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10… où Barnaby redevint Parker… l’officier… brillant…
« Bon, à présent, on est seul… c’est qui Casque d’Or ? » ordonna Barnaby… à l’inerte corps qui occupait le lit de Josef… un colon sachez-le gentilés aime le concret… le tangible, l’ordre, la barrette, l’étoile… le slogan « We can-can »… un colon binaire… Depuis l’énoncé de la parole de Josef, il était tourneboulé par les mystérieuses « Tortues Blondes » qui révélaient Casque d’Or.
Elles avaient plongé en désarroi la communauté de l’US-land de Yokosuka et Josef au nirvana. Mais un nirvana sur strapontin éjectable… gare, si le message se révélait non réalisé, l’auteur traducteur perdrait ipso facto son onction supra polyglotte experte.
Josef, atone mais conscient était sûr de lui… il pressentait que sa destinée se jouait ici, dans ce cadre hygiénisé… chambre 369.
Il admira la signature : « Car s’interrogent les Tortues Blondes ! » c’était bien trouvé.
Barnaby devenait agressif, il ne comprenait pas pourquoi le foie de Josef se régénérait plus vite que sa perte entropique…
Josef était certain que Barnaby le pensait quasi occis… il allait s’en donner à cœur joie…
Alors, Josef revisitait les espaces… des mois passés…
Il avait vécu dans une longue salle réfrigérée peuplée de dizaines d’armoires où transitaient par milliards les messages codés du monde « Libre »
Le terme « Libre » n’est bien sûr pas pris en son sens littéral mais plutôt unilatéral… sous-entendant : « Monde-Libre démocratique US »
Donc Josef était totalement libre, puisque encore GI-US… il ne s’en privait point… son œil de prophète ouvert surveillait les abords immédiats… son œil interne conduisait diverses activités pour son propre compte.
Souvent, le GI était assis à son poste devant un clavier, lequel diffusait certains messages codés… pendant ce temps Josef décantait son message de prophète.
Nous savons qu’il confiait ses voies à l’espace, elles les convoyaient vers l’apothéose de son devenir. Il complétait son manu-script de multiples paperolles.
Mais pour expérimenter la puissance de son cortex, avec Franziska, ils avaient décidé de lancer un grand plan de communication par le seul moyen de la pensée.
Ainsi, au milieu des enchevêtrements de câbles soumis aux incessants ballets des électrons baladeurs, dans une douce pénombre, bercé par les cliquettements des imprimantes qui vomissaient leur production quotidienne, Josef s’endormait… bien que relié à Franziska.
C’est l’art des prophètes que de pouvoir conduire simultanément plusieurs voies…
En général, la première image que Josef recevait lorsque la liaison s’établissait… une vision panoramique lui offrait les yeux limpides de Franziska, un gros plan en Panavision 35 mm.
C’était le code de ralliement, le mot de passe. Tout espion vous le dira, tels les succubes qui prennent l’apparence de la gent féminine, certains espions s’introduisent dans le complexe des connexions par la vue. Là, il faut un mot de passe…
Josef assurait que ce choix était judicieux. Franziska n’était pas avare de sa vision, la liaison était reçue 5 sur 5… selon le code technique des communications de l’US-army.
La profondeur des cristallins n’était pas seulement un sésame qui ouvrait la séquence, il devait se poursuivre un certain temps pour que s’établisse un réseau d’ondes multiplex solide. Cette phase pouvait, selon les cas de contraintes atmosphériques vents ouragans cumulo strato altus citius fortius nimbus… neiges sur les plaines Sibériennes… et autres grèves des aiguilleurs du ciel communistes, durer de plusieurs secondes à quelques heures. Le peuple heureusement très clairsemé du bunker n’intervenait point quant à la muette attitude de Josef… qui signifiait :
« Ne pas couper ! »… était donc le crédo.
Les hommes en uniforme baissaient la voix, limitaient leurs déplacements aux stricts besoins physiologiques, pour ne point perturber la réception ubiquitaire de cet authentique sâdhu qui dialoguait à travers la stratosphère.
Lorsque la communication était rompue pour des raisons de secret-défense, Josef Schmitt prenait son manu-script, il tournait les pages avec la seule question qui vaille :
« Où vais-je bien coller ma nouvelle paperolle ? »
Le choix n’était jamais cornélien, car son manu-script était un modèle proustien de création dite en spirale d’escargot… le texte s’alimentait lentement de lui-même, tel un escalier en colimaçon. Il suffisait de lire et spontanément un ajout-paperolle venait à l’esprit… une merveille architecturale littéraire messianique… le manuscrit s’ouvrit seul aux pages souvent lues… il aimait cette phrase tirée de ses recherches lors de ses études, là il avait découvert qu’en d’autres lieux que l’US-land… jadis, avaient prospéré de brillants héros… tel Cyrano et son Rostand géniteur… ce fut sa phase « rime riche » qui fera l’objet d’un court paragraphe de soixante-douze pages si les paperolles le veulent bien…
Vous vous souvenez de ce moment où le père présenta Joseph à l’institutrice…
… là, Josef subit une décharge électrique de plusieurs milliers de watts… elle surgit de son inconscient stratégique… le souleva de son paddock… à l’équerre tel l’officiant dans ses oremus aux cieux…
… Franziska !
… ah ! tu émerges… persifla Barnaby… ta sieste est terminée mon cher !
« Ici, il faut introduire une paperolle… car le lecteur… lorsque ce texte deviendra le support des prochains catéchèses devra pouvoir faire comprendre, la transformation métamorphique… d’un quidam devenant prophète…
… justement j’étais en train de lire ton manu-script… le jour où tu es arrivé à l’école…
… écoute… le jour où tu es arrivé à la turne de la donzelle…
« Lorsque nous arrivâmes, Gottfried, mon père s’adressa respectueusement à la doulce personne qui lui faisait face… ce fut mon premier étonnement, j’en fus émerveillé, je découvris le racisme dans ses plus lumineuses réactions… ce fut à ce moment que je confirmais ma volonté d’être prophète… pour combattre ce mal qui ronge les structures de la société entière… madame la directrice était noire comme du chocolat… et j’adore le chocolat. Mon second émerveillement fut la pointure que son bustier soutenait, le mot n’est pas trop fort, une paire de ses seins… comac… depuis, je suis rivé à cette partie de l’anatomie de la femelle féminine avec une constance d’artiste… quoique les croupes me tentent bien aussi et chez elle la ligne des reins était totale.
Elle écouta Gottfried et m’adressa la parole…
« Quel mignon, petit enfant… dit-elle que peux-tu nous dire à ton âge candide de trois ans six mois et deux semaines ? »
« J’en ai marre de bouffer des Wurst tous les matins ! »
Stupeur de la matrone… j’avais touché juste !
« Monsieur Gottfried… pourriez-vous me donner les sens du mot Wurst…
« Ben chez nous dit Gottfried, le Wurst est une saucisse… bien qu’il y ait plusieurs types de saucisses… et…
« C’est fort intéressant dit la rombière… il est vrai que trois ans…
« Six mois et trois semaines… je m’empressais de rectifier l’erreur ! »
« Et il parle ? souffla la Miss.
« Non, je théorise !
« C’est fort intéressant répéta la taulière… et les théories sont de… heu… »
« Jérémie ! »
« La faiseuse d’anges transféra, plus haut, son regard vers le mètre nonante deux de mon père…
« Un copain à lui… le second prophète après Ézéchiel ! concéda-t-il.
« C’est fort…
« Intéressant ! poursuivis-je.
Elle était perdue… entre le … et… ne sachant que dire… elle susurra une platitude majeure… au sujet du qualificatif majeur que le peuple emploie sans discernement, je rajouterai une paperolle… elle poursuivit mutatis mutandis majeur.
« Un copain mais, il vivait jadis… voilà quelque trente siècles… là-bas… en… Arabie je crois…
« On allait à l’école ensemble… précisai-je…
« Ah, en Arabie… et dans quelle école ? Monsieur Gottfried ? Votre fils aurait-il eu un différend, une altercation, un renvoi de l’école où il était… des mauvaises notes… car dans ce cas il nous faut faire une enquête sérieuse… comprenez-vous monsieur Gottfried ?
Bref de prêchi prêcha en cahin-caha de l’alpha en bêta de charybde en scylla de fil en aiguille en somme… voilà que mon Vater se met à enjoliver la maritorne, le couple m’abandonne à leurs joyeux ébats… soudain au loin, je vis un être cosmique… dans un vêtement rose bonbon sucé… blonde comme un elfe… aux yeux de lacs d’azur… elle me regardait… je la regardais… ce fut la passion.
Pas bégueule, directe, droit au but elle tend la main.
« Franziska : et toi ?
« Josef ! Pour les uns… Jérémie pour d’autres !
« Alors ce sera Josef-Jérémie pour moi !
À ce moment, mon Vater vint interrompre cette nouvelle version de Tristan et Isolde… Roméo et Juliette… qui d’autre encore Ulysse et Pénélope… Dante et Béatrice… plus tard Josef et Franziska…
« Tu es admis ici ! dit Gottfried.
« Ah bon !
« À ce soir !
Et sans un mot de plus, il vint faire une courbette à la tenancière qui lui délivra un sourire carnassier à faire pâlir un félin africain… et tourna les talons.
Puis ce fut le départ d’un long parcours dans lequel la dame des lieux me laissa royalement la paix, à condition que je me care le cul dans un coin pour lire les prophéties le livre des prophètes les exégèses des sages… en rajoutant :
« Et surtout tu fermes ta gueule avec tes Wursterei ! »… saucissonailles : mauvaise traduction…
Je reluquais ses nénés… à tous les coups, elle devait se bourrer de Wurst elle aussi… à voir leurs volumes…
Tranquille, je progressais dans l’art d’écrire, de lire, de compter, de causer… un art de buanderie qui correspondait à la philosophie de la taulière… un art complexe d’une simplicité simple…
Pour faire un test, je lui lus un article, littéralement traduit de Spinoza… afin qu’elle s’éveille :
« Mais moi, je n’accorde pas que la faute et le mal soient rien de positif, encore bien moins que quoi que ce soit puisse être ou arriver contre la volonté de Dieu.
Non content d’affirmer que la faute n’est rien de positif, j’affirme en outre qu’on parle improprement et de manière anthropomorphique, quand on dit que l’homme commet une faute envers Dieu ou qu’il offense Dieu. »
Hissa LUNA jeta un regard inerte sur le texte de Spinoza et…
« Josef si tu fais encore le con avec ton copain Spi, je te fracasse le cul ! »
Je compris que le partage des connaissances était un dilemme profond à la fois entre les générations et entre les cultures… ce constat me conduisit sur la voie de la compassion, raison, attention, suggestion et passion…
Je venais d’élire Franziska… j’en fis un ange de miséricorde telle Guanyin bouddhique… je vins vers elle et je la vénérais en frappant trois fois mon front sur le sol…
Madame Taulière en resta muette d’émotion… se signa dans son langage des signes l’index pointé sur sa tempe que je ne pus décoder…
Franziska… elle… avait compris.
« C’est ainsi qu’après le départ du Vater, Josef en l’espace d’une demi-seconde comprit le fonctionnement des sociétés en général et de la sienne en particulier… à preuve la tenancière de l’école ne connaissait pas Spinoza. »
Barnaby… cessa sa lecture… se recueillit…
Regarda Josef… qui lentement renaissait…
… pour un guy de trois ans six mois et quelques tu avais de la réplique, je ne me répands pas de t’avoir cornaqué depuis cette époque, je me réjouis de te voir à mes côtés…
… Barnaby… tu sais ce que dit le Hagakuré
… le bouquin que le Padre a apporté… tu l’as déjà lu ?
… ma conscience en maraude et en éveil l’a lu… il dit :
« Qui veut éprouver la sincérité d’une amitié n’a qu’à tomber malade. »
… et tu as fait ça pour moi !
… c’est là, la pierre de touche pour juger des véritables sentiments d’un homme…
… je me souviens reprit Parker épris de vénération… de ton baptême…
11… baptême : où nous assistons en « direct live » au baptême de Josef depuis
« The Church Of Jésus Christ de Pittsburgh »
… en présence de la tribu : « Courez ! cria Gottfried, il pleut ! »
Et tous de sauter du plateau de la Ford F2 à qui mieux mieux pour rejoindre le temple.
C’était un grand jour : le baptême de Josef.
En ce temps-là, à côté du bâtiment sacré, il y avait un grand champ pour se garer, très souvent boueux, car il pleut plus que de moyenne à Pittsburgh.
Lorsqu’on allait à l’office dominical, on parquait la F2 ensuite, on montait en soufflant, car il fallait tirer les pieds lourds de boue.
On arrivait crottés suants puants la naphtaline que des litres de Kölnisch-Wasser arrosés par Yépa tentaient de résorber avant d’entrer.
En ce jour de juillet il ne tomba qu’une ondé de bénédiction préparatoire à l’onction du petit qui allait entrer dans la communauté… nul ne fut ni crotté ni transpirant… La de Kologne… fit merveille, elle nous arrosa à grands flots.
Le regroupement eut lieu dans l’impasse entre la maison du curé et l’église.
Gottfried fit face à la troupe, le peigne collectif passa de main en main, il fut suivi du miroir des beautés humaines… chacun aida son voisin ou sa voisine pour parfaire sa renaissance… puis le patriarche ordonna l’ordre à la colonne par quatre de gravir la volée de marches.
On pénétra sains dans le sein du Saint.
Là, attendaient deux enfants de chœur en aubes immaculées empesées… derrière eux, le pasteur supervisait le décorum. Benoitement, il s’avança en écartant les bras qui reléguèrent les deux servants. Il pénétra le groupe de fidèles attentifs et secoua vigoureusement la main du bon Gottfried… généreux pour sa communauté.
Les deux notables échangèrent des civilités dans la langue du célèbre temple « Of The Church Of Jésus Christ de Pittsburgh »… autrement dit en langue germanique.
Calvin n’y voyait aucun inconvénient. Il savait le bon pasteur que les trente pèlerins qui stationnaient essoufflés, laisseraient sans requête après l’onction, une coquette quête… rondelette… dans la bannette… proprette…
Bref…
Paperolle de Josef… qu’il écrivit plus tard dans son manu-script obèse :
« La seule chose qui me soit restée de ce jour, ce fut la couleur de l’intérieur du building. Une ambiance bleutée feutrée telles ces fleurs « les mauves » que les tisanières emploient pour des purifications. Je voyais au loin le chœur bleu lui aussi… au loin là-haut quelqu’un attendait… debout, vêtu de blanc, dans une attitude un peu byzantine… moi, je ne perdais pas une nuance de gris. J’avais entendu dire « baptême pluvieux destin heureux ! »… tu parles voilà le Pfarer costumé qui me balance des louches de flotte sur la tête… et mon Vater qui moufte pas… l’autre en rajoute en me racontant une litanie d’antiques paroles du Calvin… je reconnus l’accent très chaaaantaaant de G’nèv’e… où il avait dû faire ses études.
Plus tard, je vins souvent sous le dôme aussi byzantin que celui qui attendait, mais c’est une autre paperolle qui viendra plus tard ! »
La fête fut totale et complète lorsque le conducteur après quelques bons mots en dialecte souabe reprit la corbeille pleine du fruit de son abnégation et l’on se sépara après que les parents marraine et parrain eurent signé le registre qui élisait :
Josef Gustav Adahy Schmitt fils du temple « Of The Church Of Jésus Christ de Pittsburgh ».
« Plus tard, je rajoutai Jérémie à mon blason… Josef était le prénom d’un ancêtre qui n’avait pu venir en US land. Gustav, mon parrain était un cousin de mon père, Adahy ma marraine était une nièce de ma mère, une Cherokee dont le nom signifie vie dans les bois, quant à Schmitt… il signifie forgeron… mais, était-il besoin de le préciser ! »
La famille Schmitt habitait à l’extrême nord d’East Allegheny que l’on appelle la petite Allemagne.
East Allegheny au début du siècle était un espace paysan jusqu’au moment de l’entrée en guerre des US. Souvenez-vous de la date du 11 septembre 1941… où Roosevelt ordonna d’attaquer les navires du Führer qui croisaient dans les eaux territoriales US.
Roosevelt, vous vous souvenez sans doute, c’est celui qui lança le New Deal une réforme qui veut dynamiser l’économie US fracassée par le krach de 1929 et accessoirement soutenir les basses classes les plus pauvres de la population.
C’était aussi un bon moyen d’entrer en guerre pour faire un super jackpot qui fut repris plusieurs fois tant la cagnotte fut rondelette.
Les Schmitt comme toutes les autres familles… les Schwartz, Hoffmann, Stumpf, Huber, Hartmann, Bauer, « und so weiter »… applaudirent comme une seule famille et comme un seul homme se présentèrent aux portent des usines : salaire dix dollars pour dix hommes… ce qui dopa l’industrie.
L’économie enrichit la communauté germanique d’East Allegheny qui galopa avec la forte intention de bouffer toute la verdure pour en faire des usines et autres cheminées fumeuses et crasseuses…
C’est en 1950 ou 55, enfin entre ces deux dates qu’Abraham s’offrit sa première voiture : une Ford F2 qui fit sensation dans le monde germain, il la baptisa à la bière et lui donna le nom de « Rosalie ».
C’était une voiture utilitaire dans tous les sens du terme, elle transportait des êtres… des porcs… des marchandises… des matières premières… des ouvriers… des désespoirs en rouge comme la couleur de la carrosserie autant que des espoirs en vert par les récoltes qu’elle transportait… sans oublier « Die Kartoffeln ».
Le style de cette voiture était parfaitement conforme aux esthétismes germains… une carrosserie faite de solides et imposantes rondeurs évoquant la norme quotidienne du « made in Germany » qui est la seconde religion après Saint-Éloi et souvent avant. Cette voiture inspire confiance… d’autant qu’Abraham en achetant le véhicule construisit un atelier attenant à la ferme pour entretenir ce joyau du futur devenu.
En 1970, Abraham transmit le véhicule comme neuf à Gottfried. Ainsi, « Rosalie » sans regimber avait entassé sur le plateau plus de trente membres de la famille pour le baptême de Josef, l’équipage avait pris la direction de « The Church Of Jésus Christ de Pittsburgh ».
Ce fut le seul jour sans travail de la famille Schmitt, pendant lequel la tribu resta rassemblée dans l’immense cuisine. Notez bien ce fait, ce n’est pas un détail, trente germains rassemblés pour un jour sans pareil qui est la naissance d’un premier petit mâle… trente germains qui désertent les ateliers, les champs, les lavages, les cambouis, les rabots, les truelles, les charrues, les semailles… est un Kolossalstag… un jour Saint, élevé à l’étage supérieur d’un jour élégiaque… il faut le faire, eh bien ils le firent.
Les germains du voisinage cancanèrent… au sujet de ce temps perdu…
« Si c’est pas possible de voir ça… délaisser le travail ! » et jaloux en plus… gens de peu !
Les coffres antiques naphtalinés furent ouverts : les Dirndl et les Lederhosen vêtements traditionnels du Sud Germain émergèrent. Il fallut dépoussiérer et parfois retravailler le tissu avec ciseaux et aiguilles pour faire entrer le Nouveau Monde dans les pointures antiques. Au début, le tout sentait le chimique… mais rapidement avec la Kölnisch-Wasser et les jubilations jubilatoires, le naphte fit place au musc physique… ce qui prouve la vitalité de ce peuple.
Le repas fut grandiose… n’accueillait-on point Josef ?
« Il paraît, m’a-t-on dit plus tard, que j’étais resté indifférent à tout ce tintouin. Moi je pensais au Byzantin, bien curieux ce pèlerin, il est resté immobile pendant toute la session. Au début du rassemblement, j’avais vu des quantités de visages se pencher sur la noosphère de mon moïse, je ne reconnaissais personne, mais eux semblaient me connaître, puis rapidement plus aucun grisouilli vint s’épancher dans la sphère de ma pensée… et pour cause ils étaient entrés dans les heures de pleines mastications et beuvations autour du grand plateau…
Enfin, j’étais tout à mon questionnement profond sur le Byzantin, quand j’entendis Gottfried, mon géniteur qui debout chope à la main sanctifia la table et assura que tout ce qui viendrait à être croqué et bu… venait cent pour cent de sa terre… porcs compris…
Le père Schmitt fabriquait tout, accessoirement il travaillait dix heures à l’usine de bouteilles… pour gagner son dollar… quotidien… c’est ainsi qu’il avait acquis ses quarante hectares…
Puis je me propulsais dans la sphère au-dessus de ma noosphère… bien au-delà des ionosphères… là nobody n’interférait »
La table pouvait accueillir une armée, ce monument des agapes se démultipliait à volonté. La base fut construite par Abraham, il rajoutait régulièrement une rallonge pour faire face à la croissance de la famille Schmitt mais aussi à l’arrivée des oncles tantes neveux… tant Germain qu’Algonquin
Là on vit… enfin… on avait déjà vu… mais vous n’aviez point remarqué… ce qui sautait aux yeux… le peuple réuni était divisé en deux par le vêtement culturel… d’un côté, il y avait les Dirndl et les Lederhosen… c’est-à-dire les costumes de la Mitteleuropa germaine et de l’autres les parures indiennes… car comme vous le savez déjà, mais vous l’avez sans doute oublié, Yépa, la femme de Gottfried c’est-à-dire la mère de Josef était indienne… une Algonquin Anishinaabeg…
Dans la cour de la ferme, on pouvait admirer d’autres Ford F2… indiennes… couvertes de plumes… peut-être pour masquer les stigmates des ans… les Ford indiennes à côté de « Rosalie » sentaient un passé de nomades peu regardant sur les entretiens et les conditions de vie quotidienne… les car-driver pratiquaient les réparations en collant des décalcomanies… Jumbo était le leader…
« Rosalie », elle, resplendissait de fraîcheur, une jeune fille… aux vernis quasi neufs, relookée tous les trois mois par Abraham… pendant trente ans…
« Entre mes mains, avait confessé Abraham, « Rosalie » restera toujours une belle jeune fille… immortelle ! Ce fut la première paperolle que j’ajoutai à la vie d’Abraham »
Il y avait donc une dizaine d’Indiens… qui firent un joli tohu-bohu à la fin du repas, les voilà qu’ils sortent des tambours, ils se trémoussent à danser en cercle… les Germains en furent sidérés, ils avaient sorti les violons les cithares les hautbois anciens… ils avaient étalés les partitions et les cahiers de chants… ils attendaient le « eins, zwei, drei… » de l’oncle, mais voilà qu’algonquins, cherokees, sioux, comanches cassèrent l’ordre… que faire ?
Chacun veut inonder Josef de sa musique…
On palabra comme le veut la coutume, on fuma le calumet de la paix pour conclure que le germain commencerait ses musiques et le sioux poursuivrait… douze mesures plus tard… jusqu’à ce que silence de fatigue s’en suive.
Sans aucun apport technique d’électrons trublions triple-watts, le son était entendu à des kilomètres à la ronde… les voisins branlaient la tête devant cette débauche :
« Ach ! Comment vont-ils faire pour aller au travail demain matin ! Ach ! « si c’est pas malheur » que de copuler avec des Indiens… ça finira mal ! »
Et la jalousie les rendait encore plus rabougris.
Parfois le son faisait une pause pour que les vessies puissent retrouver une aisance à se remplir à nouveau.
Le soir, puis la nuit poursuivit ses vagues musicales… progressivement les arpèges decrescendèrent, les tambours devinrent tambourins puis cessèrent de tambouriner pour ronfler en grosses harmoniques profondes…
Les premiers voisins situés à deux kilomètres comprirent alors au petit matin que Josef était enfin baptisé.
« Moi, Josef, j’étais le centre de ce rassemblement, je n’avais participé en rien à ces ébats… sur le tantôt… une fée généreuse vint me tendre une offrande… je bénis ce baptême de cette Gretchen qui m’offrait son sein… car Yépa n’avait pas de mamelle nourricière… la plantureuse m’offrit cette douceur que je suçai avec jubilation… je tétais et là j’eus ma première érection… je m’en souviens parfaitement… l’autre rythmait les sonorités des Indiens, elle asticotait le tétin en « rythme and blues » jusqu’à la lie… puis elle me fit roter… en me tapotant le dos alors que j’étais posé sur sa généreuse poitrine… je pense que c’est à ce moment que ma passion pour les seins saints devint pour moi l’égal de la passion pour le Byzantin… ayant roté mon saoul… elle me libéra pour me laisser cul en l’air afin de changer mes vêtements de baptême tout en continuant à se trémousser sur les rythmes coyotes des vastes prairies… ensuite, on m’ignora, je passai, le reste du temps avec mon Byzantin… là je m’évadai, je découvris les livres anciens… je rencontrai Jérémie… un super copain… »
Depuis nous échangeons…
Et c’est ainsi que murmurent les tortues blondes
Gentilés
Si le voulez bien
Lisez suite jour prochain
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