Caminante, no hay camino, sino estelas en la mar…

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 La cathédrale de Compostelle. 

N°2 Pérégrinations

Pendant les années 2001 à 2016… j’ai alterné voyages en Chine et pèlerinages à Compostelle…
J’ai réalisé les voies Podiensis (Le Puy-en-Velay) Tolosana (Arles) Aragon y Navarre (Pau) San Adrian (Irun)… j’ai réalisé la voie du Canal du Midi mais dans le sens inverse du cheminement je suis parti de Toulouse pour arriver à Sète…
J’ai vu Compostelle en 2009.

Pendant 16 ans, j’ai opéré un balancement culturel entre la Chine et l’Europe…
Je voulais visiter l’inconfort… comprendre les mécanismes d’adaptations ?

Longtemps avant de partir j’avais étudié comparativement les deux histoires politiques et culturelles.
A partir de 2001… je comptais découvrir sur place ce que les pages des livres prophétisaient…
Là, dans ce blog, il n’est pas dans mon intention de me lancer dans une analyse dialectique entre les deux cultures…
J’aborde ces phares à la fois de façon indépendante et comparative… avec la seule logique de ma raison la volonté de savoir : l’une, la Chine est debout depuis 5000 ans, l’autre l’Occident Europe rayonne depuis 3000 ans…
Au fil des voyages, je me suis dépouillé progressivement de quantité de certitudes que les livres imposent… ce faisant je repoussais mes interrogations et mes recherches…
Je ne cherche pas l’exotisme… ni le comparatisme ethnocentrisme… je suis dans une démarche anthropologique… la découverte… l’analyse… la compréhension…
Comme pour la Chine, j’ai longuement préparé mon voyage vers Compostelle…

Portico de la Gloria Saint Jacques 

J’ai lu l’histoire, j’ai repéré les trajets, j’ai étudié le fameux « Codex Calixtinus de Aimery Picaud » que j’ai lu en espagnol… j’ai lu une bonne douzaine de livres écrits par des pèlerins… dont le célèbre écrivain brésilien… qui invente une féérie… délirante… et quelques journalistes en mal de recettes publicitaires…
Je ne suis pas tombé dans la marmite de « Rédiger mon récit »…

Il y a deux raisons…
Sur ces milliers de kilomètres… je ne voulais rencontrer QUE moi-même…
Non pas par volonté de citadelle… par crainte de l’inconnue ou l’insécurité… non, parce que je voulais cerner ma démarche… ce viatique : mon parallèle entre la Chine et l’Europe… deux ontologies parfaitement à l’extrême l’une de l’autre…
Bien sûr j’ai analysé les comportements… des acteurs que je rencontrais… j’ai aidé, participé, entendu… mais j’étais distant.
La seconde raison que je hais par-dessus-tout est celle que j’ai appelée « le syndrome de l’extase »
C’est une forme de crétinisme viral cyclique… vous rencontrez des marcheurs qui soudain deviennent évanescents devant une croix, une église, un clocher… c’est l’extase sur commande… la voix vibre de trémolos… puis dans le gîte ces mêmes extasiés tentent de vous passer devant mégotent des rabais, calculent les parts, négocient les avantages… argumentent… occupent la cuisine des heures sans fin alors que d’autres attendent… vous marchent sur les pieds pour entrer dans l’église qui s’alumine grâce à un 1€ qu’un pèlerin a glissé dans la machine… ils profitent de l’instant et garde leur sous pour plus tard… et s’étonnent que ce soit aussi court…
Je m’éloigne le plus possible de ce peuple de bigots factices de peur de les haïr…  sur le Camino ce n’est pas bien…

Quant à moi… tous les soirs… arrivé au gîte… mon carnet de notes recueillait les analyses du jour…
Mon appareil photos immortalisait mes angles de prises de vues… qui dénotent l’axe de mes recherches…
Selon Flaubert toujours « je montre ce que tout le monde voit mais que personne ne remarque »
Je suis photographe depuis 60 ans… je cadre selon un projet précis d’analyse… je transporte avec moi un boitier numérique réflex et trois optiques… grand angulaire… moyenne focale… très longue focale… le tout fait trois kilos.
C’est le prix à payer pour savoir…

Ensuite dans mes synapses… je transporte mes filtres…
Parvenir à la maîtrise de soi pour se maintenir en état au cours des kilomètres… apprendre à contrôler ses ressources… chaque jour découvrir que le métabolisme du corps réalise un cycle quasi identique qu’il faut connaître et respecter…
Mettre un pied devant l’autre…
Et…
Seul analyser son être… ses actes… ses projets… la trajectoire restante… prévue-inconnue… voir…
Avec les découvertes que j’avais faites dans le Yoga ou le taoïsme 道… analyser le koan du jour… la contradiction… l’hérésie… l’absurde que l’on commet sans réfléchir… puis progressivement…
Entrer dans une analyse permettant de consolider les fondements… les réalités de l’être… gommer si possible…
Marcher…
Telle que la vie commande…
Pas après pas… vers Compostelle…

… vers soi.

L’Ange Boufaréu.

 

 

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