Views: 100
Vous vous souvenez, Gentilés, le chapitre précédent voyait Sosthène donner à lire le manuscrit « Mademoiselle Zhang » à Sosso… toute la semaine Iossif Vissarionovitch Djougachvili resta plongé dans les pages…
Matriona rejoignit solitaire le home de Weizhi, elle révéla… qu’il bougonnait sans cesse… il n’en dormait plus… il listait les candidats promis aux mines de sel en Sibérie…
« Staline fait sa révolution avec ce bouquin… ! » ce n’était pas une litote.
Weizhi Xianshen reçut la camarilla, son thé parfumé, ses graines de courges, ses gingembres confits réjouirent les présents…
Donc Sosso : ou Vojd qui signifie guide en russe, Führer en allemand, Duce en italien, Caudillo en espagnol n’était pas du nombre…
On causa donc d’une autre révolution en cours… causée… par un banquier qui titra en 2016 sa projection-triphasée-prédicat-cosmique de « Révolution »… sur ce thème il fut élu, ni Vojd, ni Führer, ni Duce, ni Caudillo… mais « Suprême guide » de l’Hexa-Gone… le pays des six-gones… des cigognes aussi… autant que des six-cognes… on savait cela depuis des siècles en pays des traboules… on caqueta.
Ce banquier autant guide que suprême que d’aucuns nommèrent « Le jeune homme » non pas par dérision mais par le simple fait de son âge… ah! si jeunesse savait et… vous connaissez la suite…
Qu’un banquier puisse titrer son palimpseste « Révolution » révélait déjà ces oxymores à facettes multiples de type : bizarre-ordinaire que les franciliens rives gauches en Seine ont le chic d’inventer.
L’Hexa-gone vivait depuis toujours sous les houlettes de ces mos… composés… au fil des siècles qui révélaient la quintessence de Révolution… le fameux « en même-temps » tel la novlangue de Orwell, il fallait décliner tout le vocabulaire du Larousse en oxymores pile-face… adret-ubac… sens-contresens… conforme-antiqu’onforme… puis opérer des glissements progressifs sémantiques, le banquier-conseil disant « ce qui a de la valeurs, ce sont les hommes » mais venez avec le chéquier, on ne sait jamais : Révolution… le « rigide-souple » ce superbe art de la république : Révolution … enfin… le must des musts, le point d’orgue harmonique, j’ai nommé « notre modèle social »… il l’a dit, il l’a écrit, tel le refrain d’une ballade du moyen-âge « … que le monde nous envie » : Révolution car là le jeune homme suprême avait atteint le graal… indépassable.
Il faut vraiment être jeune homme… ou banquier hors sol… pour décliner ces inepties…
Sauf que, tout comme l’Henri le numéro IV : « Paris vaut bien une messe »… il suffisait au jeune banquier… d’ouvrir les lexiques « aux pages souvent lues… » avait écrit Rostand… pour puiser émailler glaner grappiller en épices les pages de son palimpseste, jusqu’à ce que le lecteur-benêt ne retrouve que cette harmonie appelant le bulletin à devenir voix dans un geste auguste vers l’urne…
L’écume humée, humante, surnageant sur la tasse de caca-hot… scellait l’acte.
Ainsi, l’Hexa-Gone resta « France profonde »… les votants « peuple modeste »… le siège élyséen « modèle social »… les cabotins « ces syndicalistes qui ne comptent ni leur temps ni leur dévouement »… alléluia ! Quelle belle harmonie !
… au moment où le jeune homme à la page 244 du livre « Révolution » qui en compte 264… au moment donc où Atharexa lisait cette admirable phrase :
« Ce qui alimente la colère ou le rejet de nos concitoyens, c’est la certitude que le pouvoir est aux mains de dirigeants qui ne leur ressemblent plus, ne les comprennent plus, ne s’occupent plus d’eux. Tout notre malheur vient de là ! »
Les littéraires observeront que le jeune homme avait puisé à la source du XIXème siècle, il avait parfaitement assimilé la phrase ternaire théorisée par Gustave le Flaubert… en son temps… phrase ternaire croissante… ne ressemble plus… ne comprenne plus… ne s’occupe plus… phrase se concluant par une chute dantesque : ………………………………………………………………. le malheur !
Joseph Staline dit le Vojd.
A ce moment, là entra Sosso…
On ne l’attendait plus… tant le jeune homme devenait captivant…
Il bourra sa pipe de tabac de Crimée…
Weizhi remplit le samovar…
On se recueillit…
Sosso s’exprima… songez gentilés… Larchyrots et Larchyrotes… que ce modeste village… non ce sublime village… non ce village vibrionnant… non ce potentiel… bref allait vivre une révélation… Sosso causait :
« Tu vois Sosthène… il fallait bien tout ce temps pour comprendre… 68 ans que je suis officiellement mort…
« Nous on a déjà compris depuis longtemps… surgit l’orale-pensée de Matriona…
« L’indulgence à ton égard Matriona… me perdra…
« Bon accouche ! Qu’est-ce que tu as compris…
« J’ai lu Weizhi, les pages de ton animal… dont tu ne veux toujours pas citer le nom… je vais te dire… il en dit trop ou pas assez…
« Il ne dit rien… il révèle ce que mademoiselle Zhang a vécu… c’est tout…
« Moi j’ai compris autre chose… si tu veux m’entendre…
« Rince-toi la gorge avec du thé du Tibet…
Buvant et causant… la fumée de la pipe se tarit comme la tasse de thé…
« Tu vois à la lecture… j’ai compris les turpitudes de tous ces petits clercs… d’ici et d’ailleurs… ils sont venus faire leur marché dans ma boite à outils… de 1920 jusqu’à 1953… j’ai eu une belle et authentique production… pour la naissance de l’homme nouveau… l’autre le Mao le paysan… il m’a copié… servilement… mais en pire… faire du neuf avec des jardiniers tu t’imagines ? Pendant cette lecture-là, j’ai vu passer tous ces petits comploteurs qui brandissaient la faucille et l’autre le marteau… ces minables rives-gauches… qui se pressaient à Moscou pour recevoir mon onction… pour se faire un nom … voilà ce que j’ai compris avec le recul… au nom de mes actes… ils furent baptisés… penseurs… nouveaux philosophes… ici dans ce pays… et dans tant d’autres… mais… tous… se renièrent… tous tu m’entends…
Ils prétendaient pouvoir disserter parce qu’ils avaient baigné dans mon jus… mais ce n’était qu’une stratégie… je les avais adoubés… je les avais formés… je les avais guidés… d’inconnues qu’ils étaient, ils gagnaient du galon devant les caméras des TV… et même votre petit jeune homme rejoue les couplets… de la révolution… tartuffe! A présent ils écrivent leurs confessions sur des mobiliers Louis XV… sordides ! Ils ont changé de protecteur depuis 89… alors les voilà penser pensant penseur… de courants venus d’ailleurs… loin à l’ouest…
C’est ce qu’elle m’a appris ta « Mademoiselle Zhang » qu’après mon départ des petits minables reproduisent mes solutions… hélas sans mes sublimes dimensions… des mesquins… des imitateurs… des farces… mais le pire c’est que ça marche… tous les veaux suivent…
Oui, c’est le mot… des imitateurs… ils déclinent les recettes… c’est moins saignant… mais plus sordide… »
Comme quoi quelques pages manuscrites provoquent parfais des résurgences inattendues… mais non moins tendues…
La camarilla… cherchait une porte de salue… « et sanitas tua Sosso »
« Au fond… commença Luigi, ta thèse pourrait être un thème dramatique époque antique du bas-totalinien carbonifère… où le fils tuant le père se fait assassiné pas sa belle-mère qui reproche à son gendre l’inceste non avoué du cousin, venu chercher son héritage. »
« Pourquoi pas ! » souffla Sosso.
« J’envisagerais bien, poursuivit Raphaël, une certaine façon de décorer une nef en Sixtine sur les paradigmes des dégâts collatéraux d’un diktat qui s’étiole dans le temps pour se fracasser dans la nuit des temps, couleurs cinabres, peuplé de citrouilles molles ! »
Sosthène se taisait.
« Moi… hélas… je pense… Iossif que ta raison… sans doute… mais je ne sais plus où… a raison… qu’il soit démocrate ou totalitaire… le guide résume la sombre bêtise du pouvoir… ce que tu fus… ce que nous sommes si jamais nous sommes élus… ! »
Weizhi soupira…
Mao béatifié… ulcère Sosso…
« Si ces pages génèrent ces conclusions… on peut penser que… 东方红…
« C’est vrai ajouta Atharexa… les femmes sont toujours sacrifiées…
« Ca c’est bien vrai… ajouta Matriona… ça veut dire quoi ton slogan… ?
« 东方红… dong fang hong… « L’orient est rouge ! »
Le silence des hommes devaient être lourd de sous-entendus, car sans aucune analyse dialectique, l’aveu ontologique marxiste macho primaire devenait abyssal… courroucé, il leva les assis…
Sosso… laissa « Mademoiselle Zhang » sur la table…
Sur ce constat… on se quitta…
Gentilés
Si le voulez bien
Lisez suite semaine prochain
Et c’est ainsi que murmurent les tortues blondes
Article rédigé par la technicienne des surfaces qui passait par là… selon les préceptes de L’Ange Boufaréu