Views: 206
« Chemins Arvernes, Des monts Dore aux monts Dôme » de José Casatéjada.
BoD : ISBN 9 782 322 235 629
« Chemins Arvernes » retrace une randonnée de 12 jours en forme de boucle autour des volcans du Massif Central.
José Casatéjada a mis ses pas dans les empreintes fossiles de nos grands ancêtres celtes : les Arvernes qui donnèrent leur nom en peuplant l’Auvergne au 7ème siècle av. J.-C. L’art de José dans la composition de son texte est d’une précision millimétrée.
Si je n’avais connu le randonneur, j’aurai pu facilement imaginer un professionnel de la chirurgie ou un horloger suisse tant son propos analyse avec précision, j’allais dire au scalpel, l’organisation de cette découverte…
Il faut savoir qu’une randonnée se prépare minutieusement. José a à sa disposition les bibles des randonneurs les fameux « Topoguides ». Ils décrivent le parcours et les logiques adjacentes, déclivités, gîtes, ravitaillements… mais également l’Histoire qui a façonné le cadre… églises, monuments, châteaux… souvent ruines… calvaires.
Ainsi chaque jour se déroulera un rituel immuable, ce rituel est gravé à la fois dans le corps, dans la tête et dans l’action du randonneur. Ce cadre est le garde-fou, chaque chose est à sa place. Le sac à dos est la projection patrimoniale du randonneur tel l’escargot… dès le départ le contenu est agencé selon l’ordre quasi anthropologique du randonneur. En l’ouvrant, le soir, il sait déjà ce que chaque strate chronologiquement va lui apporter… puis le matin au départ chaque objet retrouvera sa place. Cet ordre précis, permet de sécuriser le marcheur… à tel point qu’à tâtons il peut facilement accéder à chaque chose… si besoin.
Mentalement le randonneur se situe sur une échelle organisationnelle qu’il projette dans sa conscience. Celui qui n’aura pas structuré ce rituel sera affecté par des oublis, des inattentions qui affectent ses mouvements, génèrent le stress, voire des accidents… le randonneur « doit » avoir planifié sa journée pour pouvoir jouir de la découverte du chemin… l’espace… les volcans qui s’éveillent derrière les nuages… Le maître mot du randonneur est « l’anticipation » prévoir l’imprévisible…
Hélas, si la planification structure la projection mentale du chemin… restent les aléas… le climat très changeant des randonnées en montage, la pluie qui s’insinue dans tous les replis des ponchos… le froid qui parfois réduit les capacités physiques… des incidents divers que rencontre le randonneur… glissades dans la boue… chutes… maladies, contretemps des gites… pertes de repères du chemin qui occasionnent des retards à l’auberge…
Un randonneur est seul avec son sac à dos… il doit faire face aux impondérables physiques, psychologiques, nerveux… la fatigue qui tétanise les membres et occasionne des crampes…
L’organisation d’une randonnée doit prendre en compte chaque jour le changement de gîte… la géographie de l’auberge donc doit être renouvelée dans l’esprit de celui qui va se coucher et qui certainement va se lever la nuit… faire face à une nouvelle topographie…
José, au fil des journées de marche… sème des petits cailloux… sur ses vécus. Il relie une chute à d’autres incidents survenus dans le passé… il comptabilise et s’étonne d’être passé parfois à un fil du désastre… par là il évalue la fragilité de l’être humain… et pourtant une force le pousse à poursuivre son parcours… repoussant encore les limites de la conscience de soi, la capacité de la résistance et la soif de connaissance.
Journée après journée, il insiste sur le besoin de se ressourcer en téléphonant à sa femme… qui viendra le chercher à la fin de la dernière étape.
José Casatéjada tout en décrivant les paysages qu’il traverse, nous offre un parcours intimiste, un retour sur lui-même qui est aussi une allégorie à l’amitié avec son ami Jean-Marc rencontré lors d’un précédent Camino sur la via Podiensis pour aller à Compostelle… son récit en est la parfaite illustration…
Il décrit en filigrane cette passion du marcheur que nul ne peut comprendre s’il ne l’a pas expérimentée… une sorte d’ivresse… un sac à dos… le ciel au-dessus de la tête… le chemin sous ses pas… en duo avec un compañero… la félicité.
Vous aimerez vous aussi mettre vos pas dans ceux de José… bonne lecture.
Et c’est ainsi que murmurent les tortues blondes
L’Ange Boufaréu.
POURQUOI J’ÉCRIS ? (Répond José )
À vrai dire, j’aspirais à un repos bien mérité, selon la formule consacrée…
Issu d’un milieu modeste d’émigrés Espagnols, je suis né en 1949 à Montbrison dans le Forez. Après des études classiques puis techniques, j’ai intégré le monde industriel, de la mécanique au nucléaire et de la tribologie à l’automobile. Jusqu’à mon retrait de la vie active en 2010, cette courte phrase résume quarante années de labeur… La mutation générerait-elle pour autant la hantise du temps libre ou les prémices d’un état dépressif ? Que nenni ! J’ai abordé cette métamorphose avec courage et par une franche rupture entre mon absorbante occupation professionnelle et la troisième partie de ma vie.
Je marche, je vis, j’écris…
Un beau matin d’avril, cette coupure me conduisit sur la Via Podiensis, à poser un pied devant l’autre puis à continuer… Alors que je n’avais jamais marché auparavant, si ce n’est afin de courir les bois à la recherche de quelques champignons à la saison, je partis du Puy-en-Velay, me lançai seul sur le chemin de Compostelle, allai au bout du bout de l’Europe et revins avec un ami. Cet extraordinaire voyage suscita l’écriture de mon premier ouvrage : « Via Compostela, Des monts du Velay à la Costa da Morte ». En outre, se libéra en moi l’envie irrésistible de reconduire l’expérience, de rencontrer les autres, de découvrir la France à défaut de parcourir le Monde, car le temps désormais m’était compté.
Comment suis-je venu à l’écriture ?
En osant Compostelle, l’idée fut aussi de réaliser un diaporama des paysages traversés, des personnes croisées, des montagnes et des rivières franchies. Sous forme d’un DVD, j’avais envisagé de distribuer à ma proche famille ce qui deviendrait un souvenir. Cependant, réflexions, émotions, états d’âme ne se photographiaient pas. Je décidai de consigner par écrit sur un carnet de route mes pensées, ce que je percevais physiquement ou éprouvais moralement. Le diaporama vit le jour, tel que je l’avais imaginé ; le carnet s’endormit au fond d’un tiroir. Plusieurs années passèrent. Un jour, ma fille cadette le découvrit et lut mes notes : « Papa, ce que tu as écrit est intéressant ! Tu pourrais créer un calepin afin de le joindre au diaporama. Qu’en penses-tu ? »
L’idée me séduisit. Je commençai la rédaction, mais dès les premières pages noircies, une question me vint à l’esprit : « Pourquoi n’écrirais-je que pour la famille ? » L’envie d’écrire venait de naître !
Mes espaces de prédilection ? Forêts, lacs, montagnes, horizons qui dansent au rythme de mes pas et s’évaporent aux flammes du soleil…
Adolescent, mes auteurs préférés se nommaient Mark Twain, Jack London, Jules Vernes, Walter Scott, Roger Frison-Roche. Adulte, j’ai affectionné l’Histoire des civilisations égyptienne, grecque, romaine, les romans historiques et d’aventure. Homme mûr, les récits et témoignages d’écrivains marcheurs me passionnent, m’incitent à sillonner les chemins.
L’amour de la vie et le plaisir de le partager, motivent mon désir d’écrire. Venez à ma rencontre, nous en parlerons en toute simplicité…
Le 12 septembre 2020,
José CASATEJADA
Cher Ange Boufaréu,
Merci Alain pour cette merveilleuse chronique qui, outre de s’attacher à faire découvrir de belle façon mon récit de voyage pédestre en Auvergne, décortique dans le moindre détail la passion de la marche au long cours dont tu connais, pour l’avoir pratiqué à maintes reprises, les émotions et les aléas.
Amitiés,
José Casatéjada