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Monsieur Bernard-Henri Lévy a écrit : « Ce virus qui rend fou »… je ne l’ai pas encore lu… j’attendais que les media m’apportent toutes informations… je lis régulièrement ses productions…
Il est l’invité. Je suis devant mon écran… je fais le décompte de ses apparitions… de mes yeux vues… plusieurs canaux lui ont donné la voix/voie… j’ai vu seulement six rédactions… je n’ai pas le don d’ubiquité… sans doute qu’il y en a d’autres…
J’ai enregistré la prestation du vendredi 26 juin 2020 dans l’émission « Face à face » sur Cnews… c’était la sixième prestation que je voyais…
Lors de la première… sur l’un des réseaux sociaux… je fus surpris… comme toujours la première fois : par un indice de gestuelle… allais-je retrouver ce même tic ?
J’ai visionné… je confirme… le signal était là… identique aux six prestations… quelle maîtrise !
Je suis téléspectateur décrypteur… lorsque je regarde un entretien, je m’interroge sur la part de vérité qu’offre le questionné… ses réponses… ses non-réponses… ses arguments… ses silences… ses attitudes… ses mimiques… sa gestuelle… son costume… son pourcentage de vérité… son évolution… puis-je croire à son verbe ?
Avec un philosophe de cette envergure… je veux parler de son aura relationnelle politico-théâtrale autant que de son cursus diplômant… le pauvre péquin que je suis se laisserait facilement manipuler par la grandeur des thuriféraires puissants ceux qui proclament que cet homme est un surhomme… le phrasé, la syntaxe, les références, les seconds degrés sont tellement ciselés que le modeste gentilé que je suis devrait être sous le charme du déferlement de quitus de tant de gens du microcosme… qui vous poussent à écouter… vous taire… attendre l’épiphanie… le message… donc.
Sauf que les yeux voient des hiatus dans l’iconique gestuelle… il faut décoder !
Ce n’est qu’à la sixième prestation que l’on perçoit l’exact déroulement du scénario millimétré…
Au moment où le modérateur pose la question quant au quid de « ce virus qui rend fou »… c’est le titre de l’opus… qu’il vient nous vendre…
Le philosophe commence à torturer les lèvres pour réaliser ce que les bouseux appellent un « cul de poule »… mais… ce « cul » ne se forme pas définitivement, il s’altère pendant tout le temps que la question est posée selon une dynamique qui rendrait compte d’une distanciation, un événement d’horreur encéphalique, une sorte de torsion de l’âme portée à bout des lèvres… l’homme écoute mais déjà le téléspectateur à compris la souffrance. De la crispation mouvante captée par les vingt-cinq révolutions de l’électron de l’image, naît une mise en scène iconographique cinétique… les lèvres se meuvent (sic) se gauchissent (sic) se tourmentent (sic) aidant ainsi le visage et le regard du penseur de prendre des tonalités talentueuses quasi messianiques… ces affres internes muets sous-entendent que l’homme est révolté (sic)… non, il exprime sa nature picto-drammatique… (re-sic)
La première fois que j’ai vu le philosophe interpréter cette prestation, j’ai intégré la mimique dans le sens global de la prestation… elle semblait spontanée… elle paraissait en accord avec le « virus »… la seconde fois la mimique m’a sauté au visage tel le virus… lors des quatre suivantes j’ai compris le truc de la copie collée… j’ai isolé la mécanique du « cul de poule »… son sens profond…
Monsieur Bernard-Henri Lévy est un metteur en scène… il sait qu’il faut caractériser l’image dans ses moindres détails… il orchestre sa prestation silencieuse pendant que le modérateur pose sa question… muet ne veut pas dire passif… par son « cul de poule » agressé en crispations, il nous renseigne qu’il est déjà dans la logique dynamique de la réponse et même qu’il y était avant d’entrer dans le studio… il est habité… par la chose… c’est ce que ce « cul de poule » signifie…
Il suffit qu’on lui pose la question… tel le chien de Pavlov… il formera son « cul de poule »… tip-top… tout a été travaillé afin que la convulsion arrive à point…
Je suis émerveillé devant cet art du silence orchestré avec tant de talent… sur commande…
Comment rivaliser avec les incandescences tous azimuts de cet homme… y compris dans les silences ?
Je n’écoute plus d’ailleurs… j’analyse les gestes… l’iconographie… la manipulation… l’écart dialectique entre le message et la mise en scène…
Devant mon écran… je pense à toutes ses prestations passées…
… mais, soudain, dans cette émission… au beau milieu… après le sublime « cul de poule »… dans un théâtral grand mouvement que le réalisateur relaie en offrant le plan large généreux… le final… final.
… le philosophe tombe la veste… il apparaît en blanche chemise virginale…
… on a compris, c’est bien « Ce virus qui rend fou ».
L’Ange Boufaréu