Archéologie des révolutions… la lutte entre la norme éditoriale et l’autoédition…

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N° 10 du talent… en ai-je? 

Mon précédent papier traitait du rejet par la structure production-distribution-littéraire-normative-de-masse… une marginalisation aux fins fonds des oueds…
Des « zozo-édités-par-nous-mêmes » 

Ayant lu l’outrage, je me suis requincaillé… droit… corned’enboeuf… ah ça mais !
Pour soutenir co et latéralement…
Solidairement… si je puis dire…Je peux ? Alors je le dis !

Je vais répondre à la question qu’une de mes lectrices ne m’a pas posée… n’a-t-elle osé… peut-être est-elle nécrosée… callosée… dur…
… mais que j’ai ouï… grâce aux bouisbouis numériques… éblouis…
Ces réseaux qui causent même quand on ne les questionne point…
« Vous l’avez belle vous… avec vos analyses des chiffre d’affaires…
Le livre, l’auteur… c’est qunqund’autrechose… que j’medis… en moi-elle-même…
Et le « talent » qu’en faites-vous du « talent ? »
… me dit-elle égrotante scrogneugnante…

Devant cette furia…
J’obtempérais…
Fouillant dans ma mémoire un exemple de talent pour calmer la concierge…
J’avais celui du nouveau testament… « Qu’as-tu fait de tes talents ? »
Mais je n’osais point aborder ce livre… car à présent toute référence à ces saints écrits est sujette à billevesées… bûchers… potences… guillotines… réelles ou virtuelles… anathèmes… hors du thème… zéro pointé…
J’optais pour une analyse laïque… prosaïque… apotropaïque celle qui conjure le sort… coquin de sort… tout en refusant les ragots tintinnabulesques du café du commerce…

Madame dis-je… humblement patenôtre…
« Comment définissez-vous le talent ? »
Elle resta coi…
Alors j’osais… je lui déclinais mon oraison…
La personne se calma… je pus commencer ainsi, mon approche dialectique :
« Gente dame souffrez que le talent n’est même pas un sentiment… une couleur… une saveur… encore moins une odeur… ou un parement brodé…
Il ne se tartine pas… on ne le découpe pas en rondelle comme un Jésus lyonnais…
Le talent n’est pas préhensible… on ne le boit pas… il n’est même pas gouleyant…
Lorsqu’on se déplace, on ne le décroche pas pour le poser au vestiaire… il ne ramasse point la poussière… comme un vulgaire kébour…

Et pourtant…
Ce talent impalpable vous fait vibrer… comme Henry Beyle devant la Chartreuse…
C’est vrai, souvent j’ai entendu « Cet auteur a du talent… cet alcolybrus n’en a pas ! »
J’ai demandé sur le champ au locuteur « comment définissez-vous le talent ? »
« Tel le pronom… « on » un ensemble vague et indéfini… »  Répondit-il.
Cela m’a semblé… aussi vague… que triste comme argumentation…
Souffrez Madame… au siècle dernier… jadis donc…
Sarah Bernhardt reçut dans sa loge une jeune comédienne qui tout de go lui baille ses certitudes… « Moi quand j’entre en scène Madame, je n’ai pas le trac ! » dit la béotienne. « Vous verrez mon enfant… quand vous aurez du talent ! » répondit Sarah.
Bien de qualificatifs surgissent pour définir le talent…
Mais tous se refusent à notre rationalité…

Observez cette jeune fille au charme fou…
Aussitôt vous l’en félicitez…

Ayant pris conscience de ce pouvoir… elle en joue… se transforme en coquine… Pour devenir… « H,i,ée »… c’est un néologisme… il faut le dire !
Le talent serait le zygote du charme… sans doute…
Voyez cet auteur au talent sûr…
Vous le complimentez…
Il passe à la TV…
Et en privé… le voilà devenu cuistre… il pontifie…
Sur le dernier « zozo-édités-par-nous-mêmes » … l’écurie d’un arrondissement de la capitale va le conduire à l’académie… lors des décennies futures… Deo Gracias !
Le talent est donc impalpable…
On ne peut le saisir…
On le divinise…
Et pourtant le « on » vague et indéfini… monte à la cervelle des têtes les mieux faites…

Je me suis penché sur ce syndrome…
C’est un état métamorphique complexe… autrement dit une mutation du type métamorphose de Kafka où Grégoire Samsa un beau matin franchit la ligne équatoriale d’un représentant de commerce pour devenir un coléoptère dénommé « cafard »… c’est ce qui arrive à ceux qui ont du talent sans le savoir… et qui deviennent imbitables après une onction de génuflexion…
En réalité…
Il n’y a pas de réalité…
Le talent est un état… le papillon est un état… tout con volant n’est pas un papillon gracieux talentueux… c’est même le contraire…
J’ai donc à ce sujet : sur les papillons une intéressante histoire qui entre dans l’analyse de mon sujet : le talent… elle vient de Chine et du philosophe Taoïste Zhuang Zi.

« Zhuang Zi avait beaucoup marché, il était fatigué, il entre dans un jardin public, s’allonge sur un banc, s’endort et rêve qu’il est un papillon…
Au même moment un papillon qui avait beaucoup volé, entre dans le jardin pour se reposer, il se pose non loin de Zhuang Zi, il s’endort et il rêve qu’il est le philosophe Zhuang Zi…
Une heure plus tard… Zhuang Zi se réveille et voit le papillon… il se demande s’il est toujours Zhuang Zi ou bien s’il est devenu le papillon posé qu’il a rêvé…
Le papillon lui aussi s’est réveillé… et il pense la même chose… est-il toujours papillon ou bien est-il celui qui est là-bas Zhuang Zi… »
Cette petite histoire est simple… l’essentiel est le fond… de la philosophie Taoïste que Zhuang Zi a traduit avec des mots simples…
Si Zhuang Zi n’avait pas été Taoïste, il n’aurait jamais créé cette situation…

Nous voilà au centre du sujet quant au talent…
Celui qui se donne pour objectif d’écrire doit analyser son vécu, en quoi il est unique…
J’ai décidé d’écrire… j’ai tenté de percer le mystère du « Puis-je ? Et pourquoi ? »
Méthode :
Je me suis fouillé fouaillé scruté désossé disséqué épluché décortiqué… en quoi suis-je unique… car je le suis… nous le sommes tous… mais sans avoir à trompéter
Chronologiquement… lors de mes premières logorrhées de scribe… j’ai laissé le flux se déverser… ce que l’on appelle « ne pas se censurer » j’ai mesuré l’écart entre l’idée et l’écrit… je ne suis pas le seul… mais je l’ai vérifié…
Puis j’ai traqué… dès le départ trois moustretruchomanies que nous avons tous en copiant comme des benêts des causeurs des copieurs… journalistes et TV…

  • Le lieu commun…
  • La métaphore…
  • Le mot connoté…

Exemple croquemitaine pondu pour démontrer :
Monsieur, j’ai bien reçu de votre collaborateur, le document majeur que vous avez rédigé, il me va droit au cœur…
N’importe qui peut rédiger ce texte d’une platitude affreuse de conformisme… « H,i,é » bis… Je n’utilise jamais le terme de collaborateur de triste figure… j’ai supprimé ainsi une douzaine de mots qui connotent des seconds degrés qui brouillent le texte… majeur j’ai également supprimé ce terme… j’ai réalisé une collection de 42 occurrences de ce mot, il est utilisé à toutes les sauces par fainéantise du scribe à trouver le mot ad hoc… enfin droit au cœur c’est la métaphore le lieu commun l’image passe partout la remarque des eaux grasses… tel « la cerise sur le gâteau » « frappé de plein fouet » ou l’arrogance de ce « que le monde nous envie…
Monsieur, j’ai bien reçu de vos services, le document important que vous avez rédigé, je vous en suis reconnaissant… serait la phrase correcte que j’écrirais après avoir corrigé le premier jet… mais en réalité cette phrase corrigée ne sortira jamais de mes pénates…
Voilà mes Gentilés comment je suis entré en écriture… depuis je n’ai pas cessé de traquer… la médiocrité… le lieu commun… le style perroquet… et j’en passe.
Je suis focalisé dans cet exercice qui consiste à savoir si ma phrase est talentueuse… mais face à face… pas d’arrogance… pas de poncifs… pas de cuistrerie…

Car « La contemplation prolongée de la Joconde ne nous donne pas le talent de Vinci » nous enseigne Tchékhov…
Au fond :
« Tout le talent d’écrire ne consiste après tout que dans le choix des mots » nous met en garde Flaubert…
Dès lors comment acquérir ce talent ?
Il est à la croisée des chemins entre Gustave et Anton…
Entre les deux techniques il y a l’auteur…
Chacun de nous produit « une pensée vernaculaire » qui ne tient qu’à lui… son régionalisme… son idiosyncrasie… sa personnalité… son histoire…
L’auteur doit franchir toutes les strates du propos personnel où l’émotion le rend « cul-cul »… pour parvenir avec la même substance émotionnelle mais transcendée par une capacité technique à révéler une authentique pensée…
C’est une épreuve de distanciation… s’imprégner des anciens dans leur volonté d’expression personnelle…
Il faut buriner la phrase… à coups de marteaux…
Fracasser les idées reçues… les lieux communs… les sens signifiés qui ne signifient rien… la phrase doit être l’exacte formulation que le flash de l’illumination d’un vécu… avec nuances…
La différence reste abyssale…
Le flash imaginé ne dure qu’une nanoseconde…*
La phrase burinée prendra des heures des jours peut-être des mois… qu’importe.
Eh bien mes gentilés…
Pour moi, c’est ça le talent…
Je vais vous livrer un dernier exemple pour la route…
J’ai fait douze ans d’études de violon… à l’époque nous étions aux 78/33/et 45 tours… j’écoutais Igor Oïstrakh… quelques temps avant sa mort en 1974… il s’était retiré dans une solitude pour parfaire sa technique : que l’on appelle les gammes en démanché pour double-corde… exercice redoutable… j’ai en mémoire un article qui disait qu’il avait joué 18 heures les mêmes exercices…
Lorsque plus tard il donna un concert… certains affirmèrent qu’il avait du talent…

Au fond les mots à ce stade ne veulent plus rien dire…
Tout le reste…
Reste…
Auteur si tu as du talent… saches que personne ne te le dira… tu es selon l’expression « la tête dans le guidon » tu ne vois pas qui tu es… car ce sont les autres qui te révèlent… si tu n’as pas de talent… alors… forge ta résolution pour l’acquérir…
Les éditeurs ont bien identifié ce point… ils constituent une écurie de talents… qu’ils cultivent sur toutes les facettes… ils les valorisent…
Il suffit de faire de même…
Gentilé auteur… pour être original… donc différent… donc talentueux… tu n’as qu’un souci à avoir… révèle ton fond… ton idiosyncrasie… ton particularisme… mais en proposant un style personnel aux nuances identifiées différentes… sans arrogance…  distancié…
Évite de prendre ce ton fourre-tout pour plaire… à l’Hyper-Super.
Agis comme Zhuang Zi… le principal consiste à métamorphoser ton moi sensitif en une forme de dosage nuancé qui touche immédiatement par sa différence…
Je sais… ce n’est pas simple…
Cette nuit, j’ai fait un rêve… j’ai rencontré mes tortues… elles venaient des Galápagos… elles ont susurré à mon oreille… les mots que vous venez de lire…

« C’est ainsi que murmurent les tortues blondes »

L’Ange Boufaréu

 

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