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… 2 heures 47 minutes 7 secondes… dans la nuit… on frappa à la porte…
… tôt le matin…
Dans son fauteuil… le GI Josef… peine à quitter les souvenirs de ses jeunes années… qu’il revisitait…
La flamme cosmique le soutenait, il se leva…
Guanyin était sereine…
Josef ouvrit…
Devant lui un officier en parfaite tenue de travail…
Qui…
Sans cérémonie… énonce…
… salut Josef… fils de Gottfried et Yépa… en l’absence de Parker Barnaby… il y a urgence… tu vas me suivre séance tenante, même si l’heure n’est pas tentante… direction le bunker… il faut décoder un message… tu le sais… il n’y a que toi ici qui le puisses…
… tu observeras… que je suis resté en tenue de combat… j’attendais… car l’oracle ne trompe jamais…
Josef alors chaussa ses rangers… pulvérisa sur sa face un flot de sent-bon au coquelicot japonais du matin…
Coiffa son calot…
Saisit son sac à dos… qui ne le quit… on l’a déjà dit.
Oh ça va ! il suivit donc… le pouvoir de conjoncture, le temporel ; car le pouvoir de jure était quasi occis à l’hosto…
Lecteur… sache qu’avant d’être GI… Josef fut enfant…
« Hé, tu portes quoi dans ton sac ? »
Josef portait depuis sa naissance une besace, elle ne le quittait jamais… ben parce qu’elle contenait entre autres : sa bio en cours de rédaction, son manu-script révélateur révélant les révélations ontologiques de l’être. Mais ce n’était pas tout…
La besace recelait aussi des ciseaux, des stylos, des crayons, des carnets de papiers vierges, des rouleaux de papiers adhésifs, des rouleaux de papier-cul et même un couteau à multiples lames, car Josef avait une sainte horreur des mutilations. Lorsqu’il feuilletait le manu-bio, soudain inspiré, il rajoutait un codicille, il collait alors un ajout, une pensée…
Ainsi, certaines pages se dépliaient en multiples feuillets comme le ferait un jeu en accordéon pour bambins en papier découpé.
Il avait repris cette idée qu’il nomma « paperolle » en mémoire d’un écrivain français dont il avait oublié le nom… son bio-scriptural avait ainsi, des allures proustiennes !
Josef avait ce côté artisan du cortex…
Cette besace était souvent un obstacle à son projet de communication messianique. Par exemple, lorsque, costumé en GI, plus tard, il traversa les fuseaux horaires en aéronefs, il quitta sa ville natale de Pittsburgh pour rejoindre son lieu d’apostolat au bord du Pacifique. Il fut arrêté et fouillé comme un vulgaire migrant, son sac fut étalé sur les tables du custom des jugements derniers des besaces.
Toute honte bue, le prophète, en ramassant ses biens pour les fourrer dans son sac, évaluait le travail d’évangélisation qu’il devrait fournir pour que la liberté des besaces retrouvât sa paix.
Tu te souviens lecteur de ce moment où enchaîné dans l’ergastule, il tournait les pages de son manu-script.
Assis en position du Lotus… pour assouplir sa colonne vertébrale… il entreprit de coller une « paperolle » qui illustrerait en détail profond le temps encore si proche de son enfance.
Il avait lu à voix basse selon l’art des récitants psalmistes… ceux branlant la tête… la mélopée calma le peuple incarcéré…
« Je naquis jadis… forcément, pourrait-on dire puisque c’était écrit… la matrice maternelle en fut éblouie… ce temps fut court d’après mes informations hélas sujettes à l’érosion du temps peut-être même à cause d’autres carences…
On me l’a rapporté, je ne parlais pas, je ne marchais pas, je ne manifestais aucun désir de lien avec l’espace proche, j’en avais déjà assez vu sur ce monde. Ces gens, dits adultes, ne me posèrent jamais la lancinante question qui aurait dû être la leur « qui es-tu ? »
Ils radotaient inutilement sur les seules questions des normes sociales quant à accomplir sa première éructation à dix mois et son premier pas à onze… que tous les parents partagent en cancanant avec les voisins quant à la précocité de leur rejeton… moi le mien est plus mûr que le vôtre… arheu ! arheu !
Le doigt des ignares plutôt que la lune… je les observais, ils ne se doutaient point que dans ce parc de trois mètres carrés, assis tel un bonze, je méditais déjà sur Spinoza à un âge où les autres couraient derrière les filles pour leur tirer les couettes.
Je me souviens parfaitement de ce jour où j’atteignis les trois ans et quelques semaines, assis au milieu de mon espace, dire à ma mère mes premiers mots :
« Aujourd’hui, le soleil se couchera à neuf heures ! »
… et sa réaction : elle laissa choir la soupière de terre cuite emplie de Katoffelsalat que mon père venait de cuisiner, le seul plat qu’il savait préparer. Patates chaudes aux oignons et outils pour les servir se satellisèrent au sol dans un brillant jaillissement dont le cosmos garde encore la trace… puis vint le hurlement de mon Vater… qui jura pesta et sortit en claquant la porte de la ferme que nous occupions à Pittsburgh en Pennsylvanie…
« Il parle Gottfried… un miracle ! » balbutiait ma mère.
Nonobstant, cette évolution n’apporta point réconfort à mon père qui ce jour partit à jeun, dans sa Ford T2, manger un vrai hamburger chez « Ein Guter Freund, mit einem Kamarad »
Ma mère privée de Kartoffelsalat se nourrit alors de la merveilleuse révélation… qui la rassasia.
« Mon petit, il parle ! » personne, à part moi, ne fut là pour entendre cette révélation émue.
Le peuple est ingrat. Il m’avait fallu trois ans quelques mois quelques jours et un soupçon de minutes après avoir incubé digéré entendu tant de mots par-dessus ma tête attentive, enfin je causais… une formalité.
Et en plus « il parle bien ! » comme si j’allais faire les choses à moitié… oh ! Gens de peu ! C’est là que je rajouterai une paperolle… avec cette parole du retour de l’enfant prodigue de Jérémie :
« Moi je m’étais dit : « Oh ! Comme je voudrais te distinguer parmi les fils
Te donner un pays de cocagne
Un patrimoine qui soit parmi les nations
D’une beauté féérique »
C’est ainsi que du jour au lendemain, je jactais pur et dur.
Ma mère à genoux priait le très Saint Frusquin et implorait la madone de faire un second miracle : celui de me faire marcher pour que la prophétie s’accomplisse… ce qui ne manqua pas de survenir quelques espace-temps plus tard… deux mois, trois semaines six jours exactement… et… un matin… je sautai par-dessus la clôture du parc de trois mètres carrés, j’entrai dans la cuisine en criant :
« Noch mal Bratwurst, nein danke! » là mon père se précipita sur ma mère qui tenait un grand plat de saucisses grillées et évita la seconde catastrophe causée par ma spontanée mutation… le déjeuner du matin fut sauvé…
Ma mère se plia à genoux les mains croisées en invoquant une vierge Indienne dont nul ne connaissait l’existence… mon père succinctement dit « Mange, on part dans dix minutes ! »
« Mais Gottfried, tu ne te rends même pas compte que cet enfant parle et marche ! »
« Ben depuis le temps qu’il se repose on ne va pas en faire des patates chaudes, je le conduis à l’école !
« Gottfried… tu plaisantes ! »
« Que non, ce gosse est précoce… il faut en faire quelque chose ! »
Là, j’eus droit à un débat fort profond sur le sens de la précocité.
Ma mère soutenait que j’étais retardé dans ma croissance, il fallait me couver… mon père décidant qu’un enfant qui se met à jacter correct après trois ans de silence… et surtout qui refuse les Bratwurst à trois ans six mois et basta… ça, c’est pas normal… autrement dit anormal… donc précoce !
Ce fut tout…
Là, je pris ma besace pleine d’outils utiles à mon devenir… je me servis des délicieux Kartoffelpuffer assaisonnés de Meerrettich quatre tranches de Schwarzbrot allongés de Fleischkäse, puis je m’habillais et nous partîmes dans la FordT2 de mon Vater…
Direction l’école… là je dois coller plusieurs paperolles…
Bref après un certain nombre d’événements… à l’école primaire… plus tard, je parvins à l’université…
Mais d’abord ce jour-là je rencontrais Franziska… et ma vie fut chamboulée à jamais.
Il faut que je rajoute une « paperolle » pour instruire le lecteur quant à notre art culinaire. Sachez brièvement que mon père est un migrant Allemand… et ma mère une… il faudra aussi une « paperolle » seulement pour sa généalogie fort complexe, car… son sang est Algonquin, mais sa langue est un composé… le innu-aimun coule dans ses veines ajouté d’un fort débit de psaumes en latin et en français que les bonnes sœurs de la Charité de Montréal inoculèrent dans ses neurones… le tout est d’un exotisme fort étrange qui stupéfia mon Vater… qui n’a pas cessé… je parle de sa stupéfaction.
Donc, j’arrivais à l’école… ce ne fut pas un grand jour…
C’est à ce moment que le carillon de l’huis de son home avait résonné… Josef s’était levé, il s’était parfumé, il avait coiffé son calot, il avait pris son sac à dos… il avait salué Guanyin…
Il suivait le sherpa… car…
Josef-Jérémie était le guru du décodage des renseignements, il parlait parfaitement quinze langues et une bonne dizaine artisanalement, il avait la capacité de mémoriser une page en un clic, fautes d’orthographe comprises, il tipait les yeux fermés sur son laptop à la vitesse de l’éclair… un démiurge du clic and clac.
… suis-moi Josef… c’était un ordre.
… O.K boy…
Un véhicule militaire attendait la sortie du vénérable, le chauffeur muet d’admiration… leva le pouce de la main droite, lui fit un clin d’œil, pendant qu’il s’installait sur le siège arrière flanqué de son officier d’ordonnance.
Et l’on partit rejoindre l’unité secrète.
Comme tous les bâtiments de l’armée le « blockhaus » à l’étymologie germanique que certains appelaient le « chiffre », était un bâtiment d’aspect militaire de couleur militaire de fonction militaire, mais avec une particularité… essentiellement militaire…
Là, je dois baisser la voix pour énoncer cette étrange anomalie, car aucun titulus ne renseignait le quidam quant à l’utilité de ce bunker.
Il se présentait telle une verrue anonyme posée à la lisière du stade, on jurerait que cette casemate échevelée tel un hérisson aux mille antennes avait été érigée là, en guise de vestiaire pour les centaines de GI qui aux heures perdues venaient s’époumoner en additionnant de multiples tours de piste…
Le command-car s’arrêta, grand seigneur, sur le morne pas-de-porte gardé par deux molosses-sentinelles, Josef et son cornac giclèrent… si, si, c’est le terme martial indiquant la sortie du véhicule, ah ! on l’a déjà dit… ils se dirigèrent résolument vers la porte… devant laquelle il fallut montrer patte blanche.
Josef posa sa main sur une plaque qui immédiatement reconnue le saint homme… en s’illuminant d’un beau vert fluo, le cicérone, fit de même et la porte s’ouvrit.
Une forte jouissance étreignit Josef… en toute modestie !
Ils furent accueillis par un officier fort aimable pas du tout arrogant… il aurait pu l’être car Josef n’était qu’un misérable première classe… sauf que son niveau de sapience était tel que toutes les hiérarchies ne pouvaient que se soumettre.
Ils suivirent.
On pénétra dans une sombre pièce… où attendait une pléiade d’autorités derrière un immense plateau… recueillies… ce sont les huiles qui sont recueillies… pas le plateau…
Une place libre lui était réservée… sur l’autre bord… sur la seule chaise…
Seul… face à tous…
« Prenez cette place ! »
Il la prit et ouï ce court propos émis à voix basse… d’un porteur de barrettes qui en l’absence de Parker Barnaby tenait le rôle du boss principal… il était ému… forcément.
Le patron le regarda… intensément…
« 1ère classe Josef Schmitt, nous avons deux écueils à affronter…
« J’ai là, c’est hyper confidentiel, un document, que nos services ont intercepté, mais, nul n’est en mesure de le lire. Nous oublions, votre art de la mise en scène… quant à votre discours devant le général… vous avez notre mansuétude… en échange, enfin en résumé, en conclusion il faudrait traduire ce texte… si possible fissa(sic)… il fit ça aussi… ce fut sous-entendu…
Sachez que les unités sont en alerte maximum… la paix ne tient qu’à un fil… celui de votre traduction… vous voyez ! »
Il vit !
L’autre fit silence pendant que le peuple haletant se taisait…
« Le second gros souci… c’est Barnaby Parker… il est dans un état grave… vous fîtes tant et tant voilà si peu… mais, il vous réclame… il m’a confié qu’il vous aime… vous êtes le seul qui puisse lui venir en aide ! »
Le silence se fit encore plus profond…
Les huiles attendaient la réponse du prophète… oracle de Josef…
L’orateur qui n’était point oratorien… déplaça des piles de documents qui le documentaient… la tension était palpable comme dans les meilleurs « wesseternes »… Il tira, l’ultime document enveloppé de papiers secrets… à l’intérieur reposait le message occulte…
Il le tendit à Josef…
Josef ouvrit, lut la page d’un clic…
On aurait entendu une mouche voler si le système anti-diptère au DDT l’eût permis… il était efficace… il ne restait donc que le son des souffles haletants, on captait même les grincements des vertèbres cervicales des hommes se tendre vers le scribe qui relisait tranquillement le texte… très calmement… soft-power en quelque sorte qui sied à tout prophète qui se respecte.
Ce fut le second moment d’une jouissance triphasée, il jubilait en lisant un vulgaire texte qui commençait par ces quelques mots :
« Kuei ! Tan Eshpanin ? »
Mais comme le texte est confidentiel, Josef ne le révéla pas. Il avait d’ailleurs l’intention de ne pas livrer immédiatement cette traduction à ces larves autour de la table, il fallait qu’ils s’amendent qu’ils se confessent…
« Alors ! » dit le chef orateur…
« C’est une langue polysynthétique archaïque à cheval sur plusieurs cultures dont la Sibérienne est sans doute une source…
« Et ?
« Et… je dois vérifier…
« Je comprends !
« Quand ?
« Dans quatre heures et quelques minutes… j’aurai la solution… il me faut me retirer pour…
« Sans doute… allez !
« Merci mon père ! Souffla Josef… devenu distrait.
En fait, Josef avait déjà tout compris, mais il se réservait la mise en scène de la révélation comme tout bon prophète qui se respecte, les généraux ne faisant pas exception.
Ce n’était pas la première fois que les huiles le priaient de traduire des textes qui arrivaient de tous les coins du monde. La plupart du temps, les papiers provenaient pour les plus sensibles, des services russes, chinois, coréens.
Ensuite venaient les « partenaires » en gros, les pays vassalisés soit par leur défaite en Europe ou en Asie… soit par leur ridicule taille… il y avait aussi les pays rémoras… comme la Pologne qui bêtifie devant la bannière étoilée, elle serait prête à sacrifier tous les Isaac comme le fit Abraham pour sauver un chapeau de l’oncle Sam… et se prosterner à ses pieds.
Chaque document « sensible » commençait par cette procédure complotiste dans la salle des pleurs du bunker. Des centaines de documents sans importance parvenaient ainsi, dans des langues, parfois parlées par un groupuscule de trublion ethnique.
Alors Josef faisait mousser la sauce, plus le texte était nul et plus long était posée la barre de l’attente… puis, comme tout prophète incarné, il apportait la délivrance au sénat ravi.
Il fut reconduit dans sa chambre par la même estafette… il occupait un autre bunker au premier étage, il avait vue sur le stade, derrière de très forts barreaux d’acier… mais nul ne pouvaient emprisonner une pensée métaphysique évanescente qui s’évadait à travers le verre et les aciers sans contrainte.
Il aimait son carré… nul n’y pénétrait… sauf Franziska… enfin l’aura de Franziska.
Il posa sa besace et sortit son manu-script.
Il devait réaliser un gros travail de paperolles pour analyser les actes.
Il fallait bien absoudre afin de gagner la paix.
Joseph eut un gros soupir au cœur.
Il ouvrit le manu-script :
« Ce jour, en ce dernier trimestre de l’an de grâce, mon corps physique réintégra mon cosmos que mon être astral n’avait jamais quitté… j’annule l’existence des murs, les cages Faraday malgré les armatures d’acier ma pensée rejoint sans obstacle la pensée de ma génitrice… ! Je relis le texte en innu-aimun que nul ne peut déchiffrer… une prophétie qui ne peut atteindre le rez-de-chaussée des trainants… que dit-elle :
« Salut ! Mon Petit… Tu vas bien ?
Puis, elle annonça la future consécration d’un élu extraterrestre au poste de président de l’US-Land qu’elle nomma « Casque d’Or ».
Jérémie en resta coi… tout ça pour ça… un vrai cinéma.
Josef avait déjà son idée.
Il fallait l’étayer… alors soudain, il lorgna son espace vital… un mur entier de rayonnages divisés en deux dans le sens de la hauteur est consacré aux dictionnaires des langues indo-européennes sur le flanc gauche et aux langues asiatiques sur le flanc droit…
Et…
Cet espace a été visité pendant mon absence, il suffit seulement de constater le déplacement qu’un abécédaire d’Abkhazie transhuma dans les linéaires Sibériens… ah ! ah !
Mieux ! Le poster célébrant un immense phallus qu’une gentille personne caresse avec une plume de paon… a été déplacé… oh ! oh !
À présent, Josef est certain qu’un supérieur imbu du règlement TI « Totalement Illégal » s’est acharné sur certaines punaises de l’image et ne parvenant pas à toutes les extraire a mal replacé celles qu’il avait en main… ailleurs… le papier en garde les stigmates… qui prouvent l’intrusion dans ce temple de la pensée.
Là, Joseph prit le temps d’une grande méditation… assis tel le sâdhu… il s’endormit.
Mais sa pensée poursuivait ses investigations… en fait, il découvrit que Casque d’Or était lui aussi un héritier des tribus Germaines venues coloniser l’Ouest… cette information irrigua les synapses du dormeur… et curieusement des textes en cyrillique vinrent distiller les états de service de ce futur shériff à la sauce ketchup…
Quatre heures plus tard, l’officier qui avait accueilli Josef Schmitt, monta les escaliers sécurisés, se présenta devant la porte du GI, il actionna le mécanisme que le sâdhu avait installé en lieu et place de l’ancienne sonnette militaire… un carillon harmonieux carillonna… hybride des temples Japonais et des Stupa tibétains… l’officier dut donc écouter la partition musicale en dixième de tons qui avait bien deux bonnes minutes à l’horloge cosmique.
Ce temps permit à Josef-Jérémie de paraître.
« OK sir ! »
Il suivit après avoir pris les mesures de précautions pour clore son home.
Il venait de découvrir la preuve que le couloir sécurisé ne sécurisait personne, à preuve, son domaine avait été visité… Ah ça mais !
Lorsqu’il pénétra dans le sombre bunker du sous-sol, les occupants semblaient sortir d’un long somme… peut-être était-ce le cas, mais Jérémie ne s’arrêta point à ce trivial détail, ces hommes qui avaient entre les mains un arsenal de moyens mus par des règles d’un vulgaire Monopoly… étaient désemparés.
Ils avaient compulsé toutes les dépêches empilées sur le bureau, chacun ayant un tas à lire. Il y avait là des dizaines de piles regroupant des dizaines de langues… ne croyez pas que ce groupe était polyglotte, que nenni, car tous les textes étaient traduits… en US-langage quotidien, tels ces papiers pliés que vous trouvez dans les appareils achetés au supermarché en US-langage made in Hong Kong… tous annonçaient que l’US-land allait élire un US-boss… pour quatre ans… dans la plus grande démocratie…
« Que le monde nous envie ».
Il avait lu cet apophtegme dans un canard de l’Ancien-monde, il fut séduit, n’était-ce point le rôle revendiqué par l’US-land… thème qu’il comptait traiter ultérieurement.
À présent, on était plongé dans le domaine du secret-défense… et la lancinante question se posait quant au décodage du texte remis en mains propres au traducteur sacrément polyglotte… et tronche à claques… en même-temps…
Mais que voulez-vous, tronche à claques ou pas… malgré les grades, les décorations, les tenues empesées des huiles, lui seul savait… quand il aurait révélé le message, on verrait… pour l’instant les hommes pratiquaient une mise en scène prévue dans le règlement : tête-basse-regard-haut… doucement arrogant devant le minus et cyniquement silencieux car ensuite « tu vas te prendre une branlée… mon gars ! »
Sauf que Jérémie savait… que ces rats de terre pratiquaient le double langage…
« Prenez place ! »
Il la prit.
Il déplia le papier au texte suspect… se perdit dans sa lecture… en hochant doctement la tête… trois fois selon le code du bushido.
« Messieurs… commença-t-il
« Traduttore, Traditore… est une paronymie… autrement dit un rapport lexical entre deux mots dont le sens diffère, mais dont la graphie ou la prononciation sont fort proches de sorte qu’ils peuvent être confondus…
C’est en quelque sorte une homophonie proche ou une homonymie approximative… exemple : ministre-sinistre… officier-policier… règlement-beuglement… and so on…
Dans le groupe, ce fut la stupeur-flippeur…
« Je reviens à l’expression italienne : « Traduttore-traditore » elle a un sens… et je vais le dire… « traduire, c’est trahir ! »
Mouvements dans la salle au seul verbe qui dépassait de l’horizon : trahir… jamais !
« Ce n’est pas la question, dit le traducteur… c’est la conséquence.
Je traduis, mais… il faut précéder le texte, de prolégomènes… puis d’interprétations…
« Énonçons-les…
« Expliquez donc dit le boss, sans les prolé-choses… allez au direct… nous sommes affranchis…
Jérémie redressa calmement la tête… il les regarda tous… en silence… long… de menace…
… ce n’est pas gentil de fouiller mon cosmos !
Effroi-pisse froid… ils auraient osé…
… vous devez savoir que mes dictionnaires sont sensibles à la place hiérarchique que je leur attribue… dans ma bibliothèque…
L’officier muet de contrition… baissa la tête…
« On ne le fera plus… on ne fouillera plus votre chambre !
… je vous absous… mon fils…
Psalmodia Jérémie, qui poursuivit.
… vous n’êtes pas sans savoir que notre Land Hégémonique de l’ouest va, selon les préceptes du Mayflower, changer de barreur… je reluque les piles que vous vous imprégnâtes quelques 240 minutes durant pendant que je perçai l’énigme de ce document. Que découvrîtes-vous ? Messieurs ! Je vais vous le dire… de la crème de bull shit… tartinée selon les normes hélas usitées par les sauvages acculturés du vaste monde. Ils veulent vous réduire en erreur… je dis bien réduire et non induire… car l’accouplement des deux mots donne une paronymie grotesque que je cite… vous qui êtes fort vaccinés depuis vos classes à West Point, Afghanistan, Asie, Afrique sub-saharienne… réduire-induire est à bannir… pour ne conserver que le concept de réduire…
… ça nous amène ou… la réduction ?
… à la traduction !
… enfin…
… oh ! Là ! Gens de bien… quittez votre confort de boutiquier… la voilà la révélation :
« Nous allons hériter de Casque d’Or ! »
Et c’est signé :
« Les Tortues Blondes ! »
Un sang-froid impressionnant d’inertie accueillit l’annonce de cette prophétie, nul ne broncha, tous se regardèrent, muets, partagés entre le rire et le coup de poing dans la gueule… le sang-froid n’hésite jamais dans l’art de la virile virilité… pour lors, le staff se tint coi devant ce canular.
Jérémie avait compris le dilemme… de ce mutisme.
« C’est une révélation… autrement dit… une prophétie… telle que la Bible ratiocine en longueurs de pages… ce guru ne prétend pas voir le réel… il ne voit que le futur qui se dévoile sur des carapaces de tortues que l’on chauffe sur un feu de bois d’oranger séché pendant sept cents ans…
Je vous le livre… toutes brutes de fonderie… il suffira alors à vos sagaces raisonnements de déterminer qui est ce Casque d’Or et quelles conséquences il a sur vos destinées… ce qui en somme est la seule préoccupation de votre confrérie.
« C’est tout ce que dit ce papier ?
« N’est-ce point suffisant ?
« Et vous, première classe Josef Schmitt… qu’en pensez-vous ?
« Je crains que les déplacements de mes dictionnaires d’étagères ne risquent de brouiller mes approches, je suppute grandement avoir dans le futur des difficultés pour parvenir aux traductions qui ne sauront point tarder, car la prophétie se révèlera… j’en suis certain… d’autres documents suivront… ce premier texte est primaire mais stratège… je suis certain que d’autres plus alambiqués suivront…
Là-dessus le prophète eut cette étrange parole :
Parce que depuis…
« S’interrogent les Tortues Blondes ! »
… c’est tout ce qu’elle a écrit… la…
… Tortue Blonde… c’est tout, mais, dans un espace cosmique elles distillaient des hypothèses en cyrillique… je dois me mettre en connexion avec Franziska…
… le cyrillique a à voir avec la Russie ?
… c’est l’évidence…
… c’est complexe…
Alors…
L’énigmatique sentence enveloppa de mutisme les participants pendant que Josef repliait selon le mode règlementaire le document pour le remettre au porteur qui l’amena au conducteur de l’assemblée… lequel affirma :
« Nous ne toucherons plus vos dictionnaires… ni manuellement ni visuellement ! Je vous l’assure ! »
Puis, un hurlement ordonna un g’àr-d’à-v… suivi d’un :
« Rompez ! »
Ils rompirent, Josef fut gentiment conduit dans une salle attenante à celle qu’ils quittaient.
Jérémie revenait à son poste de travail, un terminal dans lequel terminaient des terminaisons, en tous lieux du cosmos. Là des imprimantes crachaient sans discontinuer les phagocytoses des liaisons entre peuples, le bunker en possédait toutes les clés.
Les écrans scintillaient d’animalcules vibrionnant…
L’officier-pion de garde… prit place non loin…
Les documents de la galaxie-US-espionne-Land s’accumulaient… à la grande joie de Josef, il n’attendait que les textes en innu-aimun langue qui berçait toujours son âme d’enfant… son doudou en quelque sorte.
C’est à ce moment-là que Josef décrypta l’inutile message pour le monde de la venue du général posant ses basques temporairement six heures et neuf minutes pour livrer son discours urbi et orbi aux bidasses du lieu…
Qu’est-ce qu’il venait foutre ici… le « Trois-Étoiles » ne savait rien, il vagabondait en totale liberté… il se payait des voyages sur la caisse de l’oncle Sam afin de goûter aux geishas…
Un nouveau message codé en innu-aimun des tortues blondes arrivait… identique au premier… mais, cerises sur le gâteau… expression parfaitement imbécile qu’il avait puisée dans les colonnes-cancans d’un journal français dont le titulus lui échappait… voyons… le… l’Obs… l’Obsolète sans doute : c’était le titre de la feuille de choux…
Cerise sur le gâteau donc… elles précisaient… les cerises… que Casque d’Or allait tout chambouler…
Josef traduisit et passa le document à son officier surveillant…
Le « staff » galonné restait englué de stupeur sur la révélation :
« Nous allons hériter de Casques d’Or ! »
Signé « les Tortues Blondes ! »
Les huiles, en conclave, s’interrogeaient sur le devenir de leurs fonctions… au loin dans un brouillard en cyrillique… s’ouvrait les espaces enneigés… sibériens…
« Casque d’Or » va-t-il chambouler leurs avancements…
Ou bien…
Soudain… Josef se leva…
L’officier inquiet… se précipita…
… what ?
… Barnaby calls me… he’s very bad…
Ce fut le second indice de métempsychose qui qualifiait Josef en prophète… salvateur… Barnaby était mourant… il fallait le sauver…
… vous l’avez compris, lecteur… dominé par la passion, Josef entendait des voix… et particulièrement celle de Barnaby… qui s’oxydait… on voulait dire qu’il prenait la voie des occis… et Josef avait ouï…
Et c’est ainsi que murmurent les tortues blondes
Gentilés
Si le voulez bien
Lisez suite jour prochain
… vous pouvez aussi charger le lien des éditions Alain Iametti sur votre moteur de recherche : https://www.editionsalainiametti.com/
… vous trouverez les opus édités…
L’Ange Boufaréu, alain harmas