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Portrait de Jean B. Jouteur à la manière anthropologique… andy warholienne
Voilà quelques lustres, je fus invité à causer dans le cadre d’une projection dynamique vers le futur d’un fouriérisme caravansérail projet… l’espace clos rassemblait une dizaine de personnalités forts différentes…
Le thème me dépassa… je remplis ma prestation… puis ma nature ou plutôt mon penchant naturel s’inclina à la recherche d’un indice structuraliste qui unirait ce cénacle… à son insu… s’entend.
Au premier degré de cet aréopage… à ne pas confondre avec aérophage… le premier aréo est un indice de densité alors qu’aéro se rapporte à la légèreté de l’air. L’aréopage dense… et l’aérophage impalpable ne sont pas incompatibles… ils peuvent cohabiter… en théorie.
Les personnalités présentes cultivaient des genres forts différents… ils écrivaient donc… Ab incunabulis « Depuis le berceau… »
Aucun, dans sa représentation sociale ne révélait ce penchant scribo-cogitare… nul n’offrait au regard premier une image iconographique de cette appartenance… chaque gentilé s’était posé au centre équidistant de son aura… ce que l’on nomme le creux de son espace personnel…
Ceux qui se passionnent pour la tauromachie savent que le fauve à cornes qui entre dans l’arène, va élire un espace à lui, un refuge… dans lequel il est indélogeable… pour le vaincre il faut l’en faire sortir… si le matador veut le combattre dans ce refuge il en mourra.
C’est un peu l’image que je superposais sur ce groupe… chacun courtoisement se tenait au centre de son refuge en l’attente de l’échange qui éventuellement le transformerait en fauve pour défendre le cogito-littéraire qui l’animait…
Il y avait Jean B.
Il émergeait… j’allais dire anachroniquement… autrement dit plus anachroniquement que ses congénères, il semblait s’être posé un instant tel un gaucho laissant la bride sur le cou à un cow-boy qui gardait le troupeau… du corps émanait une résurgence tel le clone zygote de Kerouac… il faisait exception… tout en étant parfaitement présent dans le groupe… il semblait personnifier un certain monde indécouvrable tel le mahabharata… Indien… la tour de Babel… les errances de l’ouest… le franchissement messianique de la Mer Rouge… les macadams fuyants à pertes de vues… sous le son des harmonicas…
Durkheim a théorisé la « chose sociologique » elle tend à chercher l’infime différence qui émerge de la même pâte magmatique… à preuve : pourquoi dans une couvée de pigeons blanc, surgit soudain un pigeon noir ?
Chez Jean B. la stature est totémique par sa taille de phare en veille… la parole pondère l’impression physique… la synapse adoucit le regard derrière les lunettes… la phrase est incisive… la voix se pose sur le degré structurel… la base… le fondement… ou elle se tait… la barbe : empreinte fossile néanderthalienne tend à barbariser… à distancier… à mystériser… un pléonasme qui vaut ce qu’il vaut.
Il parle peu… la réponse développe posément une création discursive distanciée… j’allais dire neutre… c’est le seul qualificatif qui correspond à l’acte… il ne crée aucune distance dialectique entre la question posée et la réponse énoncée… car celle-ci devient dans son expression une invitation à l’élévation… à élargir le cadre…
Hosanna in excelsis deo !
En l’écoutant… en le regardant… s’imposa à mon encéphale reptilien le terme de « cambrienne-sérénité » un oxymore forcément durkheimien quoi que, qui émergea entre le minéral cambrien, cette strate de la première ère géologique de notre planète et la sérénité transcendée qui émane du phare… souvenez-vous, cette référence à Rubens qui en son temps révéla le clair-obscur…
Plus tard… bien plus tard… ailleurs donc.
Alors qu’il venait de terminer son dernier opus… j’en lu le chapitre incipit qu’il avait diffusé sur les ondes numériques… je découvris la prose parfaitement alignée… dans sa simplicité formelle d’un art premier en sa justesse d’énonciation… je mesurais l’évaluation que j’avais faite jadis… elle prenait tout son sens… quant à mon oxymore de « cambrienne-sérénité » qui devint « errances d’un pantouflard »…
CQFD = oxymore parfait.
L’Ange Boufaréu
Voilà peu, j’avais théorisé sur l’homme… avant qu’il ne publie son :
Errances d’un pantouflard
Autobiographie romancée
Sur la route des seventies.
Vers la fin des années 70. Réformé après deux mois d’un service militaire passé à jouer l’asocial dans un hôpital des armées, Yohann, 19 ans, largue tout. C’est-à-dire pas grand-chose. Sans but précis, avec la simple ambition de ne rien faire de sa vie, si ce n’est la volonté de conjuguer à tous les temps le verbe liberté, il prend la route. Esprit rebelle mais plus inadapté à la société que réellement contestataire, il va cheminer au hasard de ses rencontres. Tout à tour motard, communard, routard, zonard, parfois presque clochard, il empruntera des voies marginales dont jamais pourtant il ne vivra pleinement les étapes. Observateur émule de Kerouac, souvent amoureux, de temps à autres affamé, occasionnellement défoncé, Yohann est un vagabond pantouflard qui tente simplement de découvrir qui il est, égaré dans une France se heurtant au point final d’une décennie d’insouciance.
Ci-joint mon texte dans le ressenti de mon patois…
Je te salue Grand Wurzelsep…
Depuis le salon… en l’an 18 de l’ère post-cambrienne… nous nous rencontrâmes, nous nous croisâmes, nous siégeâmes aussi sous la houlette de la Grande Timonière dans la timonerie de la Duchère… mazette !
Mais nous n’échangeâmes point nos mirifiques substantifiques sublissimes concepts qui peuplent nos synapses… palpitantes.
C’est donc au trébuchet de mon sixième sens que je formule mon éloge… à ton égard. Spontanément je te baptisais « Grand Wurzelsep » Grand est donc le résultat d’une tautologie « cogito ergo sum »… passons. Quant à Wurzelsep c’est une litote germanique composée de Wurzel qui signifie « racine » celles que l’on rencontre dans les chemins creux… elles émergent au ras du sol formant un réseau noueux et s’étendent sur des kilomètres… et Sep qui est le diminutif de Josef… Josef étant l’époux de Marie… père de la sagesse… ouvrier charpentier qui couvre la maison… l’ensemble compose un être traversant le néolithique jusqu’à nous… portant la parole sacrée de la sagesse du peuple… usant d’une certaine distanciation… à preuves les livres qui patientent sur le bandeau du blog et illustrent ce que Wurzelsep irradie… Je lis « Don Quichotte, Dickens, Ovide et couchés sagement la Bible et le missel des dimanches…” Ils attendent l’instant utile… « Les livres s’ouvrent seuls aux pages souvent lues » a dit Rostand.
Tu as mis en ligne… l’opus qui paraîtra sous peu…
J’avais déjà dans l’oreille le ton de la voix des apologies… les nuances des analyses… les seconds degrés des approches… parfois les mastications acides des commentaires… mais quid de la pensée-matrice wurzelsepienne… allait-elle être Wagnérienne… Voltairienne… pourquoi pas Dantesque… telle celle d’un auteur au profil de viking débarquant d’un drakkar… boucle d’oreille en bataille… allait-elle « symphoniser » des Walhalla…
Eh bien non !
Je lus l’incipit ouvert… une page intérieure… il révélait l’intime… intime…
Je baignais dans des antithèses humanistes… qui auraient suscité avant 68 les foudres des moralistes… que probablement beaucoup de censeurs pratiquent encore aujourd’hui… la phrase vient du cœur de la chair… celle qui ne se reconnaît pas dans cet espace advenu qui impose le cadre… Dans le ton, aucune anamnèse saignante… ni injure aux conditions vécues… point de ricanements… d’aigreurs…
Non, il expose… il dit le sens des choses… on est surpris par le contraste entre le Grand Wurzelsep et ses mots…
Le ton est accueillant… la phrase pure dit exactement ce qu’elle pense… un profond premier degré… bien rare… décrit une apesanteur… bien simplement mais bien profondément…
J’attends la suite…
L’Ange Boufaréu