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30… éveil de la chair… mais Barnaby rode…
Où il s’avère que les renseignements du cavalier monté sur l’appaloosa sont justes et pertinents… Les mises en garde se vérifient dans la chair même de Josef. Que dit Akio le fidèle aide-de-camp qui assiste à l’éclosion antéro-postérieure du sage Jérémie ?
… je sais, Josef, c’est dur, mais c’est la voie ! Tu te repentiras plus tard pour tes péchés. Accouche donc !
L’injonction était de nature ésotérique autant qu’érotérique…
… c’est pas au dico…
… je pensais à marotique…
… ça rime ?
… c’est ça ! de marotte…
Alors un narrateur reprit du service. Il poursuivit la rédaction du palimpseste… Akio était en congé…
Saluons, ici, l’abnégation des scribes sans nom qui prirent la relève. Jérémie avait connu, lui aussi nombre de quidams qui œuvrèrent pour son livre aux oracles rassemblés.
Ces anonymes reposent quelque part dans les mausolées de l’histoire de la littérature comme tant d’autres nègres inconnus…
… on ne dit plus nègres, on dit « sous-traitant » ou bien « prête-plume » Oracle de HYWH !…
Josef jeûnait, se mortifiait, s’imposait des contraintes de tous ordres, physique, chimique, biblique. Bref, il tentait de muter, sauf que la chair refusait parfois les ordonnances.
Il eut fallu une bonne b…
… où tu veux, j’irai… baiser !
… ben…
… tu voulais biaiser… ou bais…
… j’endurerai toutes les souffrances…
Et un soir, à l’heure où les coqs se couchent, libérant les chiens qui gardent pendant que les sangliers maraudent, deux ombres sautèrent dans un taxi. La nuit nous empêche de distinguer ces « Hombres »
Où allaient-ils ?
Biaiser, que diable !… une fois n’est pas coutume.
A-t-on ici un élément dans les livres qui puisse laisser à penser que les prophètes ne furent pas tentés par la chair ?
Je vous le demande… ma Chère !
Allons, soyez magnanimes et honnêtes avec vous-mêmes. Que celui qui n’a pas péché jette la première pierre…
… dans un taxi, c’est difficile il n’y a pas de cailloux… avoua celui qui accompagnait l’autre en regardant la moquette à la recherche du rocher sacrificiel…
La course révélait une certaine pulsion de la part des occupants, ils avaient revêtu leurs masques les plus neutres afin de franchir les dédales des chausse-trappes qui jalonnaient le parcours…
Tous feux éteints, le véhicule fit halte devant une enseigne sans lumière. Les apparences du réel toquèrent à la porte qui s’ouvrit à hauteur des yeux une sorte de judas grillagé qui encadrait un regard masqué…
Le spectre en attente sur le seuil délivra un mot de passe, le lumignon de l’alcôve s’éteignit. L’huis s’entrouvrit sur une noire béance, les deux ombres glissèrent sans bruit dans la chaude matrice.
Des fragrances assaillirent les deux « hombres »…
On se souvenait d’eux !
Ah ! Ah !
Le décorum ouaté était à la hauteur du besoin de leur future mutation. Ils suivirent le guide vers un espace où bruissaient des tintements, des froissements d’ailes, des frous-frous d’étoffes suaves. Des mains libérèrent chaque arrivant de ses défroques profanes pour le nimber d’un linge souple et vierge. Puis elles les dirigèrent vers une étuve où montait une vapeur dilatatoire…
Le voile tomba. Le corps dénudé fut immergé dans une chaude empreinte en water-amniotique. Alors les chairs s’apaisèrent temporairement dans le flux aromatisé.
Les deux corps clapotaient dans le bain chaud…
Ils n’étaient point seuls…
Autour d’eux, on papotait, assis sur le bord du bassin ou perdu dans un rêve adultérin peuplé en queue et tête !
Le barbotage n’était que prolégomènes naturels vers l’étape suivante. Ils furent invités à se placer entre des mains agiles, qui à grande eau bouillante inondèrent des tables sur lesquelles, nus et crus, ils s’allongèrent sur le dos, tous grelots offerts à la sagacité technique des malaxeurs de chair.
L’athlète nippon avait ceint ses hanches d’une braille qui ne masquait que ses pendentifs, torse et jambes nus, il entreprit de récurer le corps du gisant, telles les deux faces d’une crêpe, selon une progression académique, de bas en haut – « étriller » – serait plus juste. Chaque angle, chaque pli, chaque jointure, chaque pliure, chaque muscle, chaque anfractuosité, chaque concavité fut passée en revue. L’athlète écarta les deux segments que d’aucuns nomment jambes qui libérèrent les bijoux de famille. Le trinôme fut délicatement soulevée afin d’en analyser ses dessous. Puis lorsque l’exploration fut terminée, le délicat préparateur physique reposa sur son aire, la triade dûment étrillée et apte à se trémousser ailleurs selon son humeur.
Pour finir, il jeta un grand seau d’eau plus que chaud pour libérer l’être redevenu.
Les ombres fumantes pouvaient alors se jeter sous une fontaine d’eau glacée… entrer dans une pièce aux pierres brûlantes pour éliminer quelques toxines… et rejoindre un guichet qui offrait une serviette-éponge ajoutée d’un kimono présentés dans une enveloppe transparente cachetée, totalement stérile…
On franchit un espace entre étuve et séductions. Là, ils se vêtirent et, plus blancs que la virginité vierge, ils pénétrèrent dans un grand salon où s’alignaient une trentaine de couches. Certaines étaient déjà occupées…
Ce fut l’étape d’un autre massage… après l’eau, direction les onguents…
Ils consultèrent le menu, qui proposait des massages des pieds, du dos, de face, de profil – bref, toutes les surfaces du corps étaient tarifées…
Ils optèrent pour la séance des pieds, qui dura quasiment une heure…
L’office était assuré par des donzelles en tenue vaporeuses…
On fut hors-sol…
Ils planèrent… le temps d’une plombe.
La nuit était largement avancée. On franchit l’heure du rat allègrement pour entrer dans l’heure du bœuf – ce qui réveilla le taureau en rut qui était en eux.
Ils attendaient l’apothéose avec impatience, car ils n’en pouvaient plus, les pauvres, de se faire triturer, titiller, tâter, mater, masser, bouléguer. Le vit en alerte était désormais d’attaque turgescente…
Et le divin vint…
Juchés sur des semelles de vent après tant de frotti-frotti, ils quittèrent le dortoir qui s’était plongé dans un sommeil collectif pour rejoindre l’alcôve qui leur avait été attribuée…
Là attendait le miel de l’ultime épreuve celle de la « jouissance sans entraves »… lu dans un French canard made in France…
La maquerelle de l’établissement avait procédé au choix des chairs pour leur ravissement…
Ils avançaient dans un nuage d’ivresse qui émoustillait les neurones. Les ondes sonores musicales d’instruments électroniques s’ajoutaient à ce spleen. Un seul membre de leur corps était encore conscient. Ils n’étaient plus qu’un nœud qui cherchait la matrice…
Les corps s’unirent dans une extase quasi biblique – comme dans le premier livre, celui de la Genèse, avant que le Tout-Haut annonce la chute et la honte…
… ça t’ennuie…
… quoi ?
… la honte !
… je te dirai ça plus tard… il faut savoir avant de dire…
… c’est prophétique…
… à chacun son Job…
Laissons ces sybarites zélés à leurs ébats. Songeons que ces pauvres êtres furent privés des délices de la chair durant leurs macérations dans le temple. À présent, ils mettaient les bouchées doubles… hé bé !
Le manu-script d’Akio développe d’ailleurs une pensée fort judicieuse à ce sujet – nommée étape « post-éjaculatoire »… une forme de révélation…
« Car, que tu sois moine, dévot, ascète, ermite, chaste ou religieux, comment peuvent-ils comprendre le renoncement des dilatations de la chair s’ils n’en connaissent point les ivresses, hein ? Certes, il n’est pas nécessaire de se rouler dans le fangouïas, selon l’archaïsme des poètes méridionaux qui en connaissent un rayon au sujet de l’ivresse de l’homme. Mais après un bon bain, un étrillage du corps, un massage des terminaisons nerveuses, il est judicieux de faire suivre ces prémices par un massage du gland dûment reluisant, propre et sain…
Sain, il faut souligner ce concept. Ne baiser que dans un environnement sain. Voilà le secret de l’illumination du saint. Il ne faut pas s’en priver, même si certains textes de scrogneugneux vous agitent du contraire. Baisez à couilles rabattues, car c’est la meilleure façon de comprendre le renoncement trimestriel qui suit…
C’est ainsi que le saint ne peut parler que du tempo sain qu’il connaît. Le prophète, bien que sain lui-même, n’est pas encore saint. Il prophétise, tous les méandres malsains de la pensée humaine ne doivent avoir aucun secret pour lui… pour parvenir à la saine pensée…
Au fond conclut Akio : Dans ce dessin, baisser saint dans un physique sain vont insainble… »
Les deux cénobites, les bien nommés, ne connurent qu’un élan, certes, répétitif, mais un élan bien rut qui les conduisit jusqu’à l’heure du lièvre, vers les 6 heures du mat. Après avoir exprimé plusieurs fois généreusement les arpèges de leurs gammes, ils quittèrent ce local que beaucoup pudiquement nomment : « bordel ».
C’était un peu iconoclaste un brin canaille après tant d’illuminations…
C’est en anachorètes devenus, après avoir revêtu leur costume séculier, que les deux ombres reprirent le taxi, dans lequel elles s’effondrèrent en béatitudes…
Une pensée traversa le physique… non l’esprit des voyageurs. Ni l’un ni l’autre ne se souvenaient ni du corps, ni du visage, ni du galbe, ni des cheveux, ni des fragrances de peau, ni même du nom – si elles en avaient un – de la chair d’une nuit. Seule vibrait encore la pensée du membre au souvenir de la chaude matrice…
… la prochaine fois ! proposa l’un…
… parfaire la connaissance ! dit l’autre…
Pour l’instant, l’extase… les inondait…
Après cette nuit torride, le taxi les déposa devant le torii dont le grand portail était clos.
Ils pénétrèrent dans le lieu saint par la porte de service…
Promptement, mais sûrement, ils troquèrent leur tunique pour le vêtement monastique des travailleurs du matin et arrivèrent au moment même où se rassemblait le collège des moines cantonniers qui allait ratisser l’allée du temple. Chacun empoigna son outil.
Pendant deux heures… soutenus par deux lignes de moines ratisseurs, plongés dans un profond sommeil, selon une réflexe pavlovien… ils avancèrent en ligne pour virginiser l’allée de gravier concassé et accomplir la pénitence du matin…
Le recueillement était total…
Arrivés au bout des huit cents mètres, après récupération, ils s’éveillèrent.
Nuls n’avaient vu Josef, il était resté dans les starting-block de la ligne de départ. Il méditait… deux heures dura cette introspection sur la jouissance qui irradiait toujours le pensant…
Le sensei salua cette illumination qui forçait l’admiration vers l’accomplissement de la dévotion méditative intérieure de moine…
C’est ainsi que la discipline se révèle chaque jour méthodique et identique : la pénitence permet à la lumière de jaillir au centre de l’être… surtout si on l’attend deux heures de rang…
La journée fut vécue comme un grand moment de recueillement… après tant de purification des chairs…
Akio était debout, tel un androïde qui ne pensait qu’à l’heure du chien pour se mettre au lit ; Josef cheminait accroché à son ombre. Lors des psalmodies en position du Lotus, il s’endormit dans le dojo – ce que le sensei salua comme la quintessence du savoir méditatif, tant le visage, aux yeux clos, illuminé de béatitude forçait l’admiration…
Josef ne revivait pas sa nuit… il dormait… simplement… prophétiquement s’entend.
Si l’art de la concentration se confondait avec le sommeil profond et si le sensei l’assurait, alors toutes les hypothèses étaient possibles…
Et Josef les envisagea.
Dans un élan pavlovien, il repartit voguer dans ses années archéologiques à l’université – celles de son éveil.
Là-bas, il avait découvert le karma sous draps…
Ce qui permit de rajouter une paperolle au manu-script…
« Nous sommes revenus dans notre carré après le frugal repas du soir, révélait le : manu-script d’Akio. Jugez plutôt : un bol de soupe de légumes sans légumes, puis un bol d’indices de légumes bouillis, enfin pour terminer un légume épicé sans légume. Non, pas de boisson, car la soupe remplit déjà cet office. Un claquement d’un long bois de sycomore sur un autre, tel un clap cinématographique, et nous fûmes restaurés…
Avec ce régime, Josef avait perdu tous les kilos qu’il avait stockés au cours de ses stations précédentes dans les cafeterias Mc-truck visitées autour de la planète, il avait troqué une nouvelle taille de kimono…
Il faut le dire : jadis, inconscient, il entrait chaque fois dans le saint cadre étasunien qui ennoblit le vrai boy franchissant la guérite d’enceinte. Il pénétrait dans un vaste espace au centre duquel flottait une bannière. Bien exposé, se situait le centre de restauration qui offrait ses richesses, au monde ébloui qu’envient toutes les nations de la planète – que l’on nomme l’universalité universelle vers quoi tend l’univers : le Mc-Cola-ketchup-muf en prime… (Précisons que la syllabe “muf” dans ce néologisme n’est pas la lettre grecque “μι” évadée d’une formule mathématique. Que nenni ! la racine « Muf » désigne le muffin, qui rassasie le GI au dessert…)
Mais avant de faire ce périple transplanétaire, Josef, vous vous en souvenez, fut un étudiant consciencieux… »
Il n’était pas encore rassasié de savoir…
Il voulait tout connaître, bien que déjà très avancé dans sa dizaine d’années – car au moment où il franchit les portes de l’université, il jactait déjà par le menu dix-huit langues totalement fluently et une bonne douzaine d’autres très moyennement qu’il se proposait d’améliorer…
Il fut repéré par des admiratrices qui succombèrent au charme de ce garçon d’une rare beauté, né du croisement d’un Germain et d’une Indienne Algonquin…
Vrai… c’était pas banal !
Bien que l’amphi fût peuplé de gentilés de tous les pays, la couleur blanche dominait – la couleur de peau, dois-je souligner, car pour les cheveux, les vêtements, les pompes et autres attributs divers, c’était un kaléidoscope de nuances dignes d’un rayon de Wal-Mart…
Josef fut donc câliné par une folle troupe de groupies autant pour sa belle tignasse indienne blonde de germain que pour son joli derme de Peau-rouge…
Mais si la plupart des adoratrices quémandaient son attention, c’était surtout pour qu’il se penche sur leurs travaux. Sachez que d’affreux professeurs imposaient des dissertations aussi sottes que grenues…
Alors Josef se penchait sur les donzelles qui donnaient à voir d’autres devoirs bien jubilatoires.
C’est ainsi que Josef pondait spontanément, en l’espace d’une petite heure, une douzaine de papiers sur des sujets les plus divers que ces demoiselles lui demandaient de traduire en langue souhaitée parmi les divers idiomes colonisés de cette même Mitteleuropa, qui était le berceau des gènes de notre héros.
Par ce biais, il put approfondir ses connaissances en matière linguistique, car la progression des notes de ces étudiantes le renseignait sur sa propre évolution (il passa ainsi avec succès une dizaine de diplômes de fin d’année) ainsi que dans une autre matière plus… plutôt moins diplômante… où en travaux pratiques charnels, il était excellent… car les donzelles offraient des remerciement jouissifs.
Notre homme découvrit éros avec héroïsme – une sorte de monnaie d’échange, dans le style :
« Je te baille une copie en échange d’un coït »
Il découvrit que la connaissance des langues pouvait lui donner accès à la connaissance des corps, des cul-tures, des chairs, des postures, des techniques, dans toute leur diversité… kama et sous draps… compris…
Mais puiser dans ces ébats peut épuiser le quidam…
Un matin, il se retrouva seul sur son siège alors que chaque aube le voyait entouré de nouvelles créatures…
« Non, cette fois-ci, ç’en est trop… Tu ne pourras pas continuer à ce rythme… j’y mets le holà !
… qui es-tu ?
… ne me reconnais-tu donc point ?
… je travaille beaucoup… tu sais…
… Franziska ! Enfin…
Là, le scribe ne sut jamais s’il fallait ponctuer avec un point d’exclamation ou d’interrogation. Il opta donc pour les points de suspension, qui sont la marque de l’hésitation dubitative…
Là, Josef eut la révélation du fameux « double bind » d’un certain Bateson que l’on peut traduire par « double contrainte ». Le concept était célèbre.
Disséquons-le néanmoins dans notre menu…
Josef se trouvait face à une nana qui prétendait être Franziska (premier bind), mais qu’il ne reconnaissait pas (toujours le même bind) elle était bien carrossée (on est encore dans le bind initial)
Or, en toile de fond, une injonction de Barnaby le taraudait, tel un tintinnabule à clochettes :
« Take care, Josef, tu es au centre d’un complot… « Père, prends garde à droite ; père, prends garde à gauche » gare à la multiplication des pains… et des succubes ! »
( ça … c’était le second bind.)
Double contrainte… grand écart… que faire au milieu ?
Tâter : avaient conclu les dindes…
Là… à la cafétaria… ben… c’est… pas con-fortable…
L’objet de son interrogation était plus qu’agréable à regarder. Mais doit-on se fier à cette impression-là ?
… quel est l’énoncé de ton devoir ? proposa-t-il.
… je n’ai aucun devoir imposé par ces mandarins, seulement celui que je m’impose à moi-même pour te protéger contre toi-même !
Gottfried lui avait appris alors qu’il était encore nouveau-né que toute relation était toujours tarifée, même et surtout les impositions du fisc, selon un leitmotiv devenu rituel :
… Wieviel ? combien ?
Et quelqu’un qui vient te dire qu’il te protège gratuitement, c’est suspect !
… mais l’Ancien Testament ?
… propaganda, ajoutait-il… il y a un vice kolossaaaaaaaal… Tu dois prendre tes distances avec ces écrits. Verstanden?… il voulait dire : tu as compris… en un seul mot ! Ah, ils sont forts ces germains…
Elle avait de beaux yeux, des lèvres pulpeuses. La concupiscence jouait un grand rôle dans les relations humaines… dit-on.
« Les lèvres du premier étage sont la clé de celles offertes au rez-de-chaussée ! » prophétisait Gottfried et Josef redécouvrait la poésie pratique de son père, que certains nomment « practicum poeticum ».
Ou quelque chose d’approchant…
Franziska, elle aussi, s’approchait.
Josef eut une idée…
Il s’adressa à ses pulpeuses lèvres en russe – ce qui ne désarçonna en rien la demoiselle, qui répondit dans son jargon cyrillien… c’était un bon indice.
Alors suivit un dialogue que nous tenons à restituer en intégralité :
… comment savoir si tu es vraiment celle qui fut la lumière de mes yeux… il y a tant d’années ?…
Elle : eh bien, vérifie ! en multi-langue… si tu veux!
Lui : c’était dans une cour !
Sie : c’est ça, un espace…
Er : je te vis en face de moi…
她 : vis-à-vis…
他: tu étais adossé à l’ombre
Elle suite : sans soleil…
Lui luit : la taulière africaine t’avait pris par la main…
… elle était noire…
… c’était un matin…
… avant midi…
… il y avait un peuple…
… des gens…
… je te vis, plus tard tu quittas ce lieu…
… pour aller ailleurs…
… je te perdis…
… moi aussi…
… mais alors tu sais tout ce que nous avons vécu…
… forcément puisque c’est moi…
… ah, Franziska… je te retrouve enfin !
Ce fut la soixante-septième révélation bis que Josef obtint ce jour-là. Il en oublia Barnaby et ses avertissements oiseux.
Hélas ! car l’icelle n’était pas Franziska mais sa doublure une succube russe qui espionnait sans vergogne… vous vous en doutiez perspicace lecteur…
Le texte authentique révélait une quantité de paperolles enflammées retraçant ce moment…
Dès lors, Josef ne pondit plus d’in-folio pour les donzelles qui se lamentaient en recevant leurs productions caviardées de red pencil sévère – vengeance du correcteur qui se gaussait de tant de nullités.
Sa protectrice veillait à repousser les assauts des séductions ; elle enflammait les foules, car elle prophétisait l’égal, le juste, le partage, voire la spoliation pour ceux qui bavaient des ronds de chapeau et étaient pressés de jouir…
La foule écoutait l’égérie – enfin un commencement de foule. Josef fut le premier témoin du discours de la zélote russe…
Un après-midi, à la fin d’un cours dans un amphi peuplé de quidams, la voilà qui interpelle le mandarin de service dans une envolée lyrique. Elle avait distribué des tracts ronéotypés qu’elle fabriquait dans une cave. Elle s’était inspirée d’un écrivain français qui avait intitulé l’un de ses romans Les Faux-Monnayeurs dans les caves du Vatican ou quelque chose de très proche. Elle tenait son journal de bord comme le célèbre scribe, qui avait noté dans le sien :
« Le mauvais romancier construit ses personnages ; il les dirige et les fait parler. Le vrai romancier les écoute et les regarde agir ; il les entend parler dès avant que de les connaître, et c’est d’après ce qu’il leur entend dire qu’il comprend peu à peu qui ils sont. »
… voilà, dit-elle à l’adresse du mandarin qui n’en demandait pas tant, votre diktat nous impose de devenir des clones… de penser selon vos codes… mais sans vos moyens ni vos comptes en banque, ni vos passe-droits, ni votre berline sport ! Or, nous voulons être et être entendus !
Le mandarin était rompu à ces épisodes. Il posa ses lunettes et ses pieds sur le bureau, puis attendit que la donzelle eût terminé sa causerie – ce qu’elle n’était pas prête à faire…
Quelques bolcheviques l’approuvèrent en applaudissant. Soudain, une banderole fut déployée pour revendiquer le droit au droit du droit à l’endroit des droits de toutes sortes que le quidam doit exiger à son endroit afin d’être l’égal en droit et en moyens : c’était adroit… le tout en cancel-culture…
Ce fut un beau ramdam pour valoriser le discours réclamant le droit selon l’antithèse de la droite, c’est-à-dire la gauche à la sauce US, s’entend…
Mais on vit – ou plutôt on entendit – les accents révolutionnaires des jacteurs qui souffraient de faiblesses linguistiques. Car, dans leurs émois, la phonétique révélait des peuples au passé proche de la vastitude russe d’origine sibérienne, ukrainienne, ouzbek, iakoute, bélarusse ou moscovite. Les Géorgiens de Tbilissi mêlèrent leurs voix aux Géorgiens d’Atlanta. Ils n’étaient point cousins, mais, dans cet œcuménisme de revendications, ils pourraient, peut-être gagner quelques dollars…
« Le vrai… l’enseignement vrai… doit non pas cloner… mais laisser la parole aux acteurs, les écouter, les regarder agir. Votre enseignement bourgeois est tout le contraire. À l’extrême limite, vous ne servez à rien… car le vrai est en face de vous… l’authentiquement vrai. Nous ne sommes pas que des numéros. Vous passez à côté de l’insondable… le sublime… le peuple… tous ces êtres qui ont une vie profonde incommensurable… telle celle de cet homme… Oui, je vous le dis, cet homme est l’égal de mille fois votre misérable nature… Lui, c’est un prophète… Josef… lève-toi et marche… parle au monde… »
Un grand hourra accueillit ce sermon…
Et Josef ne jugea pas nécessaire de se lever… il voulait voir avant tout…
L’oratrice poursuivit son oracle en forme de panégyrique :
… il parle dix-huit langues sans avoir suivi les cours d’oncques émérites. Dans ses gènes coule le sang de l’histoire. Il n’a besoin d’aucun certificat pour être, car il est. Nous non plus, nous n’avons besoin d’aucun papier, parce que nous sommes. Il n’y a qu’à investir les start-up par notre seule présence pour que la croissance bondisse…
Parle, Josef…
Josef alors se souvint des célèbres BD comics qu’il lisait jadis… celle de Hagar Dunor le célèbre Roi Viking qui répondit :
« Oui, mais pour dire quoi ? »
Josef n’était qu’un Béotien, un néophyte des amphis urbains, un cul-terreux du nord de Pittsburgh, un pauvre philistin n’ayant encore jamais pratiqué l’art revendicatif en public.
Certes, la postulation à la fonction de prophète ne comble pas l’abîme entre le vouloir et le pouvoir !…
Alors Josef s’y abîma en racontant sa révolte selon une métaphore devenue célèbre :
« Sacrifier mes dindes… jamais ! »
On applaudit et le peuple devint fervent, car enfin occire une dinde, n’était-ce point un acte barbare où l’horreur se mêlait au racisme pur et dur envers la gent à plumes ?
Alors Josef conta :
« Il était une fois une hacienda modeste de quarante hectares sur laquelle un peuple de migrants se fixa voilà des lustres. Ils venaient de la Mitteleuropa et étaient démunis, pauvres, mais unis. Comme vous tous, ils voulaient s’intégrer. Ils défrichèrent le sol, coupèrent les arbres et repoussèrent les assauts des gens d’en face qui tentaient de les chasser. Ces Pèlerins venaient évangéliser les tribus qui vivaient sur ces arpents. Oh ! Dieux ! Odieux ! Ce furent de sanglants combats, certains d’entre nous périrent… »
Il eut fallu choisir un sacrifice symbolique : occire la dinde un 4 juillet pour réaliser la renaissance intégrale dans la Bannière étoilée. Mais mon cœur ne le put…
… Un jour… c’était un matin…
Et Josef s’arrêta pour jouir de l’effet oratoire, l’amphi était en extase, il poursuivit :
« La dinde avait pondu huit œufs… Je les subtilisai contre le diktat du Vater, qui jura qu’on ne l’y reprendrait plus à nourrir des dindes qui ne pondaient plus d’œufs. Je m’installai dans un tepee et couvai les huit œufs »
Le peuple émit un grand « Wouahhhhh ! ». polyphonique.
Franziska « Approuvouahhh » elle aussi de sa vouah !
… c’est vrai, j’ai vu et j’ai cru ! affirma-t-elle.
… depuis, à l’hacienda, mes huit dindes vivent en paix et l’on ne sacrifie plus cet être sur l’autel de la consommation selon les rites barbares du symbolisme étoilé…
Et pendant que je couvais, j’eus la révélation, que moi aussi, j’étais devenu un barbare… comme tous ceux descendus du Mayflower, je vous le dis mes sœurs et frères, qui assassinèrent ce peuple Indien qui occupait ces lieux depuis vingt mille ans… alors que nous étions venus pour les évangéliser.…
Depuis, je me promis de rectifier cette situation et de rendre à ce peuple les terres et doits qu’ils lui reviennent… depuis je me morfonds je me fustige je me frappe… je me maudis…
… j’ose dire avec fierté qu’en couvant je me confesse de tout ce mal…
Un tonnerre d’applaudissements et de contre-applaudissements salua cette conclusion, qui marqua la fin de la représentation et du cours de cet après-midi-là, car une partie était pour, l’autre contre…
… mais que suis-je ?… ajouta Josef après que le vacarme se fut calmé par la voix autoritaire de la modératrice…
Alors des vagues contradictoires se formèrent dans le peuple amphibien…
Josef vécut son premier sermon d’apprenti prophète…
« Tu n’en resteras pas là ! » conclut Franziska.
Elle avait gagné le premier round. Les adhésions au Mouvement pour la Libération des dindes, dindons et coyotes : la Mouli augmentèrent de jour en jour…
En réalité, souligna le scribe-narrateur, la fille gangrenait le campus… en discours déconstructeur…
Un jour, c’était juste avant midi, la fièvre du vendredi matin allait emporter celle du samedi soir… un anachronisme caché bouleversa les foules…
La fille haranguait le peuple estudiantin avec une fougue qui en amusait certains et en traumatisait d’autres, car enfin qui viendrait emplir les caves et les caisses enregistreuses des salles enfumées pour la sacro-sainte messe du soir, de la nuit et du petit matin ?…
Cette déstabilisation ponctuelle pouvait dégénérer en graves désordres qu’un célèbre transfuge polonais avait décrit sous la théorie dite de « l’effet dominos » qu’il ne faut pas confondre avec « l’effet Dominus » de nos lointains ancêtres – cette théorie veut que, dans certains cas, le premier pion qui tombe entraîne les suivants dans sa chute. L’université de Pittsburgh était célèbre à cause de son melting-pot. Allait-elle gangrener selon la théorie le reste des cinq mille autres campus ?
La donzelle russe le savait et voulait en profiter. Elle étendit son management subversif.
Elle harcelait Josef de courtes injonctions qui le dopaient afin qu’il ponde des oraisons, sermons et prédicats de tous ordres pour qu’ensuite la fille, juchée sur un tonneau renversé, métamorphosée en philosophe existentiel, les lise urbi et orbi à la terre entière… au milieu du campus.
Le mouvement faisait tache d’huile – une réaction qui est également citée pour illustrer l’effet dominos…
Elle devint célèbre… Josef, dans son ombre, produisait autant de textes qu’à l’époque où il soutenait les étudiantes, sauf que l’échange n’était plus aussi fructifieux, fructifiant, fructificatoire…
« Tu baiseras plus tard ! Il faut que les révolutions se passent… »
Un matin… c’était à l’aube…
Josef dormait benoîtement dans son tepee au milieu de ses dindes. Voilà la donzelle qui rapplique.
Les dindes sortirent en furie et se jetèrent sur l’arrivante qui n’était pas seule, car une foule de témoins venait témoigner de visu…
« Voilà, mes amis… le sort… l’enfance… la genèse d’un prophète… Voyez comme il conduit sa vie… ! »
Et les flashs de flasher, les caméras de camérer, les téléphones de dreliner car en ce temps-là, ils n’avaient qu’une fonction : le transport de la parole par électron maîtrisé… téléphonie en somme. Ce ne fut que plus tard que la mutation transforma l’instrument en preneur de photos, reléguant le transport son au second plan…
Mais n’allons pas trop vite dans l’enfance d’un prédicateur ni dans la révolution des bécanes électroniques…
« C’est ici que cet homme pond… »
Le peuple ébloui cherchait l’œuf…
« … ses textes… »
Et elle exhibait des liasses de feuillets noirs de calligraphie en ronde à la plume sergent-major…
« Ils vont devenir le sel du peuple… le sang des martyrs… le pain des pauvres… ! »
C’est à ce moment-là qu’arriva Gottfried…
Oh, il n’était pas seul…
Une troupe sur le sentier de la guerre chargeait. Une troupe armée pour de vrai…
De loin, on entendit un certain brouhaha. De près, ce fut un cri de ralliement que Gottfried poussait à chaque dizaine de mètres en se rapprochant. Donc sur cent mètres, il hurla quasi dix fois. Au début, la donzelle, les reporters, les témoins, les groupies, les lobbyistes, les badauds, les pique-assiettes ne comprenaient rien au message et tous croyaient que cette troupe allait se mélanger à leur caravane.
Ce ne fut qu’au septième cri poussé par Gottfried qu’ils comprirent ou plus exactement entendirent sans comprendre, car le Vater jactait en Germain. Il s’époumonait dans un slogan combatif :
« Die Russen kommen! »
… Mais on n’est pas russes ! s’étonna un authentique quidam lorsque éclata le premier coup de feu…
Il restait trente mètres donc trois cris de guerre. Le son s’amplifiait, car Gottfried s’était placé dans le sens du vent qui s’était allègrement allié aux Germains et aux Indiens. Il venait à pas de loup…
… c’est pas juste ! sur les terres des bannières ! dit un témoin qui y perdit son chapeau, car les preneurs de son, d’images et d’intimité refluaient vers l’arrière.
C’est à ce moment que l’on put évaluer la quantité des prosélytes. À l’aller, la donzelle s’était désolée de ne compter qu’un petit groupe, mais lorsque vous les recevez tous sur le paletot, vous mesurez le poids de cette vague…
« Die Russen kommen! »
Gottfried, la pétoire Winchester à la main, le sombrero sur le crâne, tel Custer à la bataille de Greasy Grass, dévalait ses champs, les Indiens à sa suite…
Une douzaine d’Algonquins, de Sioux, d’Apaches, peut-être même quelques Comanches, parents, proches, amis de Yépa, mère de Josef, formaient l’arrière-garde du patriarche germain…
C’était sérieux…
Ils étaient armés de couteaux, d’arcs et de flèches et ils jactaient en langue indienne que nul ne put comprendre, à part les derniers autochtones en liberté qui refusaient de rester derrière une vitre dans un musée.
Ils arrivèrent vers le tepee de Josef, alors, on fut certain que l’hostilité était proche, car tous arboraient des peintures de guerre sur leurs visages… sauf le Vater qui venait de prendre sa douche.
La troupe emmenée par la donzelle russe se délita, se débanda, se replia, hélas, en désordre, dans une fuite éperdue synonyme de bataille perdue. Pourtant, une petite partie qui avait l’esprit vif se tourna vers l’escadron menaçant. Les caméras panotaient… Gottfried hurlait…
Les Indiens posaient pour le journal du soir – on ne passe pas à côté d’un tel moment de gloire : c’était le dernier et ils le savaient.
Devant le tepee donc, l’escadron retrouva quelques monceaux composés de paletots, de casquettes, d’appareils photo, de bouteilles, de chaussures, de lunettes dernier cri, d’un sac à dos plein de paires de chaussures de ballerines, d’un jeu de Monopoly et même de trois jeans qui furent brandis comme de sublimes trophées à l’instar de l’ancien scalp…
Alors les Indiens, sous les ordres de Gottfried, ramassèrent le tout, car la propreté du Germain est proverbiale. Une fois qu’ils eurent recueilli l’ensemble, ils se proposèrent de le revendre au marché du lendemain matin sur une place de Pittsburgh réservée aux minorités qui troquent de pauvres choses contre quelques billets verts…
Ils faisaient les comptes devant le tepee…
La ravageuse… la conductrice… l’oratrice… avait toujours son micro à la main, son amplificateur en sautoir privé de batteries… un petit groupe s’était réfugié dans son dos qu’elle avait large…
Allait-on assister au pire ?
Elle aussi éructait dans son sabir. Elle interpellait les dindes qui montaient la garde devant l’entrée du tepee…
Les Indiens n’en croyaient pas leurs yeux ni leurs oreilles, car les dindes parlaient russe…
« Ça, c’est fort ! dit un éclaireur Sioux.
… mais comment est-ce possible ? s’étonna un Algonquin de passage qui allait faire ses courses au supermarché en construction…
… Josef !
Alors Gottfried leur rappela les capacités du Petit. C’est Josef qui avait instruit ces dames à plumes et elles tenaient tête, ces braves filles, physiquement, car, nul ne comprenait le contenu des échanges…
On se résolut donc à attendre la fin des débats. Gottfried eut le temps de tirer sur un vol de palombes qui eurent la mauvaise idée de passer par là…
« On aura du pigeon aux lentilles demain ! »
Les Indiens détestaient le pigeon. Et pour cause : depuis plus de trois cents ans, c’étaient eux que l’on canardait en les prenant pour ces volatiles. Ils s’assirent donc tranquillement selon la mode indienne et fumèrent la clope du vainqueur…
La donzelle jactait toujours…
Les dindes caquetaient tout autant…
Josef restait absent…
Alors, au loin, on vit venir un appaloosa qui hennit en idiome universel – ce qui pouvait passer pour un prolégomènes pacificateur…
Là, les Indiens jetèrent leur mégot en ricanant…
Les dindes gloussèrent, car elles allaient pouvoir se payer encore une tranche de caquètements en dindo-langage connu d’elles seules… hormis Josef… of course.
La donzelle cria, désespérée :
« Encore lui ?… mais comment fait-il pour savoir ? »
Mais comment cette pauvre fille pouvait-elle ignorer qu’un officier des renseignements US sait tout ?
« Non ! Je ne savais pas ! » confessa-t-elle.
Tout simplement parce que tout ce qui est russe est suspect. C’est le principe même du fondement de la légitimité du parc agressif, défensif, subversif, dissuasif, offensif et même impératif autant que vomitif de l’US-Land – enfin, cette Bannière donnait du travail à son peuple. N’était-ce point, le seul argument ? Construire des canons ou des McDo, peu importait : l’essentiel, c’était le job… contre le Russe.
Eh bien, ce n’était pas le seul. À preuve, Gottfried lui-même n’avait-il pas pris les armes au seul cri de « Die Russen kommen! » ?
Gottfried n’était natif US que depuis plusieurs générations. Il venait de la Mitteleuropa qui avait vu l’Ours russe…
Cet épouvantail lointain était suffisant pour provoquer l’effroi, le froid, ma fois… parce qu’il était russe et lointain… na !
L’appaloosa vint…
Les dindes se dandinèrent…
Le militaire sauta sur le sol…
… je viens faire la paix… selon les principes étasuniens…
… c’est fait ! dit un vieux Comanche.
… oui, mais je viens signer… cette paix !
Tel César, il se dirigea vers le tepee, ouvrit la peau de bison qui en marquait le seuil, porta son clairon à la bouche et sonna le « Réveille-toi, soldat »…
Une fois… deux fois… trois fois… le tepee ne bougeait pas…
Alors… seules… les dindes pénétrèrent dans l’espace réservé aux hôtes qui généralement habitaient ce lieu… le clairon se tut…
Quelques minutes plus tard, Josef sortait sur le seuil…
Il dit :
« I have a dream! »
La fille poussa aussitôt le volume de son ampli portable qui portait haut sa voix après avoir acheté des batteries au comptoir Indien…
« Pour l’emploi, la liberté, l’expression, le partage des riches… »
… arrête de blasphémer ! ordonna le militaire.
Il claqua des doigts… Alors arriva une escouade de GI qui saisit la donzelle par les sentiments. Les caméras s’étaient débandées, les photos épuisées. Nul ne put déchiffrer ce moment puisque aucune image ne parvint à la postérité…
Ce fut donc un non-événement : pas de journalistes, pas de caméras, donc réalité inexistante. On causa, bien sûr… mais sans preuves TV… état rédhibitoire.
Il ne resta devant le tepee que Josef, ses dindes, le militaire, l’appaloosa, les Indiens et Gottfried…
Nul ne sut quel rêve avait remué Josef…
Sauf que Barnaby s’approcha de Gottfried. En privé, il lui souffla très bas, afin qu’aucun
Indien ne puisse l’entendre :
« Cette fille qui poursuit votre fils est un danger pour les étoiles. Elle est l’avant-poste russe qui veut conquérir les territoires en bandes serrées… une espionne qui travaille dans l’ombre… »
… une cinquième colonne !
… ah, vous savez… rassurez-vous, nous la surveillons…
… c’est la fameuse Fran…
… chut ! ne prononcez pas son nom !
… pourquoi ?
… c’est une transfuge… !
… un succube !
… ah, vous savez !
… Josef est-il en danger ?
… lui… non… mais ma carrière… oui !
… que faire ?
… vous savez que je suis à ses côtés ! Je veille !
… bon… j’y vais !
… nous aussi… on va au marché », confirmèrent les Indiens.
C’est ainsi que chacun retourna à ses occupations… et Josef à son rêve…
Heureusement, les dindes veillaient.
Mais nul ne savait ce qui se mijotait dans le crâne de Josef, sauf ceux qui découvriront plus tard ce palimpseste en élaboration. Mais disons-le tout net, Josef, vous l’avez bien compris, se construisait comme tout un chacun. Il allait devenir prophète et ça ne naît pas par enchantement, ce type de bonhomme. Il faut un bon nombre de paperolles, mues et mutations métamorphiques, doutes et redoutes, sans doute…
Laissons ce verbiage et poursuivons… si vous le voulez bien !
Et c’est ainsi que murmurent les tortues blondes
Gentilés
Si le voulez bien
Lisez suite jour prochain
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… vous trouverez les opus édités…
L’Ange Boufaréu