2022… Beatus novus annus MMXXII… N°6…

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Gentilés de la noosphère et du cosmos… vous qui lisez… qui me lisez… qui nous lisez!
Nous sommes liés par une même passion… le livre… le texte… la lecture…
Nous, auteurs indépendants… nous éditons nous-mêmes nos opus… nous nous faisons connaître par le biais des salons indépendants… or, la pandémie nous a soustrait ce moyen… dès lors nous n’avons pas les mêmes avantages des écrivains soutenus par les maisons d’édition… leurs auteurs sont diffusés par les grands réseaux de libraires…
C’est à l’intention de ce peuple de félibres que j’ai écrit la ballade à la manière de Villon pour exprimer mon soutien au mouvement indépendant… passionné… vivant… créatif… nous poursuivons… nous maintenons!
Gentilés je vous souhaite le meilleur pour vous et vos familles… que les liens se créent à travers cette même passion… la lecture.
                                                                                         L’Ange Boufaréu

 Amis Auteurs… oyez ma Ballade…
Je vous emmène en balade…
À la manière de François Villon

Frères libres qui écrivez,
Vous fûtes hors champs désapprouvés
Par le microcosm’ éditeur
Du milieu germanoprateur…
Motif : ne point appartenir
À la cuisse gauche à venir !
Or, vous magnifiez l’art des mots
Pro domo tout prestissimo !

    Se frères, instamment clamons…
Ignore les chics… les couillons !
Poursuis tes décasyllabes,
Dans ton antre astrolabe,
Tord la vil syntax’antique,
Fracasse poncifs lyriques !
Écris l’elliptique prose,
Écrase le texte… ose !

Frères humains qui après nous
Vivrez… élisez ces voyous,
Qui z’osèrent, à fol rebours,
Éditer leurs fins calembours…
Loin des « snobs » parisiens salons…
Oyez… ils vous enchanterons !
C’est du vrai vernaculaire…
Le reste n’est que lanlaire!

Prynce lecteur qui a sur tout
Maistrie… lis donc ces sapajous !
À eux reviennent les palmes…
Du sincère ergastoplasme…
Qui concilie cœur et âme.

                                                                     Saluto te cum benedictione mea
                                                                              Beatus novus annus MMXXII
                                                                                             L’Ange Boufaréu

                                            Et c’est ainsi que murmurent les tortues blondes

                                                                       Gentilés  
                                                                       Si le voulez bien
                                                                       Lisez suite jour prochain    
                                                                                                  … L’Ange Boufaréu.

Les Contes du Vendredi N°5 « Noël »

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Gentilés de la noosphère…
Les Éditions Alain Iametti… et alain harmas vous souhaitent un Noël profond joyeux affectueux en famille… vos pensées orientées vers la paix…
                                                 Le secrétaire perpétuel L’Ange Boufaréu.

                                                             Et c’est ainsi que murmurent les tortues blondes

                                                                       Gentilés  
                                                                       Si le voulez bien
                                                                       Lisez suite jour prochain    
                                                                                                  … L’Ange Boufaréu.

 

Contes du Vendredi N°4  » Zé75 ne répond plus »

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Ici : Check Point Secret défense.
« Confirmons que Zé75 ne répond plus… activer plan urgence, immédiatement… rendre compte des évolutions… Ordre impératif. »
Le cerveau stratégique… resta en attente… puis reçut le message qui suit :
« Non… Zé75… répond… attendons une équipe de secours… terminé ! »
………………….
Zé75… est un jargon… il désigne un territoire de millions de kilomètres carrés que plusieurs puissances voudraient coloniser…
………………….
Agnostos : un témoin… en quarantaine… derrière un vitrage pare-balle… raconte… « J’en reviens ! »
………………….
Un puissant hélicoptère nous transporta… une équipe : trois hommes… sur Point Zéro… l’espace est nu… nous descendons en rappel… les containers suivent par le même moyen… au sol… le compteur ne décèle aucun rayonnement dangereux… nous quittons nos masques de protection…
Ici… nous ne savons qu’une chose…
Le dernier groupe envoyé… ne répond plus… comme celui qui l’avait précédé… tout autant que les autres avant eux…
Quel est cet ennemi qui nous empêche de conquérir cette terre ?
Mystère !
Nous intégrons un container… aménagé en espace d’habitation… toutes les heures, l’un de nous prend la garde… il surveille… le premier soir… un calme impressionnant… oppressant… s’est installé…
Au moment où le soleil rend son dernier rayon… un projecteur de lumière est allumé… mais… l’électrique décline lentement pour s’éteindre… c’est le noir total… aucun souffle d’air… pas un mouvement… et surtout ce silence… vibrant…
Nous sombrons… d’un sommeil mystérieux… écrasés de fatigue…
Une violente lumière nous réveille… en même temps… qu’un signal sonore…
On se redresse… loin… très loin autour de nous… le sol est couvert d’un tapis indistinct qui semble vibrer sur place… le revêtement est gris… tissé de tâches mouchetées… ce moutonnement vibre… l’enveloppe est animée… vivante…
Après un long moment pour reprendre nos sens… je vais descendre du toit… mais à l’instant où j’accomplis le mouvement… une voix émerge à travers l’ubiquité…

… homme d’Occident… tu ne bouges pas… tu écoutes…

À nos pieds… s’avance une colonne… des milliards de mandibules flanquées de métasomes levés armés du telson terminé par un aiguillon… un détachement de fourmis et de scorpions monte de long de la cloison du container… atteint notre socle… puis s’arrête… à trois pas de nous…

Le prédicat poursuivit son discours…
… homme… vous êtes la huitième vague… les sept précédentes ont échoué…
… c’est vous qui avez envoyé le message de secours ?

… c’est nous… vous allez savoir !
… homme… vous êtes des prédateurs-envahisseurs… tout votre passé en témoignage…
… homme… vous transportez le mensonge…
… homme… jadis aux autochtones… vous avez tendu vos livres saints… ils offraient un ciel radieux de concordes… on vous a crus… mais le résultat n’est pas celui que vous aviez promis…
… homme… avec nous… vous avez voulu faire de même… votre équipe… n’a rien à crainte… vous rapporterez cela à vos maîtres…

 

 

Alors, par une force totalement inconnue… nous fûmes transportés vers la base de l’équipe précédente… on ne touchait pas le sol… l’espace fut franchi en un instant… Là dans le bunker antique… à terre… nous découvrîmes… nos prédécesseurs… huit squelettes… les os polis…

… l’œuvre de nos ouvrières… il faut une heure trente… pour éliminer un homme !

Nous fûmes ensuite transportés vers une autre base… nos dernières technologies installées étaient découpées en milliards de confettis par les mandibules… d’acier.

… le travail de nos techniciens !

Nouveau transport… nous voici dans un immense four aux rayonnements nucléaires puissance hyperbolique…

… vous ne risquez rien… un rayonnement vous isole des miasmes!

Là… des cohortes de fourmis des vagues de scorpions… pénètrent en colonnes dans les restes de gigantesques piles atomiques… en fusion… des nuages radioactifs obscurcissent l’espace… nos compteurs s’affolent…

… ils se vaccinent… tous vos arsenaux ne causeront aucun soucis à nos armées !
… nous allons vous ramener dans votre camp… demain… nous viendrons vous revoir… car il faut que l’homme puisse incuber pour comprendre ce qu’il a vu et en déduire une conduite…

Nous sommes de retour… sidérés… muets… chacun peut lire la pensée de l’autre… on imagine la colonne d’insectes montant à l’assaut de notre chair… on anticipait le supplice… être dépecé vivant… une même réflexion inattendue émergea… de nos synapses…
… pour la première fois de ma vie… j’ai compris l’irréversible…
… homme… poursuit la voix… oui… l’irréversible déclin des peuples face aux envahisseurs… que sont devenus : Indigènes… Indiens… Incas… Quechuas… Aborigènes… Noirs… Arméniens… Chrétiens… en Asie… dans le Pacifique… sur tous les continents… à présent… tu raisonnes parce que tu es en état de faiblesse…
… c’est l’évidence…
… mais cette évidence a toujours été… tu viens seulement de découvrir dans ta chair l’effroi de ceux qui virent arriver une race supérieure… elle présentait ses livres saints… si tu rechignes tu seras passé par les armes… c’est ainsi depuis le jour où tu as quitté le rift africain…
… mais nous avons souhaité des alliances…
… alliances ?… pauvre naïf-hypocrite… tu n’as pas encore compris que la vague montante ne songe qu’à anéantir… la culture… la langue… le passé… les règles… les us et coutumes… les lois… les styles de vie… les traditions… la mémoire… la religion s’il en reste… pour occuper la terre…
… alors ?
… homme… les premiers envahisseurs arrivaient en petit nombre… ils venaient de l’extérieur… on les considéra tels des dieux…
… nous apportions aussi la science…
… le aussi est de trop… la mystification n’a plus cours… ta bêtise génère en son sein la seconde vague… elle t’a cannibalisé et tu ne veux pas l’admettre… elle te hait pour ta mollesse, ta faiblesse, ta mièvrerie… ils n’ont pas ta science… ils ont pire que cela… ils ont le nombre… comme nous…
… mais le dialogue… les valeurs…
… foutaises… nous avons découvert notre avantage… notre immunité naturelle est devenue inaltérable…
… le résultat ?
… nous étions là avant vous… 450 millions d’années pour nos amis scorpions, 120 millions d’années pour nous les fourmis… songe qu’après Hiroshima et Nagasaki… seules trois natures vivantes survécurent et vivent encore… les fourmis… les scorpions… et les ginkgos…
… je ne savais pas…
… homme d’Occident, tu ne savais pas parce que tu ne veux rien savoir… tu prétends que ton universalisme est la clé… tu n’as qu’à peine 2 millions d’années généalogiques… à peine 1,6% de vie par rapport aux fourmis… mais tu es fasciné par les mots… les concepts… les prétentions bibliques… c’est là ta faiblesse… qui te fera périr…
… nous voulons la paix…
… c’est très simple… reste chez toi… la paix pauvre homme fais-là respecter chez toi… observe ce qui arrive chez toi… si tu veux parvenir à notre grand âge… tu n’as qu’une chose à faire… te protéger comme nous le faisons… tu viens de raisonner… pourtant revenu chez toi tu feras le contraire…
… ne peut-on pas ?
… non homme… c’est toi… ou lui…
… notre culture… est généreuse !
… prétention… elle va être colonisée par une religion… par un envahisseur qui te hait… il prétend t’apporter le même concept que tu prétendais offrir jadis… tu ne dois pas avoir la main qui tremble… c’est lui qui va disparaître ou toi… il s’en fout de tes belles âmes… tes belles paroles…
………………………………………..
… écoute mon Cr∃do :
… nous te laissons la vie sauve… tu peux rentrer chez toi et annoncer la bonne nouvelle…
… nous voulons vivre selon nos modes de vie millénaires… aucun livre, science, monnaie ne nous feront changer d’avis…
… nous ne sombrerons pas dans la faiblesse contre l’envahisseur… la repentance… une tactique dans laquelle succombent toutes les cultures installées qui ont peur…
… nous savons ce que notre culture a développé… nous allons la protéger… par tous les moyens… nous mettons nos actes en rapports avec nos mots… nous ne laisserons par un millimètre entre le dit et le fait… c’est ainsi que l’on conserve son patrimoine…
… homme… lorsqu’on hait sa culture… ce qu’hélas nous pensons avoir compris dans tes attitudes de faiblards… tu n’es même pas apte à défendre ce qui t’a fait naître…
… homme tu es un misérable…
… tu peux rentrer chez toi… personne de chez nous viendra te coloniser…  donc reste chez toi !
… à présent… tu es libre… nous envoyons un message pour que ton aéronef vienne te chercher.
… homme d’Occident… sauve-toi toi-même !
……………
En réponse :
Ici : Check Point Secret Défense :
« Suivre le précepte de Sun Tzu : à l’évidence d’adversaire est uni… dans ce cas divisez-le ! Rendez-nous compte ! Ordre impératif ! »
Signé : Illisible.

                                            Et c’est ainsi que murmurent les tortues blondes

                                                                       Gentilés  
                                                                       Si le voulez bien
                                                                       Lisez suite jour prochain
… le compte-rendu de cet événement fut interdit par Check Point Secret Défense… or, une kamikaze… fit le voyage avec les trois hommes… merci à toi lanceur d’alerte…     
                                                                            … L’Ange Boufaréu.

 

Contes du Vendredi N°3 : Fable « Le poulet et de gentleman »

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Dans la campagne anglaise
Un gentleman très à l’aise
Devant un âtre chaud, dans des ors très royaux
Lisait les étonnants récits des passereaux
Avec grand intérêt… La révélation
Confirmait l’étrange cas de l’évolution.

Elle disait…
Et précisait…

Qu’un pinson arraché violemment de son nid
Du sol amérindien projeté tel l’ovni
Sur l’une des îles à des milliers de lieux
Lointains Galápagos… désertés des grands dieux.
Là, sur chaque îlot… végétations divers
Offrent bien des menus… étés comme hivers.
Si bien qu’avec le temps… les pinsons biens vivants
Identiques au départ devinrent différents…
… espèce nouvelle étrangère à maman…
C’est ainsi que conclut l’auguste gentleman
Darwin scientifique célèbre découvrant…
Que l’espèce évolue… ravit le conquérant.

L’évolutionnisme ?
Ne serait qu’un truisme ?
Émis le hobereau…
Avec force allegros…
Lecteur sache ! que le quidam était primair
Il mutait… lui aussi en gentleman-farmer
Il avait hérité d’une propriété…
Peuplée de centaines de milliers de poulets.

Le gentleman supputa…
Puis Darwin… adopta…
Si les pinsons mutent… ça, c’est son affaire…
Mes poulets muteront… là c’est mon affaire !

Dès lors…
Dehors…
Plus de grains, semoule, foin, verts-végétaux…
Les poulets n’eurent que clous… pneu… matériaux…
Rebuts… vides greniers… papiers… cartons… caisses…
Verre fin concassé… avec ça… engraisse !
Le château devint « clean »…
L’avaricieux très « in »…

Les longs mois passèrent… les poulets absorbaient
Tous les gravats grattés arrachés sans rabais
Sa Seigneurie cossue… fière se pavanait
Dans des atours nouveaux venus des Javanais…
« Et vos poulets ? » lui disait-on.
« Évolution… je suis le ton ! »
Personne n’eût l’idée de traverser le champ
Pour jeter un coup d’œil vers la volaille… son camp.

« Mutatis mutandis »… le Lord Nouveau voulut
La grandiose fête sanctionnant l’advenu…
Illuminations… feux de Bengale géants
Gentry Milords Dames le Tout très élégant…
Se pressent
En liesse
Courtisent
Tissent
Des louanges
Mes chers anges !

Quand soudain du côté des poulets oubliés…
Explose un puissant remugle déplié…
Qui grandit… qui grossit… qui forcit… qui rugit…
Tel un fort tsunami… la volaille surgit
Inonde le banquet…
Le monde est offusqué…
Or… depuis des lustres… la volaille a muté
Darwin l’avait bien dit… le lord n’est pas futé.
Et l’on voit s’avancer… superbes mutations…
Poulets aux becs d’acier… les ergots en action
Les coqs viennent au pas… ils cocoricotent
Un chant de revanche… la vague asticote
Triomphe des plumes… de l’antique poulet
Devenu grand vautour… dévaste le palais…
Il n’en fait qu’une ruine…
Du lord et sa coquine…

Mutation… les becs d’acier…
Mutation… les cervelles métalliques…
Mutation… les estomacs barbelés…
Mutation… les instincts libérés…
Les Ors et Invités trépassent par les becs
Des new-biology… exit salamalecs!

Morale unique ?
Morale inique !
En voilà mieux…
Qui sautent’aux yeux…

Antépénultième… « Détenir le pouvoir ?
Certes, mais il faudra acquérir les savoirs ! »
Pénultième… « Celui qui snobe les poulets…
Sur son mont-ticule… il se croit adulé… »
Ultime… « Résident, tu n’offres que des clous…
Au creux de l’œuf mutant… sortira le marlou…
Oublieux mais trop tard… car tu en es l’auteur…
C’est un petit poulet… qui sera ton tacleur… »

                                                     Et c’est ainsi que murmurent les tortues blondes

                                                                       Gentilés  
                                                                       Si le voulez bien
                                                                       Lisez suite jour prochain
… la rédaction de cette fable fut confiée à la célèbre Plume Coquecigrue qui s’en acquitta avec panache…       
                                                                            … L’Ange Boufaréu.

Contes du Vendredi N°2 « Énigma »

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Le soir, vers dix-neuf heures…
Depuis place Saint-Jean…
Les flânants… suivent le même flux flat… des quidams…
Vers une placette… une terrasse… un bouchon… là… les désœuvrés posent leur cul sur le triste métal froid d’un siège qu’il faut réchauffer un instant… méditer avant qu’arrive le garçon… plateau vide à la main… chemise blanche… nœud papillon… tablier bleu noué autour de la taille… témoin actif de la terrasse…
C’est le temps de l’andouille grasse… accompagnée… du pot lyonnais…
Un maire de Lyon avait sacralisé sa longévité à la tête de la Cité des Gaules dans sa célèbre « gonitude »…
« la politique, c’est comme l’andouille… ça doit sentir la merde… mais pas trop ! »
Le peuple languissant… le nez au vent… renifle les effluves d’une envie à satisfaire… calé… là ou ailleurs… ici en perspective… la rue remonte vers le Petit Musée de Guignol…

À contre-courant…
Des chalands…
Nonchalant…
Elle traboule… l’antique gourrinefumellegrand’damefenotteallez-donc sachant ?
… elle fait son petit viron
vers Saint-Jean… depuis la Grand Côte… ou la rigole du Gourguillon… elle s’anime…
… elle ne flaire pas tel l’affamé… elle soliloque… en loques… elle s’arrête, s’invective, se frappe la poitrine… meaculpabilise… apostrophe le monde… qui s’en moque…
La tignasse est coiffée d’un bibi troué vieux bois des garennes… le cou tel un jésus lyonnais est embossé dans un cache-nez à tours multiples… ensuite c’est un long manteau… dont le bord dépenaille ses pendouilles… qui traînent…
Plus bas, on imagine les brayes de laine remontant jusqu’aux entrailles…
Elle chausse une confection-maison faite d’une tranche de pneu… fagotée tels les poilus de 14 de ficelles et de bandes molletières… dépareillées…
Au moment où les effluves de l’andouille arrivent sur la table…
Énigma… son nom surgissant… de barbote…
Énigma… donc, s’arrête… de l’autre côté de la rue… hume le vent… regarde sans voir… voit sans regarder…
Elle reste longtemps immobile… elle hésite… suppute…
Puis s’assied sur un tabouret de béton qui recèle une grille d’égout… devant elle…
Son réticule était masqué par le drap du manteau… elle le ramène sur ses genoux devant elle… les grôles aux semelles de pneu pendent dans le vide…
En grommelant, elle ouvre le manteau, sort un bloc de journaux… qui la protégeait telle une armure face au vent mauvais…
Là… elle écarte les jambes… elle installe la pile sur le drap tendu… inspecte méticuleusement chaque feuille de journal… lit le titre… la colonne… elle suit le texte avec l’index qui sort libre du gant… aux doigts sectionnés…
Pendant ce temps l’andouille a disparu de l’assiette… contempler Énigma est tel que le ripailleur n’a rien goûté… voilà qu’arrive la cervelle de canut… déjà !
Soudain…
Énigma tombe en arrêt devant une page dépliée… un texte… historique sans doute… illustré en blanc et noir… elle déchiffre… cancorne… plie… replie… déplie… mesure… assure avec force le pli… puis sélectionne délicatement un morceau carré aux bords bien nets…
Pose le florilège sur le drap… sort une blague de tabac… tels ces paquets dodus de gros-cul, distribués aux poilus… jadis… l’ouvre méticuleusement… cueille les brins… les installe sur le quart de papier… égalise… mesure… rajoute… renifle de jouissance… ferme la blague… roule la cigarette… avec les doigts et les pouces comme un vieux routier… une belle tige de 12…
Puis sur la surface restée libre, elle tend voluptueusement la langue… étale une large couche de salive… colle l’offre de voyage… tapote le produit… le tasse… recueille un grain orphelin… hors-d’œuvre tel le mâchon…
Elle contemple son œuvre… longuement divinement… on imagine les muqueuses qui s’épanouissent vers le foyer libérant l’extase…
Le réticule est refermé… le viatique est au bec… pour le voyage…
Briquet tempête… flamme sacrificielle… elle allume… le joint…
Aspire… souffle un premier soupir d’aise… paisible…
Le buste se redresse… elle observe la rue… telle la Pythie…  hiératique… muette… concentrée…
Élégance consommée… elle fume avec grâce… elle tousse… elle crache… mais derrière la main gantée… de dentelles…
Le spleen…
Après la cervelle de canut… suit le café… noir…
Énigma…
Alors…
Regarde attentivement le mégot… devenu une brève de journal collée informe… jette le vestige… glaviotte
Puis…
Active… reprend la pile de journaux…
Inspecte avec attention les grilles de l’égout… mesure les écarts entre les barres… en fourrant son index dans la métallique matrice…
Et…
Consciencieusement…
Feuille après feuille…
Plie…
Replie…
Appuie avec force, la trace du pli avec le pouce…
Alors…
Découpe, tel l’ouvrier-modèle, la feuille en lanières de vingt centimètres sur deux…
Lentement…
Méthodique…
Concentrée…
Dans l’indifférence de la rue… de la terrasse… des andouilles… des garçons… des passants… des soirs… des cervelles… y compris celles des canuts…
Chaque feuille est réduite en lanières…
Énigma se plie…
Tel l’Hermès postant sa lettre… elle glisse les bouts de papier dans la fente de la grille d’égout…
Le travail est propre, soigné, organisé…
C’est une artiste… elle élimine… avec soin…
On l’entend gongonner… parfois elle se redresse prend la rue à témoin… elle s’interroge… elle compte le nombre de pages… poste sans cesse ses lanières… puis se redresse… plie le reste des journaux… les fourre sur sa poitrine… pour demain…
Je pense à la réflexion d’Arthur… qui me disait…
… mon pauvre… s’il y avait un dieu… je n’aimerais pas être ce dieu là… la misère du monde me déchirerait le cœur…
Le chaland en terrasse repu… perdu un instant dans ses réflexions… revient vers… elle…
Énigma… a disparu… au moment où il découvrait le réel…
Dans le caniveau…
Git un mégot… il fut le témoin des soupirs… des élans… « prolétaires, unissez-vous »… autant que du désenchantement du monde… pendant que certains questionnent le sexe des anges… ou boulottent une andouille…
Ne mégotons pas…
Dans quelques heures… les boueux… lâcheront les grandes eaux pour assainir les pavés que polissent les visiteurs… indifférents…
Il est vingt-et-une heures…
zou… v’là les cloches…
qué carillonnent…
au Saint-jean…

                                              Et c’est ainsi que murmurent les tortues blondes

                                                                       Gentilés  
                                                                       Si le voulez bien
                                                                       Lisez suite jour prochain
… Enigma disparue… ce fut le gone du bouchon qui rédigea sur le genou ce compte-rendu authentiquement lyonnais…     
                                                                                               … L’Ange Boufaréu.