Archéologie des révolutions… ou comment des fifrelins profitent du « juste à temps » des utopies…

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Les révolutions n°9 : l’autoédition face à la diffusion de masse : structure auteurs/éditeurs/diffuseurs/libraires… révolution qui reste à faire… croquebedaine !

Je me réfère à l’information de Jean-Benjamin Jouteur quant au statut que nous sommes : « les zozo-édités-par-nous-mêmes » 

Il m’a été demandé, jadis, dans d’autres circonstances et d’autres lieux d’analyser les logiques des structures industrielles… ce que je fais ici, pour le livre.

Revenons à la base…

Entre le XIXème siècle et aujourd’hui, le livre est passé du statut de bibelot culturel à produit de grande consommation… le livre de poche en donne un exemple : il a été créé le 9 février 1953 par Henri Filipacchi… que tous les éditeurs ont copié…
L’élévation du niveau de culture… la rationalisation de la production… les structures de diffusions ont permis au livre de se dépersonnaliser…
Sachez qu’un produit de grande consommation le devient, lorsqu’il est banalisé par le couple production/diffusion… que sont les principes de la distribution de masse.
Le coût unitaire d’un produit est inversement proportionnel à sa quantité fabriquée en une unité de temps… donnée.
Autrement dit le prix unitaire d’un livre fabriqué à 500 000 exemplaires est dix fois moins cher qu’un livre tiré à 10 000… parce c’est la même machine, le même personnel, la même programmation, quasiment le même temps… elle peut produire du simple au centuple… suivant la cadence que l’on programme… ce que ne peut faire la force humaine… que théorisa le marxisme.
C’est ainsi que sont embouteillées les limonades, soda, eaux, bières, couches-câlines, petits pois, pommes de terre… etc.
A société de consommation… fabrication de masse… marge faible… mais rotation des produits sur le linéaire rapide… absence de stocks… flux tendus… etc.

Une petite explication sur la vitesse de rotation : l’Hyper-Super achète des produits… qu’il paye à 90 jours… le fournisseur livre un stock qui sera vendu en quinze jours… autrement dit… tous les quinze jours l’Hyper-Super encaisse un chiffre d’affaires… soit 6 fois jusqu’à ce qu’il paye la première livraison… il fait ainsi de la trésorerie sur le dos producteur… c’est ce qu’on appelle rotation rapide et flux tendus…

Ce que l’on a oublié…
C’est que les produits de consommations de masse ont été « massivement » présentés aux clients… devenus des consommateurs…
Entre trois yaourts produits par les mêmes machines à la même cadence avec le lait des mêmes producteurs et quasiment au même prix… le client va se déterminer en fonction de la publicité martelée… qui a façonné son goût…
La production va créer alors des créneaux de yaourts : bulgares, brassés, aux fruits, aux parfums, 0% de matière grasse, de Normandie, d’ailleurs, chèvres, vaches… non, pas cochon… etc…
Ce n’est hélas pas la même chose avec les auteurs… quoi que !

Les éditeurs recrutent des auteurs… en écuries… ils façonnent le goût des lecteurs par des campagnes de promotions… la TV joue un rôle capital…
Avez-vous déjà vu un auteur autoédité invité dans une émission TV ?
Les dix auteurs tirent les ventes à 100 000 exemplaires en tête de gondole… à chaque parution…
L’Hyper-Super travaille à rotations et flux tendus… même avec les bouquins.
Car, tous écrivent selon les norme-logique-pub-TV-journaux-comme-il-faut-lire-aujourd’hui… 80% de ces lecteurs stationnent devant les présentations…
Entre les dix livres… le 80% des lecteurs formatés va se déterminer en fonction de détails infimes… car le goût de la masse qui lit a été conditionnée à lire ce qui est présenté…
Dès lors… pourquoi les autoédités sont recalés… pourquoi ils n’entrent pas dans le circuit… tout simplement parce qu’ils sont inconnus du grand public… nous sommes dans un marché concurrentiel… qui n’a qu’un objectif : faire du chiffre.
Dans les années 50/70 Bernardo Trujillo lista 12 grands principes théoriques de la distribution de masse… en voici trois célèbres :

« no parking, no business »
« empilez haut, vendez à prix bas »
« créer un îlot de perte dans un océan de profits »

Imaginez un auteur autoédité dans cette logique… est une grave erreur… dans le bilan comptable, il n’y a même pas une ligne pour l’entrée du titre :

« La cornemuse de l’amphigourique tonton » du célèbre Raymond Brandemuche… opus de 367 pages aux éditions indépendantes : « Les Editions du bras d’honneur »… un carton contenant 14 livres…

Vous avez déjà vu une tête de gondole de 14 bouquins… à se gondoler…
Le chef de rayon s’arrache les cheveux devant cet écart d’irrationalité dans un abysse de normes… à preuve… l’ordinateur bug dur… il rejette Raymond Brandemuche… inconnu au bataillon.
Pour les éditeurs, il n’y a pas que les champions de l’écurie… les anciens assurent l’émergence des petits nouveaux…
C’est le sous-bassement du chiffre d’affaires qui est constitué par les auteurs tombés dans le domaine public… les grands auteurs… pour lesquels le calcul des investissements promotionnel est incalculable… mais acquis…

Un peu comme… vous allez voir comme c’est clair… vous allez à votre Hyper-Super… vous achetez de la bière de son enseigne… ce n’est ni une Gros-tambour, ni Danoise, ni Allemande… elle porte l’enseigne de votre Hyper-Super avec un beau drapeau… 0,87% moins chère… sauf que la marge est énorme car elle ne supporte pas la pub… et pour cause il n’y en a pas… ce sont les autres qui battent le tam-tam… c’est ainsi que les anciens… comme la bière Hyper-Super assurent les marges… comme disait Lavoisier « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ! »

Avec le temps, la sélection des rescapés se déplace… en redécouvertes… un inconnu mort devient célèbre au gré des événements… on réédite… on panthéonise… c’est ce qu’on appelle le merchandising… articles qui déclinent tout et rien de la vie passée…
Songez que l’éditeur à qui on a proposé Kafka et son « Procès » a refusé, dans les années 1930… mais voilà Kafka est devenu l’auteur… de référence… l’éditeur est revenu sur son erreur… son chiffre d’affaires n’a pas rechigné…

Voilà qui nous amène au contenu…
Il y a la mode des écuries qui se démode… mais ce créneau fait du volume en chiffre d’affaires…
Il y a la sécurité des anciens qui lentement deviennent classiques sous l’action des pédagogues… des thésards… des scénarios devenant films… de la décantation progressive des lecteurs qui fouillent les bouquinistes…
Je ne suis pas oracle…
Mais je ne pense pas que la situation puisse s’inverser…
Si tout autoédité aspire à l’immortalité par ses œuvres… il ne lui reste qu’à poursuivre ses écrits… et de revenir dans quelques siècles pour savoir ce qu’il en est advenu…
Je ne donne aucune morale… sauf dire que nous vivons dans une société où cohabitent le rationnel et son antonyme… l’irrationnel donc…
Ayant rencontré moi-aussi un axiome totalitaire proche de celui énoncé par le vis-à-vis du Gentilé Jean Benjamin… je me suis retiré sur mon Aventin en montant une maison d’édition en 2016… j’édite sous mon label… mes ISBN… je ne m’en remets à aucune plateforme… mes opus sont référencés à la Bibliothèque Nationale…
J’ai théorisé mon projet avant de prendre la plume : écrire ce que j’ai compris des relations du quidam avec les structures sociales… écrire s’est exprimer une analyse par une tournure d’esprit… de moi à moi… ma censure est ma volonté de créer la phrase qui exprime exactement ce que je pense… de traduire dans l’écrit les synthèses que j’ai pu réaliser en me confrontant à plusieurs cultures permettant les échanges…
Mais pas seulement… j’ai tenté… en lisant les grands anciens… de créer une expression personnelle… chaque jour… j’ai escagassé ma phrase passe-partout normative smartphonisée… pour la rendre expressive et personnelle… tous les matins… ceux que les pèlerins connaissent… mettre un pied devant l’autre, labourer la phrase pour qu’elle soit authentiquement… mienne…

Le reste…
C’est de la littérature…

Signé : alanus petrus constansus iametti alias alain harmas… et dans l’intimité très intime : L’Ange Boufaréu..

 

 

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