« Renaissance » de Denis Daul

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J’ai lu « Renaissance » le dernier opus de Denis Daul
(Aux éditions Chrysalivres)
« Le dernier » car j’avais lu les précédents…

Un auteur, comme tout un chacun est toujours en évolution.
Dans mon projet de découverte, je tente alors de saisir les mutations. Depuis mon cher Gustave… le Flaubert je sais que le fond ne tient que par la forme…
Lire avec attention, c’est mesurer l’évolution des nuances des créations des styles… ne point lire ou relire un Zola sans l’avoir ré-intégré dans la saga des 20 Rougon-Maquart… je ne lis pas pour passer le temps… la lecture est un sacerdoce… une religion… une délectation… une approche charnelle de celle ou de celui qui écrit… A présent, je lis, mais pas seulement, des auteurs bien-bon vivants… je cause avec eux parfois… je discerne les tendances les crises les prises de positions… un opus n’est jamais que la somme des rééquilibrages que subit un auteur au contact de la société. « … frotter et limer notre cervelle contre celle d’autrui » disait Montaigne n’est pas sans risques.
Mais là avec « Renaissance » Denis Daul fait le travail à ma place… puisqu’il retrace les évolutions de sa vie… au départ l’énergie de son corps, ce qui n’est pas rien : un corps… voilà soudain qu’il lâche abandonne ne veut plus rien entendre voir agir penser… terminé… j’arrête là… toi aussi !
Denis… heureusement pour lui pour son corps pour nous… Denis détient la solution… il n’en savait rien… il possède un « gyroscope-encéphalique » qui fonctionne…
« Renaissance » retrace ce plan-séquence de vie écoulée qui permet à ce jour de raconter le fracas surgissant et la résurgence du bonhomme… D’un point de vue formel… le récit laisse place à des césures poétiques qui épicent les évolutions de la rédemption… au fil des courts poèmes, on peut discerner l’évolution de la raison naissante avec les nouveaux afflux sanguins…
Avec « Renaissance » c’est-à-dire re-naître, nous pensons fonctionnellement au mouvement culturel qui naquit en Italie… ce « Rinascimento » lumineux vivant qui émerge et crée…

En lisant Daul… je pense à une autre révolution… celle de Frédéric Nietzsche avec son « éternel retour » dans son Zarathoustra qui enseigne :
« … que toutes les choses reviennent éternellement et que nous revenons nous-même avec elles, que nous avons déjà été là une infinité de fois et que toutes choses ont été avec nous. »
« Un jour reviendra le réseau des causes où je suis enserré, – il me recréera ! Je fais moi-même partie des causes de l’éternel retour. »

… à preuves…

Daul ne fait jamais la même chose que ce qu’il a fait depuis qu’il est né… c’est-à-dire qu’il vit… il écrit… il rime… il aime… il vient d’expérimenter le concept « d’éternel retour »… heureux poète.
Mais avec une nuance… en plus… une certification…
Il a épinglé l’apostille sur sa chair de ceux qui sont allés dans les régions où nul ne revient…
… sauf quelques bienheureux… ceux qui savent.

Lisez « Renaissance »… aventurez-vous…

L’Ange Boufaréu

 

 

Monsieur Bernard-Henri Lévy a écrit : « Ce virus qui rend fou »

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Monsieur Bernard-Henri Lévy a écrit : « Ce virus qui rend fou »… je ne l’ai pas encore lu… j’attendais que les media m’apportent toutes informations… je lis régulièrement ses productions…

Il est l’invité. Je suis devant mon écran… je fais le décompte de ses apparitions… de mes yeux vues…  plusieurs canaux lui ont donné la voix/voie… j’ai vu seulement six rédactions… je n’ai pas le don d’ubiquité… sans doute qu’il y en a d’autres…
J’ai enregistré la prestation du vendredi 26 juin 2020 dans l’émission « Face à face » sur Cnews… c’était la sixième prestation que je voyais…
Lors de la première… sur l’un des réseaux sociaux… je fus surpris… comme toujours la première fois : par un indice de gestuelle… allais-je retrouver ce même tic ?
J’ai visionné… je confirme… le signal était là… identique aux six prestations… quelle maîtrise !
Je suis téléspectateur décrypteur… lorsque je regarde un entretien, je m’interroge sur la part de vérité qu’offre le questionné… ses réponses… ses non-réponses… ses arguments… ses silences… ses attitudes… ses mimiques… sa gestuelle… son costume… son pourcentage de vérité… son évolution… puis-je croire à son verbe ?
Avec un philosophe de cette envergure… je veux parler de son aura relationnelle politico-théâtrale autant que de son cursus diplômant… le pauvre péquin que je suis se laisserait facilement manipuler par la grandeur des thuriféraires puissants ceux qui proclament que cet homme est un surhomme… le phrasé, la syntaxe, les références, les seconds degrés sont tellement ciselés que le modeste gentilé que je suis devrait être sous le charme du déferlement de quitus de tant de gens du microcosme… qui vous poussent à écouter… vous taire… attendre l’épiphanie… le message… donc.

Sauf que les yeux voient des hiatus dans l’iconique gestuelle… il faut décoder !

Ce n’est qu’à la sixième prestation que l’on perçoit l’exact déroulement du scénario millimétré…
Au moment où le modérateur pose la question quant au quid de « ce virus qui rend fou »… c’est le titre de l’opus… qu’il vient nous vendre…
Le philosophe commence à torturer les lèvres pour réaliser ce que les bouseux appellent un « cul de poule »… mais… ce « cul » ne se forme pas définitivement, il s’altère pendant tout le temps que la question est posée selon une dynamique qui rendrait compte d’une distanciation, un événement d’horreur encéphalique, une sorte de torsion de l’âme portée à bout des lèvres… l’homme écoute mais déjà le téléspectateur à compris la souffrance. De la crispation mouvante captée par les vingt-cinq révolutions de l’électron de l’image, naît une mise en scène iconographique cinétique… les lèvres se meuvent (sic) se gauchissent (sic) se tourmentent (sic) aidant ainsi le visage et le regard du penseur de prendre des tonalités talentueuses quasi messianiques… ces affres internes muets sous-entendent que l’homme est révolté (sic)… non, il exprime sa nature picto-drammatique… (re-sic)
La première fois que j’ai vu le philosophe interpréter cette prestation, j’ai intégré la mimique dans le sens global de la prestation… elle semblait spontanée… elle paraissait en accord avec le « virus »… la seconde fois la mimique m’a sauté au visage tel le virus… lors des quatre suivantes j’ai compris le truc de la copie collée… j’ai isolé la mécanique du « cul de poule »… son sens profond…

Monsieur Bernard-Henri Lévy est un metteur en scène… il sait qu’il faut caractériser l’image dans ses moindres détails… il orchestre sa prestation silencieuse pendant que le modérateur pose sa question… muet ne veut pas dire passif… par son « cul de poule » agressé en crispations, il nous renseigne qu’il est déjà dans la logique dynamique de la réponse et même qu’il y était avant d’entrer dans le studio… il est habité… par la chose… c’est ce que ce « cul de poule » signifie…
Il suffit qu’on lui pose la question… tel le chien de Pavlov… il formera son « cul de poule »… tip-toptout a été travaillé afin que la convulsion arrive à point…

Je suis émerveillé devant cet art du silence orchestré avec tant de talent… sur commande…
Comment rivaliser avec les incandescences tous azimuts de cet homme… y compris dans les silences ?
Je n’écoute plus d’ailleurs… j’analyse les gestes… l’iconographie… la manipulation… l’écart dialectique entre le message et la mise en scène…
Devant mon écran… je pense à toutes ses prestations passées…

… mais, soudain, dans cette émission… au beau milieu… après le sublime « cul de poule »… dans un théâtral grand mouvement que le réalisateur relaie en offrant le plan large généreux… le final… final.
… le philosophe tombe la veste… il apparaît en blanche chemise virginale…

… on a compris, c’est bien « Ce virus qui rend fou ».

L’Ange Boufaréu

14 Juillet

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                J’avais décidé de ne pas regarder la séquence-ersatz du 14 juillet…

Mais… le journal annonça que le « résident » prendrait la parole… alors que son credo avait soustrait ce grand spectacle immanent à notre attention.
Bref… les conditions météo étant différentes… plagions nos anciens qui depuis Valéry, Jacques, François… se sacrifièrent en déclinant leurs hyperboles sur l’hôtel de la Fête Nationale… seul Nicolas a fait exception… il causait ailleurs.
En sociologie, lorsque le rituel qui se déroule sur des lustres est immuable… l’infime différence d’un détail en plus ou en moins prend sens… cherchons !

Soudain le « résident » reçoit les journalistes en ce jour de feux… du 14 juillet.

Je m’installe bien sûr avec mon cahier de prises de notes…
Je résume les propos : crise de confiance, accompagner les entreprises, l’écolo… oh ! oh ! … enfin les gestes du « résident ».
J’ai regardé le début dès les trois coups frappés à 10 heures… où une caméra… voyeuse (sic) c’est l’identifiant qui fut employé… surprend la voiture du premier de cordée arrivant… encadrée par des motards de la Garde Républicaine… elle s’arrête… le passager sort et monte dans un command-car… c’est mieux en langage US… arrivé dans le véhicule… à cet instant il devient chef des armées…
Bref… pour faire court… les deux rangs d’alezans restent calme à son passage… quelle autorité !…  il salue, prend sa place au centre, le spectacle commence…
Première grande séquence… sur mon écran je vois en superposition tout autant qu’en position super… le déroulement de la vie du Président de la République, mais c’est un autre, on retrace la vie de Charles de Gaulle… celui du 18 juin… celui de la Ve République… celui qui nous donné la fierté, l’indépendance, la créativité, l’impétuosité, la liberté… etc. Tout ce que nous avons perdu… depuis son départ… depuis 69…
Ces grandioses séquences télévisées en termes de communication se nomment propagande politique détournée… on veut nous faire croire que le « résident » actuel,  agit, pense, dirige comme le grand Charles… antique… que nenni !

Certains y croient…
Pas moi…

Plus tard… le « résident » apparaît de face en son palais, devant un blanc décor où s’identifie en creux un RF sculpté… à sa gauche, deux drapeaux la France, l’Europe.
De dos… bien sûr la journaliste et le journaliste… dont l’intention est bien d’étriller leur vis-à-vis… consul en situation…Ils savaient sans doute que le « résident » avait résisté à deux caïds plus musclés… un ancien trotskiste moustachu… un aboyeur des matins dès 8 heures trente…

De la séquence interrogatoire, j’ai retenu trois thèmes.

Première occurrence : la crise de confiance…
Dans la crise de confiance du peuple, le « résident » ne se prononce pas quant à l’origine de ce désamour, il ne la qualifie pas, il ne la nomme pas… il veut convaincre, renverser la pensée… « positiver » que diable… la crise de confiance n’est qu’un malentendu… sauf qu’il oublie d’évoquer les écarts abyssaux entre les discours de séduction des campagnes passées et les réalités traitées après l’élection… « Si ce n’est toi, c’est donc ton frère » aurait dit La Fontaine, c’est là, le point de départ, depuis des lustres que se joue la confiance, heureusement il n’a pas employé ce bon mot de pragmatisme, cette litote amphigourique qu’aiment à planter les premiers de cordées.

La seconde occurrence annonce que l’on accompagne les entreprises… en créant des mécanismes nouveaux…
Lors de l’évocation de notre rebelle du 18 juin… le sieur Charles de Gaulle devenu président de la république jeta les bases d’une politique industrielle… selon le « résident » « Nous en bénéficions encore aujourd’hui… ! » Que n’a-t-il lui aussi jeté les bases d’une politique industrielle… c’est-à-dire envisager un monde à l’horizon de vingt ans de projection…
Car il faut se mouiller…
Le « résident » accompagne… il ne crée rien… il tient par la main et par la barbichette… ce monde qui se prétend audacieux… mais surtout il accompagne « en créant des mécanismes nouveaux »… autrement dit on touille dans le chaudron la même tambouille pour en proposer un autre salmigondis…

Et voilà… la troisième occurrence qui devient de l’art… il y a projet de relocaliser… toujours aucune création… oui mais avec un zeste « écolo »… qui rime presque avec rococo… Ça c’est fort… en fait on tourne en rond… l’épithète devient attribut et le vice va vers ça… c’est la vieille blague : comment mettre un bout de lard carré dans un plat rond… réponse : attendre l’occasion, car l’occasion fait le larron… ça marche toujours!

Devant ces encyclopédiques détails programmatiques qu’il livre à la sagacité des deux journalistes fascinés… on se demande ce que le Premier ministre en titre va bien pouvoir dire d’original dans son discours de politique générale…
Et le « résident » termine sa réponse par une envolée lyrique Gaullienne… afin que notre raison s’applique à le confondre « de jure » avec son illustre prédécesseur… trop illustre.

Enfin…
Pour conclure…
Je me suis surpris à commettre des parallèles… je sais ce n’est pas bien !
Pendant tout le temps de l’interrogatoire…
Le « résident » toujours de face s’est employé a bien placer la main gauche sur la main droite ou le contraire et à entrelacer les doigts… ce qui serait le signe d’un besoin de contrôle… selon des analyses psychologiques…
Peut-être… je suis pas psy…
Un autre « résident » sur ce même siège… il était le premier socialiste dans ce rôle de résident-monarque avait le même geste… celui d’une forte suzeraineté… c’est toujours le psy qui cause…

Je vous livre ma réflexion :
« Je reste très prudent avec les résidents ! »

N.B : Dans un prochain papier… je ferai une relation avec le livre du « résident » qu’il avait édité en 2016… programmatique…

L’Ange Boufaréu.

 

 

 

 

… de l’art du portrait…

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L’art du portrait s’est développé en peinture, dessin, photo, sculpture, littérature…
« Se faire tirer le portrait » surgit dans le vocabulaire, aux années de la création de la photo à l’époque de Nadar. Avant ces clichés, pour son portrait, le bourgeois argenté pouvait se payer un peintre… les séances étaient longues et coûteuses… avec Félix Tournachon, chaque gentilé put alors moyennant des minutes d’immobilité en ajoutant quelques sous, avoir sa photo… « mieux qu’en vrai ! »
Mon papier ne traitera que du portrait littéraire.
« Les caractères » de La Bruyère (XVIIe siècle) en sont le point d’orgue, son œuvre n’est consacrée qu’à ce genre. Mais on rencontre le portrait dans tous les romans, ils offrent au fil des chapitres des épaisseurs qui donnent de l’intensité au développement.

Quel est l’objectif du portrait ?
Portraiturer est une épreuve d’observation minutieuse.
Nous savons que nous évoluons dans un espace ouvert au regard de tous. Si nous voulons découvrir notre image, il suffit de la confronter à un miroir… or celui-ci ne nous révèle qu’un quart de notre physique. Nous ne parviendrons jamais à « voir » directement notre profil droit autant que le gauche et encore moins notre nuque qui renferme pourtant notre encéphale reptilien… hors contrôle.
Le portraitiste n’a pas ce handicap, nous évoluons sur un axe de 360°, notre épaisseur s’offre à lui sous toutes ses dimensions… à notre insu.
Dès lors pour tirer le portrait, il suffit de voir… selon le dit de Flaubert « Je montre ce que tout le monde voit… mais que personne ne remarque ! »
Voilà le mystère du portrait, il fait la synthèse de toutes les facettes du modèle y compris l’aura qu’il dégage.
Que va choisir le portraitiste comme style… critique… cynisme… gouaille… procès… dérision… envolée littéraire…

Pour ce qui me concerne…
Je suis engagé dans une voie qui tend à décrypter le sujet de l’intérieur…  après avoir intégré le style de La Bruyère, étudié deux auteurs modernes Paul Reboux décédé en 1963 et Charles Müller décédé en 1914.
Ils furent caricaturistes : « A la manière de… » ils pastichent les grands auteurs.
La méthode consiste à prendre la parole selon le style littéraire d’un écrivain…
Si je décris une personne : A la manière de l’entomologiste Jean-Henri Fabre… je dois d’abord avoir lu cet auteur pour en découvrir les tics, les méthodes d’écritures, sa syntaxe, son vocabulaire, ses références, ses images idiosyncratiques, ses rituels, ses obsessions, son style. Il faut aussi que le personnage que je décris se prête à apparaître dans ce filtre. Il faut construite une sorte d’adéquation… retrouver dans le modèle le ton qu’aurait employé Jean-Henri pour le décrire…
Le texte final doit être juste…
C’est un pastiche qui ne supporte aucune faute de goût… car c’est à travers la pensée d’un tiers que je conduis mon portrait… entre le style du plagié et la description du modèle… je ne me permets aucun cynisme, dérision, critique, persiflage, mépris… encore moins de médiocrité… ni pour le modèle ni pour l’auteur sollicité…
Je réalise un reflet… le plus parfait possible…
La lecture doit pouvoir offrir une évanescence dimensionnelle… une émotion… une découverte… une autre approche…
Le caricaturiste doit appeler à lui tous ses outils culturels acquis : musique, peinture, photo, lectures, études, rêveries… voyages… langues… qui permettent l’illustration.
Le portrait réalisé se doit de devenir une allégorie où le plagiat offre une nouvelle histoire vierge mais qui offre un parallèle possible… une autre manière de dire… au moyen d’une construction surréaliste…
A voir les dessins de Daumier croquant les prétoires de justice… les lithographies de Warhol… où comment furent caricaturés Marilyn et Mao… relire La Bruyère… La Fontaine… tout ce panthéon… de portraits…
A tirer les portraits photographiques des affiches électorales…

L’Ange Boufaréu.

 

Portrait de Jean Benjamin Jouteur à la manière anthropologique… andy warholienne.

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Portrait de Jean B. Jouteur à la manière anthropologique… andy warholienne

Voilà quelques lustres, je fus invité à causer dans le cadre d’une projection dynamique vers le futur d’un fouriérisme caravansérail projet… l’espace clos rassemblait une dizaine de personnalités forts différentes…

Le thème me dépassa… je remplis ma prestation… puis ma nature ou plutôt mon penchant naturel s’inclina à la recherche d’un indice structuraliste qui unirait ce cénacle… à son insu… s’entend.
Au premier degré de cet aréopage… à ne pas confondre avec aérophage… le premier aréo est un indice de densité alors qu’aéro se rapporte à la légèreté de l’air. L’aréopage dense… et l’aérophage impalpable ne sont pas incompatibles… ils peuvent cohabiter… en théorie.
Les personnalités présentes cultivaient des genres forts différents… ils écrivaient donc… Ab incunabulis « Depuis le berceau… »
Aucun, dans sa représentation sociale ne révélait ce penchant scribo-cogitare… nul n’offrait au regard premier une image iconographique de cette appartenance… chaque gentilé s’était posé au centre équidistant de son aura… ce que l’on nomme le creux de son espace personnel…

Ceux qui se passionnent pour la tauromachie savent que le fauve à cornes qui entre dans l’arène, va élire un espace à lui, un refuge… dans lequel il est indélogeable… pour le vaincre il faut l’en faire sortir… si le matador veut le combattre dans ce refuge il en mourra.
C’est un peu l’image que je superposais sur ce groupe… chacun courtoisement se tenait au centre de son refuge en l’attente de l’échange qui éventuellement le transformerait en fauve pour défendre le cogito-littéraire qui l’animait…

Il y avait Jean B.

Il émergeait… j’allais dire anachroniquement… autrement dit plus anachroniquement que ses congénères, il semblait s’être posé un instant tel un gaucho laissant la bride sur le cou à un cow-boy qui gardait le troupeau… du corps émanait une résurgence tel le clone zygote de Kerouac… il faisait exception… tout en étant parfaitement présent dans le groupe… il semblait personnifier un certain monde indécouvrable tel le mahabharata… Indien… la tour de Babel… les errances de l’ouest… le franchissement messianique de la Mer Rouge… les macadams fuyants à pertes de vues… sous le son des harmonicas…
Durkheim a théorisé la « chose sociologique » elle tend à chercher l’infime différence qui émerge de la même pâte magmatique… à preuve : pourquoi dans une couvée de pigeons blanc, surgit soudain un pigeon noir ?
Chez Jean B. la stature est totémique par sa taille de phare en veille… la parole pondère l’impression physique… la synapse adoucit le regard derrière les lunettes… la phrase est incisive… la voix se pose sur le degré structurel… la base… le fondement… ou elle se tait… la barbe : empreinte fossile néanderthalienne tend à barbariser… à distancier… à mystériser… un pléonasme qui vaut ce qu’il vaut.
Il parle peu… la réponse développe posément une création discursive distanciée… j’allais dire neutre… c’est le seul qualificatif qui correspond à l’acte… il ne crée aucune distance dialectique entre la question posée et la réponse énoncée… car celle-ci devient dans son expression une invitation à l’élévation… à élargir le cadre…

Hosanna in excelsis deo !

En l’écoutant… en le regardant… s’imposa à mon encéphale reptilien le terme de « cambrienne-sérénité » un oxymore forcément durkheimien quoi que, qui émergea entre le minéral cambrien, cette strate de la première ère géologique de notre planète et la sérénité transcendée qui émane du phare… souvenez-vous, cette référence à Rubens qui en son temps révéla le clair-obscur

Plus tard… bien plus tard… ailleurs donc.

Alors qu’il venait de terminer son dernier opus… j’en lu le chapitre incipit qu’il avait diffusé sur les ondes numériques… je découvris la prose parfaitement alignée… dans sa simplicité formelle d’un art premier en sa justesse d’énonciation… je mesurais l’évaluation que j’avais faite jadis… elle prenait tout son sens… quant à mon oxymore de « cambrienne-sérénité » qui devint « errances d’un pantouflard »…

CQFD = oxymore parfait.

L’Ange Boufaréu

 

Voilà peu, j’avais théorisé sur l’homme… avant qu’il ne publie son :

Errances d’un pantouflard

Autobiographie romancée

Sur la route des seventies.

Vers la fin des années 70. Réformé après deux mois d’un service militaire passé à jouer l’asocial dans un hôpital des armées, Yohann, 19 ans, largue tout. C’est-à-dire pas grand-chose. Sans but précis, avec la simple ambition de ne rien faire de sa vie, si ce n’est la volonté de conjuguer à tous les temps le verbe liberté, il prend la route. Esprit rebelle mais plus inadapté à la société que réellement contestataire, il va cheminer au hasard de ses rencontres. Tout à tour motard, communard, routard, zonard, parfois presque clochard, il empruntera des voies marginales dont jamais pourtant il ne vivra pleinement les étapes. Observateur émule de Kerouac, souvent amoureux, de temps à autres affamé, occasionnellement défoncé, Yohann est un vagabond pantouflard qui tente simplement de découvrir qui il est, égaré dans une France se heurtant au point final d’une décennie d’insouciance.

Ci-joint mon texte dans le ressenti de mon patois…

Je te salue Grand Wurzelsep…

Depuis le salon… en l’an 18 de l’ère post-cambrienne… nous nous rencontrâmes, nous nous croisâmes, nous siégeâmes aussi sous la houlette de la Grande Timonière dans la timonerie de la Duchère… mazette !
Mais nous n’échangeâmes point nos mirifiques substantifiques sublissimes concepts qui peuplent nos synapses… palpitantes.
C’est donc au trébuchet de mon sixième sens que je formule mon éloge… à ton égard. Spontanément je te baptisais « Grand Wurzelsep » Grand est donc le résultat d’une tautologie « cogito ergo sum »… passons. Quant à Wurzelsep c’est une litote germanique composée de Wurzel qui signifie « racine » celles que l’on rencontre dans les chemins creux… elles émergent au ras du sol formant un réseau noueux et s’étendent sur des kilomètres… et Sep qui est le diminutif de Josef… Josef étant l’époux de Marie… père de la sagesse… ouvrier charpentier qui couvre la maison… l’ensemble compose un être traversant le néolithique jusqu’à nous… portant la parole sacrée de la sagesse du peuple… usant d’une certaine distanciation… à preuves les livres qui patientent sur le bandeau du blog et illustrent ce que Wurzelsep irradie… Je lis « Don Quichotte, Dickens, Ovide et couchés sagement la Bible et le missel des dimanches… » Ils attendent l’instant utile… « Les livres s’ouvrent seuls aux pages souvent lues » a dit Rostand.
Tu as mis en ligne… l’opus qui paraîtra sous peu…
J’avais déjà dans l’oreille le ton de la voix des apologies… les nuances des analyses… les seconds degrés des approches… parfois les mastications acides des commentaires… mais quid de la pensée-matrice wurzelsepienne… allait-elle être Wagnérienne… Voltairienne… pourquoi pas Dantesque… telle celle d’un auteur au profil de viking débarquant d’un drakkar… boucle d’oreille en bataille… allait-elle « symphoniser » des Walhalla…
Eh bien non !
Je lus l’incipit ouvert… une page intérieure… il révélait l’intime… intime…
Je baignais dans des antithèses humanistes… qui auraient suscité avant 68 les foudres des moralistes… que probablement beaucoup de censeurs pratiquent encore aujourd’hui… la phrase vient du cœur de la chair… celle qui ne se reconnaît pas dans cet espace advenu qui impose le cadre… Dans le ton, aucune anamnèse saignante… ni injure aux conditions vécues… point de ricanements… d’aigreurs…
Non, il expose… il dit le sens des choses… on est surpris par le contraste entre le Grand Wurzelsep et ses mots…
Le ton est accueillant… la phrase pure dit exactement ce qu’elle pense… un profond premier degré… bien rare… décrit une apesanteur… bien simplement mais bien profondément…
J’attends la suite…

L’Ange Boufaréu