Views: 52
N°6 quelques instants de réflexions sur la métamorphose des mots… ou comment s’effectue le glissement progressif pour exprimer le contraire du sens premier… suivant le sens du vent…
Je vous invite à relire un très court extrait de Simon Leys qui vécut à Hong Kong et décrivit la réalité de la révolution culturelle… il en fit l’analyse en 1972 dans son :
« Les habits neufs du président Mao » page 80 (Bouquins Editions Robert Laffont 1998. »
Il traite de l’art dont la presse à rendu compte de la révolution culturelle…
Il est à noter que les intellectuels français… rive-gauche… de l’époque, non seulement ne le crurent point mais firent tomber l’anathème sur sa tête… il ne put jamais être universitaire en France… ah ça mais !
Que dit Simon Leys :
« … la presse qui a consacré de nombreux articles à la dénonciation de cette extrême gauche qui est qualifiée d’ « extrême gauche en apparence, mais d’extrême droite en réalité » : l’orthodoxie étant de « gauche » par définition, l’opposition doit nécessairement être désignée par le terme de « droite » ; aussi quand pour des raisons d’opportunité le pouvoir vire à droite et se fait contester par sa gauche, conventionnellement la droite se trouve baptisée gauche, et la gauche droite ; la même valse terminologique joue pour des concepts comme « capitaliste » et « prolétarien » qui ne correspondent nullement à des réalités socio-économiques, mais constituent simplement des jugements moraux, de même que « révolutionnaire » et « contre-révolutionnaire » ne se référent pas à un contenu politique, mais désignent seulement le pouvoir et l’opposition ; aussi est-on « capitaliste » parce que criminel, « révolutionnaire » parce que du côté du manche, et non l’inverse – ce qui rappelle le sardonique aphorisme de Lu Xun :
« L’individu que l’on condamne est coupable parce que condamné, et non condamné parce que coupable. » Lu Xun 鲁迅 1881-1936… écrivain Chinois… je précise… on ne sait jamais !
En Chine les mots ont la valeur que le pouvoir communiste décide quant à son estampille… lorsque le pouvoir vacille… le mot tangue…
Jadis on appelait le droit de manipulation « imprimatur » que l’église s’arrogea afin de contrôler le contenu des livres qui allaient contre le dogme… le parti communiste s’est élevé victorieusement contre cette église afin d’abolir ce droit…
A présent, sa chapelle « conseille » la presse qui ne peut écrire que sous la haute bienveillance du PCC… le changement de cap des mots…
En France cette situation est impossible… car la presse est libre… c’est ce que j’ai entendu dire… nonobstant… mais elle est subventionnée à hauteur de :
« Selon le périmètre et les conventions retenus, leur montant total en 2017 oscille donc entre 580 M€ (documents budgétaires) et 1,8 Md€, dont un peu moins de 130 M€ d’aides budgétaires directes. » Copie du rapport de la cours des comptes sources Cours des Comptes.
C’est ainsi que les commentaires sont écrits sous la houlette de la manne… ils reprennent mot à mot les discours politiques… l’incivilité est un grand tout… où la mort côtoie l’incendie de poubelles où le bruit des rodéos… voire le chien qui hurle trois heures tous les soirs… sans qu’une autorité lève le doigt.
C’est un indice de très grande révolution des mœurs… l’évolution de la langue… colle synchroniquement à la réalité politique du moment… il suffit d’y mettre le prix.
Si vous avez le temps mes chers Gentilés… lisez « Le Journal d’un fou » de Lu Xun… à peine 100 pages… mais si voulez savoir aussi quel est le ressort profond de la société de pouvoir qui nous fait passer d’incivilité à meurtre sans aucun mouvement de panique… lisez « Le Procès » de Franz Kafka.
Conclusion :
J’ai placé le terme fu 福 qui signifie bonheur… en incipit… car le bonheur existe…
En Chine j’ai souvent vu ce caractère placé à l’envers sur la porte d’entrée pour signifier en jouant sur son homonymie, l’arrivée du bonheur ou de la chance…
Le premier à l’endroit est placé en incipit… le second à l’envers en conclusion…
Je salue tous mes lecteurs du bout du monde… merci.
Bonnes vacances Gentilés…
Les autorités veillent… au grain.
L’Ange Boufaréu.