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Weizhi Xiansheng… dans son camp retranché… fut soudain coupé dans son élan par Iossif…
… hé mon coco… bon ! Tu viens de loin… moi aussi… mais ne nous fait pas perdre de temps… avec ton histoire…
… laisse-le trouver son inspiration… tu es pressé… demanda Sosthène
… tu sais, je les connais les petits imitateurs… qui érigent des statues pour me copier… c’est toi qui a fait la photo de Mao ?
… bien sûr…
… où ?
… à Shenyang, ancienne capitale du Liaoning…
… je ne connais que Moukden…
… c’est le nom de l’époque Qing avant Mao…
… ça se passe là-bas ton récit ?… là-bas… mais ce n’est pas le mien… c’est celui du narrateur qui l’a recueilli… il est sur la photo à Tianjin…
Raphaello était venu avec ses outils pour réaliser des esquisses à l’encre de Chine…
… comment va L’Ange Boufaréu ? Questionna Atharexa.
… bien, il médite…
… je t’en foutrais moi des méditations grogna Koba qui bourrait sa pipe…
Matriona vint avec le samovar et servit le thé… qui venait du Tibet…
Luigi s’était préparé pour une question liminaire…
… dit moi 未知 先生… c’est de cette façon qu’il faut t’appeler… tu sais avec la Chine, on ne sait jamais comment faire…
… à qui tu le dis éructa Djougachvili…
… on ne sait distinguer le prénom du nom… c’est un peu complexe…
… tu t’y feras…
… bon… dis-moi… est-ce que tu penses qu’il est possible de réaliser une synthèse de ce livre… tu comprends la Chine… le maoïsme… le communisme… c’est tellement loin…
… c’est ça dis-moi que le communisme est compliqué proféra… Staline…
… on sait avec le tien… il s’est escagassé dans la glasnost et la pérestroïka… mais l’autre là-bas… il a l’air vigoureux… susurra Raphaello…
… toi un jour… je te verrais bien dans une mine de sel… en Sibérie…
… bon on la ferme jugea Matriona et on t’écoute…
… tu veux une réduction lapidaire de ces 564 pages…
… si tu peux… ensuite on te posera des questions… sur des points de détails en connaissance de cause…
未知 先生 médita quelques secondes… il but une tasse de thé tibétain…
… imaginez… vous rencontrez une dame qui vous raconte sa vie depuis la fin de la dynastie Qing jusqu’à présent… vous auriez presque un siècle d’histoire… mais pas celle que vous connaissez… avec les batailles, les dates, les personnalités… sur papier glacé, non elle vous raconterait sa vie quotidienne…
… elle est la fille d’un chiffonnier… elle est née en 25… la dynastie Qing s’arrête en 11… Pu Yi est relégué à Tianjin… puis arrive la république de Sun Yat-sen… le surgissement de Jiang Jieshi… les seigneurs de guerre… en 37 les Japonais qui occupent la Mandchourie jusqu’en 45… là, c’est la guérilla entre les seigneurs de guerre et Mao… en 49 le Timonier prend le pouvoir… puis ce sont les trois antis… les cinq antis… les cents fleurs… le Grand bond en avant… la révolution culturelle… la mort de Shu Enlai puis de Mao et le retour de Deng Xiaoping…
… et elle s’appelle comment cette antique mandchoue… ronchonne Koba…
… on l’appelle Mademoiselle Zhang…
… donc ce n’est pas son nom… questionna Matriona…
… en fait elle est née fille du chiffonnier Du son prénom est Lu Shui… à 15 ans elle est vendue à la famille Zhang comme servante… puis on la marie à un militaire du nom de Lin qui meurt en Corée… sur le tard, le fils Zhang l’épouse pour des raisons politiques, car le fils Zhang est un moine taoïste…
… en quoi cette vie si pleine peut-elle tenir en 564 pages… ironisa Koba.
… son témoignage… comment a-t-elle survécu 90 ans dans les multiples étapes de la vie chinoises qui n’ont pas été un long fleuve tranquille… comment elle s’est adaptée… comment elle a subi dans sa chair tous les chaos de cette métamorphose de la Chine…
Car vous le savez… les livres d’histoires ne racontent que les moments glorieux… et oublient que le peuple a été laminé…
le petit livre rouge…
On compte 60 millions de morts en Chine… peut-être est-ce sous-estimé… sur cette histoire les langues se taisent… les morts ne parlent pas… les archives sont sous scellés… ceux qui savent ne disent rien…
Mais avec elle nous savons comment on vivait dans les hutong l’hiver par – 30° comment les filles étaient vendues en tant que bête de somme pour belle-mère ou bête de sexe des patriarches… comment vivre avec des autocritiques permanentes… comment éradiquer les oiseaux les mouches les rats… subir la faim… vivre dans une commune populaire… découvrir le cannibalisme à sa porte… comment le parti spoliait les maisons au nom du communisme… la vie des triades… l’autorité des cadres du parti… elle dit ce qu’elle a vécu…
… au fond c’est un gros article de journaux… souffla Koba en haussant les épaules…
… avec deux nuances rectifia Weizhi
La première nuance… c’est un vécu qui ne s’arrête pas à cette description…
La seconde qui découle du premier point… c’est un drame qui révèle toutes les contradictions du communisme qui en réalité n’est pas celui de la philosophie de Marx… ce drame est aussi celui de la fille adoptive de Mademoiselle Zhang…
Cette fille est née d’une mère anglaise… mais elle ne veut être ni chinoise ni anglaise… elle veut choisir sa vie… comme Atharexa qui est venue ici… libre de le faire… et de repartir…
Le pouvoir communiste… ne l’entend pas de cette oreille…
… je commence à l’aimer ton récit confessa Matriona…
… c’est ça marmonna Sosso…
… moi aussi ajouta Atharexa… on ne raconte jamais ce que les femmes peuvent endurer…
… bof bof bof… ajouta Koba…
… on préfère glorifier le verbe, le prédicat du Timonier… regimba Atharexa
… les communistes-catho le validèrent, c’est le fameux « In principio erat Verbum » au commencement était le verbe… sous-entendant que Mao était un Dieu qui allait transcender les réalités… grâce à son verbe… tu parles! poursuivit Matriona… et tous les intellos qui applaudissent… les fameux nouveaux philosophes… les gentils messieurs… les « germanopratins »
… 60 millions de morts…
Sosthène prenait des notes… Luigi consultait une carte de la Chine sur ordinateur… Raphaello repliait ses esquisses à l’encre de Chine… Koba nettoyait sa pipe…
Atharexa et Matriona… étaient survoltées…
… la camarilla se levait pensive…
Gentilés
Si le voulez bien
Lisez suite semaine prochain
Et c’est ainsi que murmurent les tortues blondes
Article rédigé par Raphael selon les préceptes de L’Ange Boufaréu