Où il est prouvé que le chapitre 21 suit le N° 20… oracle de Jérémie.

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21… Barnaby poursuit…   

… Haut les cœurs, scribe, je n’ai pas terminé l’historique !
Une ouvreuse franchit le seuil de la porte de la chambre 369 et annonça :
… Chocolats glacés, Esquimaux, pastilles à la menthe, cacahuètes grillées, fourrées, farcies, pourries, Cocola…
Le colon combla ses ruptures de stock. On lui avait livré une armoire réfrigérante où il stockait les produits glacés et un bahut pour les produits secs…
… un bol de riz ! s’enquit discrètement Akio.
… et pourquoi pas du canard laqué ? ironisa l’ouvreuse.
… juste un bol !
… tu parles ! Avec ça, je vais gagner ma vie ! Un bol de riz à dix cents pour un seul quidam… j’ai un paquet de graines de courge… ça te va ? C’est mon dernier, ça fait deux mois que je le traîne ! Je te le fais à prix cassé… cinquante cents !
Josef entendait toutes ces transactions – ce qui l’aidait à développer ce sens critique qui s’aiguisait avec le temps de la rumination silencieuse…
Josef, n’avait rien à négocier…
Il était alimenté par le goutte-à-goutte « haut mais oh ! pratique » qui nourrit les esprits en développements prophétiques.
L’ouvreuse, une latino bronzée après des vacances en Californie, quitta les lieux et le calme revint, seuls les lapements du colon sur l’Esquimau et les grignotages des graines de courge peuplaient l’espace sonore. Parfois, un scintillement tintinnabulait qui s’insérait entre ces deux flots bruissant, révélant que Josef était en train de résoudre un nœud philosophique. Il progressait, car les électrons partaient dans une folle sarabande, s’entre-bousculant pour avoir la palme de la doxa découverte. Puis ils s’assoupissaient quelques minutes, parfois quelques heures, ce qui nécessitait l’intervention des hommes en blanc qui venaient ranimer la flamme…
… C’est un roc ! C’est une péninsule… affirma le colon… inspiré…
Il jeta le bout de bois délivré du quatrième Esquimau glacé et annonça à la cantonade :
… Scribe, tu es prêt pour la suite ?
Et sans attendre, il enchaîna :
… Eh bien… vous me croirez… si… non… donc, vous me croirez, vous le devez !
Au matin, je farnientais dans un lit que je ne connaissais pas, dans une chambre inconnue. La porte s’ouvrit, une squaw me servit un discours que je pigeais encore moins. Soudain, tout me revint. Les plumes de l’indigène disparurent et moi je sortis de celles du lit. Je la suivis…
Par signes, elle me dirigea vers un espace qui me stupéfia. Je ne savais pas que les Indiens, ces Sauvages, étaient aussi précautionneux de leur hygiène…
J’étais sur le seuil d’une salle de bains, même à West-Point je n’avais vu un tel modernisme. Un palace pour le corps, avec Jacuzzi à remous, vagues soufflantes et massantes, stock de serviettes-éponges d’un blanc immaculé, flacons de sels, parfums, shampoings… et savon… de Marseille… le tout estampillé « made in Germany »
… À West-Point nous n’avions reçu aucun enseignement sur l’intimité indienne !
Je fis donc comme eux : je pris mon bain à flux bien chauds…
Tel un dollar neuf, je revins dans la grande salle des congrès œcuméniques au croisement des cultures.
Mais les Germains étaient absents.
Seule la tribu des Indiens campait toujours sur les peaux de bêtes autour du feu… dans le style wigwam antique…
Absents, Gottfried, Yépa, Greta, Magda, Josef…
… Travail ! dit la squaw. Toi cul asseoir ! Ici !
J’eus droit à un festin qui marquait mon retour dans le monde germanique…
… Cheval mange aussi… toi, pas soucis !
Devant moi, d’épaisses tranches de pain noir, des confitures, de la charcuterie, des fruits, du lait, du beurre, des pommes de terre cuites dans des oignons arrosées de grains de sésame et de drôles d’escalopes de semoule d’un centimètre d’épaisseur…
J’interrogeai la Squaw :
… Ça?… Grießschnitten aus Bayern… toi… voir !
Avec une spatule de bois, elle saisit une escalope palpitante de semoule, la posa sur une assiette, versa une grosse louche de consistante compote de pommes – de quoi  vous armer pour la journée – elle saupoudra le gâteau avec du sucre à la cannelle…
… Tout ici fait ! Toi, goûte !
… Hum ! hum ! c’est délicieux !
… Café, ici pas ! Ach… toi, boire thé.
Je la rassurai…
Je lui posai plusieurs questions, mais la squaw n’avait appris que des mots basiques en Germain, elle parlait sans doute le Cherokee… elle ne répondait pas…
C’est alors qu’un shaman assis sur le rocking-chair intervint :
… Elle est sourde !
… Vous savez où est toute la famille ?
… Moi aussi, sourd !
Sur ces sonores paroles, je quittai l’hacienda, au grand regret de ma monture qui piaffait comme un jeune homme… j’allais revenir quelques mois plus tard.
Je parvins à l’Irish Tavern où j’avais pris mes quartiers, je ramenais le hongre, je surpris le palefrenier qui l’inspectait ses postérieurs, comme l’aurait fait un authentique adjudant de cavalerie qui verrait passer des recrues de retour de perm…
… putain, il s’est fait empapaouter par un appaloosa, jura-t-il, vous, alors, vous êtes fort !
… à quoi voyez-vous cette évolution ? demandai-je avec l’air de ne pas y toucher.
… regardez les taches d’appaloosa qu’il a sur le train arrière… comme si ça avait déteint !
Je suggérai qu’il n’y avait pas que des juments dans l’enclos…
… ben voyons ! dit-il.
… il y avait aussi des pur-sang… entiers… bien dynamiques.
… eh bien, il s’est fait dynamiter le train arrière…
Le hongre émoustillé, hennit un long soupir. Je ne devais plus le revoir. C’est le lot coutumier de l’évolution d’un officier.
C’est à ce moment-là qu’un pigeon voyageur vint se poser sur le rebord de la fenêtre de l’auberge irlandaise. Je l’observai, il me regarda, nous nous scrutâmes…
Alors, il frappa la vitre avec son bec. La fenêtre s’ouvrit et l’hôtesse le cueillit délicatement par les ailes sans que l’oiseau offrît une résistance, car l’offre était ailleurs.
L’hôtesse ôta prestement un mince tube accroché à une patte, pendant que le marmiton saisit le volatile pour le mettre au menu du jour… avec des lentilles.
Je ne peux traduire les hurlements que poussa l’hôtesse qui devait bien approcher les trois cent trente livres… quelle voix ! Le marmiton reçut un aller-retour, de quoi le faire réfléchir pour le restant de sa vie quant à la protection de la gent volante porteuse de messages qui gisait déplumé dans la marmite.

… Militaire, entonna-t-elle telle une basse chantante, c’est ta nomination. J’accourus vers elle et je lus :
« Le dénommé B.P.G. – moi, en somme, dont on ne peut révéler l’identité – est nommé au Fort George G. Meade, au MICECP, c’est-à-dire le Military Intelligence Civilian Excepted Career Program… Rappliquez illico ! »
Fermez le ban !
La consécration ! J’entrai dans le secret, à la National Security Agency, située à une cinquantaine de kilomètres d’Annapolis, capitale du Maryland.
Telle était la traduction du message du pigeon voyageur… lors de son avant dernier voyage avant celui des lentilles hosanna… deo gratias !
À ce moment-là, dans la chambre 369, Akio écrivait sous la dictée, Josef méditait et le colon partait à l’attaque de son troisième muffin quand s’ouvrit la porte sans crier gare.
… c’est lui… colonel Malcom George Barnaby Parker !
… Yes… ça s’peut !
… ç’est pour vous !
Un factotum apportait une énorme enveloppe cachetée top secret-défense. Akio leva un sourcil, Josef ne leva rien, mais le secret était levé : on savait qui était le colon.
Alors, il fallut découvrir le message enfoui dans l’emballage, car l’Agence de sécurité nationale était futée.
Elle conseillait, avant d’ouvrir cette cuirasse, de terminer muffins, Coca et Esquimaux pour éviter que toute pollution ne vienne maculer le document qui allait émerger de ce nid de sécurité et fermer la porte à triple clés.
L’officier réglementairement immobilisé se précipita d’abord tel un éclaireur fantassin vers les lieux d’aisances afin de purifier ses mains et s’offrit un nuage de parfum Sabre-au-Clair, l’eau de Cologne à 70 degrés cent pour cent US-Marine. Ainsi lessivé et aspergé, il décacheta respectueusement l’enveloppe dite kraft, qui nécessita douze minutes d’attention contradictoire pour être enfin ouverte…
Pendant ce temps, Akio s’était posé sur son séant, assis en tailleur tel un sénateur nippon nippé d’un kimono. Josef s’était immobilisé à regret, car il n’avait pas terminé la postface de ses sermons – cette enveloppe venait trop tôt dans le scénario de l’évolution des thèmes, mais, que voulez-vous ? on ne peut rien contre la marche de l’histoire – il faut faire avec !
Enfin parvenu à extraire le document de la première enveloppe toujours kraft, le colon poussa un cri, très faible, à la vue de la seconde enveloppe bleu-kaki fond pourpre en papier armé, ce qui prouvait que la première enveloppe n’était qu’un leurre… Ah, ils sont forts à la NSA !… Parce qu’il venait de se former à l’ouverture de la première enveloppe, il alla droit au but et, neuf minutes, montre en main plus tard, il jeta un second cri moins faible pour extraire une troisième enveloppe. La mission devenait périlleuse, car, jamais, au grand jamais, il n’avait ouvert une telle succession d’enveloppes, dont l’emboîtement lui rappelait celui des poupées russes gigognes…
Aux mots de « poupées russes », Franziska apparut telle une déesse slave, Josef se dressa sur son lit, ressuscité, tel Lazare…
… Un miracle ! suggéra Akio, qui venait de recevoir enfin un bol de riz blanc.
Mais le colon était trop occupé par la troisième protection en armature de camouflage vert-de-gris. Il n’y avait aucun sésame ni fermeture É-clair. La capsule venait d’un autre monde. Aucun lien de scellement que l’on aurait pu violer avec Opinel US si cette arme avait existé en US-Land.
L’officier colonel, spécialiste à la NSA et des renseignements secrets, en resta bouche bée : il n’avait jamais vu ça…
… C’est normal ! dit Josef.
… C’est pour me dire ça que tu te réveilles ?
… Homme de peu ! Et Josef se réfugia au cœur de l’aurore boréale franziskanienne qui illumina la room 369 et son campement.
Malgré ses lueurs, l’expert des secrets pestait secrètement, se demandant comment ôter sa confidentialité à ce colis qui entretenait un mystère qui ne devait théoriquement pas lui résister.
Eh bien, le colis se mutina, endura et tint bon, jusqu’à sa capitulation. Le bougre colonel pensait recevoir un nouveau diplôme pour son retour à la vie après ses infarctus : le voilà Gros-Jean comme devant ! selon la désuète expression bien de chez les autres…
… le colis resta clos… bon, je lirai plus tard !
… Ah ! Ah ! Il faisait le dédaigneux…
L’expert en Esquimaux partit vers son armoire à glaces pour sacrifier un couple de sucettes glacées, la rage au ventre.
… Hé ! pousse-cailloux, donne-moi ton enveloppe ! souffla Josef, à présent parfaitement remis de ses quarante jours de méditation…
Il émergeait de ses plumes comme un sou neuf… il avait vaincu toutes les tentations… il savait.
Par un effet non encore élucidé, la lettre secrète se posa sur son campement… L’officier ne vit rien… n’entendit rien… ne dit rien… et Josef, en un tour de main, sortit un bristol sur lequel était écrit :

… Colonel, vous aurez « Casque d’or » pour chef de guerre.
C’était signé : « Les Tortues blondes ».

… Une prédiction ! postillonna Akio qui terminait son bol de riz blanc.
Il fallut raconter à l’officier fracassé bien inutilement d’une chute du cœur, ce que l’histoire des US venait de vivre… pendant qu’il était KO synonyme d’abandon de poste.
On lui raconta le décryptage que Josef-Jérémie avait réalisé pendant son absence, le décodage des messages, en particulier ceux en vieux François…

Le grand bawler sans honte audacieux
Sera élu gouverneur de l’armée :
La hardiesse de sa prétention.
Le pont rompu, la cité de peur s’évanouit.

Et voilà que les prophéties du grimoire se réalisaient, d’après les traductions des sciences polyglottes de Jérémie… Tel cet autre message reçu :

La trombe fausse dissimulant folie
Fera Byzance un changement de loi,
Hystra d’Égypte qui veut que l’on délie
Édit changeant monnaies et lois.

On allait ajouter…
Mais la porte de la chambre 369 s’ouvrit, les équipes de soins, n’ayant rien de plus à soigner, venaient rendre visite aux gisants.
Josef-Jérémie suspecta ces outlaws d’être des agents doubles, le bristol disparut. Les boueux suspicieux tournaient autour des lits à la recherche d’indices…
… Des enveloppes top secret avec des enveloppes d’Esquimaux, ça, ce n’est pas banal ! dit un agent en langage latino que Josef décoda.
Akio s’était perché sur une étagère pour éviter un second enfouissement dans les sacs…
Ils cherchèrent longtemps, mais ne trouvèrent rien, à part les deux grands sacs pleins de scories du colon. Jérémie-Josef, présent, avait adopté la position militaire dite du : « Tireur couché, il s’était camouflé en celui qui dort, mais il percevait tous les sons, tons, longs… bon… au moment où ils sortirent, l’un des deux qui était l’autre annonça :
… Ah ! Au fait, il faut vous peser !
… Ah ça, alors ! sursauta Barnaby. Et pourquoi ?
… Ben, on est payés au poids des gisants… vous avez engraissé de quelques livres… Forcément, c’est du travail supplémentaire !
Le gradé s’exécuta puisque c’était un ordre.
… Vingt-deux kilos !
Ben, mon colon !
… On va se faire une belle prime !
… Et ils quittèrent le campement pour annoncer la bonne nouvelle…
Le silence prit la place des nettoyeurs…
Un souffle lourd de méfiance sembla se lever sur le campement provisoirement épousseté, heureusement la clarté des aurores de Franziska et la javellisation des boueux illuminèrent les consciences.
Le gradé requinqué se leva soudain, mais, contre toute attente, il ne s’arma pas d’un Esquimau ni d’un muffin et encore moins d’un verre de Coca.
Il ruminait en faisant les cent pas. Que signifiait cette attitude ? se demanda Josef en observant sa curieuse dégaine.
L’officier s’apprêtait-il à émettre un laïus ?
Alors Josef comprit que ce n’était que de la mise en scène : le colon rejouait le premier chapitre de ce récitatif… Souvenez-vous : lorsque Josef entra dans l’espace hiérarchique du boss, il était derrière son bureau… il s’était levé et s’était mis à tourner de long en large… il évitait la diagonale car il n’avait pas assez de place. Il ruminait et cherchait ses mots, furieux contre le bidasse immobile encadré par deux MP.
La scène avait duré longtemps… le temps de voir défiler toutes les couleurs, jusqu’à ce que sombre l’arc-en-ciel, qui en chutant… fracassa Barnaby.
C’est alors que Josef, mû par devoir jérémien, survola la table, fondit sur le gisant pour le réanimer…
Il est à noter que le GI avait transcendé les normes, puisqu’il avait ordonné aux MP qui l’encadraient de se grouiller le train pour quérir fissa le défibrillateur… ils lui rapportèrent illico… mais… à l’envers.
Quel sang-froid prophétique !
Là, le born again s’arrêta devant Josef, qui perçut le combat interne du gradé…
… Josef… J’avais envie de te casser la gueule… et tu m’as ramené à la vie !
… alléluia ! on vient d’éviter un second infarctus.
Et voilà que le colon se mit à pleurer comme une Marie-Madeleine. Il commença une confession peu courante pour un officier de West-Point. L’émotion nous étreint, nous aussi, mais nous tenterons d’éviter le pathos. Akio avait sorti ses Kleenex made in China, il regardait Jérémie…
… tu comprends, Josef… vagissait le sanglotant.
qu’as-tu fait de tes talents, Barnaby ? lança intérieurement cette voix de chapelle Sixtine qui résonnait parfois dans la tête de Josef.
Akio eut un mouvement de compassion. Était-ce le moment du jugement ? pensa enfin Jérémie.
… c’était le jour de mon étoile… pleurnichait le légume. Depuis mon arrivée à Yokosuka, j’avais réussi à franchir toutes les chausse-trappes…
… tu veux dire que tu… déléguais… pendant que tu pantouflais derrière le plateau de ton campement… c’est ça ?
… c’est la vie d’un colon qui attend son étoile…
… quand il y a du merdier, c’est un petit couillon qui en prend pour son grade… Toi, benoît, tu passais ton temps à écrire des rapports !
… mais c’est ainsi que ça se passe… Pourquoi veux-tu changer les coutumes ? Moi… Barnaby… Pourquoi me juges-tu, Josef ? Moi qui t’ai découvert dans l’hacienda de Gottfried, alors que tu rongeais ton frein… Moi qui t’ai donné le sentiment d’exister… Moi qui t’ai lancé !
… c’est ça… c’est grâce à toi si je parlais quinze langues dans ma petite enfance et si j’ai obtenu une bourse à l’université pour en acquérir quinze de plus…
… oui, mais… tu es entré par la grande porte à la NSA, dans le service des traductions… Songe à quel point ce génie aura servi…
… pour gagner tes barrettes…
… tu n’aurais jamais pu entrer dans le cosmos de l’US Military Land… sans moi !
… tu l’entends, Akio. C’est moi qui rame et lui qui ramasse…
… Akio se garda bien d’approuver ou de censurer sa position… car il n’était que scribe. Il se tut, mais ses yeux parpelégèrent légèrement, ce que l’on pouvait interpréter comme le signe évident d’un non-signe signifiant… ils clignotaient…
… je voulais ta gloire, Josef…
… et toi… tu voulais la tienne !
… enfin, Josef… souviens-toi… Lorsque tu as quitté la closerie de Hissa LUNA, il a fallu un tombereau pour débarrasser ton campement et c’est un véhicule de notre glorieuse armée qui vint clarifier l’espace… pour ton avenir !
… tu copulais avec Hissa Luna !
… elle m’avait supplié…
… après, elle me refusa le talweg de ses deux mamelles sur lesquelles j’eus mes premiers ruts qui fertilisèrent mon manu-script !
… je te guidai vers Duquesne University…
… c’est toi qui l’as financée ?
… n’as-tu pas obtenu une bourse ?
… comme tous les étudiants nécessiteux ! Gottfried a vendu un hectare pour payer le reste… tu te rends compte ?… Gottfried qui s’ampute d’un centième son territoire ? Il pleurait comme un veau…
… l’affaire n’était pas trop mauvaise…
… ah bon ?
… vendre un terrain pour la construction d’une usine, oui, c’est un bon filon… Gottfried aurait pu payer mille fois tes années d’études à la Duquesne… N’est-ce point ton arrière-arrière-grand-père qui avait acquis cette terre pour quelques cents alors que Pittsburgh était seulement logé à côté du fort Duquesne ?
… tu vois à quel point mes ancêtres sont des gens prévoyants, organisés, méthodiques. Ils pensent toujours au futur. Ils ne sacrifient rien au présent. D’ailleurs, ils gardent tout ce qui entre sur le territoire de Gottfried. Et sur ce point, tu as pu voir la seconde grange : dix mille mètres carrés pour la collection des objets utilisés dans la famille depuis cent soixante-douze ans, trois mois et sept jours…
… oui, je me souviens…
… eh bien ?
… eh bien, dans cette grange, Gottfried a ramassé toutes les vieilles Ford T2 du voisinage à cinquante kilomètres à la ronde, achetées pour des clopinettes : il y en a au moins quarante… toutes démontées, rapetassées, huilées, dépoussiérées… Eh oui, ce sont leurs pièces qui permettent de conserver Rosalie… Elle ronronne, Rosalie… elle turbine, Rosalie… elle fait de l’huile, Rosalie… on la vidange Rosalie… comme au premier jour de sa mécanique vie…
Le gradé…
Était agacé… que Josef ne se liquéfiât pas dans la reconnaissance…
… quel moment ?
… lorsque tu es allé à Duquesne…
… eh bien ?
… je ne croyais plus en toi…
… homme de peu de foi…
… car…
… je te vois venir…
… oui, cette Franziska t’a roulé dans la farine… c’est une cabotine…
… attention à l’infarctus potentiel qui se pointe, Barnaby…
… elle a joué un rôle néfaste…
… homme de peu de conviction…
… elle t’a entraîné dans des sentiers de traverse…
… tu saucissonnes, Barnaby… La tranche que tu soupçonnes, tu oublies qu’elle fait corps avec le reste de la masse sèche… Ne l’oublie pas… Je ne suis pas de ceux qui pensent à cette mince rondelle, qui n’est qu’un instant de vie – fondamental, certes, mais qui n’est qu’un instant dans lequel le vécu donnera tout son sel à la suite du parcours, car la voie se poursuit alors même que tu supposes une dérive… Toi, la seule chose qui t’occupe, c’est le renouvellement de ta garde-robe au pli réglementaire et l’attente de ta future étoile…
Ce dialogue avait pris des allures de jugement dernier avant la soupe du soir qui ne tarderait guère… Essoufflés, les deux débatteurs se turent, mais Josef n’avait pas tout dit.
… et tu sais ce que je pense des uniformes ?
… je ne sais plus… tu en dis tellement !
… alors, retiens cela : tu ne portes pas l’uniforme…
… ben non, ici, je suis en liquette !
… c’est l’uniforme qui te porte…
… mais je suis en caleçon, tu parles d’un uniforme !
… tu es ignare en figure de style, Parker !
… j’ai faim ! dit Akio qui était descendu de son étagère après le départ des nettoyeurs.
Le Nippon semblait se dessécher, tant jaunissait son épiderme.
Enfin, la porte s’ouvrit. L’équipe de quart venait relever l’équipe qui veillait… Ce fut une révolution…
Qu’on en juge.
Ils entrèrent comme chez eux, sans tambour ni trompette. L’équipe se dirigea directement vers le colon. Il devait rendre les armes séance tenante pour que le fait ait force de loi. Il fallut une évaluation ; même si la décision était prise, il fallait des preuves. On en trouva pour le certifier sain.
Le colon fut pesé, mesuré, étalonné ; on soutira un jerrican de sang. Un figaro défricha cette tignasse indigne pour un gradé des renseignements. Des aides-soignants le couchèrent sur la couche pour lui planter des électrodes dans ses muscles enrobés. Le colon sauta comme une crêpe – hélas, il manquait le sirop d’érable. On lui tâta le pouls et tout ce qui pendait dans l’exercice de la vie, glandes et autres. On le vidangea. Ce fut donc une révision générale qui dura le laps de trois heures d’horloge.
Lorsque ce fut terminé, on constata que la température ambiante avait gagné 10 degrés Fahrenheit, ce qui était considérable dans un campement médical et favorisait les miasmes de toutes origines. Un grand vent artificiel se mit alors à souffler du nord, il avait mission d’assainir l’espace. L’équipe de quart, forte de neuf membres, se divisa en deux parfaites moitiés (la compétence n’a pas de limites) qui se répartirent le long des deux bords du futon du colon afin d’arrimer la couche pendant que le souffle soufflait. Il fallut un bon quart d’heure pour que retombe le mercure.
Alors le chef de l’escadron prononça la sentence :
… Malcom George Barnaby Parker, vous changez de service, immédiatement, tout de suite.
… je vais où ?
… desintox Agency Service.
… dézin quoi ?
… en clair… perdre votre maquillage adipeux dans lequel vous vous étiez fort utilement attifé pour passer inaperçu. Félicitations, vous avez réussi !
… enfin… ma première étoile !
… sauf que vous ne serez réintégré dans votre unité opérationnelle que si vous vous décapez de ce masque restant… sinon nul ne pourrait vous reconnaître et votre légendaire vernis autoritaire serait mort au combat.
Donc, militaire, il faut retrouver votre ontologique être svelte connu et reconnu par vos chefs, sous-chefs, couvre-chefs. Il vous reste donc à redevenir ce chef-d’œuvre que vous fûtes jadis…
… quand dois-je retrouver mon bureau ?
… dans l’absolu… vous êtes réintégré !
… et dans le relatif ?
… dans son immense bonté, la direction vous donne une semaine !
Le colon tourna la tête vers le grand congélateur placé à côté du bahut et qui décorait son campement. Il savait qu’il allait devoir laisser tous ces souvenirs derrière lui, sans aucun retour possible…
… et… voulut-il articuler.
… l’ordre stipule : “sans bagages”… proclama l’autorité.
… quel sera mon menu ?
… le matin, petit riz à l’eau… à midi, long riz sec… le soir, riz cassé aux légumes !
… vous voulez mon inanition ?
… non… votre taille de guêpe !
… ben moi, depuis que je suis né, je vis avec ce menu ! déclara Akio.
Et le chef de l’équipe de quart eut un subtil argument supplémentaire pour convaincre le gradé que son avenir se jouait là, ici et maintenant.
… l’étoile du rayonnement en est le prix, mon colonel !
Et ce fut tout. Pourtant…
… Oh ! Oh ! objecta Josef, qui ne l’entendait pas de cette oreille, mais de l’autre. Il n’en est pas question !
Silence.
… et pourquoi ? murmura le chef de la délégation.
… cet homme qui jouxte ma couche n’est pas encore totalement affranchi… Certes, vous fûtes des experts en expertise médicale adipeuse, cardiaque, physique, drolatique et sanguine… mais quid, messieurs, de l’âme de ce quidam ?
Stupeur !
… mais qui êtes-vous… re murmura le chef de la délégation.
… passé le moment du respect de l’ordre… par la suite, il transgressera, c’est sa nature… N’est-il pas un pilier de West-Point au matricule US-Land ?
Mouvements d’étonnement.
… mais… qu’est-ce à voir ?
… moi, Josef-Jérémie, je n’ai pas terminé la purification adipeuse de son âme-esprit-conscience… !
… c’est vrai… confessa Barnaby… c’est vrai…
La tronche de sept pieds de long… hésite.
… dans ces conditions, vous reviendrez chercher ce péquin demain matin à l’heure où chante le coq de bruyère… lorsqu’il sera purifié.
Effarement, hésitation… quésaco ?
… c’est un ordre !
Léthargie… mais mouvements vers la sortie…
… vous oubliez l’essentiel !
Pétrification…
… enlevez l’armoire à glaces et ce bahut…
Musculation… On sua, peina, geignit en ruisselantes jérémiades, mais cela ne changea en rien la décision de Jérémie…
L’équipe de soin des sols succéda à l’équipe de quart, puis l’espace du campement reprit son rythme de sénateur, le colon, dégrisé, tournait en rond sur le périmètre devenu désertique. Longtemps il marcha, rumina, supputa, ratiocina. Des heures, des heures, sans pouvoir dire un mot… lorsque soudain :
… mais, pourquoi as-tu donné cet ordre ?
… pour ton bien… continue de marcher… tu as déjà perdu trois cents grammes… Je ne voulais pas te laisser partir sans avoir nettoyé ton encéphale !

 Si vous voulez connaître la suite de cet étrange pardon, rendez-vous au chapitre 22 qui suit le chapitre 21, comme dans tout bon opus biblique… C’est le moment d’ouvrir vos esgourdes, de dessiller vos mirettes, de bouléguer vos synapses afin de ragaillardir vos sens endormis – car le colon va comprendre l’incompréhensible. Le texte le prétend, mais comme beaucoup, nous sommes dubitatifs : « Se non è vero, è ben trovato »… murmura Akio… il parlait l’italien depuis sa rencontre avec Josef qui lui avait prêté un incunable de 1582 d’un certain Giordano Bruno…

                                           Et c’est ainsi que murmurent les tortues blondes

                                                                       Gentilés  
                                                                       Si le voulez bien
                                                                       Lisez suite jour prochain
… vous pouvez aussi charger le lien des éditions Alain Iametti sur votre moteur de recherche : https://www.editionsalainiametti.com/
vous trouverez les opus édités…
                                                                                      L’Ange Boufaréu

 

Chapitre 20 Barnaby raconte…

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20… Barnaby raconte…      

« Oh ! scribe, tu recueilles les moments que je raconte ? »

Le colon soudain prenait la défense du gisant… ce qui illustrait la cohérence des ordonnances médicales et l’effet conjugué des hamburgers muffin coca sur le physique, l’humeur et la santé du colon… il signait le second miracle de Josef-Jérémie avec ce retour du gradé dans le bercail de la noosphère active… lequel le salua d’un clignement d’œil très entendu…
« Je l’ai bien connu ! » hurla le colon… ressuscité
Akio surveillait…
Josef écoutait… mais de loin sur un stratus cumulo-nimbus stratosphérique…
C’est ainsi, gens de peu de foi que se construisent les sagas, grâce à la sagacité des sages témoins… qui content…
« C’était… un jeudi… raconta tout haut le colon… il pleuvait… comme souvent à Pittsburgh… et comme rien ne me retenait… je m’arrêtais devant l’école de Hissa LUNA… car je ne pouvais faire autrement, la rue était encombrée d’un peuple cosmopolite… qui semblait soutenu par une force transcendante qui irradiait du peuple en extase… je descends de mon cheval, je lie ses rennes à un arbre en fleurs… dont j’ai oublié le nom… je m’avance… et parce que j’étais en tenue de parade… je venais de gagner mes galons d’officier… la foule s’ouvrit devant moi tel les flots de la Mer Morte… popularisés par les récits d’un livre trouvé du côté de Qumran dans un pays de bédouins, j’avais lu cette anecdote dans le Newsweek Pennylvania… qui est généralement bien informé… je me souviens même avoir fortement douté de ce retrait des flots… le texte disait que l’espace vide était provoqué par la force de la voie de l’orateur… un certain Abraham… qui haranguait ses troupes sans mégaphone… ah ces journalistes mystificateurs…
Eh bien, je vivais le même phénomène, miracle peut-on affirmer, puisque je l’ai vécu… foi d’officier de la Marine de l’US-Land progressant vers le World-Empire… en marche.
Les vagues de la foule s’écartaient harmonieusement sans douleur, le sol même était sec… c’est dire ! Et là devant moi sur une estrade je vis ! Hissa LUNA en pâmoison devant ce sale marmot que je trouvais encore plus gaillard, il aurait mérité deux paires de claques… si c’était mon gosse… heureusement je n’en avais pas… car il apostrophait l’assistance d’une telle force que j’en fus sidéré. Qu’un gosse ait cette audace, pourquoi pas… mais que ce peuple se pâme à ses mots… il se prenait pour Abraham peut-être !

Mais que disait-il ?

Je vais tenter de rappeler à mon cortex, les termes de son sermon… hélas sans son génie des harmoniques… qui le caractérisait…
« Gens de peu de foi ! »
Il s’exprimait en courtes histoires drôlasses… que depuis on nomme paraboles… à West-Point on en avait utilisées, en forme de grands couvercles de lessiveuses tournés vers l’espace pour capter les électrons russes… curieuse dérive tectonique des mots…
« J’étais dans le désert… hier, après-midi… clamait-il…
L’espace vierge de sable chaud…
Où vivaient librement les autochtones indiens…
Ivres de liberté…
Eh bien ! Gens de peu ! Que virent-ils soudain se dresser devant eux…
Alors qu’ils allaient faire paître leurs troupeaux de vaches
Halte dit le chef Algonquin secondé par Sitting-Bell ! »
Là une voix s’éleva pour suggérer… « Sitting-Bull ! »
Le prédicateur fustigea cette ouaille qui devant la foule eût souhaité, je vous l’assure, s’enfouir dans un terrier de taupe… de honte bue…
« Je vous pardonne… car vous ne savez pas…
Que virent-ils ?
Au détour d’une dune inculte, dans le talweg où Sitting-Bell conduisait tous les matins avec ses braves ses troupeaux de vaches…
Ils furent stoppés par des feux tricolores… un croisement construit en une nuit par la force démocratique de l’Empire… installée à Washington…
Les feux étaient au rouge…
Et un Indien qui voit rouge est un indice de flèche brisée…
D’autant que le carrefour était désert… nul ne venant à dextre autant qu’à sinistre…
Mais l’Indien est respectueux des règles…
Au rouge il attend…
Ce n’est qu’au vert que le troupeau de bovidés conduit par Sitting-Bell s’ébranla vers les prairies de leurs ancêtres…
N’est-ce point honteux ? »
Ce marmouset n’est pas si sot me dis-je… je regardais intensément ce garçon qui s’élevait avec ses paroles fortes… il avait une stature de géant… celle que démultiplie la force du verbe… ce n’était plus la vue qui donnait sens mais le vif sang qui imposait ses vues… sur l’espace cosmique.
« Il ira loin ce marmot… »
« Une graine de Prophète ! » souffla Hissa LUNA…
Sous la puissance du verbe, j’avais dû penser tout haut, comme quoi un orateur vous pénètre au point de tarauder votre inconscient…
« Rectifier… votre conscience ! » rectifia Hissa LUNA.
Il poursuivait…
« J’ai vu… gens de peu de foi… j’ai vu…
L’espace était rongé par des feux de croisement qui couvrent les mondes vierges et tissent la grande toile pour que circule le billet vert…
Au-delà de nos États… même.
Les troupeaux furent soumis aux diktats des loups de Wall-way… »
Le tribun à ce mot fit une pause pour regarder intensément un perturbateur qui avait osé le couper dans son élan quelques phrases plus haut, le pauvre quidam ne broncha pas, il pensait fortement à un Wal, mais où ? C’était une erreur de sa part, il en convint et fit son autocritique… il rectifia aussitôt… ce qui prouve à quel point un tribun authentique offre au peuple la chance de penser vrai, librement, securum somnos… au sens de judicieusement…
Après les feux… les asphaltes dans les déserts… vinrent les dimes…
Les impôts… si vous voulez et que vit-on ?
Ces peuples grégaires autochtones sauvages durent endurer l’impôt, ils payèrent en monnaies coutumières : des coquillages précieux…
« Où tu payes en $ ou tu payes en nature ! »
Et quelle nature !
N’est-ce point désolant… horrible de voir ce que je vis… il apprit ce qu’était la nature US.
Le fisc de l’US-Land, chaque hiver venait prélever des morceaux de chair fraîche.
Trois hivers plus tard…
« J’ai plus de bison, plus de vache, plus de dinde… il restent quelques coyotes ! »
Le fisc de l’US-Land a des réponses :
« Il te reste les sublimes routes de l’US-Land ! qui convergent toutes vers Wall-way, là tu pourras placer tes économies ! »
Gens je vous le dis… le moment est venu de se lever et dénoncer ces pratiques… »
Effectivement, deux véhicules de police venaient d’arriver et une escouade d’uniformes se répandit dans le peuple…
Un gradé s’approcha de ma prestance… qu’illustrait mon uniforme neuf rutilant de noblesse West-pointiènne
Je ne peux traduire et caractériser le regard aussi noir que sa peau qu’il me jeta… car cela relève du code des usages entre grands de ce monde…
« C’est une pièce de théâtre ! » lui dis-je.
« Ah ! S’exprima-il… et en l’honneur de qui ? »
« Jérémie ! »
« C’est qui celui-là ? »
« Un bédouin ! »
« C’est ça, après les africains, chinois, les latinos… à présent, voilà les bédouins… mais où on va ? »
« Oui, mais celui-là, il est mort en Égypte… voilà presque 28 siècles !
« C’est seulement maintenant qu’on l’enterre ? »
« Non… on lui rend hommage ! »
Le gradé… me regarda… suspicieux…
« Vous en êtes certain ?
« Foi d’officier sorti de West Point ! »
« Bon dégagez la route… restez sur vos terres… que la circulation ne bouchonne pas… l’US-Land veut bien écouter vos rituels… mais n’arrêtez point la marche du progrès… sinon ! »
La troupe d’uniformes uniformisa uniformément l’espace… qui retrouva son calme uni sur la voie du vaisseau US-Land, lequel n’avait cessé de progresser… nonobstant la lyrique envolée du tribun.
« Je dois rencontrer ce nabi ! » me dis-je.
« Effectivement… dit le manu-script, c’est ce jour-là que ma vie bascula… la foule en se dispersant sous les gentils conseils des hommes en uniformes noirs… déstabilisa l’estrade… et je chutais… mais l’officier en habits de lumières me saisit par le fond de mes cagues-brailles… ! »
« Note scribe ! » dit le colon qui terminait une barquette de chips au paprika… il en grignotait toute la journée…
Oui, ce moment fut bien celui-là, j’entrais dans la vie de ce morveux qui causait de l’avenir de L’US-Land. Le message n’était pas… mais pas du tout ce que l’on m’avait enseigné à West-Point l’Académie Navale d’Annapolis… située à l’Est…
Enfin, j’avais été interpellé à la fois par sa vêture ses laïus et son aplomb… oui, je dois le dire, il avait une force dans le propos qui forçait… forcément au respect. Moi, éduqué, formé, reformé par l’ordre, voilà que le désordre du marmot me captivait.
Enfin, pourquoi me serais-je arrêté devant cette estrade sur laquelle un être non défini par les chapitres des règlements martelait sa version apocryphe non autorisée de l’US-Land…
Il clamait que ce pays aurait tourné le dos au message messianique des pères du Mayflower… les Pilgrim Fathers.
Non mais ! et puis quoi encore ? Et toutes ces fariboles égrenées pour construire la Route 66 qui traverse les plaines abandonnées… que ces Célestes Pilgrims peuplèrent d’authentiques Américains, grâce aux techniques de marketing publishing happening e-learning… certes, il y eut quelques échauffourées de quelques sauvages qui prétendaient que nul ne pouvaient fouler la terre des ancêtres… allons donc. Quelle prétention ! La terre n’est-elle pas à toute la généreuse nature humaine ? Cette terre créée par notre créateur qui créa par la même occasion le colt-navy revolver… et la winchester, la célèbre Rim Fire sublime de modernisme et d’efficacité… rien à voir avec ces bouts de bois projetés par des boyaux de bison tendus sur le rejet d’un arbre…
L’archaïsme contre le lumineux modernisme n’a pas voix au chapitre… comme on dit à West-Point… inspiré d’un Sadhu indou… et de Calvin…
Ces pères de la pensée religieuse n’avaient qu’une idée en tête… évangéliser, apporter la paix à l’espace qu’ils parcouraient. Et forcément quand on veut la paix, le meilleur moyen est d’éradiquer tous les fauteurs de troubles.
C’est ce qu’ils firent ! Oh ! la pétarade !
Et l’autre le gamin prétendait le contraire… on avait spolié… depuis trois siècles. Je n’avais lu cette élucubration dans aucun canard de la bibliothèque de West-Point.
Enfin, si ce fait était acté, comme on dit maintenant… ça se saurait !
Je tenais le gosse…
Hissa LUNA vint…
« Vous le connaissez monsieur le sergent ? »
Quelle inculture… moi, l’officier devenu par la grâce de l’Académie, je devenais un simple sous-off…
« Lieutenant » certifiai-je tout en étant surpris par le charme africain de cette dame qui semblait avoir une certaine autorité ici… ce qui m’étonna fort, aurait-on perdu les préceptes des Pilgrim Fathers en nommant des étrangers à des fonctions éducatives… une erreur sans doute.
« Je suis la directrice de cette école, monsieur le militaire ! »
Pour faire diversion, je reportai mon attention sur le moutard qui s’était assoupi, ou alors il faisait semblant… sans doute une tactique de camouflage…
« Josef est un étrange sapien, énonça-t-elle.
« Étrange ! Vous plaisantez… il cause comme un communiste ! »
« Oh ! » soupira Hissa LUNA
Alors, le garnement ouvrit un œil et soupira en grinçant des dents…
« Was mache ich hier? »
« Vous voyez bien ! » L’interpelai-je… « C’est du russe ! »
Alors Hissa LUNA se mit à rire, d’un rire syncopé, propre à ces tribus Rocks and Folks… bien éloigné des mélodies des Pères de la Nation…
« Vous n’y êtes point ! Roucoula-t-elle, c’est son dialecte paternel… du germain.
Puis, elle prit le sale gosse dans ses bras, il n’attendait que ça ce morpion pour fourrer sa tête entre les plantureuses mamelles de la femelle.
« C’est là qu’il est le mieux ! »
Elle m’entraîna dans son espace clos et m’invita à m’asseoir afin de m’expliquer l’inexplicable…
C’est ainsi que débuta le début de l’histoire qui me fit découvrir Rosalie, Gottfried, Yépa et bien sûr Josef… lorsque la tête de mon cheval que j’avais garé à côté d’un arbre en fleur, franchit l’encadrement de la fenêtre ouverte pour m’informer que le temps de stationnement était épuisé… lui aussi d’ailleurs… il réclamait son picotin.
Par respect de la noble conquête de l’homme, je m’en fus soigner ma monture…
« Mais je reviendrai ! Hissa LUNA… soyez-en certaine ! »
Le colon fut interrompu par l’arrivée des équipes du soin des sols. Trois authentiques ressortissants US vêtus de camisoles de travail jaunes entrèrent en poussant un chariot équipé de grands sacs… des gens très bien élevés… en entrant le premier qui poussait le char toqua la porte et jeta à la cantonnée :
« 你们好 ! »… bon’sour toul’mond’
Les autres suivaient, le second plus volubile… sans doute le chef… se lança dans une explication très intéressante quant à leurs activités…
« Buenos días, venimos para llevarse los cubos de basura y las mierdas del oficial. »
Le dernier poussait un tombereau, il soufflait comme un phoque, chargeait les boites, gobelets, serviettes papiers pourries, fourchettes et cuillères en plastique made in China… mais on sentait qu’il pestait…
« Ogni giorno svuotava questa merda…! »
Puis il rajouta, en jetant un coup d’œil, afin de ne pas heurter les sensibilités…
« Je traduis : Chez moi à Milan… putain, on l’aurait viré ce faiseur de merde ! »
Le colonel… sommeillait en pensant à sa prochaine livraison de pizzas… n’entendit point ou fit celui qui dormait.
Josef, depuis des lustres voguait avec les Tortues Blondes dans la stratosphère…
Le travail accompli, l’équipe repartait, mais au moment où ils passèrent le seuil de la porte, on entendit un cri aux résonances abyssales du fond des sacs. C’était Akio alors endormi sur la descente de lit de Josef que les boueux avaient dégagé dans les poubelles comme un vulgaire tas d’ordures… il gisait sous un tas de bouteilles de coca et autres boîtes à pizzas…
« Espèces de Yokai ! » éructa Akio…
« Notes ça scribe… souligna le colon soudain revenu de son somme… le Yokai est un monstre…
« 无我来自北京的叹了口气中国 soupira le Chinois…
« Sono nato a Milano » précisa l’Italien… qui traduisait le chinois… car l’un était né à Milan et l’autre à Beijing
« Hace treinta años, vi la luz en Valladolid… nota le natif de la célèbre Province Española…
Puis, ils se retirèrent et l’espace redevint serein…
Josef était perdu dans une réflexion de conjoncture profonde qui le ramenait sans cesse à savoir… qui avait envahi quoi ?
Il avait vécu dans une école dirigée par une ressortissante afro… et voilà qu’ici le ménage était fait par des coolies asiatiques italiens et espagnols… ici, dans une base de l’US-Land, posée au Japon, peuplée de descendants des Pilgrims Fathers.
Allons, était-ce un rêve ou une faille dans le système…

« Écris scribe… ordonna, le gradé en mal de reconnaissance étoilée… je vais te raconter…
Le jour dit, monté sur mon destrier… je vins rendre visite à l’hacienda germaine des géniteurs de Josef… je voulais en avoir le cœur net… tel le slogan de la dernière pub pour lessive active…
J’arrivais sur le coup des five p.m., bien décidé à rencontrer toute la famille.
Hissa LUNA avait joué le rôle de messagère utile pour la construction de cette nouvelle relation qui m’excitait.
La cour était immense, la maison aussi… quant au garage il était d’une taille où aurait pu entrer la maison, la basse-cour, la porcherie, le jardin potager… et la voiture.
Je garais mon cheval à la porte de cette grange…
Un homme couché sous une voiture cria…
« Eh vous qui venez d’arriver… passez-moi la clé de douze sur le capot… non, ça c’est la clé de dix-huit… Scheise… achJa, celle-là ! C’est bon ! »
C’est ainsi que je fis la connaissance des pieds de Gottfried en toute simplicité, là j’appris que Rosalie n’était point la tante de Josef… mais la voiture du Boss.
« Elle est comme neuve… je suis dessus tous les jours cria-t-il sous les roues… regarder les cardans, les phares… écoutez le moteur, il ronronne… écoutez ! »
Gottfried était un grand… bonhomme de mécano…
« Un mètre quatre-vingt-douze… »
Il s’essuyait les mains…
« Votre voiture est en panne ? » questionna-t-il ?
Il arrêta le moteur… il sortit une sorte de grand châle de laine… je pensais qu’il avait froid… sous ces chaleurs… mais pas du tout… il lustrait les ailes de Rosalie dans un mouvement de douce caresse avec l’attention d’un amoureux qui cajole sa minette pour mieux la bécoter… et il oublia le militaire…
Lorsque surgit de nulle part, une Indienne juchée sur une carriole tirée par un poney de type Appaloosa… la robe tachetée des postérieurs en blanc… le noir des antérieurs était d’une couleur d’encre… on parle du cheval…  le cheval avait un curieux regard… l’œil droit était rouge cerclé de blanc… l’œil gauche blanc cerclé de rouge… le tout était ce que l’on nomme un regard vairon.
L’Indienne était vêtue comme une Indienne… une robe en peau décorée de motifs tarabiscotés… aux manches pendouillaient des fanfreluches qui gesticulaient à chaque mouvement de l’indigène… elle arborait naïvement et par mimétisme sans doute un bandeau qui lui enserrait le front pour discipliner ses longs cheveux noirs… tout comme ces tennismen d’à présent…
« C’est moi… qui a construit ce Wagen… » Précisa Gottfried en montrant la carriole… il avait redressé la tête sans cesser le lustrage de la laque bleue devenue un miroir…
L’Appaloosa renifla ma monture… il éternua… en tournant la tête de dédain… l’Appaloosa snobait mon hongre… il leva la queue pour nous faire admirer ses génitoires bourrées d’énergie Indienne… il piaffait d’impatience pour retrouver ces demoiselles juments en mal d’amour que l’on entendait hennir derrière le garage.
« Ça c’est Yépa ! » Lança Gottfried…
Yépa déchargeait des cageots de légumes… puis sans un salut ni un mot… tenant l’Appaloosa par les rennes, elle sortit contourna le garage détela le célèbre cheval des Nez Percés… Gottfried astiquait toujours la belle robe de Rosalie…
« Voilà ! » dit-il
« Bonjour chef ! Lança Yépa à l’attention de l’officier… toi aussi tu aimes les Ford ? »
« Eh bien pas précisément ! »
Gottfried et Yépa s’étaient figés de surprise… qu’un Américain ne soit pas amoureux de sa Ford surgissait comme une révélation et risquons le mot comme une hérésie de lèse-majesté Fordienne.
« Alors que puis-je pour vous ? »
Elle allait presque dire « mon pauvre monsieur ! » Et je sentis que mon prestige de « Chef » s’effondrait… à tel point que ma monture fit de grands mouvements d’encolure pour rappeler ce peuple à une certaine attention. Car enfin je n’étais pas venu par hasard, ni pour entendre les méthodes artistiques du lustrage de Rosalie…
« Hissa LUNA… vous a informé que… »
Gottfried se figea sur le geste qu’il allait faire quant à poursuivre la réalisation du miroir qu’allait devenir Rosalie… il plia soigneusement la laine…
Yépa, releva la tête, ses yeux noirs jetèrent des éclairs de l’antique femelle sauvage…
« Pour Josef ? »
« C’est ça pour Josef ! »
« C’est un disciple de Jérémie ? » questionna Gottfried en tournant la tête vers Yépa.
Instant surréaliste où de chaque côté du garage hennissaient là-bas les Appaloosa et ici mon hongre… alors que nous au centre… étions à la recherche d’un lien au sujet de Josef… Je compris enfin pourquoi les Pilgrims Fathers ne purent offrir leur paix pure devant tant d’incompréhension tribale…
« Mais non dis-je ! »
Ils attendaient je ne sais quoi de ma part… là, je sentis que mon crédit avait repris de la hauteur…
« Votre fils est génial ! » dis-je.
Incrédules… ils me regardaient comme un extraterrestre…
« Ah bon ! »
« Ben… et en plus ? »
Comprenaient-ils, j’en doutais… assurément ma formation à West-Point s’était élevée à un tel niveau que je ne pouvais me faire comprendre à la fois d’un immigré Germain et d’une Indienne en perte de repère culturels… j’adoptais alors une démarche pédagogique basée sur la lente énonciation des mots simples de la phrase… pour exposer ma démarche.
« Vous êtes essoufflé ! » sursauta soudain Yépa… sans raison apparente.
« Entrez donc ! »
Et les voilà, tous les deux tels des éclaireurs sur la voie de la conquête d’un lien, s’enfuir dans la ferme. J’avais de la peine à suivre, mon cheval rua dans une longue plainte lorsqu’il me vit disparaître…
« Je ne tarderai point ! » le rassurai-je.
La porte était grande ouverte… elle desservait un couloir… au fond un escalier… à droite une immense pièce…
« Herein ! »
Ces natifs d’ailleurs s’exprimaient toujours dans leur langage grégaire, sorte de volapuk qu’à West-Point, la consigne était de rester de marbre à l’écoute de ces babils car la règle était de ne parler qu’en langage universel… la langue de l’US-Land, pour éviter la pollution qui aurait dégradé notre noble idiome…
Il me fallut faire un effort pour me placer dans les pas de ces êtres… à leur niveau… autrement dit descendre de quelques marches, quitter ma culture que le monde nous envie. Mais j’avais tant de compassion pour cette famille que mon effort fut récompensé…
J’entrais dans un monde clos qui s’ouvrit pour moi…
Je fus invité à prendre place à la tête du fameux Eckbank…
« Je l’ai construit moi-même » expliqua Gottfried.
L’Eckbank est l’emblème même de la philosophie du migrant Germain… il commence par construire le Eckbank sur lequel il bâtit la maison… car une fois arrimé au sol, le Eckbank n’est plus transportable, c’est ainsi que les Germains s’enracinent.
L’Eckbank est donc un immense plateau de bois monté sur pied calé dans un coin de la pièce et derrière lequel se place un banc en angle… un meuble qui porte bien son nom : Eck pour coin, Bank pour banc… Eckbank donc.
La famille glisse ses fesses ses jupes ses cague-brailles pour occuper le banc… on se pousse on se repousse… on s’agglutine… et les autres prennent des sièges pour border les deux autres côtés… le tout est une famille de migrants germains qui ripaille…
L’Eckbank n’est donc pas seulement un vulgaire mobilier utilitaire mais un concept global de vie communautaire… cette coutume avait-elle une faille ? Car enfin des Indiens à la table d’un Germain était-ce coutumier ?
Eh bien oui… enfin presque car les Indiens vivants ici… je veux dire dans cet immense living-room… ils délaissaient le Eckbank pour des tapis des coussins installés tel un campement dans un autre coin… où sommeillaient deux vieillards fumant tranquillement… un calumet… de la paix… comme il se doit.
Dans l’autre coin… car il y en avait quatre… un curieux monument rassemblait les deux murs… une originalité…
« C’est mon père qui l’a construite ! »
Une cheminée, dont le tablier s’avançait de près de deux mètres dans l’espace… dans laquelle on aurait pu rôtir un bœuf… autour de laquelle jouaient deux filles vêtues en Indienne, une vieille femme touillait dans un grand caquelon suspendu…
À côté de la table en coin… dans un fauteuil en bois… dormait un papoose…
« C’est vous qui l’avez construit ? » questionnai-je.
« Le papoose ? »
Non, le banc…
« Ben oui ! » répliqua Gottfried qui fièrement ne s’étonna point de ma question…
J’eus droit à la place réservée aux invités en haut de table … Gottfried s’installa en face et Yépa resta debout…
« Josef ne va pas tarder… il est allé… à la ville pour préparer son futur sermon ! »
« Tout seul ? »
« Avec son manu-script ! »
« Ah quand même ! »
C’était un bel après-midi d’automne, le soir tomba et personne ne songea à le retenir… les lueurs du couchant annonçaient aux humains réunis dans cette chaude atmosphère que le moment était venu de restaurer les forces chues pendant la journée échue.
Et la table se couvrit de plats vernaculaires en authentique cuisine de là-bas.
« Tout ça, c’est fait ici… nous on n’achète rien ! Schwein… ici… Poulet… ici… œufs… ici… choux… ici… Speak… ici… Wurst… ici… ! und Kartoffeln dazu ! »
Et le tout fumait, laissait échapper les fragrances les arômes, les effluves…
« Alors vous connaissez Hissa LUNA ? »
« C’est-à-dire que… ! » dis-je hésitant…
« Mangez… vous retrouverez la mémoire ! »
Alors, j’expliquais comment le hasard m’avait conduit sur le chemin de la connaissance de Josef. Alors que je cheminais sur ma monture en quête d’absolu… pour montrer urbi et orbi mon beau costume d’officier devenu.
« Ça paye bien ? » interrogea Gottfried.
J’éludai la question pour ne pas indisposer mes hôtes paysans… qui vivaient sur un lopin de terre de soixante-sept hectares incultes dans une maison de la taille de quatre courts de tennis et courbés sous le joug des basses-cours des porcheries du potager…
« Je travaille aussi à la verrerie ! »
Là, Gottfried se lança dans une analyse, fort bien construite quant à la production verrière… sujet qui n’est pas au programme de West-Point.
« Le verre creux ! Je précise ! »
J’appris que le verre creux est le contraire du verre plat… et pour appuyer sa démonstration Yépa apporta une demi-douzaine de bouteilles de bière… car pour conserver ce breuvage authentiquement germain… il fallait un solide creux.
Gottfried le savait, lui qui travaillait dans la manufacture des bouteilles de Pittsburgh Pennsylvanie…
« Mon grand-père, mon père et moi… oui monsieur, nous sommes les piliers de cette industrie… heureusement que nous sommes venus… ici, personne n’était capable de rester devant les machines… songez monsieur que le sable va devenir liquide à mille quatre cent cinquante degrés… au début, on le cueillait avec une canne… et je souffle dans un gabarit… puis les machines sont arrivées… mais la chaleur est restée… toute la journée à côté… on perd des kilos… après, eh bien on les récupère ! Prostit ! »
Nous avions presque terminé le repas lorsque soudain dans une grande cavalcade… surgit Josef.
« Eh… troufion… ton cheval a faim… ! »
J’allais me lever…
« T’inquiète… mon infinie compassion a déjà résolu ton absence de réactivité… mes aides de camp font le nécessaire ! »
Voilà… celui que j’attendais…
Celui que j’avais vu sur une estrade dans sa cour d’école… sous la houlette de Hissa LUNA, il a oublié tout ce qui l’entoure pour enlacer l’Indienne de ses grands bras et il l’embrasse, nez contre nez il la berce tendrement… Yépa l’Indienne debout sur ses mocassins se laisse câliner par son échalas de fils…
« Salut les poupées » jette Josef à l’arrivée de deux mignonnes, deux gouttes d’eau totalement identiques, des cheveux blonds tressés ramenés sur la tête des peaux claires des yeux bleues… de véritables petites gretchen… qui s’installent à la table… en me saluant toutes les deux synchronisées d’un génuflexion et d’un léger balancement de tête et me regardant droit dans les yeux… c’est charmant ces coutumes indiennes.
La salle de séjour est au complet… Yépa est toujours debout… apportant des plats fumants, odoriférants, inconnues…
« Vous pouvez manger sans crainte… tout vient de chez nous ! »
Alors, Josef prit la parole…
« En ce temps-là » commença-t-il…
« Moi, je m’appelle Greta !
« Et moi Magda !
« Ma compassion risque de perdre patience… les poupées…
« Tu parles toujours…
« C’est vrai tu parles tout le temps…
« Nicht wahr Vater?
« Ja Mensch!
Josef… ruminait quelques secondes en prenant sa chaise en s’asseyant à côté de moi… sur la portion longue de la table… les deux petites filles s’étaient glissées entre le mur et la table sur le fameux banc du Eckbank…
« Schluss ! ordonna Josef… elles se turent… Gottfried n’avait émis aucun mot permettant de penser qu’il allait dominer la situation et calmer ses progénitures… il mangeait… avec application des pommes de terre fumantes…
Yépa, surveillait la distribution des agapes entre la table et le campement d’Indiens sur lequel étaient arrivés un groupe composite de femmes d’enfants d’hommes… une vieille squaw faisait office de pourvoyeur entre l’âtre où rôtissait un quartier de viande et le groupe assis sur les peaux de vache et d’appaloosa recyclés en tapis de sol…
Le moment était propice à l’envolée du tribun car tous avaient la bouche pleine et l’estomac vide… Yépa se tenait debout entre Gottfried et Josef… elle le regardait comme le fit la Vierge en son temps lorsqu’au Golgotha elle était venue gémir à sa passion et son élan vers les cieux du Père…
« Eh militaire ! qu’est-ce qui t’a pris, lorsque tu t’es arrêté devant mon école… tu étais en panne… tu ne pouvais pas franchir la foule… tu avais un ticket avec Hissa LUNA… ou tu voulais qu’on admire ton costume ?
« C’est une bonne question ! » m’entendis-je répondre.
« Alors je vais te la révéler ! L’étrange… t’interpella… je dis bien l’étrange… car je respire ce parfum d’ailleurs que l’on ne trouve nulle part…
« Sans doute ! » admis-je en regardant les deux Frankfurter fumantes que Yépa venait de me servir qu’encadraient trois Kartoffeln et une cuillère de raifort… fort…
« L’étrange n’est pas seulement un maquillage que tente de construire les tactiques de marketing merchandising advertising buzz et autres benchmarking… c’est du décor… ici, dans cet espace vous avez la quintessence du mixage grégaire… qui…
« J’ai huit ans ! » Dit Greta
« J’ai tout aussi huit ans ! Souffla Magda
« L’étiage de ma compassion est largement atteint les filles ! »
« Y’a-t-il encore du Strudel ? »
« Je veux du Strudel ! »
« Avec les pommes que l’on cultive… » Gottfried levait la tête, son énorme assiette était presque vide.
« C’est mon arrière-grand-père qui avait apporté les graines de ces pommiers, c’est des Boskoop… on récolte pendant cinq mois… déclara Gottfried.
« J’en veux !
« J’en veux !
« Observe homme blanc… où est tombé ce peuple essentiellement préoccupé par ses élans gastriques, alors qu’il devrait se nourrir de la rationalité métaphysique de notre passage sur terre… » Prédiqua Josef.
Les jumelles satisfaites glissèrent d’un seul mouvement et s’enfuirent en courant… on entendit une cavalcade des sabots dans les escaliers de bois conduisant aux chambres du premier étage…
Gottfried levait la tête pour délivrer une information…
« C’est Gottfried qui a construit les escaliers ! » intervint précautionneusement Josef dont le but était de couper l’élan du Vater, car ayant terminé son Strudel, il allait poursuivre la description de la construction de la chaumière… or, c’est précisément sur ce terrain métaphorique que Josef s’était engagé… on s’en souvient lorsqu’il posa son questionnaire au militaire… pourtant avant de s’engager dans cette voie il fit un court préambule… de rappel…
« L’étrange est étrange car tu ne peux discerner pourquoi il a cette caractéristique… l’étrange, est une émanation composite d’éléments disparates.
La source de cette étrangeté réside dans ses origines, les strates de cultures et d’individus se mélangent au fil des temps, alors émerge ce substrat… celui-là même qui t’a arrêté devant l’école où je vaporisai ma harangue.
Composite est le terme…
« Souvent, je ne comprends pas un mot de ce qu’il dit ! » murmura Gottfried pendant la seconde de silence que Josef avait observée pour bien marquer son propos…
« Mais c’est beau !! » fut la première parole de Yépa… qui couvait son Josef du regard.
Composite donc…
Ici, dans le coin de ce pays… la Pennsylvanie… sais-tu, à présent, combien de litres de sang germain transitèrent pour procréer… plus de 3 millions… 25% de la population est génétiquement porteuse du sang germain… des techniques germaines… des cultures germaines…
« Oh il n’y pas que ça ! » suggéra Gottfried…
« Tout est germain ici… ! »
Donc germanique !
Je portais mon regard sur Yépa, l’Indienne dont le regard s’illuminait des élans oratoires joséfiens
« J’y venais… ! »
« Oui mais les outils… c’est nous qu’on les a apportés… ceux des arrière-grands-pères, ils servent encore… parce qu’ils étaient tip-top… modernes et ils servent encore parce que nous… on jette rien… je vais vous faire voir tout ce qu’on a stocké depuis presque cent cinquante-trois ans dans les réserves… on sait jamais… ça peut servir… ça servira…
« Vater ! L’homme blanc se nourrit aussi et surtout de concepts… je t’ai souvent expliqué ce que l’on entend par cette notion… ! »
« Ich glaube nicht ! » je crois pas… Proféra Gottfried en secouant la tête… et à partir de ce moment, il sombra dans le sommeil profond… des moments digestifs.
Les Indiens sur les peaux de bêtes, dormaient depuis longtemps déjà… seul un vieux Algonquin perdu au fond d’un transat tirait sur sa pipe et branlant parfois la tête comme pour ponctuer une étape de méditation qu’il était en train de réaliser sur son Appaloosa dans les steppes à la poursuite des bisons… disparus.
« Or, homme blanc…
Que vis-je ?… ce sang pur… originel… il s’est perverti aux techniques mercantiles du consumérisme galopant… nous avons perdu la foi et le sens de l’histoire… nous baignons dans une gadoue… l’appât du gain… nous sommes passés du Lumpenvolk… au Lumpenbourgeois… pour devenir des Lumpen-notaires-notables gros et gras… nous avons oublié le sens profond de l’aspiration des anciens… leurs sagesses… leurs élans humanistes qui les avaient vus quitter le Vaterland pour l’Eldorado-Land… et sombrer dans l’égoïsme bouffi…
Or, je suis là pour régénérer ce passé…
C’était le sens du souffle étrange que tu entendis Homme Blanc ! »
J’étais scotché en bout du Eckbank…
« Car, moi, j’ai été vivifié par le sang Algonquin… de ma mère la sublime Yépa, fruit de sa lignée qui rayonna sur ces terres du Nord ! »

Yépa ne bougeait pas ne mangeait pas… elle était mince Yépa… c’était la vieille squaw qui enlevait les plats vides assiettes vides corbeille de pain vides bouteilles vides… elle portait le tout dans l’immense bac équipé d’un robinet d’eau… elle versait un énorme chaudron d’eau chaude qui produisit une vague de buée… graillonneuse.
« En plus, il est encore en école primaire ! » émergea la voix de Gottfried revenu de son somme…
« Effectivement… c’est étrange ! »
« Le ver est dans le fruit ! » reprit Josef sans doute à propos d’une réflexion qu’il venait de saisir dans les espaces stratosphériques…
« J’ai pris la voie d’un grand Ancien… Jérémie… celui-là même qui est répertorié second prophète de l’Ancien Testament… cet homme est un exemple qui a fustigé ses pères mères oncles cousins collatéraux, la tribu en somme et Dieu lui-même… il n’eut jamais de femme… trop occupé à changer la nature des hommes eux aussi devenus gros et gras dans le confort des positions de notables devenus.
Tu vois, depuis la nuit sombre des temps passés, c’est toujours le même refrain… en l’espace de quatre générations, le traine-savate passe de l’état de quidam dans sa totale nudité à pontife bardé de médailles d’honneurs et autres Rotary rotifiant… là il devient sourd aux états des autres quidams… restés.
Ça me navre !
Alors j’ai décidé que je serai prophète…
Tel Jérémie… qui a dit :

« Je vais les fondre et les examiner.
Ah ! Comme je vais intervenir face à la méchanceté de mon peuple !
Flèche meurtrière que sa langue !
Il profère la tromperie, des lèvres, on offre la paix à son compagnon…
Mais dans le cœur on lui prépare un guet-apens.
Ne dois-je pas sévir contre eux ?
– oracle du Seigneur.
Ne dois-je pas me venger d’une nation de cette espèce ? »

« Je sais pas comment il fait pour se souvenir de tout ça… par cœur, le livre… c’est de qui ? »
« Jérémie ! »
Et Josef… partit dans un monologue aussi complexe qu’annexe suscitant des réflexes connexes qui laissèrent le colon perplexe sans accent circonflexe… jusqu’au thème convexe du sexe…
« Qui procure des mouvements rétroflexes… ! » soupira Josef… dans une sorte d’extase…
« Car, il y a Franziska ! »
« Homme blanc ! » vint me dire Yépa… on t’a préparé un lit… dans la chambre d’amis… va te reposer… ton cheval dort aussi… il te donne quitus pour cette nuit chez nous ! »
C’est ainsi que je fis la connaissance des chambres de l’hacienda des Schmitt, je quittai la grande salle de réception, guidé par un Indien… muni d’une lampe de poche… au moment où je sortis… Josef méditait sur son manu-script
« Va en paix ! Dit-il. Les Tortues Blondes veillent sur toi ! »
En ce temps-là, j’ignorais le sens de cette Déesse Protectrice, il m’aura fallu des lunes pour en comprendre la clé… celle de ce soir-là était pleine et illuminait ma couche… sur laquelle je m’effondrai sans aucun rêve… à part cette pensée attendri pour mon cheval hongre qui piaffait à côté des pouliches appaloosa… en grande tendresse… inassouvie.
« Lecteurs ne vous assoupissez point, vous aussi, car si vous voulez savoir la suite, il faut vous coltiner le laïus du gradé grabataire du cœur… temporaire mais non permanent pour la suite car ç’ut était triste… il causait l’officier… ben mon colon ! Aussi je vous invite à écouter ses révélations… surtout celles concernant sa rencontre avec Franziska… nœud, si j’ose dire, de toute la problématique… » 

                                                   Et c’est ainsi que murmurent les tortues blondes

                                                                       Gentilés  
                                                                       Si le voulez bien
                                                                       Lisez suite jour prochain
… vous pouvez aussi charger le lien des éditions Alain Iametti sur votre moteur de recherche : https://www.editionsalainiametti.com/
vous trouverez les opus édités…
                                                                                      L’Ange Boufaréu

Lorsque 18 : Révélation précède 19 : Résurrection… Take care!

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Josef in the cloud…

18… révélation…  


… Halte !
Ordonna le planton à la porte du quartier des Marines US lorsque Josef revint le matin du lendemain qui avait vu l’ombre quitter l’US-Land.
Josef savait que ce commandement ne lui était pas adressé, car peut-on arrêter une ombre ?
Il poursuivit son chemin pendant qu’un livreur de légumes était éconduit… un espion russe en camouflage paysan, sans doute.
Josef-Jérémie traversa la place d’armes, incognito salua les étendards, il avait le temps. Il croisa les joggeurs qui s’époumonaient, ils ne le virent point. Il atteint sans heurt la porte du bunker.
En son absence, l’édifice Top-secret s’était tenu en règle, il pianota pour composer son code, la porte s’ouvrit.
Il monta, rencontra plusieurs huiles, aspirants qui aspiraient toujours, factotums qui factotaient… là dans le couloir, il avançait avec prudence…
Au fond devant sa porte… les mêmes MP montaient la garde.
L’un, toujours assis sur sa chaise, contre le mur, en appui sur les deux pieds arrière, lisait un nouveau comic’s-book dans lequel un US boy armé d’une seule pétoire… pétaradait dans tous les coins pour occire les méchants russes vis-à-vis…
Josef nota les deux piles de BD de chaque côté de la chaise qui s’élevaient d’un bon demi-mètre en attente de lecture.
L’autre s’excitait toujours sur son cosmic’s-phone… à l’arrière-plan du décor s’entassaient des corps dissouts noyés dans les fumées d’un canonnage d’artillerie lourde…
Ça sentait le Wrigley’s-ananas-chocolat-menthe…
Josef-Jérémie franchit l’obstacle à pas d’ombre, s’inclina devant son sésame qui glouglouta les cinq notes himalayennes, la porte s’ouvrit au son des tubes tintinnabulants… laissant les MP de marbre… seul Josef pouvait entendre.
Il revenait chez lui… aussitôt, il se projeta pour inspecter l’alignement règlementaire de ses dictionnaires, glossaires, thésaurus, nomenclatures, encomium…
L’ordre régnait, les langues n’avaient point transhumé.
À cet instant on frappa à la porte…
… !
Il est inutile de rappeler le processus d’ouverture de l’huis, sachons seulement qu’à l’ouverture, le maître d’hôtel impatient grinçait des dents, pour quelle raison… allez savoir ?
… votre breakfast sir !
… allez en paix mon fils !
Ce qu’il fit.
Alors… Josef… noua sa serviette autour du cou et scalpa d’un geste Algonquin son œuf à la coque… qui est le début de la méditation du matin. Ce thème fera l’objet d’un chapitre dans lequel on exposera en détail toute la liturgie d’un authentique prophète décalottant un œuf… extra frais.
Mais à présent, l’œuf étant sécable, il fallait lui faire la peau… de ses coquilles toilettées.
Requinqué… car tout prophète a besoin d’énergie pour « être »… douché, relingé, astiqué… le voilà devant l’huis… qui glougloute…
La porte s’ouvre, il surprend les deux MP… à sa vue… le premier honteux se fracasse sur le sol au milieu de ses comics… l’autre cavale des pouces sur le clavier, lève la tête… découvre l’ombre… être devenue… et tous les deux se figent en un g’ar’d’à’v’  olympien…
En colonne, le trio part vers le sous-sol du bunker…
Chemin faisant, bis repetita, ils rencontrent des huiles qui saluent, des aspirants qui se figent de respects, des factotums qui s’affairent… la délégation parvint devant l’huis secrète… la porte en somme…
… !
Josef franchit seul le seuil du cénacle… secret… top secret…
Même lieu, ter repetita… même décors, même pensum… quoi que…
… j’avais illico remarqué la modification des attitudes, les 7 étaient devenus d’une douceur angélique… une pâte de guimauve moelleuse… je le précisais aussitôt dans le second opus de mon manu-script par une paperolle parfaitement ajustée.
Nous allions aborder enfin, le point essentiel de la compétence d’un décrypteur devenu prophète en instance de liberté… Josef n’était pas dupe, il savait.
Nous sommes en phase !… commença l’orateur central et sommet de la pyramide… néanmoins, nous sommes confrontés à de nouveaux problèmes…
je ricanais intérieurement… mais je ne laissai rien paraître !
Nous n’avons pas encore réussi à pénétrer la quintessence du concept… peut-être, auriez-vous cette compétence !
Ajouta-t-il… la tension était palpable… je sais on l’a déjà dit… mais c’est d’un tel lieu commun « crétin » !
j’avais bien noté l’hésitation qui accablait ce pauvre homme quant à qualifier cette valeur que je possédais… mais il n’était pas question que je céda à leur demande… je laissais mijoter à petit feux…
Car, je dois vous le dire… après votre départ… nous ne pourrons plus décoder ce qui nous arrive des quatre coins du monde. Les messages les plus complexes signent : « Et depuis… s’interrogent toujours les Tortues Blondes ! »
… c’est logique ! dis-je.
On entendit voler une mouche… of course, ce qui prouve que le ménage était mal fait… c’est justement ce que pensait Josef lorsqu’il réécoutait les bandes enregistrées ici… quantité de mouches sur le micro faisaient leur toilette ou forniquaient dur ! dur !… situation révélatrice du laisser-aller de ce bunker… il supputait parfois que l’enregistré avait voulu masquer sa voix, la mouche délirante sur le micro l’obligeait à réécouter plusieurs fois le passage… à moins que…
… je vais vous dire !
Et je le dis…
… vous faites référence dans vos interrogations sémantiques à un terme que notre jargon pourrait être identifié par l’expression « fuite » qui se traduit généralement par leak… la plupart du temps ce terme est utilisé par les marins… ne sommes-nous point des matelots sur un navire arrimé ?… si je poursuis l’analyse… je rapproche à l’inverse de l’inadvertance ce verbe et ce substantif… et j’obtiens : fuite dans le navire… autrement dit le navire coule !
… et nous sommes dedans…
Stupeur et sirop aigreur-doux japonais… mouvement de panique…
… j’ajouterais dis-je qu’en langage crypté le terme pourrait être « Somebody-leak »
Révélation… tragique…
… quelqu’un fuite !
… C’est génial dit le sommet du tétraèdre…
… Oui, mais qui ? Chuchota l’extérieur droit ?
Silence… alors, ils se suspectèrent… la tension devenait intenable…
Une mouche bombina aussitôt le vers d’Arthur…
… Ah non ! gémit le tétrarque, encore un hexagonal, ça suffit avec le François et ses quatrains, on a aussi les Tortues Blondes… approuvé par le premier situé à la droite du sommet… et en plus qui est ce « Casque d’Or »…
… oui mais, si c’était lui le « Somebody-leak » ? Susurrai-je ? N’est-il point codé ce vers ?
« A, noir corset velu des mouches éclatantes, qui bombinent autour des puanteurs cruelles… »
… n’est-ce point la situation que nous vivons… ici… et maintenant ?
Alors, le troisième en partant de l’extérieur vers le centre s’éveilla, il avait le grade le plus bas de la hiérarchie présente… il était donc en mission commandée par un aréopage absent qui voulait savoir ce qui se disait au présent…
… j’observe… malgré le consensus partagé par tous, cet « entre-nous » qui lie nos ontologiques personnes… serait démasqué odieusement au grand vent… par ce « Somebody-leak »
Mais… enfin… le monde doit-il savoir quels sont ces modiques avantages ?
Que certains empruntent un torpilleur pour aller pêcher la morue en plein Pacifique ? Que des valises destinées aux caciques du coin se vident seules avant d’arriver à leurs destinataires ?
Que certains ergotent sur le voyage anodin d’un membre étoilé qui fit un saut de puce entre Washington et Berlin sur un jet de la navale pour réaliser sa nuit de noce dans la vieille Europe ?
Pourquoi donc diffuser le nom de l’organisateur de vente de véhicules usagés de l’US land dont la quête est nécessaire pour ses jubilés…
… !
L’inconnu… observa un silence lourd de mutisme…
… Nous vous le disons Josef-Schmitt Première-classe qui va retrouver les civils du côté de Pittsburgh… il serait temps de nous livrer le secret… des secrets… ces Tortues Blondes qui annoncent Casque d’Or sous des quatrains d’un vieux François…
… Nostradamus… sir !
… Ouais… qui est ce « Somebody-leak » ? quel est l’intérêt de jeter la fleur galonnée à la vindicte des peuples !
Derrière l’orateur fantassin, le second rang assassin approuvait…
… j’observe reprit l’ailier gauche enhardi par cet encouragement, que ce lieu même, réputé sain de micros… serait truffé d’indésirables !
… je sais coupa Josef… même les mouches occupent les lieux… certaines espionnent pour le compte de Moscou…
… mais alors… nos identités, nos vies, nos familles, nos coutumes, notre quotidien en somme… mis au jour chaque jour… exposé à la foule et aux mouches… l’impeachment nous guette…  messieurs !
… c’est tragique ! conclut le sommet du triangle isocèle… qui s’agitait.
… vous oubliez quelqu’un !
qui… hésita le cacique en tremblant.
Parker Barnaby
qu’a-t-il ?
infarctus dans l’exercice de ses fonctions… adepte du Nô… quasi épousailles avec le mimi-boy du grand théâtre de Tokyo… et… messieurs n’a-t-il point jadis rencontré à Moscou celui dont on parle pour devenir le nouveau sheriff… il aurait oublié… mais ce sont bien de révélations à faire à la ville et au monde…
Les sept étaient tétanisés…
… alors que décidez-vous ?
Ce fut l’ailier droit qui porta une talonnade, un coup final tel Brutus libérant César de sa vie qui l’encombrait…
… nous vous ordonnons de démasquer ce « Somebody-leak »
C’était un ordre… un ordre est un ordre… souvent il faut attendre le contre ordre… il ne vint pas.
… OK Sir ! Signifie acceptation de la mission… je vais de ce pas à l’hosto libérer Barnaby Parker… lui seul sait !
Le tétrarque immobile… entendit… ou plutôt sa seconde nature entendit… pendant que sa main s’abattait sur le tapis vert… écrasait la mouche en plein élan de fornication…
… coup double ! cria son bras droit…
Suivi d’un chorus… élogieux…
Pendant que Josef s’engageait dans la voie de l’excellence vers Parker Barnaby…

/…

19… résurrection

 

De l’importance du fracas de l’infarctus fractal pour atteindre l’illumination intérieure… que certains experts ont pu mesurer malgré la faible intensité du seul watt de la lampe de chevet… « Un petit Watt pour l’homme, mais une grande Waticination du prophète ! » ou quelque chose d’approchant… car Josef, n’avait pas encore totalement intégré sa nouvelle identité… la chrysalide gisait branlante sur les plumes du lit de l’hôpital de la garnison de Yokosuka et les conséquences qui suivirent…       

Josef venait de réintégrer le voisinage du colon…
« À te voilà enfin, toi, Josef, fils de Gottfried, enfant de Yépa… sur ta voie ! »
Barnaby avait beaucoup transgressé depuis l’esquive de Josef.
Il bouffait pour se consoler, il venait d’attaquer son second Triple-Cheese chaud, il avait demandé que l’on rajoutât quelques feuilles de laitue…
« Alors voilà pourquoi j’ai demandé ces laitues ! »
Depuis huit jours il entendait Josef héler les Tortues Blondes… tout s’explique… même l’inexplicable… si bien que les cuisiniers avaient rajouté trois feuilles de laitue entre les trois steaks et le trois cheddar… pour nourrir les Tortues Blondes, une nouvelle recette qu’il comptait bien prochainement vendre aux restos… en manque d’idées… mais pas en manque de ketchup.
Et le colon rassuré, poursuivit son mâchon… sachant que l’égrotant émettrait bien encore quelques sublimes homélies.
Et soudain… Jérémie causa…
« Ton ketchup est pourri, il n’est même pas au curry! »
Le colon… resta muet… la bouche pleine, il se grouillait de terminer la dernière moitié craignant que l’éclopé n’arrive gaillard lui piquer son pain.
« Bouffe tranquille coco… ce n’est point ta chère qui passionne mes élans mais la passion de mes messages futurs… que je compose ! Homme de peu de foi… ivre de ketchup et de chair bovine… pouah »
Si l’on ouvre la page du manu-script de Josef à cette époque, on trouvera avec intérêt l’alchimie qui féconda l’impotent harnaché.
Songeons néanmoins que cette chute venait de clore un cycle. Après la période Hissalunesque de ses premières années qu’il avait qualifiée d’époque rouge où la voie s’était fondue dans le ciel couchant permanent sanglant… vint la période bleue qu’il vécut à l’université, cette phase où la voie embryonnaire se superposait aux yeux de Franziska et à ses élans de passionaria slave. Cet intervalle avait été chaotique… un summum de passion platon-nique… Franziska occupait totalement la voie qu’elle avait conquise… il en avait été complice à son corps défendant largement consentant…
La troisième phase prit le relai de sa seconde chaotique celle où il était dans la confusion des sens… période où le violet commençait à poindre… un projet de sacerdoce à West Point… dont il devint cadet… la pourpre l’emportait, la poupe aussi… sur le croiseur Liberty qui filait quatorze nœuds… marins bien sûr…  « Around The world »
Au début, il fut affecté à des zones désaffectées… terrains d’expériences sans conséquence. Puis, libéré des affects qui infectaient ses muqueuses… les affectations en croissance lourdes se multiplièrent, il vécut à Berlin, puis Paris, pour atterrir dans une colonie récemment conquise… le Kirghizistan à Manas exactement, un trou cosmopolite où vivaient aussi des Espagnols et des Français… armées d’opérettes… que les chefs utilisaient pour des tâches de tâcherons… ils étaient payés en monnaies de singe, notre universel $ que le monde nous envie. Puis, un jour le très haut commandement l’envoya dans une île qu’éclairait à peine un volcan : la Sicile et sa base aérienne : la Sigonella… jusqu’à ce qu’un nouvel ordre le missionne à Moscou… enfin…
Là il put faire état de toutes ses qualités de traducteur multi lingues… car une grande quantité de document transitaient en Innu-aimu, langue Algonquin de la glorieuse Yépa sa mère.
Pourquoi ces messages furent codés en langue Algonquin… nul ne le sait… d’ailleurs la hiérarchie décréta que ce point était inutile à caractériser puisque l’Unité possédait un traducteur ad hoc.
Pourtant, un vent de révolte souffla dans les sphères des soviets qui venaient d’être découvertes grâce à la compétence du matelot. Eux qui avaient formé des cohortes de spécialiste en Innu-aimun voyaient d’un seul coup d’un seul s’effondrer cette longueur d’avance qu’était cette arme secrète.
S’en était trop pour le Soviet.
Lors d’une négociation secrète, au restaurant KFC, l’US-Land accepta la mise à l’écart périphérique du traducteur ubiquitaire… il partit pour Beijing.
Était-ce une promotion ? Il serait difficile de l’affirmer… car son travail consistait à « éplucher les patates » nom de code pour… traduire les dépêches en langue russe…
C’est là qu’il testa après plusieurs essais infructueux ses liaisons stratosphériques avec la lointaine Franziska.
Cette période prit un nom « Sturm der Liebe ! » que l’on pourrait traduire par tempête de l’amour… l’amour russe à Beijing bien sûr… mais il ne faudrait pas se méprendre sur cette traduction qui est seulement littérale… elle ne tient pas compte du fameux : « Sturm und Drang » ce titrage des Lumières de l’Aufklärung germain Warum nicht ?…
Mais la Cité Interdite édicta son interdiction… deux ans trois mois et six jours après son arrivée… Josef fut exfiltré à Yokosuka…
Depuis, il progresse sur la voie…
Il y va…
« Chut ! » dit TAKAGI Akio à l’attention du colonel qui dégustrotait bruyamment son gobelet de coca…
« Qui c’est’y celui-là ! » éructa le colon.
Akio était entré dans l’hôpital sécurisé en franchissant sans encombre la colonne composée de deux Jeeps encadrant une ambulance qui attendaient toujours depuis deux semaines la fin de la visite du GI Josef pour le reconduire au bunker… Akio constata qu’ils se desséchaient à tel point qu’ils ne virent point l’ombre furtive chaussée de semelles de cordes de chanvre tressé créatrices de silence absolu… À l’entrée, au poste de police, il avait livré le mot de passe et il fut ainsi délivré de l’impossibilité à entrer dans l’enceinte…
« Révérend », dit-il… fut le sésame spatial…
« Ne le réveillez point puisque je veille ! »
Quatre jours durant Akio arrivait tous les matins et repartait tous les soirs en adoptant la technique décrite plus haut, chaque matin il passait devant la colonne et ses fantassins équipés d’US-M1 pour vieux perdreaux… et le soir ils étaient encore un peu plus ratatinés… quelle tristesse, mais quelle abnégation, quelle discipline que d’accomplir au péril de sa vie l’ordre donné…
Ce matin-là… Akio se fit la remarque qu’il faudrait bien agir… mais sur quoi… il ne savait pas…
Venu sans bruit sur ses savates d’ombre et de chanvre… il pensait interpeller le colon…
« Rien à foutre » parvint à dire le transplanté en terminant son septième muffin…
Alors… Akio… murmura à l’oreille de Josef perdu au fond de son coma profond… sa supplique…
« Bouge-toi le cul… Josef… y a des mecs qui t’attendent pour aller pisser ! »
Et ce fut le nouveau et authentique miracle que recense l’histoire de Josef-Jérémie… il s’ébroua, jeta la main sur le téléphone, composa le code, et avec cette autorité que le monde lui connaît ordonna ce message codé :
« Josef se pose… Jérémie impose… le Prophète dispose… au bercail ! »
Et comme par enchantement, une estafette, sorte d’Hermès des Dieux se posa,  relaya le sermon… ce fut un miracle que tout Yokosuka apprit au moment où il se produit :
« Un thaumaturge était né ! »
« Putain dit le colon… un première classe même pas passé dans le cours des généraux à l’école de guerre qui devient célèbre après un coup de fil… ! »
Il reprit trois muffins.
« C’est pas juste ! » s’ébroua le gradé… des miettes de muffins parsemaient son dodo…
Vous vous souvenez sans doute que nous avions ouvert le manu-script du mutant… or, le document était resté ouvert, sans être lu… illustrant entre autre le fameux vers célèbre « les livres s’ouvrent seuls aux pages souvent lues » que Josef avait mémorisé en version vraie… souvent, il se récitait les moments pathétiques de Cyrano… un prophète qui avait beaucoup déteint sur Jérémie-Josef… le vers était tiré de l’Aiglon… le fils du Petit Tondu…
Lisons mes frères le texte de Jérémie réincarné.
« Je fus illuminé par un noir total…  était-ce la cause de l’injonction « Josef ! Fils de Gottfried, enfant de Yépa… lève-toi et marche sur ta voie ! »… l’effet conjugué de l’ouverture des ventaux de la baie vitrée qui avait permis aux souffles du large de régénérer les muqueuses assoupies… ou bien l’art consommé du colon à me jouer sa comédie de sa fin prochaine…
Allez savoir…
Car moi je ne sus…
Sauf que ces épaisses ténèbres illuminaient ma vision d’un éclat stratosphérique… soudain m’apparut en une fraction de nanoseconde… tout le film de ma vie et sa promesse future… mes géniteurs étaient présents à côté de moi… Rosalie ronronnait grâce aux soins de Gottfried, et le Vater en bleu de chauffe se glissait sous les quatre roues du carrosse pendant que Yépa… oh ! Yépa l’Indienne Algonquin qui vénérait un grand sachem Germain nommé Saint Boniface… dont les exvotos tapissaient les deux grands murs au-dessus du Eckbank du grand séjour… le byzantin qui m’avait conduit sur les fonts baptismaux jeta :
« Qu’as-tu fait de tes talents ? »
C’est à cet instant que le fracas me fracassa… je vivais de médiocrité alors que j’avais entrevu la dimension spatiale de la parole vraie que Jérémie devait semer urbi et orbi… j’avais bradé mes pouvoirs à Mammon…
Alors vint à mes neurones la célèbre parole d’un quidam, percepteur des impôts… lequel servit le Paraclet dix siècles après que je me retire en Égypte pour méditer… un certain Matthieu qui formula la formule formidable :
« Aucun homme ne peut servir deux maîtres : car toujours il haïra l’un et aimera l’autre. On ne peut servir à la fois Dieu et Mammon. »
Qu’illustrait Gottfried lorsque sous le châssis… je devais toutes affaires cessantes lui passer la clé de douze pour vidanger Rosalie… alors que j’étais en train de composer mes sermons… ce qui me conduisit souvent à exprimer mes bougonneries que l’on nomma plus tard « mes jérémiades »… Gottfried, pourtant n’avait pas lu le prophète Jérémie… étrange.
Donc au cours de cette illumination par les ténèbres, le temps déroula devant moi tous ces instants qui me détournaient de ma voie… Franziska avait disparu…
« On ne peut servir Dieu et Mammon… »
La diablesse… elle aussi m’avait phagocyté pendant tout mon périple dans les campus précédent mon entrée à West Point chez les cadets…
Puis mes transhumances de base en base où je perdis toutes mes bases…
Hélas… que de temps perdu !
Alors, je m’installais dans ce camp léthargique… à ma droite la comète privée d’étoile échouée sur ses états de service… à ma gauche Akio qui voulait rivaliser de compassion avec Jérémie… Akio, un peu simplet… autochtone hélas dépourvu de structure structurante de l’US-Land… mais qui possédait un bon fonds pour son âge et ses origines d’indigène primaire…
Je me souvins de cet instant où il me suggéra de réaliser mon premier miracle…
C’est ainsi que je découvris mon égoïsme abyssal… de l’avoir laissé en plan et rataplan plan… bref oublié que la colonne m’avait conduit du bunker à ce lieu… devant lequel elle attendait l’ordre de s’en revenir au bercail. Akio observait chaque jour la progression des mousses vertes qui colonisaient les choses, êtres, armes et même les pensées devenaient verdâtres sur le dessèchement des formes… alors mon sang ne fit qu’un tour, les appareils clignotèrent, les électrons tintinnabulèrent, les écrans s’illuminèrent, eux aussi… inondé de compassion de miséricorde d’indulgence, je sermonnais les structures d’une voix de ténor… un prédicat très fort… et soudain les êtres immobiles pétrifiés dans les irrésolutions des logiques reprirent vie et s’en revinrent benoitement dans leurs pénates…
Akio était émerveillé…
Le colon éructa sa glose… « Il m’a volé mon étoile avec un simple coup de fil ! » Alors qu’il attendait depuis presque un siècle de service dans l’US Army Land de pouvoir cueillir sa breloque. Le sort est cruel, celui qui ne récompense point le bénéfice de ce servage… illustrant ainsi que le génie est une bien longue patience qui, lorsqu’elle n’est point récompensée, vire alors en un honteux et stérile pantouflage…
Libéré de ce miracle… puisqu’il était accompli… je devins un gisant qui gisait, selon la formule : présent couché… mais conscient…
Akio franchit la position d’aide-de-camp temporaire à aide-de-camp… à vie.
Le colon qui m’avait vu, jadis à l’école de Hissa LUNA… commença à délirer autour des hamburgers des muffins au coca…
Quant à moi, je ne rêvais que d’un curry-wurst… il me ramenait au grand galop pavlovien proustien à la genèse de mes origines… car tout devenir futur part d’un fondement ancien qu’il faut identifier…
Gottfried nommait les racines de ce concept curieux du qualificatif Wurzelsep qu’il faut analyser…
Étudions cette construction… sémantique :
Josef… devient Sep pour diminutif… Wurzel pour racines… le tout devient Wurzelsep : racines de Josef… au second degré, le concept Wurzelsep a une forte connotation archaïquo-ironique…
Sa représentation physique se trouve tels ces petits nains noueux en céramique chapeautés d’un calot rouge qui peuplent les jardins de la Germany du Sud…
Je me laissais dériver dans ce passé présent prochain malgré les sermons des hommes en blanc qui venaient vidanger mes débordements collatéraux, supputant quant à mon futur de prophète qui d’après eux semblait fortement compromis.
Or, l’espoir fait vivre… le mien était plutôt de revivre… la passion de Jérémie.
Largement au-dessus de moi, mais non loin, la noosphère jactait lorsque mon miracle fut connu… les gazettes intra-muros résonnaient… les Shimbun locaux de Yokosuka titraient :
« Un prophète nous est né ! » le temps, pourvoyeur de hasards faisait son œuvre…
Alors, je me fluidifiai à penser mon fondamental message…
Je m’encoconnai dans la 369 tel un légume égrotant revenu à côté d’un rotant colon traité aux hamburgers muffin coca… fracassé par la perte de son étoile…
Akio sur ma descente de lit pionçait d’un œil, car l’autre guettait… n’est-ce point le rôle d’un aide-de-camp ?
Je me mis en veille…
Une Tortue Blonde vint à mon chevet… elle murmura… en soupirant :
« Josef… Lève ton cul ! »
« Observez le sens induit de la voix de la Tortue Blonde… qui ne serait en quelque sorte que l’écho de la conscience… cette science… des êtres… qui… que… semble tyranniser le Josef à devenir ce qu’il est… le Jérémie revenu. »  

                                                     Et c’est ainsi que murmurent les tortues blondes

                                                                       Gentilés  
                                                                       Si le voulez bien
                                                                       Lisez suite jour prochain
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                                                                                      L’Ange Boufaréu

    

 

 

 

 

Josef en sycophante vêtu… explore l’espace Japonais…

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17… maître…  

… ainsi, il nous fut révélé ce total pouvoir totalement totalisant aux totales compétences illimitées… quasi bibliques de Josef… il parle quinze langues plus une douzaine en développement… il était décodeur autant que déconneur… la Russie nous l’enviait… c’était le but des quatre Russes… ils avaient élu une table mitoyenne… ils l’espionnait… les pleurs de la femme et les diamants… n’étaient qu’une ruse de Russe… mais chut !
« Do not dévoiler » cette information aux grands vents de l’histoire des relations entre l’Ouest merveilleux et l’Est grenouilleux…
«  Entrez ! »
L’huis s’effaça après les deux minutes des cinq notes en arpèges du chant bouddhique que Josef avait élu comme sésame.
Les deux MP sécuritaires entrèrent, ils encadraient un maître de rang d’un hôtel étoilé, il poussait, en gants blancs, un chariot, le repas du codeur consigné.
Pendant que les services servaient, Josef observait à distance pour conserver son ontologique nature… elle ne restera guère dans cet antre clos… pensait-il.
Ils sortirent…
Le glouglou les musiques les clochettes tintèrent puis se turent, laissant le sâdhu à sa méditation… devant son clavier. Il pouvait se passer du keyboard, en surfant sur son aura pour atteindre les hauteurs stratosphériques de l’espace et du temps… il n’en fit rien et ouvrit son manu-script-bio.
« Ils affirmaient que nous étions entre nous, sans enregistreurs ? Ah ! Elle est bien bonne ! Un maître-espion sait, se prémunit, se prépare sans cesse… tel Sun Zi qui préconise « Faire du bruit au Sud si tu veux attaquer à l’Est ! » Or, le bruit à l’Est est celui de l’ours-soviétique, il doit d’abord être stocké afin de pouvoir être utilisé… second précepte de Sun Zi « Lorsque l’ennemi est uni, divisez-le ! » Enfin, l’arme la plus redoutable entre toutes… « Introduisez le doute dans son esprit ! »
Puis…
Sachant que l’attaque est le moyen le plus efficace de vaincre pendant que l’adversaire imagine son ennemi vaincu, Josef tapota son clavier…
Il adressa aux sept gradés supérieurs de l’aréopage qui l’avait accueilli ce matin un texte court, mais fort bien conçu.
Chaque message était un modèle codé de composition personnelle, l’architecture des sept textes était identique…
En un, il révélait des faits très banals, sur la vie très intime des alcôves… le traducteur-décodeur savait sur chacun, ce que le public ignorait, technique de Sun Zi « Introduisez le doute dans son esprit ! »
En deux, il suggérait que le décodeur puisse quitter sa chambre pour enquêter en costume d’ombre vers ces Russes et la femme en pleurs… toujours selon Sun Zi « faire du bruit au Sud si tu veux attaquer à l’Est ! »
En trois, il donnait le mode d’emploi : Josef quittait sa cellule, passait devant les plantons, les gardiens, les services de sécurité… telle une ombre, invisible.
Il suffisait donc de prévenir ces gens afin qu’ils ne se trompent pas de cible sur les ombres…
À la réception du message… les sept se regardèrent… chacun serait démasqué si l’US-Land savait tout ce que Josef conservait de connaissances en réserve… l’horreur…
Que ces secrets soient dévoilés à la face du monde et la carrière s’effiloche, l’étoile se nanifie, la promotion se fait la belle… mais surtout l’honneur, le salaire… les fins de mois difficiles, rétrogradé… oh ! Mannes des ancêtres… etc.
Alors, comme un seul homme, les sept réponses œcuméniques surgirent par la force de l’électron libre…
« Mais bien sûr… ! »
« L’ombre est libre ! »
« Allez… Lou Ya !
Dès lors Josef put se substanter…
Or vous vous souvenez sans doute de cet espion dit « L’homme invisible » d’un auteur britannique… ne pouvait point manger avant de sortir, car s’il était invisible, le repas ingéré ne l’était point… il aurait été immédiatement repéré… pour un espion, la faute était rédhibitoire.
Josef avait de la ressource, il connaissait une poudre miracle qui rendait invisible tout ce qu’elle touchait, à tel point qu’il ne savait plus où elle était, ayant renversé quelques grains sur le couvercle de la fiole, elle avait disparu.
Il chercha longtemps… puis s’en détacha… pour aller choisir une chemise opaque qui masquerait ses agapes…
Il saisit sa biasse… émit le mot de passe secret, sésame de l’ouverture de l’huis… elle s’ouvrit après les deux minutes réglementaires d’un son indicatif qui glougloutait et tintinnabulait… il perçut des présences vivantes dans le couloir froid.
Le bunker était légèrement assoupi, il aiguisa ses sens à son affûtoir… Décacheta la sécurité de son sixième sens… ce fameux don d’ubiquité que le samouraï porte dans son dos… son google-earth-map en somme…
Sur le seuil, il fit un très léger pas en avant et l’huis se referma sur son monde qu’il laissa à la garde de ses artéfacts observateurs.
Il fit un second pas… les deux MP de garde ne réagirent point. L’un lisait un comic book dans lequel le shérif contre toute attente venait à bout d’une armée de bad boys avec un seul six coups… il occupait tout l’espace du couloir sur une chaise qu’il avait adossé contre le mur, elle n’était posée que sur les deux pieds arrière… l’autre MP était de l’autre côté de la porte debout contre le mur à asticoter son handy dans un jeu où un GI-US assailli par un escadron de bad russes en chaleur hurlant pétaradant montaient à l’assaut… à la fin le boy était décoré par le président of US-Land en personne et en tenue militaire… avec les cadavres fumants en arrière-plan panoramique.
Josef constata effectivement que les pouvoirs coalisés l’avaient transformé en ombre invisible, il enjamba les bottes de campagne du MP adopta le pas chaloupé propre à tout matelot sur le pont d’un navire, il gagna la sortie.
Point d’obstacles, il croisa des huiles, des factotums, des aspirants qui aspiraient à un devenir et parvint à la porte principale qui s’ouvrit, elle, sans passion.
Dehors, il faisait beau… le Prince Shotoku avait bien raison à l’époque, il y a quinze siècles de qualifier le Japon de « Pays du soleil levant » à son homologue Chinois… sauf qu’au moment où sa pensée s’illuminait à cette image, le soleil se couchait…
Josef traversa le stade où s’époumonaient des joggeurs, des joueurs de rugby… généralement, lorsqu’il apparaissait… tous les US sportifs le saluaient :
« Grüss Gott Révérend ! »
« OK Révérend ! »
« Ciao Révérend ! »
« Buenos Dias Révérend ! »
« 你好 Révérend ! »
Il suivait sa voie au milieu de ce monde tous l’ignorèrent… ce qui prouvait son parfait camouflage en silhouette d’ombre.
Il poursuivit guilleret en direction du poste de police, un trajet en diagonale sur la place d’armes… il se posa la question quant à savoir s’il devait faire une volte autour du drapeau qu’un salut devait honorer… n’ayant pas de réponse… il parvint à la grille principale qui était close… il se dirigea vers la porte pour personnes seules handicapés mal entendants individus en quête d’espace, passa au nez et à la barbe du planton…
Il était dehors…
Il se dirigea vers la station de taxis… il savait où il devait aller… il arriva devant un véhicule dans lequel dormait un chauffeur Japonais… il ne réagissait pas… bon sang mais c’est bien sûr se dit Josef, je suis une ombre, il ne me voit pas… je dois faire quelque chose de peu ordinaire… alors, il saisit un billet de cinquante dollars dans sa poche qu’il montra à l’endormi… lequel brusquement retrouva le sens des réalités… devant ce soleil de minuit…


Le taxi driver se précipite dehors en effectuant mille courbettes… ouvre la porte à l’US boy devenu visible grâce au billet vert…
Josef lance le nom d’un l’établissement, mais le chauffeur veut faire acte de contrition … il tente de réciter un mémorandum d’excuses que tout Japonais apprend dès l’âge de quatre ans… le cadre est identique il suffit de changer la circonstance… il parlait le dialecte US du bas Bronx new-yorkais où il vécut pendant vingt ans avant de venir se retirer au Japon…
… j’ai roulé toute la nuit… j’étais mort de fatigue… je me fracasse de douleur devant votre Honneur… lorsque je m’éveille, il me faut sept minutes pour percevoir ce qui m’entoure…
… 私はあなたを許します : Watashi wa anata o yurushimasu.
Ce qui en langage codé signifie « Je vous pardonne ! » susurra Josef.
Dès cet instant… le chauffeur ne cessa de l’observer à la dérobée tel le mouchard qui tente de dénicher l’ombre d’un espion… Josef n’en avait cure… le Taxi Driver n’était pas Russe… fortuitement, ils arrivèrent au temple.
« La nuit était tombée, tant pis pour elle, j’avais mieux à faire que de la ramasser… ! Force de la pensée inconsciente qui émerge ! Oracle de Josef. »
Écrivit-il à la lueur des étoiles, tant cette pensée l’avait illuminé. La porte du lieu était close, mais la force du concept verbal emportait tout obstacle… silencieusement, il avançait à pas d’ombre, il savait qu’Akio ne dormait pas… il était beaucoup trop tôt.
Il longea le mur d’enceinte… soudain ses sens en alertes perçurent un grattement, tel un objet griffu griffant griffeusement le gravier concassé de l’allée qui serpentait parallèlement à la grille de clôture… il était repéré. Alors le GI Josef appliqua à la lettre la règle dite : de l’ombre immobile… le griffeur eut une hésitation prouvant la preuve qu’il était observé…
L’US boy ne bougeait plus, il attendait rompu à des années d’exercices préparatoires pour devenir l’espion invisible inaudible aseptique afin que nul ne puisse l’intercepter… il était fort le matelot.
Soudain le grattouilleur cessa…
… c’est toi Josef ? Dit une voix basse… la tension était à son comble… une forme de basse tension, il restait peu de marge… avant la chute de tension…
… c’est une taupe ! pensa Josef…
… ou un sycophante !
… il en a tout le style, avec râteau de métal pour égaliser les graviers et me faire croire qu’il est cantonnier, quelle médiocre mise en scène, de plus, il contrefait la voix d’Akio !
Silence, l’esprit-gratteur s’éloignait, las sans doute, déjoué qu’il fut par les techniques de l’US boy expert ès arts de camouflage, enseigné à West Point.
Josef était tétanisé dans son attitude dite « du grand tronc d’arbre »… lorsqu’il vit Akio ouvrir la personal-porte flanquée à droite du grand torii, il s’avançait un râteau à la main vers Josef… posément, devant cette statue telle l’immobile de sel biblique il dit :
… tu t’es fait mal ?
Là, Josef sut qu’il avait déjoué un complot contre lui…
… parle plus bas… il y a des espions qui grattent le sol pour être incognito! Prudence !
Il se détendit à demi… tourna la tête vers le lieu où les gratouillis prospéraient… alors, rassuré, il détendit l’autre demi moitié.
… tu vois, Akio… c’est ça la force de la pensée… il m’a suffi de projeter ton nom sur la ionosphère espace de ce temple pour que tu apparaisses !
… ben je fais mon job ! confessa le Japonais.
… grâce à mon camouflage, ces fureteurs n’en eurent point pour leurs efforts… enfuis les cafards ! Pfffuit !
Le danger était hors de combat…
Les acolytes traversèrent le grand parc au moment où la cloche du temple indiquait le couvre-feu pour les moines.
Face à eux arrivait un être en costume vernaculaire authentiquement autochtone… Josef eut un haut-le-corps :
… attention ! Le camouflé !
… c’est le portier ! répondit Akio, tous les soirs, il fait à la même heure, le tour des ouvertures avec ses clés pour clore le temple !
Josef était habitué à ce type de règlement… tous les soirs, le clairon commandait aux hommes de se mettre au lit…  le poste de police installait ses sentinelles… au centre, le bunker veillait… l’empire démocratique concédait au reste du monde une part de sa puissance… que le monde nous envie !
… c’est ça ! ajouta Akio.
À Yokosuka, les natifs avaient tenté de reproduire le génie de l’US-Land dans le camouflage tels des Béotiens, un essai à tâtons, d’autant qu’à sa connaissance il n’y avait aucun camp retranché Nippon du côté de Pittsburgh ou même dans un port vers Long Beach ou Los Angeles… privé d’expériences, forcément la copie était inexistante… ici, des barbouzes grattaient les graviers…  il rajouta à ce tableau embryonnaire, l’absence de shops de pizza, boissons, kebab, hamburger, McSchmurz… tout était fermé.
Dans le camp retranché du GI, il était normal d’aller déguster de 6 heures du matin à 23 heures du soir tout ce que l’empire aime à consommer… Josef allait fréquemment déguster un curry-wurst… mais là, nada !
Peut-être que la direction voulait éviter que ne s’installent des espions, sous couvert de business… c’était une hypothèse… cette pratique avait été cernée par les autorités de Pennsylvanie où prospéraient une cours des miracles afghans, ritals, latinos, caucasiens, russes, turcs, Lumpenarbeiter migrants bouffeurs de kébab…
Akio… ouvrit une porte posa son outil, puis la referma… Josef nota un détail :
« la porte ne ferme pas à clé… voilà pourquoi le sycophante avait pu subtiliser un râteau… une diabolique technique… facile ! »
… allons chez moi ! proposa Akio.
Le concierge revenait…
« おやすみなさい »
Josef n’eut aucune peine à déchiffrer le code, il disait :
« Bonne nuit ! »
Ils répondirent dans le même registre crypté…
« C’est par là ! »
Le natif et son ombre US contournèrent le cellier à outils, ils arrivèrent devant un très joli coin de bâtiment que nuls ne put voir à cause de la nuit noire venue… mais cet espace respirait la beauté ontologique propre à une cellule de moine… un quatre par quatre… carré.
« Je ne suis pas moine… seulement cantonnier ! »
Ce sacerdoce cette humilité ce don de soi ravirent Josef, il retrouvait cette mimétique humilité zygote qui l’avait vu venir ici à Yokosuka, où il devait démocratiser ces peuples primaires…
Akio entra et invita son hôte à le suivre…
L’espace était peu spacieux… un seuil… à droite, un futon, à gauche un foutoir… au centre une table… derrière la table un coussin… à gauche un réchaud pour cuisiner… posé aux trois coins des Mizuko… les fameuses lampes éthérées japonaises en papier… que l’hôte Akio alluma…
« Assieds-toi mon frère ! Je vais te servir un bol de riz pour fêter ta venue ! »
« Quelle béatitude ! Je profite de ce moment pendant lequel Akio se consacre à la préparation du riz pour noter ma révélation… ici… Jérémie eût été dans un palace… lui qui a dit :
Qui me fournira au désert un gîte d’étape
Que je puisse quitter ce peuple et loin d’eux m’en aller ? »
« Mange mon frère ! »
« Je t’attends ! » répondit Jérémie.
Akio déroulait un second futon… l’espace était complet… assis en tailleur devant la table basse… Josef, le bol en main gauche, les baguettes en main droite… Akio, le bol en main droite, les baguettes en main gauche…
« Ce fut ma faute originelle dit Akio… je suis un hidarikiki ! … c’est-à-dire gaucher… la plus grande plaisanterie pour un Japonais qui mange son riz… est de lui demander :
« où fais-tu fabriquer tes baguettes pour gaucher ? »
« Le peuple est primaire et quelles furent les conséquences ? »
« Je ne sais toujours pas quoi répondre… d’original »
Énigmatique réponse qui provoqua à nouveau chez Josef une illumination soudaine… il lui semblait revivre des moments déjà vécus… mais oubliés… sans doute que le lieu saint était propice à ces émergences stratifiées de ces souvenirs antédiluviens… plutôt babylonien… selon Jérémie.
« Moi, dit Josef… fut le jour… où j’étais à l’école primaire de Pittsburgh… à l’âge de trois ans et six mois… parfois sept à douze peut-être plus ou moins, mais peu importe… un homme vint dans la classe… j’étais selon mon habitude dans mon espace personnel entouré de mes dictionnaires de russe, je lisais Dostoïevski… Hissa LUNA s’approcha avec l’inconnu… elle murmurait en tordant la bouche afin que ses propos soient dirigés ou plutôt canalisés vers son voisin pour ne point m’atteindre.
« … oui, un peu spécial ! » fut les derniers mots que je consentis à entendre…
Il regarda longuement mon campement puis sortit la platitude la plus plate qu’un adulte émet platement quand il est imbécile :
« Et que veux-tu faire plus tard mon petit ? »
Il fallait que je formule une réponse, là, en quelques secondes, sans réflexion… est-on préparé à cette situation alors que l’on vient juste de percevoir le premier rayon de l’espace-temps…
« Je serai prophète… russo-cyrilliquo-slave… »
Hissa LUNA, baissa la tête, laissa tomber un bras pendant que l’autre portait une main qui pointa un doigt sur sa tempe gauche, j’interprétai cette attitude comme un acte de soumission à l’inconnu…
Il resta muet…
D’admiration sans doute.
Il resta longtemps pensif…
« Mais pourquoi le russe ? »
« Facile ! Je vous l’accorde ! »
« Je ne pouvais laisser passer ce moment révélateur, il fallait que je le consigne dans mon grimoire… pourquoi le Russe ? Mais mon cher monsieur, parce que depuis des lustres ce peuple tente de nous dépraver, nous « réduire » en erreur, nous soustraire à l’évolution universelle, nous sommes les élus depuis le Mayflower. À preuve… là je regardais avec des yeux accusateurs Hissa LUNA… Franziska a disparu. Peut-on l’admettre ?
Qui est Franziska demanda négligemment l’homme de peu… une élève répondit Hissa LUNA…
Une élève… quelle honte ! Franziska Abracamovna est une muse, une fleur des steppes sibériennes, un elfe, une mouette de scribe… elle a été soustraite par des barbouzes bolcheviques…
Oui, mais, mon petit, ça ne correspond pas à ta réponse « Je serai prophète ! » qui est une affirmation bien curieuse pour un enfant de ton âge encore loin de l’horizon des ados…
La vérité n’a pas d’âge… fus-je obligé de lui rétorquer… d’autant que le prophète prophétise…
« Ah bon… et qu’aurais-tu anticipé… l’évolution des caramels mous ou la conquête planétaire de la console de jeu vidéo Culbuto-Scratch ? »
Cet homme était inculte, je me retirai de son jeu avec un dernier mot :
« En 87… monsieur, je vis la Chute du Mur de Berlin ! »
Silence… il était bouche bée… il se tourna vers Hissa LUNA…
« Ça lui faisait quel âge ? »
Elle compta sur ses doigts fardés, les petites poupées calligraphiée de chaque ongle s’agitèrent frénétiquement en s’y reprenant à plusieurs fois… ridicule…
« Plus ou moins dix ans ! »
« Effectivement, c’est un garçon précoce ! »
C’est tout ce qu’il put dire… un minable !
Ils repartirent, j’eus néanmoins le temps d’entendre la question que l’homme posa à Hissa LUNA… car je l’appris quelques heures plus tard… cet homme était un inspecteur militaire… en tournée d’inspection… il allait donc noter les agissements de Hissa LUNA… enfin… il se pencha vers elle et d’un regard suspicieux il demanda :
« C’est quoi le mur de Berlin ? »
Et là je découvris le niveau d’incompétences de Hissa LUNA, elle branla la tête :
«… je ne suis pas un Berliner ! »
L’apothéose de la nullité… c’est elle qui avait laissé les barbouzes entrer dans le sérail pour phagocyter ma merveille des nuits d’Orient.
J’étais privé de sa voix… tu comprends Akio ?
Akio comprenait parfaitement, à tel point qu’il avait laissé les Mizuko allumées pour illuminer sa pensée…
Akio sur son futon mémorisait les paroles forts peu futiles de Josef-Jérémie, lequel émetteur ronflait légèrement…
Alors… il se mit en veille… jusqu’au moment où le flot de rêves éveilla Akio…

« Que le lecteur veuille bien nous pardonner… ce texte semble un peu hermétique… forcément avec tous ces termes japonais… heureusement les Mizuko nous apportent la lumière… car vous avez compris, le Mizuko est une lampe. » 

                                              Et c’est ainsi que murmurent les tortues blondes

                                                                       Gentilés  
                                                                       Si le voulez bien
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Polices US et Japonaises… contre Akio et Josef… terrible!

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16… « あなたは自由です ! »

 

« Vous êtes libre ! : c’est la traduction du titre…  autrement dit Josef et Akio avant ce commandement n’étaient plus libres… c’est ce que nous allons voir, si vous le voulez bien ! »
Akio venait de passer un après-midi ajouté à une nuit dans une cellule du commissariat de police de Yokosuka. L’officier de police lui tendait ses papiers.
Il avait droit à une grande mansuétude de la part des autorités de son pays, il reçut même des égards… et quelques questions…
… que faites-vous avec ce natif US ? lui demanda-t-on radicalement.
Il conta en termes simples sa rencontre avec le matelot égaré.
Les officiers se regardaient tels que savent le faire les autorités japonaises, c’est-à-dire en silence et sans tourner ni la tête ni le regard, or Akio était Japonais… il savait.
Ce récit semblait trop simple à leurs yeux… à preuves : un GI, un US natif, un Marin’s expert en boussole et sextant ne se perd jamais… foi de police Japonaise.
Il devait donc y avoir un sous-message que la police voulait découvrir, d’autant que la suite de la confession d’Akio ne collait pas au scénario policier… qu’on en juge. Un GI US d’origine Germaine, d’une mère Indienne née au Québec, parlait le russe et recherchait sa muse Franziska qu’une dénommée Hissa LUNA lui avait volée…
… tu te fous de nous… toi ! Avait prononcé le policier en fronçant seulement le sourcil gauche.
… que nenni ! assura Akio…
Le second sourcil se contracta, signifiant qu’il y avait :
« Poisson sous roche ! » sous-entendu espionnage !
… vous voulez dire « Anguille sous roche ! »
Stupeur… on ne décode pas…
… le GI matelot cherchait aussi bijoux ?
… qué bijoux? Hasarda Akio.
Les trois officiers éclatèrent de rire, sans un geste, immobiles… seule la glotte glottait glottinant muettement… mais Akio savait qu’ils se gaussaient intérieurement…
… le sac ! laissa filtrer l’interrogateur…
… le sac… quel sac ?
Nouvel éclat de rire… mais crispé… sarcastique… indécelable pour n’importe quel péquin ou plutôt citoyen de la vieille Europe… mais Akio traduisait en regardant la racine des cheveux coupés court… quant au sac, il ne savait pas…
… un sac d’une française marque célèbre rempli de bijoux… concéda le cogne.
Akio tomba des nues, heureusement il était assis… il est vrai que devant trois officiers patibulaires on se sent un peu nu…
… alors pourquoi le matelot… a interpellé les Russes… il a émis une menace Sinon ma fureur jaillira comme un feu a-t-il proféré… ce propos a été rapporté par une geisha en embuscade…
… c’est Jérémie !
L’éclat de rire n’était plus aussi franc, il sentait le fiel, les trois maîtres de l’interrogatoire durcissaient le ton… toujours impassible… mais Akio savait.
… un complice ?
Akio alors se fit l’exégète de l’Ancien Testament qui était le berceau autant que la source des propos du matelot US germain échoué à Yokosuka, incarnation d’un prophète numéro deux dans la hiérarchie des prophètes…
… Josef est en quelque sorte une réincarnation du prophète Jérémie… ce guy vivait du côté de chez Swann… j’ai lu son manu-script bourré de paperolles… écrit, il y a six cents ans avant le fils de Marie… là un jour les Égyptiens sont arrivés… et Jérémie a disparu dans les sables du désert… à Baby-alone… une ville de là-bas.
… ça fait donc vingt-sept siècles… intervint le chef silencieux… jusque-là.
… c’est ça !
… et le sac de la dame… il est où ? reprit l’autre.
Akio éclata de rire… selon la technique que vous connaissez à présent, c’est-à-dire silencieusement, impassiblement, shintoïstement… donc immobile.
… à poil ! répliqua un sbire.
Nu comme un ver… heureusement que la saison était clémente… Akio, dans sa cellule attend que la gente policière visite ses effets, son sac et plus tard son cul !
… rien !
C’était hier…
À présent, Akio relingeait ses brailles et chemises bouddhiques, dans son sac il ne manquait que son couteau. Ce présent lui avait été offert par Josef, un authentique couteau suisse à douze lames… la larme à l’œil, Akio se sentit désarmé devant ce sort.
Il médita en position de lotus… heureusement le repas de midi avait été à la fois achevé et copieux… il ne craignait pas la disette du soir que ne manqueraient pas de lui faire subir les matons.
Il était seul dans l’espace, une cellule comme toutes les cellules, spacieuse comme une cage à lapins, froide comme une glacière eskimo, munie de barreaux comme une geôle, impersonnelle comme un ergastule… mais en réalité, pour un natif de la préfecture de Kanagawa, un lieu propice à la méditation sur la valeur de la vie… tel le roseau pensant, pensa Akio penseur…
Josef citait souvent cette lumineuse métaphore d’un chevalier François qui disait exactement :
« L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature, mais c’est un roseau pensant ! »
Pour Akio, le roseau n’avait de sens que lorsqu’il allait sur le lac Miyakase pour le couper, et construire des pipos des flutiaux et surtout des flutes de Pan à six tuyaux…
C’est à ce moment… lors de la contrainte imposée par le hasard que les mots prennent un sens. Cent fois, Josef-Jérémie avait émis cette phrase, mais ce n’était qu’à présent, privé de liberté, de papiers, de disposer soi-même de sa pensée, une conscience suspectée qu’il mesurait la force du « le plus faible de la nature ».
Il se sentait une petite chose soumise au diktat accusateur d’un trio sanguinaire.
… tu restes ici… pendant que nos limiers… recherchent les bijoux !
Akio était docile, il ne pouvait guère faire mieux… il était aussi bouddhiste, il appartenait donc à la grande roue qui développe ses cycles contre lesquels il est inutile de se rebeller… il lâcha prise, donc et s’endormit… il rêva qu’il était un matelot de l’US-Land… il était aide-de-camp…
… debout Akio !
Quelle heure était-il ? Car Akio ne portait pas de montre-bracelet, hélas, trop coûteuse  pour sa bourse.
… sept heures !
Il avait bien dormi, au fond là ou ailleurs, une fois que l’on dort, le cadre n’a plus aucun intérêt.
Il chaussait ses sandales, passa la bretelle de son sac sur l’épaule… il était prêt… il tâtait ses poches…
… on le garde ! tu pourrais être dangereux…
Et Akio quitta le sanctuaire des lois sans son couteau suisse… il se sentait léger.
… on a retrouvé le sac…
Akio retint le pas qu’il allait faire…
… on a retrouvé les bijoux…
Akio retint la question qu’il allait poser…
… ils étaient dans le sac…
Akio se retint de poser la seconde question qu’il voulait poser…
… le sac était dans la voiture…
Akio posa allait alors la question capitale…
… où était garée la voiture ?
Devant Himeji!
Dégage !
Akio n’eut plus aucune question à poser…
Et l’aventure se termina aussi banalement que théâtralement commencée…
Akio prit la direction des bains publics, il fallait purifier tant le corps que la conscience… ensuite il irait rejoindre son monastère sans lequel il n’était rien, entendons par là qu’il n’était pas moine… seulement jardinier logé nourri par la communauté.
Cette situation était l’alpha et l’oméga de sa philosophie qui ne contenait qu’une page… sur laquelle une calligraphie artistique était écrite :
« N’être attaché à rien, ne rien posséder, cette page même n’existe pas, à quoi bon se charger d’un poids inutile… elle se serait alourdie de poussière ! »
Mais avant tout un bain de purification.
Il connaissait le gardien des bains qui le laissait entrer sans bourse déliée…
… va ! dit-il…
… ça baigne répondit Akio.
Il se laissa couler dans l’eau bouillonnante… il pensa au penseur GI.
Que devenait-il ?
Eh bien, à cette même heure, pendant qu’Akio barbotait dans la célèbre invention du célèbre Italien Jacuzzi…
Josef était auditionné par une huile à cinq barrettes…
Peut-il s’asseoir ?
Il le peut !
… asseyez-vous !
Josef accommodant… prit place.
Nous sommes dans la salle du rez-de-chaussée du bunker que nous connaissons bien à présent. Josef est placé au centre de la longue table… seul face à sept autorités que compte le service.
… téléphone ?
… on lui a retiré à l’entrée !
Silence… le nouveau boss au centre face à lui… flanqué de chaque côté de trois subalternes cependant fortement gradés car tout est relatif, puisqu’on est toujours le subalterne de quelqu’un aussi haut que l’on monte dans la hiérarchie… avait dit un autre François… on n’est jamais assis que sur son cul…
Ce n’est pas le sujet… bien que…
… Première-classe Josef Schmitt… vous savez sans doute pourquoi vous êtes devant nous !
Josef attend une communication stratosphérique avec Franziska… il se dédouble… il écoute…
… bien…
… vous avez agressé… verbalement certes… mais agressé des Russes… dans un restaurant… ils ont porté leurs récriminations à la fois auprès des autorités Japonaises, ce qui n’a pas grande importance… et à notre commandement… ce qui est capital…
Là, Josef remarqua que les autorités US diffèrent diamétralement de leurs homologues Japonais immobiles… muettement, immobilement, inexpressivement… Ce qui n’était point le cas des officiers US, l’un ôta ses lunettes dans un grand geste homérique, l’autre renifla très fortement, le troisième reprit un Wrigle’s Freedent qui avait la taille une balle de base-ball… quant aux trois autres, ils s’exprimèrent en se tortillant sur le fauteuil monté sur pivot comme pour un envol de capsule dans l’espace, l’autre déplaça avec grâce son étui à lunettes de droite à gauche puis de gauche à droite, enfin le dernier se pencha pour émettre une position mimétique avec le chef qui ne disait mot… le tout fut perçu en une fraction de seconde, Josef… savait, lui aussi.
… pourquoi ?
Josef, tout à ses observations anthropologiques, en l’attente de la liaison avec Franziska laissa la question suspendue dans l’espace et le temps… question totalement nulle…
… je reformule… Première-Classe Schmitt…
Le ton semblait s’être nourri de quelques décibels en plus… Josef s’interrogeait sur le sens de cette élévation phonique.
… savez-vous qui étaient ces gens ?
Josef cessa de s’intéresser à cet instant dans lequel il était contraint de participer… et selon son habitude, il organise son dédoublement… il était là afin de répondre aux besognes du quotidien qui légitimait un salaire… pendant que Jérémie reprenait ses dialogues stratosphériques avec Franziska…  il ouvrit le second tome de son manu-script… et il écrivit…
« Comment ne pas savoir qui étaient ces gens… mais des Russes, voyons… qui dit Russe, dit espion, ici au Japon province de l’US-Land… une évidence que ces sept mercenaires galonnés ne semblaient pas saisir… des gens… ridicules… pourquoi pas des passants, des ombres, des touristes… allons un peu de sang-froid. Quatre hommes et une femme parlant russe à une table de l’Himeji… ne peuvent être que des espions. »
« Quels étaient les indices qui prouvaient… cette caractérisation ? »
« Ah, ils étaient drôles les chefs… des indices ? Non, mais est-ce que j’ai besoin d’indices… quatre moscovites bien vêtus… n’est-ce pas là déjà un premier indice, car l’espion selon le mode d’emploi du KGB adopte des tenues pour faire diversion… ah ! On croit voir des touristes… erreur de jugement, ce sont des espions… »
« Mais votre qualification ne repose sur aucun détail précis qui confondrait… le… »
« Ils mangeaient des sushis…
« Tout le monde mange des sushis dans les restaurants au Japon…
« Sans doute… mais ils auraient dû commander un bortsch Ukrainien…
« Ukrainien ?
« Et l’accent… qu’est-ce que vous en faites     ?
« Ah !
« Première classe Schmitt… nous sommes ici chez nous… cette salle sécurisée… n’a pas de micros, pas d’enregistreur, pas de téléphone branché… en somme, nous sommes entre nous… dans notre bunker préféré… lieu où les grades ne signifient plus grand-chose, seule compte la compétence… et Dieu sait que nous en avons… nous aussi… je vous propose de parler à cœur ouvert, sans réserve, spontanément, de vous à nous, ainsi que nous à vous… pour le bien de cette base, de la préfecture de Kanagaga…
« Kanagawa… reprit l’officier second en partant de la gauche…
«  Si on veut reprit le prêchant… donc pour le bien de l’humanité… le vôtre de surcroit…
« J’avais aiguisé tous mes sens… ils voulaient m’acheter, ah les faux culs… les traîtres… contre-espions dans la maison même de l’espionnage capital du grand capital de l’US-Land… c’était un comble, mais heureusement j’avais déjoué ce jeu. Alors, je fis preuve d’un grand courage pour dire à ces gens ce que j’avais à dire…
« Messieurs…
Vous n’êtes pas sans savoir… selon la formule qui prouve que vous savez ! Mais allez donc savoir ! Que je fus recruté par votre académie martiale, justement par mon flair, je sens messieurs, je sens, j’ai ce sens… un pouvoir extra lucide un sixième sens inscrit dans mes gênes… a-t-il besoin de preuves ? Je vous le demande…
Mais, si vous le permettez… je ne suis pas à l’aise assis sur ce strapontin synonyme d’Aventin de triste mémoire qui me relègue… je me lève donc… pour ne pas subir le même sort que Remus qui y fut enterré…
Ne me coupez pas… Remus fut ce frère qui assassina Romulus pour rester seul maître de Rome… chapitre enseigné en primaire à West Point.
« Et je fis lentement un chemin processionnaire autour de la table, mon propos était à tel point sublime, qu’aucun ne manifesta, ils étaient sous l’influence de la puissance du verbe… le mien !
Vous le savez oh ! Gens de peu de foi… que je fus remarqué par un de vos chefs… qui vint prier mes géniteurs de lui accorder la latitude de m’employer… comme un subalterne lecteur de russe, langue que j’avais appris seul en l’attente de l’illumination de Franziska.
Qui ? Messieurs peut entrevoir les lumières de cette muse ? Révéler ses qualités ? Encenser ses mérites ? Magnifier sa beauté ?
Je vous le demande !
Je voulais atteindre l’aura sublime de Franziska par la pensée que la force de l’esprit projette à distance… cela ne pouvait être qu’en russe… je me plongeais dans cette dimension cyrillique… car Franziska… éternel féminin Russe fut cachée, masquée, fardée, travestie, déguisée, camouflée… par des nervis qui voulaient la subtiliser du monde à mes yeux !
J’eus la perception… dans l’Himeji… j’ai vu… à travers tout ce décor, la profondeur de cet être séquestré… comme Franziska…
Oui Messieurs… dans ce restaurant… l’Himeji… je compris en une nano seconde… que je voyais la même mise en scène, celle qui me fut imposée à Pittsburgh par les affidés russes… l’indice… Messieurs, l’indice était les pleurs de la malheureuse bousculée rendue muette comme celle de Portici du célèbre Daniel-François-Esprit Auber… François de son état de naissance et son Masaniello, vaillant pêcheur Napolitain qui prit en main la révolution… car il en faut Messieurs des guides qui réveillent les peuples du joug des occupants… mon sang ne fit qu’un tour, mais je ne voulais point dévoiler mon état… alors je citais un verset du second prophète de l’Ancien Testament.
Jérémie…
Ce qui confondit les tortionnaires… car Jérémie dévoilait la manipulation par son message codé… puisqu’ils comprirent que j’avais déjoué la situation… ils prirent peur, espions de pacotilles… ils frappèrent…
Mais grâce à mon flair, en un instant le GI que je suis, déjoua le complot de l’ours russe… je cite le manuel de Westpoint : cet ennemi congénital, atavique, né, brutal, slave, bolchevique total et totalitaire même… qui se dresse depuis toujours sur notre seuil du monde libre, l’US démocratique, vertueux, pur… que le monde nous envie !
Non Messieurs… ce ne fut pas simple…
Mais mon devoir de protecteur de l’Empire humain se devait de s’élever contre cet acte scélérat…
Je le fis… malgré tous les dégâts collatéraux qui en résultèrent…
« J’étais parvenu en même temps au pénultième point de mon prêche et à côté de mon siège… je me rassis… sous les vibrants vivats silencieux par égard au protocole ! D’ailleurs, le silence fut total, ce qui prouve l’enthousiasme hyperboréen de l’aréopage… j’attendais les louanges mesurées… »
« J’entends bien ! » commença le troisième à droite de celui qui au centre avait tenu son lénifiant propos…
« Vous êtes certain que ces personnages sont des espions ?
Que font-ils ici ?
« Que font des Russes à Yokosuka base US… sinon pour espionner ? »
… n’arrive-t-il point ici… des messages en Innu-aimu…
… du François avec des quatrains…
… ne savons-nous pas que Casque d’Or se profile derrière des mouvements russes ?
… n’est-ce point signé par Les Tortues Blondes ?
… et même pour être encore plus précis messieurs… ces espions n’étaient-ils point aux abords de notre espace secret… ils savaient que Parker Barnaby était groggy… à l’hosto… ce n’était pas le hasard s’ils étaient là… en même temps que moi… ils m’espionnaient… alors ils inventèrent un vol… et pour que la femme pleure… ils lui pincèrent la cuisse gauche… jusqu’au sang… ces sanguinaires…
… alors dit Josef !
… alors êtes consigné dans vos appartement jusqu’à nouvel ordre… on viendra vous apporter votre repas matin, midi et soir…
« Et ma barre en chocolat de 16h ? »
« Elle aussi !
« Dans ce cas, je m’incline… devant le devoir… mais sachez que j’ai perçu un autre message et je doute qu’il soit arrivé… il mijote… tournicote… gigote…
« Qui est l’émetteur ?
« Chut… souffla Josef.
« Inconnu ?
« D’où vient-il ?
« Il faut lui laisser le temps de se dévoiler… je suis prêt Messieurs ! »
« G’ar’d’à’vous ! »
Le GI matelot Josef-Jérémie Schmitt, US Boy autant que bad-boy, repartait dans ses appartements que la pensée extralucide rendait spacieux. Deux MP l’attendaient devant la porte. Ils encadrèrent celui qu’ils ne pouvaient encadrer… et se portèrent en avant afin de l’amener dans son cadre.
La porte resta fermée comme toujours grâce à la sécurité sophistiquée électronique qui s’égrenait pendant deux minutes si on ne connaissait point le code… pendant ces deux minutes, Josef gloussa… silencieusement, in petto donc… puis la porte s’ouvrit, les tubes des cloches bouddhiques tintèrent… il entra… laissa son huis le séparer du monde…
Enfin seul, il s’approcha de ses étagères, telle la bibliothèque d’Alexandrie qui exposait son univers en volumes… l’œil à l’extrême des enfilades… il décela une main espionne qui avait dérangé les ordres… un dictionnaire de l’argot Ukrainien ne s’alignait plus correctement sur le bord de l’étagère… ou régnait la Russie…
La goutte faisait tache…
Bien ! Bien murmura Josef…
« J’ai besoin de savoir ! Résumons ! » Il saisit son manu-script tome VII…
« Pas d’enregistrement… nous sommes entre nous… ça c’est le plus marrant… mais qui croient-ils que je suis ? Hein ? Depuis mon premier souffle je sens le complot… depuis que je connais Franziska… je sais que tous ces gens manigancent… et d’ailleurs si je fus choisi par leurs autorités, c’est que j’étais aguerri, formé, instruit naturellement, je sais que nous sommes toujours espionné par des forces masquées… ce pouvoir né avec moi, naturel un sixième sens un don à nul autre pareil… n’est-ce pas grâce à lui que j’ai pu décoder le François et l’Innu-aimu ? Hein ? Et en plus ils voulaient me tirer les vers du nez par des questions doucereuses… que nenni Messieurs, que nenni… je sais ! Et à présent je vais enquêter… ! »
Le bunker s’assoupit, mais Josef veillait… car en son sein un authentique GI né d’un sang germain géminé d’hémoglobine algonquin métissé de sève française bariolé de Stars and Strippe… autrement dit un authentique US boy… méditait une sortie en costume d’ombre.

« Si vous voulez savoir, comment un US boy se transforme en ombre… lisez la suite… au coin du feu… si vous n’avez pas de feu… pestez contre ces propriétaires qui n’installent pas de cheminées au bois… dans un authentique Feu de Dieu bien sonnant… vous éliminerez vos humeurs et clarifierez votre bienveillante attitude à l’égard de Josef-Jérémie… » 
                                                 Et c’est ainsi que murmurent les tortues blondes

                                                                       Gentilés  
                                                                       Si le voulez bien
                                                                       Lisez suite jour prochain
… vous pouvez aussi charger le lien des éditions Alain Iametti sur votre moteur de recherche : https://www.editionsalainiametti.com/
vous trouverez les opus édités…
                                                                                      L’Ange Boufaréu