ma sœur et ma mère. Je ne suis venu que bien plus tard… nous étions huit dans la fratrie.
Là, ils firent silence, ils attendirent respectueusement tel l’oracle que la voix de l’Empereur Hirohito s’évade de l’amplificateur…
Soudain, ils ouïrent…

live… of course…

« Que la nation entière se perpétue comme une seule famille, de génération en génération, toujours ferme dans sa foi en la pérennité de son sol divin, gardant toujours présents à l’esprit le lourd fardeau de ses responsabilités et la pensée du long chemin qu’il lui reste à parcourir. Utilisez vos forces pour les consacrer à construire l’avenir. Cultivez les chemins de la droiture ; nourrissez la noblesse d’esprit ; et travaillez avec résolution, de façon à pouvoir rehausser la gloire immanente de l’État impérial et vous maintenir à la pointe du progrès dans le monde. »

Alors… de la base de Atsugi jusqu’au New Grand Hôtel de Yokohama lieu de sa résidence, sur une longueur de deux heures à pied, le Général Douglas Mac Arthur fit placer tous les mètres sur chaque côté de la route une haie de soldats japonais l’arme au pied dos à la route… là, le nouveau consul US chemina sur cet espace…
Cette marque insigne n’était réservée il y a peu, qu’au seul Empereur… arrogant sacrilège US.
À la suite de l’appel du monarque, le 2 septembre, le Japon signa ses actes de capitulation en présence de ce Général Douglas Mac Arthur, commandant du sud-ouest Pacifique et commandant suprême des forces alliées, ainsi que des représentants des autres puissances alliées, sur le pont de l’U.S.S Missouri ancré dans la baie de Tokyo.
Mon frère me raconta qu’à la fin du discours… notre père versa toutes les larmes de son corps…
Pendant huit jours, il s’enferma dans sa loge de repos où il jeûna… ma mère ne dormit plus craignant un harakiri
Puis un matin de la septième nuit, devenu inspiré, il quitta son futon, plia ses vêtements de l’antique culture, les rangea cérémonieusement dans un coffre en bois de hinoki un conifère sacré du Japon. Il apparut revêtu d’une veste-chemise de couleur bleu indigo d’un pantalon de la même couleur, chaussé de geta, coiffé de l’amigasa de paille tressée…
Il n’a jamais quitté ce costume anonyme, qui au fil des années devint de plus en plus transparent…
Pas une fois, il n’évoqua le discours de l’Empereur et le sens de sa décision vestimentaire, mais tous avaient compris.
Il ignora avec une muette indifférence la présence des occupants.
Il déclara :
« Je n’ai pas oublié qu’à l’Ère Ansei 安政 en 1854 ces étrangers envahirent pour la première fois notre mer à coups de canon. Cette présence est une souillure sur notre sol sacré et le restera à jamais ! »
Scrupuleusement poli, il respecta à la lettre sa règle énoncée.
Quelquefois des strangers-US entraient dans notre bazar pour acheter des objets quotidiens de notre culture, qu’ils ramenaient dans leur pays. Mon père s’inclinait, sans un mot, il faisait signe au commis le plus bas dans la hiérarchie de venir conduire la transaction, silencieux, il assistait… aussi froid qu’un samouraï.
L’événement, qu’il cite en référence, fut le jour où le commandant US Matthew C. Perry entra dans la baie de Édo avec huit « navires noirs » armés de puissants canons. Il obligea le shôgun de signer le traité à Kanagawa le 31 mars 1854…
Alors, les étrangers zygotes de ceux qui débarquèrent du Mayflower, se considérèrent ici, « être comme chez eux »… là, ils commencèrent leur colonisation.
Les relations du peuple furent glaciales…
Puis, la dynamique de l’Ère Meiji, qui commença en 1868 et se termina en 1912 va bouleverser… les relations.
Le Japon devint une puissance internationale dotée d’un armement moderne et d’une industrie conquérante. L’ordre ancien bascula et passa de la politique du sakoku ou « isolement volontaire » vers un dessein de conquête outremer. Ici, à Yokosuka, ce fut un Français, Léonce Verny qui, en 1872, construisit l’arsenal et le premier navire de guerre moderne du Japon. Plus tard un autre Français Louis-Émile Bertin rénova de fond en comble l’arsenal à partir de 1886… ce qui déplut fortement aux yankee
Hélas, les deux déflagrations nucléaires d’Hiroshima et Nagasaki mirent fin à notre élan…
À présent, c’est le temps d’un autre style de sakoku… une sorte d’isolement, qui tente de maîtriser distanciation et pénétration des technologies…
Depuis 1945 les étrangers US occupent le port de Yokosuka…
Un matin…
Comme souvent, je vois venir les nouveaux arrivants aux attitudes impériales. Ils souhaitent récolter quelques menus documents sur l’histoire de notre sol où ils vont vivre quelques mois parfois plus…
Les échanges culturels existent, mais je n’ai pas la science pour les analyser…
Un jour, je vis venir un GI…
Il n’était pas en costume de son unité.
Traditionnellement tous les GI sortent en US-military-costume, ainsi muettement ils imposent leur style, leur vêtement de parade, le support fractal de leur pouvoir. Le personnage qui entrait était différent, pas seulement par sa taille ou son style occidental ses cheveux blonds, sa nonchalance, sa peau basanée… encore plus tannée que la nôtre… il ne portait pas non plus cette attitude arrogante qu’affichaient la plupart…
J’étais inquiet, il m’avait fallu apprendre l’américain, je n’étais pas très doué… surtout pour répondre à des questions qui étaient posées par des accents bien peu enseignés dans nos cours intensifs…
De loin, je suivis son approche…
Il était attentif à l’espace… une attitude inusité, car souvent le Boy GI qui vient ici ignore les systèmes formels de la culture japonaise, il estime que ce sont des vestiges autochtones antiques inutiles, des témoins anciens à jeter. L’Américain n’a pas d’histoire séculaire en référence, il entre, arrive immédiatement à vous, pose la question dans son idiome et repart, ignorant tout le reste…
Notre chambre de commerce exposait régulièrement des œuvres d’artistes japonais anciens ou modernes, aucun matelot ne s’y arrêtait… lui… il avançait… attentif… aux signes… il détaillait chaque œuvre…
Puis il vint vers moi…
Il se posa devant le guichet derrière lequel, modestement, j’œuvrai… il s’inclina…
Et, dans une langue japonaise académique, il me demanda si je connaissais la référence d’un livre qui retraçait le Shikoku… le célèbre pèlerinage qui relie 88 temples… sur l’île éponyme…
J’en fus tellement abasourdi que je ne parvins pas à articuler une réponse…
« Aurais-je commis un lapsus ? » demanda-t-il.
Je m’empressai… me rétrécissant humblement en excuses… confirmant que sa phrase était parfaite… et moi, très imparfait…
Notre dialogue dura longtemps… je pus vérifier que sa connaissance du japonais n’était pas superficielle, je lui communiquai plusieurs références…
Je le revis plusieurs fois… ce fut chaque fois un dialogue mémorable…
Nishizawa Gorō… s’inclina…
Josef gisait…
Je suis ému… je t’ai apporté un texte de Saint François Xavier… tu l’as tant cherché… ce sont les « Epistolæ San Francisci Xavieri alique ejus scripta… » d’époque authentique… Hélas, je n’ai trouvé que le second volume…
Barnaby qui venait tel un piranha de pomper du suc prophétique bourré d’énergie du prophète s’assit en tailleur sur son lit et entérina le prédicat de Nishizawa Gorō.
… merci « Marais ouest Cinquième »… la porte est derrière toi…
… au suivant!  

GI anonyme… car secret-défense… expliqua…
Josef… oh my friend…
… who is this man?
C’est difficile à dire… c’est un guy tout simple, pire simplet même… tout d’un coup… il t’expose des trucs que t’arrives pas à understand… il met en relation des forces que t’aurais jamais imaginées qu’elles puissent entrer en communication…
Tu vas voir… incroyable… quand il est arrivé dans le quartier, le premier jour, il est sorti pour se balader avec une coiffe de plumes de Peaux-Rouges. C’est ma famille qu’il dit… moi, parfois je dois le cornaquer pour aller au chœur du système.
Il arrive avec ses plumes à la place du bob… je me dis, il est fou ce guy, il va se faire éjecter… il entre… il salut pas, il s’incline, pose ses plumes, il écoute la question… je te jure… face à lui… y’a tous les huiles… qui l’entendent comme à la messe… je t’assure… recueillis les boss… OK, moi je pige nothing
En privé, comment il est Josef ?
Comment te dire… il est absent, il te voit pas… il s’adresse à des voix… que toi tu peux pas capter, il entre en connexion sur des tas de fréquences… dans toutes les langues qu’il répond…
Autrement… c’est un type bien… mais particulier… fou je dirais par certains côtés… vraiment totalement loufoque… mais pas fou dans d’autres… illuminé en somme… prophète même… Ouais…
Toujours impec de vêtements de propreté… et comme il fait la cuisine… un régal… parfois, c’est rempli de piments… immangeables… lui non !
Moi, je fais gaffe…
Je me distance d’avec lui… c’est un guy qu’est connecté avec trop de power… j’te jure… il a des dialogues avec un mec… Jérémie qui s’appelle… il aurait disparu avant Jésus… six cents ans before… un bail, quoi ça fait plus de vingt-six siècles… j’te jure… Je l’entends le mec… mais, I can not undertsand… je pige que couic… « on dirait de l’arabe qu’il jacte ! » que j’ai dit… « araméen » qu’il répond… « tu entends cette voix… eh bien, c’est moi à l’époque… où je vivais en Égypte… »
Ouais, moi, j’y suis été en Égypte… on a livré des mécaniques… avant de venir ici… eh bien j’te jure… là-bas c’est plein de cailloux… pas un arbre… que du sable… putain là-bas, impossible pour trouver une Bud fraîche mon vieux…
Qu’est-ce qu’il foutait là-bas le Josef ?
Tu lui poses la question… y dit qu’il méditait sur le rôle de YHWH… qui voit tout…
C’est qui çui-là  ?
J’y comprends absolutely nothing !
Il est total dans son cloud le mec…
Josef… mec… putain, tu m’as fait tellement plané… tu restes avec nous… Yeh !
Tiens je t’ai rapporté des plumes d’aigles que t’avais oubliées au dernier McGood!
Barnaby prit les plumes…
… GI Nobody… Ce témoignage est capital… il permet de comprendre que l’US-Army est divisée en deux… les GI’s d’un côté les Boss de l’autre…
… au suivant… ah ! salut padre… Don Giacometti

 Don Giacometti padre et prêtre catholique du régiment…
Josef… j’ai entendu ta voix… menu… émue… je suis venu…
Je me souviens…
Je suis sur le sol de Yokosuka depuis trois ans… mais toi… comment t’oublier ?
Ici, au Japon, la chrétienté n’est pas parvenue à s’installer, seul le quartier des Marines a permis son existence dans l’enceinte. C’est ainsi, je ne quitte pas beaucoup la caserne, c’est vaste, mais nous avons des boutiques qui vendent des produits de chez nous.
Au fond ici, on se sent comme en Oklahoma ou au Maryland…
Josef ?
Le premier jour que je débarque à la sacristie de la chapelle, il est venu me voir…
« Salve fili mi… » lui dis-je.
Il entre… il me salue :
« Ciao padre… di dove vieni dall’italia? »
« Mais je suis Américain! »
… de naissance ?
… yes, de naissance !
… pourquoi vous avez un nom italien ?
… c’est le nom de mon arrière-arrière-grand-père.
« Va bene ! Anch’io vengo da un’altra cultura… la tedesca! »
Puis, il commence à me poser des questions sur diverses énigmes de la Bible… il formule les questions en latin… puis en grec… en araméen… enfin en hébreu…
« Mon fils, lui dis-je, je crois que vous êtes bien plus instruit que moi dans le domaine linguistique des écritures… je ne suis qu’un humble prêtre, ma foi est mon seul viatique… j’avoue que je suis un peu désarçonné par votre présentation… je ne suis arrivé qu’hier, je suis à votre disposition si je peux par la suite répondre à vos attentes !
« Ciao Padre ! »
Il arrivait souvent… il me demandait des livres… des textes… anciens sur les écritures dont je n’avais jamais entendus parler…
Tiens, je t’ai apporté le fameux Hagakuré de Jocho Yamamoto en japonais du 17ème siècle que tu recherchais…
Un jour…
J’appris qu’il était lié à Jérémie le prophète…
Il connaissait le livre par cœur… enfin… les deux livres : la version grecque et la version hébraïque… sans oublier les variantes…
Je l’interroge… admiratif…
« À l’époque, dit-il, Dieu m’a choisi pour être prophète. Dieu m’a dit « à coup sûr, ils combattront contre toi, mais ils ne l’emporteront pas sur toi, car je suis avec toi dit Yahvé pour te délivrer !… c’est pourquoi je suis ici ! »
… Josef tu parles de Jérémie ?
… non, je parle de moi !
Je n’ai su quoi répondre.
Ma connaissance de cette parenté s’arrêta là… sauf que ce garçon est une véritable encyclopédie… sur les prophètes… autant que sur d’autres sujets !
Il m’a raconté les épreuves de Jérémie alors qu’il était en Égypte… d’où il n’est jamais revenu… Je ne sais quoi dire de plus sur cet homme…
Quant à sa foi… c’est un mystère !
Le padre se signa… un signe qui ne trompe pas… il signait son humilité… signature d’un non-savoir qu’il reconnaissait… une attitude qu’il fallait signaler…
Don Giacometti devant le gisant Josef fracassé muet… observait l’entropie en marche tel l’aigle qui lui bouffait le foie pour régénérer le colon… Sisyphe l’autre antique… en direct…
… OK padre… lorsqu’il se réveillera on lui fera part de votre visite…
… bénissons mes frères… ce passionné de compassion… 

… Ciao ! souffla Barnaby impatient… la porte fut à peine close qu’il se jeta sur un paquet de Mikko glacés… jouisseur va!

                                            Et c’est ainsi que murmurent les tortues blondes

                                                                       Gentilés  
                                                                       Si le voulez bien
                                                                       Lisez suite jour prochain
… vous pouvez aussi charger le lien des éditions Alain Iametti sur votre moteur de recherche : https://www.editionsalainiametti.com/
vous trouverez les opus édités…
                                                                                  
L’Ange Boufaréu, alain harmas