Une sanguinaire saison N°7… ça sent le sang…

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Je suis né officiellement le 14 juillet 1789.
Avant, j’avais déjà quelques siècles au compteur
Mais depuis ma naissance, je gisais tel un fœtus inaccompli
En l’attente d’un Astre saignant…
Un matin tel l’anthropophage-cannibale…
Ma jument de mère me reconnut…
Me jeta sur la charrette…
Et en tête d’un cortège hurlant de fougue…
Depuis la forêt de Sénart…
Loqueteux nous partîmes sur Paris…
« C’était un temps orageux plein d’illusions et de troubles »
Dira plus tard Michelet…
Qu’est-ce qu’il en savait… il n’y était pas !
La troupe s’arrêta le soir dans le bois de Vincennes
Ce grouillement campa
Les hommes fourbissaient les armes
Et réunis en cercle ils décalottaient les bouteilles de vin…
Les femelles… femmes refusèrent l’exil de la popote
Elles voulaient être supérieures à l’égal de l’homme (sic)
Ce fut le premier choc auquel j’assistais
Il fut terrible… à tel point que les mâles obtempérèrent
Ils refluèrent pour construire les âtres
Et, armés du tablier des cuistots, ils préparèrent le pot-au-feu du soir…

Ce fut la première mutation…
Depuis les hommes, après avoir fracassé la forêt en charbons de bois…
Sous les yeux des donzelles ne quittèrent plus les fourneaux…
Je l’ai vu de mes yeux…
En cercles cons et sans triques… elles rédigèrent leurs diatribes…
Ma jument de mère obtint celui du pouvoir absolu, elle se hissa sur un chariot dont on avait calé les roues avec de gros rochers verts de mousses antiques… là-haut, elle s’époumona sans frein devant la troupe à mamelles…
… putain si j’en vois une qui recule, je l’encule avec mon bourdon… sans graisse… hurla-t-elle !
… les hommes des deuxièmes cercles baissèrent la tête… matés…
Silence…
… à présent on se pieute… on a défini les tours de gardes… à quatre heures on lève l’ancre…

Les feux brûlèrent toute la nuit… les gardes gardèrent… les femmes pouponnèrent… les gones pilonnèrent comme aux traboules… puis, tous ronflèrent l’esprit saint… en pensant à l’histoire en marche…

Au réveil le sol était couvert de rosée… c’était l’été, il faisait froid… un groupe de sept marmitons avaient cuit la soupe de gruau de millet du matin et les pommes de terre en robes de champ dans les vastes caquerolles bien calottées… chacun le bol à la main but puis enfouit sa patate dans sa poche pour la grignoter en route…
Une demi-heure plus tard, la troupe encore ensommeillée leva le siège, elle fut prête sous l’injonction de la femelle matriarche dominante… ( je sais, c’est pléonasme… mais c’est voulu… hu ! hu !)… nous quittâmes la forêt de Vincennes…
… viens ici ! Me dit ma jument…
Elle avait confectionné une sorte de fourre-tout où je pus m’installer sur son dos, mes gambettes restaient libres et folâtraient sous ses bras musclés, je pouvais à l’aise, en penchant la tête à droite ou à gauche de son cou au-dessus de son épaule, voir loin devant moi… l’objet vers lequel elle allait porter l’estocade… je humais à pleins poumons ses puanteurs… acides…
… tu vas tout savoir mon poulet me dit-elle… tu t’en souviendras je peux te l’assurer !  tu raconteras ce que tu auras vu… à tes enfants et tes autres cagaïres…
Elle était en tête… parfois, elle se tournait et regarder les gueux qui suivaient… allergiques traînards hésitants…

l’art de persuader… style « je vais emmerder les ceusses qui ne suivent pas… refrain élyséen… »

… dis donc mon salaud tu vas le bouger ton cul…
L’autre se redressait… elle se retournait piaffait écumante et derrière elle le peuple se musclait pour la suite… elle allongeait le pas et tout en avançant elle me débitait son laïus…
… écoute-moi mon pilon… tu vas voir ce que c’est qu’un type qui fait dans ses brailles lorsque tu lui montres le chemin… il y a trois types de bonhommes… celui qui a la colonne vertébrale montée sur les fonctions trigonométriques du pouvoir… l’autre en face bave son calcul pour lui piquer son strapontin et y imprimer de nouvelles règles… enfin le troisième, le pire, l’enfoiré, il n’est ni d’un côté ni de l’autre… c’est le plus tordu… le plus faux cul… tu sais, je t’ai déjà raconté l’histoire de La Fontaine… eh, tu dors ou tu m’écoutes… quoi, tu as encore envie de chier… bon va chier tu m’écouteras plus tard…
La jument dans un seul mouvement s’arrête, se retourne, elle fait face à la colonne…
… halte la troupe !… le petit veut chier !
… le peuple dont certains avaient déjà posé brailles plusieurs fois, surpris piétine sur place… d’autres se croupetonnent… dans les fossés…

« Avant d’entrer dans Paris… vous allez tous chier pisser caguer vous alléger… dans la bataille y faut y aller les tripes vides pour ne pas se laisser distraire… tu t’imagines embrocher une andouille, toi incontinent tu vides ta merdre, ouais c’est du père Ubu… ça fait moche sur la photo »

Je quittais ma nacelle toute chaude, dans un fourré je pus laisser ma bouse qui fertilisa le sol de la forêt de Vincennes… puis aussi vite que possible, je me réinstallais dans mes pénates sur le dos de ma jument… dix minutes après, nous étions dans les rues de Vincennes… mais avant la femelle me rappela ce qu’elle avait promis de me raconter… une histoire de Jean de La Fontaine…

« Un jour une petite crotte comme toi… rappelle-toi la souris avec laquelle tu t’amusais… on l’a libérée avant de partir… elle avait rencontré deux étrangers…  un grand con plein de plumes de la crête aux cul… hurle rouge tant coco que rico à faire fuir les mulots… à côté il y avait un être aux poils de soie et aux bons yeux inondés de velours… sa douce mine invita la petite souris à s’approcher du minet… quand l’oiseau de malheur fit un tel barouf qu’elle prit la poudre d’escampette… c’est ainsi qu’elle a eu la vie sauve… car le doux minet si semblable à elle n’en aurait fait qu’une bouchée… la conclusion ma crotte… »

« garde toi tant que tu vivras de juger les gens sur la mine »

Elle éructa encore quelques calembredaines…
« … Attendez ! mes salauds garez-les vos couilles… tu verras ma crotte, tu vas en rencontrer des jolis minets qui voudront te la bailler belle… eh bien comme le dit si bien Rabelais méfiez-toi de ces jaloux, barboteux croupionneux rataconneur de bobelins malpensants escroqueurs de panse… »
Sur cette douce litanie, je m’endormis dans le cou de ma jument… je faisais corps avec sa chair chaude qui me berçait de sécurité…
Je me réveillais juste au moment où nous fîmes la jonction avec d’autres gueux qui arrivaient de l’ouest… c’étaient des Bretons, plusieurs jouaient du biniou… nous aussi on avait des instruments de musique… c’étaient des vielles des cornemuses… chacun soufflait dans sa bombarde… mais c’était les tambours que j’aimais le plus… ça me faisait des frissons dans le dos ces jeunes gars qui marchaient en tricotant des baguettes…
Ma mère aussi en fut toute ragaillardie… je la sentais vibrer comme une jument gravide…
Là, nous arrivâmes à La Bastille…

enfin du sang…

Oh ! maugrebougre… le châtelain étonné nous ouvrit civilement les portes devant le nombre qui hurlait…
Tu aurais vu comment mon percheron maternel entra… pour délivrer les pauvres opprimés…
Le taulier… un certain Marquis de Launay était un bon vivant qui se prenait pour un hôtelier… tant il était civilisé… bons repas… lits confortables… maîtresses visiteuses… bref les vacances pour les 7 occupants… du château.
Quatre faussaires… écroués préventivement pendant l’instruction du dossier…
Deux fous… l’un se prenait pour César…
Enfin le dernier le Comte de Solages enfermé là, à la demande de sa famille… qui payait une pension pour qu’on ne le relâche pas… un violeur…
Enfin, on était loin des injustices contre lesquelles ma jument de mère avait monté cette expédition… hurlante… massacrante… pour faire pisser le sang… la guillotine avait des démangeaisons « au fil de l’âme »
Nous rencontrâmes ces 7 gentilés… les chambres… pardon, les cellules étaient ouvertes… deux détenus étaient allés faire des courses… à la gargote proche… on était loin des ergastules de jadis au fond des arènes de Lutèce…
Mais ma « révolutionnaire de mère » en décida autrement… elle fit un barouf d’enfer en prétendant que c’était une mise en scène pour ridiculiser la révolution… car les révolutionnaires se sentaient trahis… ils voulaient du sang… alors ma mère inventa un prisonnier le comte de Lorges… qui aurait été oublié depuis 32 ans au fond d’un cachot… il était nu… dans une pièce sans lumière… enchaîné… les cheveux traînaient par terre… elle seule prétendit l’avoir vu de ses yeux… c’était un faux…
Devant cette infamie… devant ce totalitarisme royal… prétentieux…
Ma jument de mère décréta la destruction de La Bastille… là… à la place de l’hémoglobine chaude et poisseuse… nous jetâmes à bas les cailloux… comme de vrais forçats de Cayenne… tout ça me semblait inutile…
Des forts en gueule vinrent voir ma mère… ils voulaient faire grève… ils prétendaient que la prophétie de la Bastille avait été écrite à l’époque de Clovis et que la lame devait trancher… le sang devait couler… parfaitement inonder le sol…  Comme il n’y’avait rien à trancher… alors, on cassa le symbole…
Là… ma mère magnanime décréta une pause électorale…
Toutes les femelles se rangèrent derrière la matrone… depuis le temps qu’elles voulaient casser du mâle… c’était pas le moment de flancher…
Majorité… des voix… les gueulards refluèrent…
Depuis, toutes les révolutions inventent des zhistoires que des zécrivains zécrivent et zéditent… au nom de la vérité zhistorique… bien sûr… même le Michelet en fut tout couillon… alors il inventa sa Bastille sanglante… avé des grandes phrases…

guillotine primitive…

C’est ainsi qu’une révolution peut en cacher une autre… comme pour les trains en CM2… Exemple : un TGV parti à nxheures-δ arrive après un TER parti à n+-heuresΩ+α… calculez l’âge du contrôleur… de chaque train… sachant que l’un est syndiqué… l’autre est gaucher… vous avez une vie entière… avé augmentation de salaire chaque année…

guillotine moderne adaptée aux normes sociales… scientifiques… ah ça mais…

Ah ! j’oubliais… mon nom est « Révolution »… même le « résident sur son mont-ticule élyséen » en use et en abuse dans ses écrits et ses prédicats… pour sûr, c’est du bon « business »… ça a eut payé… mais ça paye encor… y sont forts ces banquiers…
Depuis ce 14 juillet ma jument de mère… en est la génitrice…
Elle poursuit… sa carrière…
Mais baste… les ceusses actuels qui éructent… c’est du recuit… y zont pas la classe !

Signé : révolution et ron et ron petit pa ta pon…

Et c’est ainsi que murmurent les tortues blondes

                                                                       Gentilés  
                                                                       Si le voulez bien
                                                                       Lisez suite jour prochain   

l’article a été rédigé par madame Le fil-de-la-lame… selon son alme… ah hémoglobine quand tu nous tiens… soupira-t-elle à son acmé…   
                                                                                                  … L’Ange Boufaréu.

 

 

 

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