“Ce qu’il advint lors de la rencontre entre Jiang Jun et Raoul L.” Vingt-et-unième station.

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(Libre interprétation des mémoires de Sima Qian historien chinois de l’époque des “Royaumes combattants” de – 453 à -221 avant J.C. qui traita des vies illustres dont celle de Sun Tse, lequel écrivit: :  “L’art de la guerre”  孙子兵法… Sun Zi Bing Fa.)

Ils sont deux… le silence était impressionnant après tant de tumultes…
Ils s’observent… chacun en bout de piste d’un aéroport…
Les heures filent… aucun atterrissage… aucun décollage… aucune vie… personne ne vient vers eux…
Pendant trois jours… progressivement ils ont avancé leur siège…
Ils se sont presque rejoints…
Ils sont face à face…
Dix mètres…
Deux mères…
Un mètre…

ici…           là…

… mon nom est Jiang Jun.
… moi, c’est Raoul L.
… je suis général et toi ?
… on m’a classé chez les « nouveaux philosophes »… je te connais… Sima Qian parlait de toi… je ne pensais pas te rencontrer… ici…

… qu’est-ce qu’il dit Sima ?
… attends je vais ouvrir ma tablette, elle sait tout… j’ai lu plusieurs fois l’introduction concernant ton traité de la guerre… écoute…
… je connais…
… oui… mais le lecteur…
… ça existe encore ?

… Jiang Jun est un homme du Qi. Il fut reçu par le roi Helu du royaume Wu :
« J’ai lu les treize chapitres de votre « Traité de la Guerre » lui dit le roi. Pouvez-vous me faire une petite démonstration sur l’entraînement des troupes ? »
… certes !
… pouvez-vous essayer avec des femmes ?
… c’est possible !
Alors, on fit sortir du palais cent quatre-vingts belles femmes. Jiang Jun les répartit en deux équipes, nomma à leur tête les deux concubines préférées du roi et ordonna à toutes de tenir une lance.
… savez-vous reconnaître votre devant, votre dos, votre gauche et votre droite ? demanda Jiang Jun.
… nous le savons !
… quand je dirai en avant, regardez devant vous, si je dis à gauche, tournez-vous vers la gauche ; à droite, tournez-vous vers la droite ; arrière, tournez-vous vers l’arrière.
… d’accord !
Il donna les sabres et haches de guerre… en répétant cinq fois les explications.
Il fit donner du tambour et commanda :
À droite ! Toutes les femmes éclatèrent de rire…
… mes explications n’étaient pas claires… mes ordres n’ont pas été compris… c’est ma faute.
Il répéta ses explications plusieurs fois puis… il fit donner du tambour et commanda :
À gauche ! De nouveau les femmes éclatèrent de rire…
… si les ordres ne sont pas clairs et n’ont pas été compris, c’est la faute du commandant en chef… mais si les ordres étaient clairs et s’ils n’ont pas été obéis… c’est la faute des officiers !
Dès lors Jiang Jun prit les dispositions pour trancher la tête des deux concubines chef…
Le roi affolé envoya quelqu’un pour dire :
J’ai compris que vous êtes capable d’utiliser une armée ! Ces deux femmes sont mes concubines préférées sans qui la nourriture n’aurait plus aucun goût pour moi… laissez-les en vie !
… vous m’avez donné l’ordre de prendre le commandement en chef… or, celui qui est à la tête d’une armée ne reçoit d’ordre de personne, pas même du roi.
Il fit décapiter les deux femmes…
Puis de nouveau il frappa le tambour…
Les femmes tournaient à gauche, à droite, devant, derrière, s’agenouillaient, en respectant rigoureusement les règles sans qu’aucune n’ose prononcer un mot.
Jiang Jun envoya un messager :
Vos troupes sont prêtes, vous pouvez les éprouver et venir les inspecter. Il suffit que vous vouliez les utiliser et elles pourront même traverser l’eau et le feu.
… allez dit le Roi… je ne veux plus vous voir…
… le roi apprécie la théorie… mais ne souffre pas la pratique ! »

Silence…

Raoul L : le roi avait compris… il était inutile de couper la tête aux deux femmes…
Jiang Jun : la nomination du général appartient au domaine réservé du souverain… la décision de la bataille est celle du général… au vu des résultats, le roi décidera.
Raoul L : que fais-tu de l’humanisme… le roi aimait ses femmes…
Jiang Jun : Le roi a dit « Pouvez-vous essayer avec des femmes ? » c’est qu’il voulait éprouver toutes les situations, dans une guerre, l’ennemi ne fait pas de différence : hommes, femmes, enfants, vieillards… ils sont tous opposants… le roi voulait une preuve… il l’a obtenue.
Raoul L : … le roi reste le souverain qui décide…
Jiang Jun : il voulait le réel… mais pas des mots… dans la guerre, le général guide les opérations pour la victoire… s’il perd il sera jugé… s’il gagne ce sera le triomphe du roi qui aura su choisir son général… n’as-tu pas fait la même chose, lors de ta dernière guerre ?
Raoul L : je reste sur cette noble idée qu’il ne fallait pas exécuter les femmes.
Jiang Jun : tu joues sur les éléments… une femme nommée « officier » perd son sexe et gagne une fonction… c’est l’officier qui a désobéi… je suis général, je suis nommé pour cette qualité, je ne suis pas moraliste… le roi me demande de diriger la guerre… on ne fait pas la guerre avec de la morale…
Raoul L : c’est primaire…
Jiang Jun : dis-moi Raoul L. … tu as dit : on m’a classé dans la catégorie des « nouveaux philosophes ». Pourrais-tu être dans une autre classe ? Celle des anciens ? Mais ceux-là n’étaient-ils pas assez philosophes pour toi ? Es-tu donc philosophe, nouveau-philosophe ou autre chose… ta mouvance n’aurait-elle d’autre niveau que celui de ta propre classe ?
Raoul L : question étrange !
Jiang Jun : tiens donc, mes questions sont étranges !
Raoul L : quelle est la justification de ta question ?
Jiang Jun : Tu me demandes des justifications… et tu n’as pris aucune précaution pour qualifier mon acte : d’inutile. Je répète : je suis général… ni ancien général… ni nouveau général… ni autre type de général… seulement général… J’adhère à l’idée que le roi ait la gloire et les succès… j’applique la règle : celle de la doctrine.
Je constate que la tienne : ta doctrine vire comme une girouette… : tu es philosophe ancien… nouveau-philosophe… on te classe là… tu te classes ailleurs… tu clames des causes sans mandats… tu te drapes à grand bruits dans des facettes… ta génération prétend créer de nouveaux penseurs… sache qu’un général commence toujours par définir la doctrine de son adversaire pour l’affronter…
Raoul L : la doctrine est un carcan… elle doit s’adapter…
Jiang Jun : c’est ça, comme un caméléon… mais, sache que la guerre est intemporelle… à preuve, depuis 27 siècles les peuples du monde s’inspirent de mes théories, car les hommes qui veulent le pouvoir sont toujours les mêmes… seuls les « nouveaux-philosophes » prétendent le contraire… tout en s’inspirant de leurs méthodes…
Raoul L : il faut repenser les liens, la démocratie est la voie…
Jiang Jun : tu veux parler de l’habillage du pouvoir…
Raoul L : j’ai consacré ma vie à harmoniser les rapports entre les peuples !
Jiang Jun : … d’où vient cette vertueuse intention?
Raoul L : la raison !
Jiang Jun : si c’est la raison… pourquoi ne t’attelles-tu pas à la déraison à l’insécurité à la désunion qui règne chez toi… dans l’hexagone ?
Raoul L : j’œuvre pour l’humanité…
Jiang Jun : l’hexagone est trop petit pour toi…
Raoul L : je réveille la conscience de l’homme…
Jiang Jun : tu clames cette farce pour ta propre gloire…
Raoul L : depuis toujours je milite…
Jiang Jun : tu emploies les mêmes qualitatifs que tu brandis depuis le début de ton prédicat, tu as appartenu à toutes les époques du marxisme pur au libéral-étasunien impur… c’est ça ta doctrine… elle est résumée dans le qualificatif « nouveau »… et comme chaque matin est nouveau… tu adaptes ta doctrine… à la conjoncture… nouvelle !

Raoul L : … sauver l’humanité tel est mon engagement…
Jiang Jun : c’est ça, un « passant engagé » qui se veut immortel… depuis 27 siècles, tu es le millième à prétendre diffuser le nouveau prédicat sur des barricades vantant des théories et faisant fi des pratiques… c’est « L’éternel retour » qui te taraude…
Le souverain décide des orientations… le général n’est qu’un moyen… il doit agir selon les règles de la doctrine… le roi doit savoir qu’il vaut mieux deux têtes qui tombent que 50 millions de morts qui ne se relèveront jamais… dans un royaume détruit…
Pour toi, les anciens étaient trop antiques… ta génération et ses thuriféraires ont créé les fameux « modes-philosophes » qui s’emparent des théories du moment…
Tu n’es ni général soumis aux Règles…
Ni souverain lié aux Lois…
Tu te prétends être au-dessus de ce cadre… alors… tu ratiocines sans fin pour ta propre gloire.

Silence…
Soudain une annonce…

« Les deux derniers vivants de l’humanité sur la noosphère sont invités à se présenter au comptoir d’enregistrement, pour le dernier vol aller-simple vers les cieux.
Embarquement immédiat ! »

                                                  Et c’est ainsi que murmurent les tortues blondes

                                                                       Gentilés  
                                                                       Si le voulez bien
                                                                       Lisez suite jour prochain
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                                                                                     L’Ange Boufaréu

 

 

 

 

 

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