Contes du Vendredi N°2 « Énigma »

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Le soir, vers dix-neuf heures…
Depuis place Saint-Jean…
Les flânants… suivent le même flux flat… des quidams…
Vers une placette… une terrasse… un bouchon… là… les désœuvrés posent leur cul sur le triste métal froid d’un siège qu’il faut réchauffer un instant… méditer avant qu’arrive le garçon… plateau vide à la main… chemise blanche… nœud papillon… tablier bleu noué autour de la taille… témoin actif de la terrasse…
C’est le temps de l’andouille grasse… accompagnée… du pot lyonnais…
Un maire de Lyon avait sacralisé sa longévité à la tête de la Cité des Gaules dans sa célèbre « gonitude »…
« la politique, c’est comme l’andouille… ça doit sentir la merde… mais pas trop ! »
Le peuple languissant… le nez au vent… renifle les effluves d’une envie à satisfaire… calé… là ou ailleurs… ici en perspective… la rue remonte vers le Petit Musée de Guignol…

À contre-courant…
Des chalands…
Nonchalant…
Elle traboule… l’antique gourrinefumellegrand’damefenotteallez-donc sachant ?
… elle fait son petit viron
vers Saint-Jean… depuis la Grand Côte… ou la rigole du Gourguillon… elle s’anime…
… elle ne flaire pas tel l’affamé… elle soliloque… en loques… elle s’arrête, s’invective, se frappe la poitrine… meaculpabilise… apostrophe le monde… qui s’en moque…
La tignasse est coiffée d’un bibi troué vieux bois des garennes… le cou tel un jésus lyonnais est embossé dans un cache-nez à tours multiples… ensuite c’est un long manteau… dont le bord dépenaille ses pendouilles… qui traînent…
Plus bas, on imagine les brayes de laine remontant jusqu’aux entrailles…
Elle chausse une confection-maison faite d’une tranche de pneu… fagotée tels les poilus de 14 de ficelles et de bandes molletières… dépareillées…
Au moment où les effluves de l’andouille arrivent sur la table…
Énigma… son nom surgissant… de barbote…
Énigma… donc, s’arrête… de l’autre côté de la rue… hume le vent… regarde sans voir… voit sans regarder…
Elle reste longtemps immobile… elle hésite… suppute…
Puis s’assied sur un tabouret de béton qui recèle une grille d’égout… devant elle…
Son réticule était masqué par le drap du manteau… elle le ramène sur ses genoux devant elle… les grôles aux semelles de pneu pendent dans le vide…
En grommelant, elle ouvre le manteau, sort un bloc de journaux… qui la protégeait telle une armure face au vent mauvais…
Là… elle écarte les jambes… elle installe la pile sur le drap tendu… inspecte méticuleusement chaque feuille de journal… lit le titre… la colonne… elle suit le texte avec l’index qui sort libre du gant… aux doigts sectionnés…
Pendant ce temps l’andouille a disparu de l’assiette… contempler Énigma est tel que le ripailleur n’a rien goûté… voilà qu’arrive la cervelle de canut… déjà !
Soudain…
Énigma tombe en arrêt devant une page dépliée… un texte… historique sans doute… illustré en blanc et noir… elle déchiffre… cancorne… plie… replie… déplie… mesure… assure avec force le pli… puis sélectionne délicatement un morceau carré aux bords bien nets…
Pose le florilège sur le drap… sort une blague de tabac… tels ces paquets dodus de gros-cul, distribués aux poilus… jadis… l’ouvre méticuleusement… cueille les brins… les installe sur le quart de papier… égalise… mesure… rajoute… renifle de jouissance… ferme la blague… roule la cigarette… avec les doigts et les pouces comme un vieux routier… une belle tige de 12…
Puis sur la surface restée libre, elle tend voluptueusement la langue… étale une large couche de salive… colle l’offre de voyage… tapote le produit… le tasse… recueille un grain orphelin… hors-d’œuvre tel le mâchon…
Elle contemple son œuvre… longuement divinement… on imagine les muqueuses qui s’épanouissent vers le foyer libérant l’extase…
Le réticule est refermé… le viatique est au bec… pour le voyage…
Briquet tempête… flamme sacrificielle… elle allume… le joint…
Aspire… souffle un premier soupir d’aise… paisible…
Le buste se redresse… elle observe la rue… telle la Pythie…  hiératique… muette… concentrée…
Élégance consommée… elle fume avec grâce… elle tousse… elle crache… mais derrière la main gantée… de dentelles…
Le spleen…
Après la cervelle de canut… suit le café… noir…
Énigma…
Alors…
Regarde attentivement le mégot… devenu une brève de journal collée informe… jette le vestige… glaviotte
Puis…
Active… reprend la pile de journaux…
Inspecte avec attention les grilles de l’égout… mesure les écarts entre les barres… en fourrant son index dans la métallique matrice…
Et…
Consciencieusement…
Feuille après feuille…
Plie…
Replie…
Appuie avec force, la trace du pli avec le pouce…
Alors…
Découpe, tel l’ouvrier-modèle, la feuille en lanières de vingt centimètres sur deux…
Lentement…
Méthodique…
Concentrée…
Dans l’indifférence de la rue… de la terrasse… des andouilles… des garçons… des passants… des soirs… des cervelles… y compris celles des canuts…
Chaque feuille est réduite en lanières…
Énigma se plie…
Tel l’Hermès postant sa lettre… elle glisse les bouts de papier dans la fente de la grille d’égout…
Le travail est propre, soigné, organisé…
C’est une artiste… elle élimine… avec soin…
On l’entend gongonner… parfois elle se redresse prend la rue à témoin… elle s’interroge… elle compte le nombre de pages… poste sans cesse ses lanières… puis se redresse… plie le reste des journaux… les fourre sur sa poitrine… pour demain…
Je pense à la réflexion d’Arthur… qui me disait…
… mon pauvre… s’il y avait un dieu… je n’aimerais pas être ce dieu là… la misère du monde me déchirerait le cœur…
Le chaland en terrasse repu… perdu un instant dans ses réflexions… revient vers… elle…
Énigma… a disparu… au moment où il découvrait le réel…
Dans le caniveau…
Git un mégot… il fut le témoin des soupirs… des élans… « prolétaires, unissez-vous »… autant que du désenchantement du monde… pendant que certains questionnent le sexe des anges… ou boulottent une andouille…
Ne mégotons pas…
Dans quelques heures… les boueux… lâcheront les grandes eaux pour assainir les pavés que polissent les visiteurs… indifférents…
Il est vingt-et-une heures…
zou… v’là les cloches…
qué carillonnent…
au Saint-jean…

                                              Et c’est ainsi que murmurent les tortues blondes

                                                                       Gentilés  
                                                                       Si le voulez bien
                                                                       Lisez suite jour prochain
… Enigma disparue… ce fut le gone du bouchon qui rédigea sur le genou ce compte-rendu authentiquement lyonnais…     
                                                                                               … L’Ange Boufaréu.

 

Conte du Vendredi… « Berthe »

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Berthe…

… est l’unique fille d’un couple de paysans misérablement pauvres…
Non loin, sur ses terres grasses, un voisin fort cossu avait un fils…
Le Vieux pouvoir proposa aux démunis, proches de la fin, un avenir pour la fille… elle aurait son fils pour époux… en dot, elle viendrait avec le lopin de terre et la masure… en foi de quoi les vieux parents pourraient vivre chez eux jusqu’à la fin de leur vie…
L’autre le savait… car ces vieux, voyez-vous, si on les dépossède de leur toit, s’ils arrêtent de gratter leur terre, s’ils vivent dans la soumission… ils en meurent…
Ce qu’ils firent quelques jours après l’accord… la fille enterra les parents… et se trouva transférée tel un bien matériel dans la maison du promis…
Ne trouvant point un prénom pour le destiné… c’eût été faire injure à ceux qui portaient le même nom… le narrateur le nomma « Monsieur Personne »…
Depuis sa naissance, Monsieur Personne à l’image de son père, devenu « Vieux », terrorisait tous les membres de sa famille… elle était nombreuse… grand-père, grand-mère, oncles, tantes, cousins, frères et sœurs, tous aigris hargneux vengeurs… vivaient sous sa férule… la mère se taisait… le père agitait la cravache… le fils recevait les orrions… il continuait ses frasques…
Aucune femme ne voulait entrer dans un tel enfer…
Berthe vint…
Elle n’était ni grande ni petite… elle portait le visage d’une jeune vieille… elle avait toutes les fonctions et les formes requises pour servir de femme… elle affichait une solidité de jument… elle était gravide comme l’animal…
Elle n’était pas muette… mais elle était économe… elle n’exprimait que le mot qu’il fallait… la plupart du temps, elle préférait le silence…
Monsieur Personne voulut une fête grandiose sans fleurs sans église sans cantique sans trémolos sans officier de mairie… et même sans mariée… mais pas sans tambouille orgiaque…
Dans l’immense ferme, les tribus collatérales paternelles s’assemblèrent… autour des ripailles des corps gras des boissons fortes des mots salaces… tout le jour… toute la nuit jusqu’à ce que le peuple s’écroule sur le sol… ivre d’alcool et de bestialité… corrompus de copulations…
Berthe n’avait pas été invitée… comme une souris… elle laissa ces monstres se frotter entre eux…
Au commencement de la fête, elle avait osé un geste d’attention à un benêt de cousin… empoté…
Monsieur Personne interrompit à jamais l’accomplissement du bien… claqua deux gifles sur chaque joue de la nouvelle bru… qui sut ce jour-là que la messe était dite…
Elle s’éloigna, dans l’ombre… la fête n’était pas pour elle…
Portant les plats pleins… rapportant les vides… elle secondait des vieilles cacochymes acides qui n’avaient plus leurs yeux, mais qui tonnaient de la voix…
Comme les chèvres…
Berthe mit au monde trois enfants mâles… à l’image du père…
Puis une fille… mimétique de sa mère…
Depuis les deux paires de claques… Berthe, sous les ordres de l’acariâtre hégémon, elle abattait les charges de sa tâche… loin de Monsieur Personne…
Il arrivait, dans l’alcôve, à toute heure du jour ou de la nuit pour sa ration de chair… puis il repartait… vers d’autres jouissances…  Berthe savait que l’instant était court… Monsieur Personne baisait comme un porc… il fallait deux minutes à peine… parfois après le coït, l’affection de Monsieur Personne s’exprimait d’une paire de claques… au pire quelques coups de poings… ensuite elle avait la paix… quelques heures… quelques jours… parfois plus…
Les garçons devinrent les clones de Monsieur Personne…
Ils ne la haïssaient pas… ils l’ignoraient…
Le vieux père qui avait conclu le pacte avec les parents de Berthe… resta un soir dans l’écurie… ivre… mort… le lendemain on l’enterra…
Monsieur Personne libéré du Vieux… devint sur-puissant…
Sans que l’on puisse s’en rendre compte… tant la fille était inutile… Berthe confia sa fille à une sœur de sa mère qui avait eu la bonne idée de laisser bon nombre de kilomètres entre elle et la ferme…
On l’oublia…
À jamais…
Un jour… alors que la fratrie faisait bombance… arriva un homme de loi…
Berthe en était l’objet…
Monsieur Personne avait décrété qu’elle était folle… on la placerait dans un établissement qui assurerait les soins à sa folie…
Berthe avait fait son temps… vingt-quatre heures par jour, elle avait accompli sa « charge »… la matrice avait enfanté les mâles progénitures… il n’était pas question de succession… à présent Berthe serait privée de ses droits civiques… sous curatelle… elle serait en quelque sorte emprisonnée…
Or… nous l’avons dit, Berthe avait une constitution de jument du néolithique… Monsieur Personne s’en était inquiété… les fils aussi… ils voyaient d’un mauvais œil la mort du père… la fin du vieux ivre mort… pouvait se reproduire… Berthe devenait héritière…
L’impensable !


Soudain, tous, aussi, constataient que, depuis toujours, elle était là… elle avait aussi de la mémoire… depuis les deux paires de claques… Berthe savait écouter…
Pensait-elle ?
L’homme de loi sentant les Eaux parfumées de la ville exposa aux pouvoirs de la fratrie la situation… cela prendrait un certain temps… oh !… peu de temps… le temps seulement de mettre en adéquation le projet et les papiers… une affaire de quelques semaines… elle serait conduite dans un établissement sous escorte… sans retour…
Que Berthe soit folle ou non n’était pas son sujet… il était payé pour construire ce dossier… qui devait juridiquement être inattaquable… un médecin à la solde fut requis… pour examiner Berthe… jamais on ne le vit… son nom figurait en bonne place sur l’en-tête… c’était l’essentiel…
Nous étions dans la saison d’automne… la pluie dorait les feuilles des arbres…
Comme toutes les années à pareille époque… non loin, les forêts se mirent en mouvement pour produire leurs fruits de la saison… la récolte de champignons… aux multiples variétés…
Les mâles chassaient le poil qui bondit, la plume qui vole et la femelle qui s’acoquine…
Ils envoyaient Berthe avec corbeilles et couteaux cueillir le fruit… de la saison…
Depuis trente ans c’était le même rituel…
Lorsqu’elle revenait dans la cuisine sous les ordres des grincheuses… celles-ci préparaient les cèpes bolets girolle coprin chanterelle lactaire trompette des morts…
Tiens… trompette des morts!
Un soir…
Les bougres étaient réunis… le père… les trois fils… d’autres infâmes…
Jamais… Berthe n’avait occupé une place à cette table tribale…
Comme la jument, la vache, la chèvre, le bœuf… elle produisait… seulement…
Monsieur Personne avait reçu l’homme de lois… les fragrances de son parfum des villes l’attestaient… il apportait le dossier qui légalisait la tare de Berthe… elle était folle… elle avait perdu tout sens pratique… on allait l’enfouir… là-bas… derrière les murs…
Monsieur Personne posa le dossier sur un meuble non loin de la vaste cheminée où sur des chenets mijotaient d’immenses poêles de cailles rôties… de champignons aux aulx et persil…
Monsieur Personne, après le repas signerait… le document en versant une larme de compassion pour cette femme… sa femme… devant l’homme de loi parfumé qui viendra le lendemain reprendre les feuillets…
Et tout sera dit…
Le peuple gras de mâles… s’installa… consomma…
Peu avant minuit… le peuple était écroulé… ivre…
Puis ce fut un grand silence…
Les vieilles endormies dans les cuisines se surprirent à s’éveiller dans la nuit en constatant ce calme… elles se traînent dans la grande pièce…
Le spectacle est sinistre… les corps sont vautrés… couchés sur un siège… recroquevillé au sol… entassé sur un banc… renversés sur une table… inanimés… livides… morts… sur le dos… sur le ventre… dans des flaques de vomis… sanglants puants…
Elles hurlent…
Les champignons…
Berthe…
C’est sa faute… toujours la même… c’est elle…
Mais avant le grand silence… dans l’âtre… la main de Berthe a posé un dossier… paisiblement, elle l’a regardé… se consumer… il ne reste rien… les serments qu’elle a tisonnés ont tout effacé…
Les vieilles hurlent qu’il faut aller chercher de l’aide…
Berthe part au village…
Elle revient avec un garde champêtre… un docteur… un témoin…
Ils constatent…
Les convives sont froids de mort…
Ils ne restent que les matrones… hystériques… hurlantes… échevelées… édentées…
Depuis trente ans elles ont préparé le repas…
On se tourne vers elles… on interroge… on questionne… qui a cuisiné… elles suffoquent… elles se damnent… elles s’écroulent devant les réalités… elles sont folles!
Pour Berthe…
Tout le monde sait… que depuis trente ans elle dort dans une sous-pente… que ce sont les cacochymes pleureuses qui préparent les repas…
Tout le monde sait que Monsieur Personne l’a oubliée depuis plus de vingt ans… il a déniché des soubrettes avec qui il baise comme un porc…
Tout le monde sait que Berthe ne s’est jamais assise à la table de la tribu… elle n’en connaît que les contraintes…
Bien des convives sont venus à cette table…
Ils ont vu… entendu… vécus les gifles et le grand rire de Monsieur Personne… qui renvoie Berthe à son alcôve comme l’on agit avec son chien…
Nul n’a dit mot…
Les morts sont enterrés…
Les vieilles sont à l’hospice…
L’homme de loi… était venu quelques jours plus tard pour s’enquérir du dossier…
« Quel dossier ? »

Il revient… pour un autre… mais il n’est pas seul…
La ferme, la terre, les biens…
Des gens arrivent s’installent soupèsent évaluent mesurent calculent expertisent estiment quantifient listent additionnent…
Les marteaux des commissaires priseurs frappent le table de bois…
Berthe pour la première fois de sa vie est assise en coin de la grande table vide…
Le bal des sondeurs est insondable…
Liquidation…
Les maquignons les corbeaux les envieux… se frottent les mains… ils sont rassasiés…
Un matin…
Un homme s’approche d’elle, lui intime l’ordre de le suivre…
Elle sort de la grande pièce…
Sur le seuil un journaliste-photographe l’illumine de son flash…
Le lendemain dans « L’Écho des Sachants »… feuille de chou quotidien local à un sou… Berthe… on savait… pourtant… elle sera à la une pour la seule et unique fois de sa vie sous le titre : « L’empoisonneuse enfin démasquée »

Une matrone du village venue voir son départ ponctua :
« Quelle conne… pour l’héritage… c’est vraiment raté… ! »

                                          Et c’est ainsi que murmurent les tortues blondes

                                                                       Gentilés  
                                                                       Si le voulez bien
                                                                       Lisez suite jour prochain
… merci à toi Berthe pour ton témoignage… il remuera sans doute les cœurs… mais laissera hélas de marbre toutes les structures qui exercent les pouvoirs…    
                                                                                               … L’Ange Boufaréu.     

Koba ou la sombre rémanence N°43 Kaboul… la prise de fonction…

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Acte 1
Quelques heures avant la prise du pouvoir des Talibans à Kaboul…
Intérieur d’une maison afghane
Un occidental s’entretient avec une jeune fille de onze ans…
… Sahar veut quitter le pays… elle veut devenir médecin…

Sahar… depuis qu’elle est en âge de comprendre, sait que la force des armes qui prend le pouvoir dans son pays ne lui permettra pas de réaliser son projet… mais elle espère.
Elle sait… sur sa terre… que la jeune fille qui devient femme, disparaît de l’espace public… Elle est aussitôt unie à un maître qu’elle ne connaît pas… elle ne peut reparaître que sous un voile…
À partir de ce jour, elle ne sera plus une personne qui pense par elle-même… elle sera l’esclave de son maître, il décidera de la « chose » qu’elle sera… comme l’âne chargé, elle exécutera l’ordre donné… elle est un article du droit politico-religieux… « la femme… fera… sera… engendrera… se taira…  »
Sa mère est parvenue à nouer des contacts avec les étrangers, pourra-t-elle créer une ouverture pour sa fille… pourra-t-elle étudier à l’étranger…
L’étranger… est ici présent… il écoute…
L’étranger… ici… sait… qu’il est soumis au droit de la guerre… la mort comme crédo…
L’étranger… ici… sait… que l’on peut contourner ces droits… invoquer les Traités  Internationaux… tenter le risque… maquignonner avec l’argent…
Sahar… récite les phrases normatives des manuels qu’elle tend compulsivement : « Parler étranger en 30 leçons… » elle sait… par cœur… de la première à la dernière page… elle est intarissable… « Je peux ».
L’étranger… ici… sait… qu’il existe… un droit supérieur aux Traités Internationaux… aux risques… à l’argent… c’est l’Humanisme… mais ici, l’Humain est persona non grata
Sahar… « je sais, je soignerai, comme toi Étranger tu es venu réparer les chairs… l’ennemi connaît ton pouvoir… il te demande d’intervenir parce que tu sais ! »
L’étranger… sait cela… il sait aussi… loin d’ici… en territoires occidentaux là-bas… il y a… des forces… autrement plus redoutables que la kalachnikov… ce pouvoir des philosophies mortifères relayées par des tribuns Germanopratins bobos libres enragés… ils se font les porte-parole de ceux qui imposent l’inhumain…
… les bateleurs claironnent l’horreur : «… la réconciliation avec les terroristes… »
Sahar… est-ce possible ?

Acte 2
Chalipa, la mère, entre… voile intégral, le signe… le projet de Sahar s’effondre…
  Sahar fera ce que les forces ordonneront…

L’étranger… sait que la Galaxie numérique a définitivement supplanté la Galaxie Gutenberg… Un tribun éructant à Paris cautionne en écho tous les actes terroristes autour d’un rayon de 20 000 kilomètres… jadis, ces transfuges… ces tribuns opprimés dans leurs pays ont trouvé refuge en pays « libre » ont poursuivi des études supérieures… à présent, ils prêchent sur les estrades, le droit des terroristes à prendre le pouvoir… c’est le retour du monde d’avant la « Chute »… c’est toujours le même schéma… pour la stratégie de sa gloire « le crâne d’œuf parvenu » fait la courte échelle au « peuple » afin qu’il accède au pouvoir… il prêche la réconciliation avec cette loi d’ « amour » selon le mot d’une bobo ministre hexagonale…
L’étrangersait aussi… que d’autres philosophies encore plus subversives que la  kalachnikov… pire que la réconciliation avec les terroristes… ces voix des minorités virulentes qui imposent d’autres vérités que les réalités biologiques… le « wokisme »… elles disent que tout peut être déconstruit… chacun peut même choisir son sexe… là aussi au nom de la liberté…
La génétique des fondateurs Mendel et Morgan démontrait que le milieu dans lequel on baigne ne modifiait pas la génétique de l’être… or… le Très grand communiste Lissenko prétendit que les théories de Mendel et Morgan étaient des sciences « bourgeoises » non conformes aux « lois de la dialectique… la vraie science… la science prolétarienne… lui… il prétendait fracasser la biologie, il pouvait modifier le noyau d’ADN grâce au pouvoir du matérialisme… autrement dit créer l’homme nouveau… on connaît le résultat…
Voilà la nouvelle vague, elle veut réécrire le nouveau totalitarisme… il n’y a pas de fille, il n’y a pas de garçon… « tu peux donc choisir ton sexe… »…
…………………………………….  ose ana !
Sahar… ne peut croire ce qu’elle entend… mais… alors… l’ouverture serait-elle… aussi…
L’étranger… poursuit…
Sahar… Chalipa… perdues dans les montagnes… découvrent l’apocalypse l’hydre à mille têtes qui enfle… dans laquelle elles allaient tomber… elles apprennent que là-bas, en occident… des mouvements d’occupation imposent les mêmes thèses que ceux qui vont conquérir son pays… comme eux, des voix de tribuns minoritaires appellent à la déconstruction de tous les pouvoirs bourgeois qui depuis Moïse ont sacralisé le père, la famille, la loi de l’homme blanc… déconstruire la culture occidentale qui a généré la langue, les relations humaines, l’organisation des rapports aux autres, l’art, la beauté, la médecine qui guérit… à présent ces vagues déstructurent le sens commun sous le regard… la complicité… l’écho des media…
Sahar… au non de quoi ?
L’étranger… le même nom… celui de la liberté…
Chalipa… si cela est possible… étranger… alors pourquoi es-tu venu ? L’universalisme que tu professais n’était donc que du « toc »… si tu laisses les combattants s’installer chez toi… tu n’as plus d’autorité… pourquoi es-tu venu les combattre ici… y aurait-il un autre discours…
L’étranger… je cherche la réponse…

Acte 3
Entrent des combattants… ils portent des armes mais sans attitudes belliqueuses…
Le chef explique que la mère et la fille sont à présent protégées par la religion-loi… elles écoutent… elles sont reléguées dans un coin…
… elles feront ce que le pouvoir décrétera…

Le chef combattant… femmes !… l’étranger… n’en dira pas plus… il n’a pas la réponse… mais moi… je vais te donner ma version de cette situation…
Je n’ai même pas besoin de mon arme… je n’ai pas besoin de ces tribuns égoïstes qui n’éructent que pour leur gloire… d’ailleurs, ces idiots utiles, eux aussi entreront en silence dans la loi…
Je ne vais même pas réfuter toutes les thèses… anciennes… archaïques… progressistes… universalistes… futuristes… utopiques…
Ici… s’organisera la règle de la religion-loi… jusqu’à la fin des temps !
C’est tout !
Étranger… mes hommes vont en toute sécurité te ramener à ton campement… je te souhaite un bon retour dans ta famille…
Mais… dis-lui ce que tu as vu… prépare-là à cette évolution… lis le livre qui offre la gloire… il dit «… s’Il le voulait, Il vous ferait disparaître et recréerait un humanité nouvelle. »… c’est ce que nous faisons…

Acte 4
Le chef expose l’ordre nouveau… prédicat… à une voix…
… les femmes se taisent…

Le chef combattant dit… « en respectant le code de la religion-loi… toi et ta fille vous aurez le salut éternel… le texte l’a écrit… je suis là pour le faire appliquer… il n’y a pas d’autre hypothèse à la révélation… »

… les femmes… sous escorte armée… quittent le pièce…

Acte 5
Un échange s’engage entre l’occidental et le combattant…

Le chef combattant… voilà étranger… depuis des siècles, tu as organisé ton évolution sur ta volonté de supériorité technique… tu as créé tout ce qui vole vogue roule… tu as théorisé l’argent… tu as voulu maîtriser l’universel cosmique… tu as délaissé le salut pour le pouvoir matériel celui de Ford ou de Stakhanov… mais, voilà l’autre force impalpable qui vient…
L’Étrangertu aurais pu parfaitement développer les techniques que tu connaissais même avant nous, tu en avais toutes les capacités… tu as délaissé cette  hypothèse ce n’est pas à moi de juger ce choix sauf qu’à présent tu te sers des armes que nos techniques inventèrent… je persiste à penser qu’une jeune fille qui veut devenir médecin est un acte réel d’humanité qui dépasse ta loi… en soignant ceux qui souffrent elle aura le salut éternel… sa décision est réfléchie… ce n’est en rien une manœuvre ni mercantile ni subversive…
Le chef combattantla fille n’a pas à avoir une vision individualiste de son avenir… c’est la religion-loi qui lui dicte son avenir… car elle ne sait rien du grand tout…
L’Étranger… qu’en sais-tu toi ?
Le chef combattant… je ne suis que la main du Seigneur qui a écrit la loi pour la nuit des temps… celle qui s’appliquera lorsque tous les étrangers auront quitté cette terre… que tu as polluée…
L’Étrangeren réalité tu reviens à ta position antérieure… celle où tu as refusé l’Humanité… l’égalité humaine… l’ouverture… tu as théorisé un Seigneur qui impose un immobilisme… un esclavagisme… à ton profit, dans lequel le soumis acceptant ce cadre devenait libre… libre à l’intérieur de cette sphère… une monstruosité…
Le chef combattanttu as défini ton pouvoir… ce n’est pas notre vision… jusqu’à présent, elle n’a pu être parfaitement appliquée… le temps est venu où elle va l’être… c’est aussi simple…
L’Étranger… le pouvoir absolu est corrupteur… le peuple désire la justice… indéfiniment, tu ne pourras jamais empêcher le questionnement…
Le chef combattant… le peuple n’a pas à savoir ce qu’il ne doit pas savoir… le peuple doit respecter la loi écrite pour lui… n’est justice que la loi écrite…
L’Étranger… et… si… il regimbe…
Le chef combattant la loi le maudira… sa vie ne vaudra plus rien… salut étranger…

… sous escorte armée l’étranger retourne chez lui…

                                                                       Gentilés  
                                                                       Si le voulez bien
                                                                       Lisez suite jour prochain
                                                           Et c’est ainsi que murmurent les tortues blondes
                   … sans nouvelles depuis cet article rédigé par Sahar … L’Ange Boufaréu.       

 

 

Koba ou la sombre rémanence N°42 « Témoignage de Kaboul »

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Acte 1
Deux jours avant le 15 août date de la prise du pouvoir des Talibans…
Intérieur d’une maison afghane…
Un Occidental s’entretient avec une jeune fille de onze ans…
… elle veut quitter le pays… elle veut être médecin…

Acte 2
La mère entre… voile intégral… la jeune fille modifie son projet…
… elle fera ce que sa mère lui ordonnera…

Acte 3
Entrent des talibans… ils portent des armes mais sans attitudes belliqueuses…
Le chef explique que la mère et la fille seront sous la loi de la foi musulmane… elles écoutent… elles sont reléguées dans un coin…
… elles feront ce que le pouvoir décrétera…

Acte 4
Le chef expose l’ordre nouveau… prédicat et monologue…
… les femmes se taisent…

Acte 5
Un dialogue s’engage entre l’occidental et le nouveau pouvoir… l’homme cite les témoignages des occidentaux qui soutiennent sa cause…
… les femmes sous escorte quittent le pièce…

Épilogue…
… nous avons le temps pour nous… dit l’homme.

                                                                       Gentilés  
                                                                       Si le voulez bien
                                                                       Lisez suite jour prochain
                                                           Et c’est ainsi que murmurent les tortues blondes
                                      Témoignage… sur lequel nous reviendrons pour analyser chaque acte… et les neurones des femmes et hommes politiques qui rendent cette situation… possible…  L’Ange Boufaréu.       

 

Koba ou la sombre rémanence « Relâche » N°2… chapitre N°41 « Il est interdit d’interdire! »

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Luigi Pirandello : Buongiorno… Ange come stai amico mio ?
L’Ange Boufaréu : può andar bene… lo sai… mi sono allontanato un po’ da questa evoluzione del nostro paese…
Luigi : puoi spiegare…
L’Ange : non riconosco più nulla… alors, comme on dit chez moi en Provence :
« Iéu m’encagne dins moun caïre ! »
Luigi
 : je ne connais pas cette expression…
L’Ange : « s’encagner » je m’irrite… et je me réfugie dans un coin pour éviter de hurler…

Luigi : ici, tu peux y aller on est entre nous…

L’Ange : tu le sais nous sommes à Larchy… un village bien de chez nous… avec sa place de la mairie… son platane de la liberté… un notable patient est devenu son maire… bref tout comme là-bas… dans la capitale… bien de chez nous… avec sa place publique… sa dernière sculpture gonflable made US pour bobos… leur jeune homme est devenu « résident »… ses marquis… ses culturels… ses mignons…

Sauf que Larchy est incommensurablement  plus petit…

Tiens, au sujet de la patiente le célèbre naturaliste Buffon a eu cette non moins célèbre pensée : « Le génie… c’est une longue patience ! »

Buffon est mort en 1788 un an avant l’arrivée des premiers soixante-huitards… il avait 81 ans, c’est un exploit pour son époque… notre notable local a beaucoup de marge… à la fois pour l’âge, mais aussi pour l’épaisseur des encéphales… c’est le sens de la longue patience… néanmoins, selon Darwin ce sont les hasards de l’évolution qui bonifient les encéphales… il faudra attendre… toi Luigi, tu n’as pas attendu…

Luigi : oh moi… tu sais… après le Nobel, on m’a enterré… mais tu voulais soulever d’autres points… dans ton caïre… tu as trouvé la formulation ?

L’Ange : je voudrais traiter deux points…
Luigi : le premier.

L’Ange : le premier, c’est d’abord de remercier les lecteurs qui suivent mon blog Le Grand Canal… www.legrandcanal.com
Au cours des 12 derniers mois… je vais te livrer le résultat des audiences…

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Lecteurs, je ne sais comment vous exprimer ma gratitude… merci… vous m’encouragez à poursuivre…

Luigi : alors tu sors de ton caïre ?
L’Ange : non… laisse-moi ruminer dans mon coin…
Luigi : le second point…

L’Ange… c’est une réflexion qui n’est pas facile à poser… je compare la situation actuelle avec celle de mai 68…
Je vais tenter d’expliquer… le plus simplement possible…

Premier temps : en mai 68… nous avons appris que 4 trublions cassèrent les meubles parce qu’ils ne pouvaient aller baiser les filles du dortoir d’à côté… alors, ils forcèrent les portes… et oh surprise… les gardiens du temple reculèrent… après avoir forniqué à couilles rabattues (San Antonio)… le raisonnement l’emporte sur la morale… les trublions théorisèrent :

« si en fracassant la porte j’ai pu obtenir ce que je voulais… alors que je le demandais gentiment… je vais fracasser ces pauvres barrières restantes de la bienséance… je vais les rendre obsolètes pour un impossible retour… au final j’aurais encore mieux que ce que je voulais ! » 

C’est ce qu’ils firent… depuis, ils gagnèrent tous les pouvoirs bourgeois et la nuisance en prime… observe Luigi c’est toujours les mêmes, les casseurs soixante-huitards que tu vois à la TV… y causent encore comme on dit dans les traboules…

Second temps : rodéos, lucres, dealers, assassinats, viols, vols, immigration, pas d’amalgames, impossible retour à la frontière… que disent les acteurs :

« j’ai bien compris la leçon des soixante-huitards : il faut fracasser la porte… je cogne, je demande rien je prends ce qui me plaît… je vais bousiller le reste car il n’y a plus aucunes barrières ni légale ni policière et encore moins politique… et l’humanité bienséante, ça je m’en tape !… et j’aurais encore mieux que ce que je voulais… car avec l’Europe en plus… je suis devenu intouchable ! »

C’est ce qu’ils font, ils organisent l’insécurité… observe Luigi… à quel point le nombre de moralistes se liguent pour faire taire les quelques voix qui s’élèvent pour dénoncer l’insécurité…

Troisième temps : Aucun soixante-huitard… aucun politique… aucun élu… du résident sur son Mont-Ticule au notable sur son strapontin… ne prend le parti du peuple… le peuple est plié… depuis le centralisme catholique… depuis le centralisme jacobin… depuis le centralisme de 89… ce centralisme a été légué aux communistes en 45… il a muté pour devenir un costume acquis pour des siècles dans lequel le candidat pénètre en criant « haro le fascisme »… alors il récolte son plat de lentilles.

Enfin, il peut éructer : « Il est interdit d’interdire ! »
À tel point qu’il s’interdit de faire appliquer la loi… en appliquant le célèbre apophtegme  « fort avec les faibles… faible avec les forts ! » qui lui va si bien !
Ils ont tant éructé de prédicats pour conquérir le poste… qu’une fois l’écharpe tricolore ceinte…
… lorsqu’ils sont sur les strapontins
… ils deviennent lointains…
… en reniements…
… tout simplement…
… parce qu’ils ont la trouille… de faire appliquer la loi… elle se retournerait contre eux.

                                                                       Gentilés  
                                                                       Si le voulez bien
                                                                       Lisez suite jour prochain
                                                           Et c’est ainsi que murmurent les tortues blondes
                                      Article composé par le pavé… lequel pour parodier Lénine… éructa : moi qu’ils ont préparé… ils vont me recevoir sur le coin du crâne… là, ce sera trop tard.