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« A la manière de »
Petite fable tirée des Promenades entomologiques du sieur Jean-Henri Fabre l’Homère des insectes, domicilié à Sérignan-du-Comtat au Nord d’Arausio Vaucluse.
Nous étions en ce début du solstice d’automne qui laisse à la soirée des températures encore estivales en Authentique Provence sous les platanes.
J’avais rassemblé mes béotiens dans un petite compagnie diversifiée. Il y avait aux premières loges : Cinna et Athalie sociétaires du magnum saeculum… vers la gauche extrême un groupe remuant : Mathilde, Alexis, Adrien, Clémentine, Danièle tous active asocia des rebellis egocentrinensis nupensis… Éric praeses du latinum verbum incarnatum vint seul… Gabriel arrivait de non loin d’abord « En Marche » pour rebondir dans le groupe successione praesidis futuris rapidos il était flanqué de pimpants bodyguards… Olivier du charismus évanescentis socialismus il était reconnaissable à son absence de couleurs… à droite, un groupe soudé compact dur roué emmené au pas de hussard par Marine et Jordan je veux parler des verum antique premium galli(sic) ils narguaient la communauté… enfin, en toute innocence avec un regard bien franc, Sarah de agere de reconquista zemouriensis… on lui fit place… avec quelques mouvements d’humeur… Ah ! cette jeunesse ! « Qu’attendons-nous dis-je ? Ce fut Mathilde des rebellis egocentrinensis nupensis toujours en verve qui répondit :« On attend Jean-Luc du melenchonensis authentica subito, mais il est invité à une acampado… ouais dit Mathilde en redressant la colonne vertébrale à l’énoncé du nom du subito : parce que Jean-Luc est le grand acampadouiro, sorte de thésauriseur. Il monte sur toutes les estrades, il harangue les contadins locaux pour les acamper… ce qui veut dire enrôler en réunion : « Es oun bel ouratòri » (c’est un grand tribun : NDLC)Nous laissâmes un « blanc » pour apprécier ces fortes paroles…
Une fois que son absence fut confirmée, nous quittâmes notre retraite pour rejoindre un caïre où avait lieu une autre acampado… un rassemblement exceptionnel qu’il fallait voir absolument.
C’est une sorte de migration où la colonie des insectes de cette partie Latine-Est de l’hexagone se rassemble en foule…
Il en vient de tous les bords et estranbords « avé » leurs provisions : Graveson, Arles, Tarascon, Cavaillon, le Ventoux, les Alpilles, mêmes ceux des traboules lyonnaises, du Lubéron, de Nyons. Certains avaient des réserves vivrières : la tanche ces olives de la Drôme Provençale, d’autres venaient avec le melon, le berlingot, le nougat, la figue, les maïas, les anchoïades pour les cèleris… il fallait tenir du temps au moins et encore plus…
Quelle en était la raison ?
Il faut savoir qu’en haut, là-bas, au nord, dans la capitale allait se tenir un grand noumamen une nomination qui venait après la dissoulucioun du grand arcandier qu’aucun insecte n’attendait.
Depuis qu’il avait déployé ses grandes élytres-élyséennes il cocoriquait dur dès le premier rayon de l’astre solaire. Aux heures vespérales, il avait jacté dans les hublots :
« Esmiassé le soir… dissoluité le matin ! » (élections perdues le soir… dissolution des corps le matin : NDLR)
Ce fut si brutal… que le peuple en resta coi.
Or, vous le savez l’insecte quel que soit son lieu de naissance vit un cycle complexe, on veut dire par là qu’il serait bien que le « power » soit attentif aux peuples de ses terres !
Certains à l’origine ne sont que de minuscules œufs fragiles d’où s’extrait une chenille qui rampe en-même temps sous et sur terre, puis devient pupe au moins trois fois pour renaître plus forte jusqu’à ce qu’enfin elle construise sa chrysalide pour surgir quelques espaces plus tard en adulte…
Prenez le hanneton commun : Melolontha melolontha a un cycle de quatre ans, il passe de l’œuf à l’état larvaire par trois mutations… jusqu’à vrombir sur nos têtes éblouies…
Ou bien le Buthus occitanus le scorpion languedocien qui croît au cours de six mues. A la dernière métamorphose pendant l’hiver et après les trois messes basses, là, il atteint l’âge adulte de reproduction.
Cinna prit un siège pour soulager ses vertèbres et me récita sa leçon : « Lorsqu’il mue, le Buthus cesse de se nourrir entre deux et dix jours avant l’exuviation, du latin « exuviae » dépouilles dérivé de « exuere » enlever ! »
« Elle ne baille pas à Corneille… celle-là, faut se méfier, elle va trop loin ! » ricana Adrien qui s’y connaissait dans les relations avec les femelles.
Ce qui réveilla Athalie qui sortait d’un songe… ce qui était fréquent chez elle.
Nous étions arrivés à pas de loup. Nous nous installâmes en demi-cercle tel un hémicycle de latins, pour assister à cette arrivée de la populis insectum… chaque race avait revêtu son plus beau costume d’apparat…
Nous allions savoir quel était le sens de cette acampado ?
Les lignées, les groupes, les peuplades, les hérédités avançaient selon leur mode de locomotion… dans un ordre inactinique apaisé…
Les chenilles rampaient dans un mouvement de marée que les coléoptères observaient en les survolant à basse altitude… il y avait l’hyponomeute du cerisier à grappe, la laineuse du prunelier, le paon du jour, la processionnaire du pin, le sphynx tête de mort… à leur stade larvaire… puis venaient les impressionnants coléoptères aux chitineuses carapaces des gladiateurs glorieux annoncés en tête par le fanal des vers luisant : cétoine doré, cicindèle champêtre, grand capricorne, bousiers… surgissent ensuite les brigades des industrieuses fourmis légionnaires, moissonneuses noire des jardins, le tisserandes… non loin venaient les familles Orthoptères, les courtilières communes avec leur membre avant musclés pour excaver… un nuage de criquets migrateur se posa au moment où un groupe de grillons des champs commençaient une symphonie de mirliton… les insectes marcheurs, arrivaient « en marche » gendarme perce-oreille phasmes gaulois… plusieurs essaims abeilles bourdons frelon guêpe s’installèrent en vibrant des ailes pour régénérer l’atmosphère… des troupes de coccinelles à 7 points rouge s’installèrent à côté des pucerons que généralement elles dévorent…
Cette observation mit d’ailleurs la puce à l’oreille de Clémentine… mais ne révéla pas son interrogation au risque de froisser le froissable… enfin… arrivant une troupe de hannetons commun… les frêles libellules en demoiselles dont certaines se posèrent sans craintes sur les grands capricornes et à côté des prègodiéu la mante religieuse carnassière qui généralement se jette sur la pauvre petite… voilà les mouches les moustiques… les papillons jaunes, citrons flambé azuré vulcain myrtil macaon… en clôture venant d’un couloir en forme de vomitorium les arachnidés… prudentes… suivis d’une Chrysope Verte Surnommée « la demoiselle aux yeux d’or »…
Le peuple était au complet…
« Que c’est beau ! affirma Danièle pâmée… »
Il est vrai que ce spectacle impressionnant… impressionnait.
Alors tous les individus s’immobilisèrent comme à « pèd tanca » lorsqu’on joue à la pétanque où on ne doit pas lever le pied… un vol de cigales vint se poser sur un caillou du Rhône qui se la jouait podium… et face au peuple uni recueilli il interpréta un concert en do majeur stridulant qui annonçait une révélation…
Une cigale doyenne s’avança et porta le prédicat en son patois :
« Gentiéu… siéu ben alegraa de vous véire tóuti aqui… volé vous dire quaucarèn ! Un estrassaire despièi quauque tèms predico lou grand ramplaçamen amé si estranbords a pretencioun dé creolesaciuon… (Gentilés… je suis bien heureuse de vous voir tous ici… je veux vous dire quelque chose… un fracasseur depuis quelques temps prédit le grand remplacement avec ses étrangers à prétention de créolisation… NDLR)
Là le peuples des insectes vibra tangua stridula battit des élytres bourdonna des ailes… un long moment… puis lentement le calme revint… la doyenne cigale poursuivit…
« Jamai beissaren li pauto… vous ourdouna partènt d’aqui de oucupa lis relargue touti… d’aquésti gènt, tau la Biblo, amé si dès castigamen emé punimen… (Jamais nous ne baisserons les pattes… je vous ordonne à partir de maintenant d’occuper tous les espaces… de ces gens… telle la Bible et ses dix châtiments et punitions… NDLR)
Seconde ola du peuple des insectes… en délire…
« Pougnèn, esfraian, nisan pertout, répenjan li miasmes, pourtaas malautié… fin-que decèsson… (Piquez ! Effrayez ! Nicher partout ! Répandez les miasmes ! Portez maladies… afin qu’ils cessent. NDLR)
Grande ola finale !
« Veiguerias ! (Vous verrez ! NDLR)
« Carrejas vous ben, tenès-vous gaiard… ora poden iana ! Adessias ! » (Portez-vous bien, tenez-vous gaillard… à présent on peut y aller ! NDLC)
A peine la cigale doyenne eut terminé que disparut le peuple des insectes…
Cinna… toujours assise sur son petit siège pliant leva la tête vers moi… et dit :
« Il va falloir écrire un compte-rendu car le monde attend ce message ! »
Alors ce fut une foire d’empoigne car les rebellis egocentrinensis nupensis s’opposaient vertement au praeses du latinum verbum incarnatum le successione praesidis futuris rapidos flanqué de ses bodyguards tenta mais le charismus évanescentis socialismus jura, jusqu’à droite des verum antique premium galli(sic) échouèrent dans leur chorus d’éteindre agere de reconquista zemouriensis… ce fut le bordel total… une vraie cagade…
Je laissai les passions s’écouler au sablier du temps…
La rumeur se calma, je proposai une conclusion :
« Songez, dis-je, qu’il vous fut possible d’assister à une exceptionnelle acampado du peuple des insectes un vrai « Microcosme » en action, où les familles se sont réunies sans animosité aucune, pour affronter un formidable mal : « lou grand ramplaçamen »
J’eus pensé que ce spectacle eut induit un écho dans vos synapses qui ne sont plus si béotiennes que l’on prétend. Cette concorde vous eut donné la solution de nos soucis quant aux poids des migrations… qu’elles soient humaines, animales, végétales, microbiennes, financières, religieuses, et autant d’autres…
Hélas !
Le silence se fit…
Et chacun reprit sa voie vers soun oustau… sa maison en ruminant dur le sens à conclure…
La rupture ne saura tarder… même le microcosme… enfin veiren ben… nous verrons bien (soupir !)
Adessias.
Et c’est ainsi que murmurent les tortues blondes!
L’Ange Boufarèu